La boîte noire de ITO Shiori

Publié le par Hélène

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En 2015, Ito Shiori a 26 ans, elle est journaliste. Un soir, elle rejoint N. Yamaguchi – directeur dans une grande chaîne de télévision et proche du Premier ministre – au restaurant pour parler affaires. Quelques heures plus tard, elle reprend conscience dans une chambre d’hôtel, en train de se faire violer. Si la justice inculpe dans un premier temps son agresseur, l'arrestation est finalement annulée après un appel téléphonique du chef de la brigade criminelle, proche du premier ministre. Le non lieu est prononcé.
Confrontée à la mauvaise volonté des pouvoirs publics et au silence des médias, Shiori mènera seule l’enquête sur sa propre affaire. A ce jour, elle n’a toujours pas obtenu justice.

Dans ce livre témoignage glaçant Ito Shiori dénonce les violences sexuelles au Japon :

"Je veux parler de l'avenir, des mesures à prendre pour qu'il n'y ait plus d'autres victimes et des moyens à mettre en place pour que les victimes d'agression sexuelles puissent obtenir de l'aide. Si je parle du passé, c'est uniquement pour réfléchir au futur."

Elle évoque la question du consentement : que faire quand les actes se passent dans une pièce close, une "boîte noire" ? De fait, elle insiste sur ses propres erreurs, la première étant de ne pas être allée de suite porter plainte, pour que les examens, le kit de viol puisse attester des faits. Elle s'est retrouvée prise au piège de ses hésitations, puis au piège de son agresseur qui, bien après l'acte, par le biais de ses relations, a fait planer sur elle l'ombre des doutes. Ito Shiori pointe ainsi du doigt "les imperfections de la loi, la façon dont les enquêtes sont menées et l'attitude de la société, qui forcent les victimes à se résigner et rester silencieuses."

La journaliste est devenue une figure emblématique du mouvement #MeToo au Japon, devenu #WeToo. Son engagement et sa force lui permettent de combattre avec courage tous ses détracteurs pour qui le silence est préférable. Dans son livre comme dans ses interviews elle n'édulcore rien : 

« J'ai connu une souffrance dont je n'imaginais même pas l'existence. J'ai appris que les personnes qui vivaient avec cette souffrance étaient bien plus nombreuses que ce que j'aurais pu imaginer.
Aux personnes qui ont vécu les mêmes épreuves que moi, à ceux qui soutiennent un être cher en souffrance, je souhaite dire : vous n'êtes pas seuls.»

 

Présentation de l'éditeur : Picquier

D'autres avis : Libération ; Grazia

 

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A
Il est vrai que l'on ne sait rien de ce mouvement au Japon.
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A
Une amie m'a parlé de ce livre, qui me paraît indispensable sur le sort réservé aux femmes dans tous les pays, y compris ceux qui se prétendent civilisés.
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