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Elle et nous de Michel JEAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

La famille de Jeannette est réunie pour ses funérailles. Cette femme d'exception d'origine innue évoquait peu sa vie passée au sein des chasseurs et des trappeurs de la forêt boréale. Son petit-fils présent aux funérailles regrette de ne pas avoir cherché à percer les secrets de celle qu'on surnommait dans sa langue Shashuan Pileshish, l'Hirondelle. Il décide alors de partir sur les traces de son passé et de ses propres origines indiennes. 

Deux récits s'ébauchent alors en parallèle : celui de Jeannette qui raconte sa vie dans les bois, puis plus sédentaire en raison de ses choix, et celui de Jean, ce petit-fils qui suit ses pas. 

Jeannette évoque sa jeunesse lovée dans une nature protectrice " Le calme de la forêt au coucher du soleil, le frisson d'un rapide, l'odeur du lièvre qui grille sur le feu. Le goût des bleuets fraîchement cueillis." Dans sa communauté le rôle des aînés est primordial, ce sont eux qui enseignent aux plus jeunes leur savoir, qui dictent comment lire le temps dans les nuages, qui expliquent comment survivre dans la forêt, qui édictent des règles de vie à adopter comme le respect de Nitassinan "toutes les formes de vie réunies", l'équilibre naturel du monde. Ils apprennent à la jeune fille le respect de la nature, l'harmonie avec le grand tout. Quand ils vieillissent, les plus jeunes se font en devoir de leur venir en aide. La jeunesse de la jeune fille est bercée par ces paroles. Au fil des années, elle constate des changements de valeurs, les réserves aparaissent, seul le le lac reste immuable. Puis l'amour bousculera ses propres valeurs et priorités...

Lac Saint Jean 

Jean de son côté hante les réserves, à la recherche du fantôme de cette grand-mère fascinante. 

« Il est difficile de se reconnaître chez les autres et de savoir sa vraie place quand on n'arrive pas à définir sa propre identité. Il y a trop d'intersections pour s'orienter, se situer. J'ai parfois l'impression de tourner en rond, de me perdre dans un labyrinthe où je suis seul à marcher. J'aurais dû demander mon chemin à ma grand-mère quand je le pouvais encore. J'aurais dû lui demander quelle voie emprunter pour m'y retrouver. »

Un beau récit sur la quête d'identité de deux êtres qui se heurtent aux préjugés et au racisme et qui apprendront pas après pas à trouver leur propre voie vers la sagesse. 

 

Présentation de l'éditeur :Editions libre expression  

D'autres avis : Découvert chez Karine 

 

Elle et nous, Michel Jean, Libre Expression, mars 2012, 240 p., 24.95

 

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Les livres prennent soin de nous. Pour une bibliothérapie créative de Régine DETAMBEL

Publié le par Hélène

♥ ♥

Régine Detambel propose à Montpellier une formation en bibliothérapie créative. Cet essai présente les grandes lignes de la bibliohérapie. 

"La bibliothérapie est l'utilisation d'un ensemble de lectures sélectionnées en tant qu'outils thérapeutiques en médecine et en psychiatrie. Et un moyen de résoudre des problèmes personnels par l'intermédiaire d'une lecture dirigée." 

"Le travail discret du bibliothérapeute est simplement de pousser son lecteur à devenir le propre lecteur de soi-même, selon cette théorie de Marcel Proust, qui prône que "l'ouvrage de l'écrivain n'est qu'une espèce d'instrument d'optique qu'il offre au lecteur afin de lui permettre de discerner ce que, sans livre, il n'eût pas vu en soi-même. La reconnaisance en soi-même, par le lecteur, de ce que dit le livre est la preuve de la vérité de celui-ci." p. 110

L'auteure s'insurge contre les livres de psychologie grand public ou livres d'"auto-traitement" et propose de se plonger dans la littérature, dans les romans, les poèmes, le théâtre pour apaiser les douleurs. Elle commence par proposer un état des lieux, puis explique pourquoi cela peut fonctionner, comment la lecture permet de s'armer pour la vie, et quels sont les bienfaits de la lecture à voix haute, de la poésie. 

"A quels auteurs Guillet emprunte-t-elle les fragments qui soulagent ? A Corneille, pour son côté stimulant, tonique, ses vers rythmés et mémorisables ; à Racine, dont la bonne musique équilibre les irritables ; à Boileau, remarquable régulateur pour instables et agités ; à La Fontaine, elle réclame un sursaut d'énergie, idéal pour le déprimé, lui permettant de recouvrer maitrise et ordre. Victor Hugo a une oeuvre toujours radiante d'énergie ; Lamartine a le pouvoir d'équilibrer la douleur, par son bercement doux et gracieux, par la caresse amoureuse de ses sonorité. (...) Baudelaire est un coup de fouet, qui agit sur l'atonie." p; 46

"Quels maux soignent les livres ? ils sont innombrables : l'ignorance, la tristesse, l'isolement, le sentiment de l'absurde, le désespoir, le besoin de sens, parmi quelques autres. C'est que l'écriture est aussi un scalpel, un outil de compréhension de soi-même et du monde, d'accouchement de la pensée même qui s'élabore dans le texte. Il faut déchiffrer. Critiquer. Juger. Interroger la langue." p. 123

La polémique récente a mis en lumière ce qui a retenu mon enthousiasme dans cette lecture. Bien sûr le principe est évident, pour nous, blogueurs lecteurs de la première heure. Notre expérience le prouve, la lecture a un pouvoir thérapeutique. Mais le propos de Régime Detambel, passé cette remarque, tourne en rond, et ne fait que répéter des thèses prises ailleurs et notamment des passages entiers de livres de l'anthropologue Michèle Petit qui a obtenu qu'une nouvelle édition lui rende justice. (Source : télérama)  

De fait, je suis désormais plus tentée d'aller lire les livres de Michèle Petit, pour remonter "à la source" ! 

 

Interview Sur My boox 

Présentation de l'éditeur : Actes sud 

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Veilles et merveilles créoles, contes du pays Martinique de Patrick CHAMOISEAU

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Les contes et conteurs martiniquais datent de la période esclavagiste et coloniale. Le peuple à cette époque est "enchaîné, affamé, vivant dans la peur et les postures de la survie". Le soir à la nuit tombée, l'art du conteur lui permet de s'abstraire de ce quotidien pesant, pour voyager par le biais des mots. 

Le conte créole ne travestit pas la réalité, il la sublime, il dit "que la peur est là, que chaque brin du monde est terrifiant, et qu'il faut savoir vivre avec ; le conte créole dit que la force ouverte est le fourrier de la défaite, du châtiment, et que le faible, à force de ruse, de détours, de patience, de débrouillardise qui n'est jamais péché, peut vaincre le fort ou saisir la puissance au collet : le conte créole éclabousse le système de valeurs dominant, de toutes les sapes de l'immobilité, que dis-je : de l'amoralité du plus faible." 

Les contes entremêlent ainsi savamment le bestiaire africain (tigre, baleine, éléphant) et les personnages humains ou surnaturels (Diable, Bondieu...). On croise en ces pages des soeurs rivales convoitant le même homme, des vieilles acâriâtres, un petit bonhomme qui envoûte tous les monstres de sa musique -ou presque-, des frères dévoués, des diables trompeurs, des malédictions déroutantes... La faim est un thème lancinant, qui revient comme une mauvaise carie dont on ne peut se débarasser car la nourriture est pour ces esclaves un "obsessionnel trésor" : "il n'a pas fallu moins d'une loi, d'une ordonnace, d'une circulaire ministérielle et d'un arrêté du gouverneur (1845-1846) pour que les maîtres-béké se décident à distribuer à chaucun de leurs esclaves quelques livres de farine-manioc et deux-trous bouts de morue hebdomadaires." 

L'univers chamarré de la Martinique et son imaginaire évocateur éclatent, portés par des dessins colorés et, page après page, le lecteur se laisse envoûter par le charme millénaire de ces contes :

"La voir, c'était voir ces libellules de matins frais que fascine la rosée. Et les prétendants la voyaient belle plus belle qu'une rumeur de pluie inventée en sécheresse par la soif des feuillages, et plus belle qu"une nacre intime dans les brisures d'un coquillage, et (pour précision) ils la voyaient beauté des étincelles du sel quand la mer reste docile au talon de lumière des chaleurs impossibles." p. 44

 

Veilles et merveilles créoles, Contes du pays Martinique, Patrick Chamoiseau, Editions le Square, 2014, 16 euros

 

Publié dans Jeunesse Album

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D'après une histoire vraie de Delphine De VIGAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Le point de démence de quelqu'un, c'est la source de son charme."

Delphine, la narratrice, raconte rétrospectivement la relation particulière qui s'est ébauchée entre elle et L. rencontrée dans une soirée. Cette  L. la séduit peu à peu et les deux femmes deviennent amies, L. sachant se rendre indispensable. Nécessaire. Toujours là quand on a besoin d'elle. L'incarnation vivante de l'amie parfaite. Avec un côté inquiétant, presque aliénant, peut-être la marque indélébile de la véritable amitié ?

"Peut-être était-ce d'ailleurs cela, une rencontre, qu'elle soit amoureuse ou amicale, deux démences qui se reconnaissent et se captivent." p. 178

Les deux amies sont souvent en harmonie sauf sur un point : Delphine est une  écrivain entre deux romans, elle a connu le succés avec son roman précédent très autobiographique, et aimerait maintenant revenir à la fiction, ce à quoi s'oppose fortement L : 

"Les gens s'en foutent. Ils ont leur dose de fables et de personnages, ils sont gavés de péripéties, de rebondissements. Les gens en ont assez des intrigues bien huilées, de leurs accroches habiles et de leurs dénouements. Les gens en ont assez des marchands de sable ou de soupe, qui multiplient les histoires comme des petits pains pour leur vendre des livres, des voitures ou des yaourts. Des histoires produites en nombre et déclinables à l'infini. Les lecteurs, tu peux me croire, attendent autre chose de la littérature et ils ont bien raison : ils attendent du Vrai, de l'authentique, ils veulent qu'on leur raconte la vie, tu comprends ? La littérature ne doit pas se tromper de territoire."  sinon les personnages "seront comme des mouchoirs en papier, on les jettera après usage dans la première poubelle venue." p. 139

Pour Delphine sonner juste suffit : 

"Je crois que les gens savent que rien de ce que nous écrivons ne nous est tout à fait étranger. Ils savent qu'il ya toujours un fil, un motif, une faille, qui nous relie au texte. Mais ils acceptent que l'on transpose, que l'on condense, que l'on déplace, que l'on travestisse. Et que l'on invente. " Elle ne croit pas que le réel suffise : "Le réel, si tant est qu'il existe, qu'il soit possible de le restituer, le réel, comme tu dis, a besoin d'être incarné, d'être transformé, d'être interprété. Sans regard, sans point de vue, au mieux, c'est chiant à mourir, au pire c'est totalement anxiogène. Et ce travail-là, quel que soit le matériau de départ, est toujours une forme de fiction." p. 331

Débat sans fin durant lequel les passions de l'une et l'autre s'exacerbent, instillant le doute dans l'esprit de la narratrice comme du lecteur : L. aurait-elle un projet plus vaste en tête que de simplement conquérir l'amitié de Delphine ? Est-elle une jeune femme équilibrée rencontrée par hasard ou une manipulatrice de génie ? Qui est-elle vraiment ? Et finalement existe--t-elle réellement ? Dans quelle réalité ? celle du roman de Delphine de Vigan ? Dans la vie de l'auteur ? Dans la vie de la narratrice ? Les frontières s'estompent et la narratrice-auteure nous met au défi de démêler le vrai du faux "D'ailleurs, ce pourrait être un projet littéraire, écrire un livre entier qui se donnerait à lire comme une histoire vraie, un livre soi-disant inspiré de faits réels, mais dont out, ou presque, serait inventé." p.448 

Avec génie, Delphine de Vigan revisite le Misery de Stephen King et ce rapport intense qui s'établit entre le lecteur et l'auteur. Elle nous rappelle que l'important n'est pas de démêler le vrai du faux mais d'être pris par une histoire, emporté, coupé du monde pendant le laps de temps que l'on passe immergé dans les pages. Pari réussi !

 

Présentation de l'éditeur : JC Lattès  

D'autres avis : Babelio

Du même auteur Rien ne s’oppose à la nuit 

Prix Renaudot et Prix Goncourt des lycéens. 

 

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Ma cousine Rachel de Daphné DU MAURIER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Le jeune Philip est un  jeune homme impétueux qui ne trouve de l'apaisement qu'auprès de ses proches, notamment de son cousin Ambroise Aschley qui l'a pris sous sa coupe. De voyage en Italie, Ambroise tombe amoureux d'une comtesse italienne avec qui il se marie rapidement. Il tarde à revenir en Angleterre et s'il adresse au début de son mariage des lettre élogieuses sur son récent bonheur, peu à peu le ton desdites  lettres change imperceptiblement, laissant entendre que la belle comtesse chercherait à empoisonner son mari. Philip n'hésite pas alors à parcourir les kilomètres qui le séparent de son parrain pour apprécier la situation de visu. A peine arrivé il apprend la mort d'Amboise, sans savoir si sa jeune épouse est responsable ou non de cette mort si soudaine. Impulsif, il se persuade rapidement que la jeune femme a bel et bien provoqué le malheur et la mort de Ambroise. Il ne peut rencontrer la jeune veuve à ce moment-là, cette dernière ayant quitté la ville précipitamment. 

Plus tard, Rachel se présente toutefois en Angleterre, et le doute va assaillir Philip qui ne sait que penser des desseins de cette si attirante cousine...

Daphné Du Maurier sait jouer avec brio du suspens psychologique, tenant son lecteur en haleine d'un bout à l'autre du roman. Entre le jeune et innocent Philip naïf à l'excés et la mystérieuse Rachel, qui semble être une manipulatrice de génie, le lecteur se perd avec délices dans les évolutions de l'intrigue, cherchant à démêler le vrai du faux sans succés.  

Daphné du Maurier use de surcroît d'un lyrisme confondant pour décrire l'environnement de ses personnages perdus dans les affres de la passion :

"En décembre, les premières gelées arrivèrent avec la pleine lune, et mes heures de veille devinrent plus dures à supporter. Elles avaient une espèce de beauté froide et claire qui saisisait le coeur et me laissait émerveillé. De ma fenêtre, les longues pelouses se perdaient dans les prairies et les prairies dans la mer, et toute l'étendue était blanche de gel et blanche de lune. les arbres qui bordaient la pelouse s'élevaient, noirs et immobiles. Des lapins surgissaient, sautaient dans l'herbe puis couraient à leurs terriers, et , soudain, au milieu de ce calme et de ce silence, j'entendais l'aboiement aigu d'une renarde et le petit sanglot qui suit, reconnaissable entre tous les appels nocturnes, et je voyais la longue échine basse se glisser hors du bois sur la pelouse et se cacher sous les arbres. Plus tard, j'entendais de nouveau son cri au loin dans le parc. La pleine lune dominait les arbres et possédait le ciel, et plus rien ne bougeait sur les pelouses sous ma fenêtre." p. 244

Un roman passionnant qui témoigne de l'immense talent de cette auteure britannique majeure !

 

Présentation de l'éditeur : Livre de poche 

D'autres avis : Lu dans le cadre du Blogoclub ; Jérôme  ; Sylire 

 

 

Publié dans Littérature Europe

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Mois du Québec - Bilan

Publié le par Hélène

 

Dans le cadre du mois du Québec organisé par Karine et Yueyin, voici mes découvertes - assez mitigées :

J'ai souhaité inspecter de plus près l'univers de Monique Proulx dont j'avais tant apprécié le Champagne. Malheureusement, je n'ai pas retrouvé le charme qui m'avait tant plus dans Les aurores montréales ni dans Le coeur est un muscle involontaire. 

Je me suis alors tournée vers une valeur sûre, Jacques Poulin qui m'enchante avec son univers poétique peuplé de marées et de chats. Mais là encore, une déception m'attendait car ses grandes marées m'ont semblé bien plus pessimiste que ses autres écrits...

J'ai ensuite lu des roman glanés ici et là et estampillés "coups de coeur" :

- Coup de coeur Renaud Bray avec La foi du braconnier. Echec.

- Coup de coeur de Karine avec Un ange cornu de Michel Tremblay, une belle découverte.

- Coup de coeur des lecteurs des éditions Points avec Chercher le vent de Guillaume Vigneault, un road movie agréable.

 

Mais pas de véritables coups de coeur pour moi cette année. je vous renvoie donc : 

- à mes chouchous de Jacques Poulin : La tournée d'automne et Le vieux chagrin  

- à mon pavé de l'an dernier, véritable plaisir de lecture La fiancée américaine ; 

- à mes deux coups de coeur québecois Champagne de Monique Proulx et Rivière Mékiskan de Lucie Lachapelle 

 

Découvrez d'autres titres avec les autres participants ICI  ainsi que sur la méga liste de Québec ô trésors 

 

Merci aux organisatrices ! 

 

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Chercher le vent de Guillaume VIGNEAULT

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Un beau matin, Jack décide d'embarquer son beau-frère maniaco dépressif pour prendre la route et se laisser porter par le vent. Ils quittent l'hopital décidés à vivre autrement, loin des angoisses, loin des souvenirs, des femmes, de la vie. Comme s'il fallait fuir. Comme si on pouvait fuir. Jack cherche-t-il à fuir son passé d'aviateur et les catastrophes qu'il a provoqués ? Fuir sa destinée de photographe ? Ou partir pour simplement trouver son identité ? 

Les deux comparses rencontrent en chemin Nuna qui se joint à eux dans leur road-movie. Leur quête aérienne ne sera pas sans heurts, tant la pesanteur du monde a tendance à nous amarrer au monde... Mais peut-être la légèreté est-elle possible malgré tout ? 

Mes réservesUn peu convenu dans le genre du road movie mais une lecture agréable.

 

Présentation de l'éditeur : Editions Boréal  ; Editions Points

D'autres avis : Babélio 

 

Chercher le vent, Guillaume Vigneault, Seuil,2005, 267 p., 18 euros

 

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Une forêt d'arbres creux d'Antoine CHOPLIN #MRL2015

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

L'artiste Bedrich Fritta est déporté en 1941 au camp de Terezin en république tchèque avec sa femme et son fils. Il intègre le bureau des dessins. Le jour, ce groupe accomplit des commandes obligatoires, des plans, des aménagemetns du camp. La nuit, ils se retrouvent en cachette pour laisser libre cours à leur créativité, pour représenter leur quotidien à Terezin transfiguré par l'art.

Ainsi, pour ces hommes, la création, l'art, la fraternité restent les seuls recours contre l'horreur. Dans une scène marquante, Bedrich et sa femme observent une maison au loin, loin du camp, et s'imaginent de l'autre côté des barbelés. L'espoir et l'évasion de l'esprit permettent à la folie de se tenir relativement éloignée, pour un temps, quelques minutes, le temps d'un rêve... 

Si l'émotion transparaît entre les mots, elle se fait discrète, contenue, pour ces hommes pour qui il faut avant tout résister face à l'opresseur et ne pas capituler. 

Mes réserves : D'une part, j'ai l'impression que pour ce thème couru, lu et relu, il faut vraiment un texte choc, différent, original. Or l'émotion contenue fait passer à côté de la poésie du texte et de cet auteur que j'avais tant aimé dans La nuit tombée

 

Présentation de l'éditeur : La Fosse aux ours 

Du même auteur :  La nuit tombée Le héron de Guernica ;  Radeau  ; L'incendie 

D'autres avis : Jérôme  ; NoukettePhiliJostein ChocoMarilyne Valérie 

 

Une forêt d'arbres creux, Antoine Choplin, La fosse aux ours, 2015, 115 p., 16 euros

 

Reçu dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire de Priceminister. Merci aux organisateurs :

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Les grandes marées de Jacques POULIN

Publié le par Hélène

♥ ♥

Quand son patron demande à Teddy Bear ce qui le rendrait heureux, il n'hésite pas, il souhaite vivre sur une île déserte. Ainsi, il devient le gardien de l'île Madame, tout en assurant ses traductions de bandes dessinées. Toutes les semaines il reçoit la visite de son patron qui reprend ses traductions et lui amènent de nouvelles bandes dessinées ainsi que des provisions. Teddy Bear mène la vie sereine dont il avait rêvé. Il est heureux. Bonheur que vient troubler la visite tout d'abord de Marie qui, elle aussi s'installe dans l'île, bientôt suivie à chaque grande marée par d'autres individus plutôt loufoques. Peu à peu la tranquillité de Teddy Bear est affectée par ces visites et les égos des uns et des autres. Son bonheur vacille.

Comment vivre avec les autres harmonieusement alors qu'ils ont tendance à envahir notre espace physique et psychique ? Malgré son envie de solitude, Teddy a conscience que son bonheur peut aussi venir de ces rencontres lumineuses  qui enrichissent le coeur et l'âme. Quand Marie lui demande ce qui compte le plus pour lui, il répond :

"R. C'est difficile à dire.

Q. : Dieu ?

R. : Non.

Q : Les gens ?

R. : Non

Q : L'amour ?

R. : Je pense que non.

Q : La nature ?

R. : Non.

Q : Les livres ?

R. : Je pense que non.

Q : Les chats ?

R. : Non.

Q : Le tennis ?

R. : Non.

Q : Le gruau Quaker ?

R. : Tu ris de moi...

Q : Qu'est-ce qui reste ?

R. : Il y a une chose que j'aime bien. C'est quand, dans les yeux des gens, parfois, on voit passer quelque chose. Une sorte d'éclair qui brille, unesorte de chaleur. C'ets une chose que j'iame beaucoup." p. 184

Mais son bonheur est aussi mis à mal par ces mêmes autres, là réside un des paradoxes de la vie en société... Ces Grandes Marées fonctionnent comme une parabole, allégorie de la vie en société : Teddy apprendra que le paradis sur terre ne dure jamais longtemps et que le précepte de Sartre "l'enfer c'est les autres" peut malheureusement s'avérer tristement vrai...

Mes réserves : Ce texte est assez différent des autres oeuvres de Poulin, beaucoup plus pessimiste, comme si l'auteur lui-même avait perdu sa quiétude, envahi par le monde.  Même si on retrouve avec plaisir la poésie de l'auteur et son univers habité par la mer et les chats, une amertume lancinante court dans ces pages.

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud 

Du même auteur La tournée d'automne Le vieux chagrin  Volkswagen blues

D'autres avis : Babelio 

 

Les grandes marées, Jacques Poulin, Actes sud Babel, 1986, 213 p., 6.60 euros

 

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Cyrano de Taï-Marc LE THANH et Rébecca DAUTREMER

Publié le par Hélène

                       

♥ ♥ ♥ 

Mon avis :

Cyrano est laid parce qu'il a un gros nez. Cyrano est malheureux parce qu'il est amoureux de sa belle cousine Roxane, qui, elle est amoureuse de Christian, "bête. Comme un caillou." mais très beau. Alors Cyrano décide d'aider Christian à charmer Roxane en parlant à sa place, dans l'ombre, avec un air inspiré. ("Un air inspiré est le contraire d'un air expiré. Un air expiré est déjà passé dans les poumons et il donne une teinte rougeaude au visage (ce qui n'est pas très joli pour dire la poésie)". 

Si les grands axes de l'histoire sont là, l'auteur a choisi de placer l'histoire dans le Japon des samouraïs et a priviligié l'humour pour présenter l'histoire aux enfants. Les petites remarques humoristiques qui ponctuent l'histoire bien connue de ces amours malheureuses permettent aux plus jeunes d'aborder l'histoire plus simplement, mais elles ont aussi le désavantage de désamorcer le tragique qui fait aussi la beauté du texte mythique d'Edmond Rostand. 

                         

Toutefois, les illustrations de Rébecca Dautremer sont magnifiques, les tons rouge passion illuminant le destin de Cyrano et Roxanne et nimbant cet album d'une beauté atemporelle.

Une très belle réécriture de cette histoire d'amour impossible...

 

Présentation de l'éditeur : Site de Rebecca Dautremer 

Du même auteur : DAUTREMER Rebecca L’amoureux

D'autres avis : CristieKarine:) 

 

Cyrano, Taï-Marc Le Thanh et Rébecca Dautremer, Gautier-Languereau, Petits bonheurs, 2005, 7.5 pour mon édition petit format.

Publié dans Jeunesse Album

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