Désert de LE CLEZIO

Publié le par Hélène

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♥ ♥

"Il n'y avait pas de fin à la liberté, elle était vaste comme l'étendue de la terre, belle et cruelle comme la lumière, douce comme les yeux de l'eau." 

 

L’auteur :

 

J. M. G. Le Clézio est né à Nice le 13 avril 1940. Il est originaire d'une famille de Bretagne émigrée à l'île Maurice au XVIIe siècle. Il a poursuivi des études au collège littéraire universitaire de Nice et est docteur ès lettres. 

Malgré de nombreux voyages, J. M. G. Le Clézio n'a jamais cessé d'écrire depuis l'âge de sept ou huit ans : poèmes, contes, récits, nouvelles, dont aucun n'avait été publié avant "«Le Procès-verbal», son premier roman paru en septembre 1963 et qui obtint le prix Renaudot. Influencée par ses origines familiales mêlées, par ses voyages et par son goût marqué pour les cultures amérindiennes, son œuvre compte une cinquantaine d'ouvrages. En 1980, il a reçu le grand prix Paul-Morand décerné par l'Académie française pour son roman «Désert». En 2008, l'Académie suédoise a attribué à J. M. G. Le Clézio le prix Nobel de littérature, célébrant «l'écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante».

 

L’histoire :

 

La toute jeune Lalla a pour ancêtres les "hommes bleus", guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers "leur" désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa passion pour le désert. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 

La structure binaire permet une grande liberté : deux pays Le Maroc, Tanger, puis Marseille la France ; deux époques les années 1910, et les années 1970 ; deux personnages Nour jeune garçon de la tribu des « Hommes bleus », qui va devenir disciple de Ma el Aïnine le cheikh puis Lalla jeune fille vivant dans un bidonville... Cette oscillation incessante entre deux destins donne au roman un rythme lancinant équilibré. 

Nour vit au moment de la pacification du Maroc par l’armée française de 1910 à 1912 et connaît l'échec de la guerre sainte menée contre les Chrétiens par Ma el Aïnine le fondateur de la légendaire Smara. Homme du désert, homme libre, il erre dans le désert sansfin à la recherche de son identité d'homme révolté. Lalla est, au début du roman, une jeune fille heureuse qui aime communier avec la mer et apprécié les bonheurs simples près de la nature :

« Lalla écoute le bruit du vent, elle écoute les voix grêles des enfants bergers et aussi les bêlements lointains des troupeaux. Ce sont les bruits qu’elle aime le mieux au monde, avec les cris des mouettes et le fracas des vagues. Ce sont des bruits comme s’il ne pouvait jamais rien arriver de mal sur terre. » (p. 138)

Elle vit une relation privilégiée avec un jeune berger muet :

« La lumière des étoiles tombe doucement comme une pluie. Elle ne fait pas de bruit, elle ne soulève pas de poussière, elle ne creuse aucun vent. Elle éclaire maintenant le champ de pierres, et près de la bouche du puits, l’arbre calciné devient léger et faible comme une fumée. (…) La soif, la faim, l’angoisse se sont apaisées par la lumière de la galaxie, et sur sa peau il y a,  comme des gouttes, la marque de chaque étoile du ciel.

Ils ne voient plus la terre, à présent. Les deux enfants serrés l’un contre l’autre voyagent en plein ciel. » (p. 220)

Mais elle doit fuir Tanger pour échapper à un mariage arrangé.

Désert nous conte le destin particulier de ces êtres qui quittent leur monde pour un ailleurs censément plus adapté, plus idyllique que ces pays du Sud soumis à une pauvreté innomable. Ils vont apprendre l'un comme l'autre à construite leur identité et leur liberté dans un monde torturé.

Roman initiatique, roman d’apprentissage, ce récit est une initiation au désert comme lieu de la liberté inaliénable, le lieu où l’on peut être soi, lieu de la sincérité de la simplicité de l’être, métaphore de la vraie vie, simple et dépouillée.

 

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Ce que j’ai moins aimé :

 Je dois avouer avoir moins apprécié les pages consacrés à Nour.

 

Premières phrases :

« Ils sont apparus, comme dans un rêve, au sommet de la dune, à demi cachés par la brume de sable que leurs pieds soulevaient. Lentement ils sont descendus dans la vallée, en suivant la piste presque invisible. En tête de la caravane, il  avait les hommes, enveloppés dans leurs  manteaux de laine, leurs visages masqués par le voile bleu. »

 

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 Du même auteur : Etoile errante

Autre : Eldorado de Laurent Gaudé

 

Désert, Le Clézio, Folio, 1980, 448 p., 8.10 euros

 

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N
<br /> Un très vieux et bon souvenir de lecture...<br />
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H
<br /> <br /> Un beau texte !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Pitié, non, c'était ma dictée du brevet il y a quelques années.....<br />
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H
<br /> <br /> Un beau texte quand on s'y penche !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Il n'y a que nous occidentaux pour aimer le désert, y vivre, c'est vivre de rien. Le repas du bédouin est souvent une pierre sérée sur l'estomac pour en éviter les crampes dues à la faim...<br />
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H
<br /> <br /> OUi mais c'est aussi pour eux la liberté ...<br /> <br /> <br /> <br />