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Einstein, le sexe et moi d'Olivier LIRON

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"J'aime beaucoup les lasagnes, le chocolat à l'orange, la Patagonie et les chansons de Leonard Cohen. Bienvenue dans mon monde."

Olivier Liron est autiste Asperger. "Ce n’est pas une maladie, je vous rassure. C’est une différence." Une différence qu'il partage avec nous aujourd'hui en choisissant résolument l'angle de l'humour et du second degré. Ayant participé en 2012 à l'émission mythique de Julien Lepers "Questions sur un champion", il revient sur cette journée particulière, prétexte pour aborder ses ressentis et expériences.

En se plongeant dans son passé, lui reviennent ces termes cruels employés par les autres camarades pour le désigner, "gogol", ces coups psychologiques incessants, l'intolérance prégnante, ce "fascisme de la norme" qui l'a rapidement condamné. Mais il a la possibilité d'écrire pour ouvrir la prison, aimer, aller à la rencontre des autres, et se répéter comme un mantra "Il y aura toujours la beauté."

L'originalité du procédé lié au suspens du jeu allié à un humour corrosif cachent une réflexion bien plus grave sur la place des personnes différentes dans notre société. Avec talent, Olivier Liron transforme le jeu "Questions pour un champion" en quête de soi même, et amorce en parallèle une réflexion sur l'acceptation, pour que chacun comprenne et intègre ce droit de ne pas "rentrer dans le moule".

Un roman-bijou qui a obtenu le grand prix des blogueurs littéraires en 2018.

 

Présentation de l'éditeur : Alma Editeur

D'autres avis : Babélio

 

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La femme qui dit non de Gilles MARTIN-CHAUFFIER

Publié le par Hélène

A 90 ans Marge raconte son destin particulier lié à une petite île du Morbihan, l'île aux Moines : en 1938, elle rencontre deux jeunes Bretons, Blaise de Méaban et son meilleur ami Mathias. Elle épouse Blaise et, se croyant enceinte, ne peut l’accompagner à Londres lorsqu’il s’embarque pour répondre à l’Appel du Général de Gaulle. Esseulée, elle fait alors de Mathias son amant - et le véritable père de son fils. Ce trop lourd secret de famille et les guerres feront le reste…

L'auteur s'est inspiré de l'histoire de sa grand-mère pour écrire ce roman, et il entremêle la destinée individuelle à la grande Histoire, la débâcle 1940, l’épuration, la déportation, la guerre d’Indochine, les Jeux olympiques de 1964, la guerre d’Algérie... Il nous livre aussi tout un pan très intéressant de l'histoire bretonne ... Mais ...

Ce que j'ai moins aimé :

- le manque de respiration, trop de données historiques, peu d'envolées poétiques pour une terre qui pourtant appelle la poésie

- un personnage peu attachant, assez volatile

- un style peu à mon goût : "j'étais dégoûtée" (p. 30) "je l'avais dans la peau" p.64, "dans le Larousse, au mot "frustré", son visage aurait mieux convenu que n'importe quelle définition" p.44

 

Présentation de l'éditeur : Grasset

D'autres avis : Babelio

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Disparu en mer de Graham HURLEY

Publié le par Hélène

♥ ♥

A Portsmouth la délinquance prend de plus en plus d'ampleur, le trafic de drogue s'étend et provoque des dégradations dans certains quartiers comme Port Solent, provoquant la grogne des habitants. Les équipes de l'inspecteur Faraday doivent faire face à ces nouvelles réalités, et les techniques d'investigation ne sont pas toujours les mêmes au sein du commissariat : quand certains choisissent d'avoir des indicateurs peu recommandables et soumis aux représailles, d'autres enquêtent de façon plus classique et éthique. Quand la fille de Stewart Maloney se présente pour signaler la disparition de son père, l'inspecteur Faraday décide d'enquêter et comprend alors que cette disparition est en relation avec une course de voiliers.

Ce que j'ai aimé : Le personnage de Faraday est bien campé, démuni face à son fils sourd qui décide de voler de ses propres ailes et de quitter le domicile conjugal, fasciné par l'ornithologie, passion qu'il partageait avec son fils.

Ce que j'ai moins aimé : assez classique... Les intrigues sont nombreuses, et pas forcément très bien coordonnées.

Il s'agit du premier tome de la série des Joe Faraday, suivis par :

 

  1. Disparu en mer, 2002
  2. Coups sur coups, 2003
  3. Les Anges brisés de Somerstown, 2004
  4. La Nuit du naufrage, 2006
  5. Les Quais de la blanche, 2007
  6. Du sang et du miel, 2008
  7. Sur la mauvaise pente, 2009
  8. L’Autre Côté de l’ombre, 2011
  9. Une si jolie mort, 2012
  10. Le paradis n'est pas pour nous
  11. L'incendie
  12. Happy days

Il existe aussi une série Deux flics sur les docks qui, même si elle se déroule au Havre et non à Portsmouth, est selon l'auteur :  « est complètement en accord avec l’esprit de [ses] livres »
 

 

Présentation de l'éditeur : Folio Policier

D'autres avis :

 

 

Publié dans Roman policier Europe

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Ailefroide, Altitude 3954 de Olivier Bocquet et Jean-Marc Rochette

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Dans ce récit autobiographique Rochette raconte son parcours : son enfance dans les années 60 près de Grenoble aux côtés de sa mère, sa fascination pour les musées, la découverte de la montagne, les compagnons de grimpe, le projet de devenir guide, le dessin. Pour devenir guide il est nécessaire d'enchainer les voies si bien que les courses défilent aux côtés des amis ou seul : La Dibona, le pilier Frendo, le Coup de Sabre, la Pierre Alain à la Meije, la Rébuffat au Pavé : le Massif des Écrins dans toute sa splendeur. Mais plus les années passent, plus les destins se nouent autour de cette nature grandiose qui peut être cruelle.

 

Pourquoi cet attachement à un sport aussi dangereux ? Sans doute une réponse à un "malaise existentiel, angoisses sociales, indignations, révoltes" comme le souligne Bernard Amy dans la postface. L'alpinisme permet une prise de hauteur, physique et psychologique car "Gravir une montagne, c'est à la fois se placer au-dessus et au-dessus du moi social laissé en bas."

Il permet d'affirmer l'estime de soi, de se sentir plus fort face à l'adversité.

"C'est tout cela, l'alpinisme : à la fois des moment difficiles et des plaisirs inouïs, des souffrances et des émerveillements, des moments de doute et des sentiments de puissance illimitée, des jours pitoyables et des jours où l'on monte au ciel."

Les sentiments liés à la conquête oscillent dangereusement entre peur et exaltation, et c'est ce que montre admirablement Rochette dans cette BD.

Ailefroide est une célébration de l'alpinisme, une déclaration d'amour à la haute montagne et finalement une belle leçon de vie.

 

Présentation de l'éditeur : Casterman

D'autres avis : Télérama ; Libération

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Alcools de Guillaume APOLLINAIRE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

« Tous les mots que j’avais à dire se sont changés en étoiles »

« On sait très bien que l’on se damne

Mais l’espoir d’aimer en chemin

Nous fait penser main dans la main

A ce qu’a prédit la tzigane »

Apollinaire place résolument ses poèmes édités en 1913 sous le signe du renouveau, de la liberté, de la modernité. Inspiré par les femmes qui ont pu compter dans sa vie comme Annie Playden, une jeune anglaise rencontrée en 1901 ou Marie Laurencin avec qui il entretient une liaison à partir de 1907, son lyrisme est teinté de mélancolie et de souffrance, et finalement transfiguré dans son écriture. La poésie lui permet d'échapper à la douleur, la vie et l'univers sont vendangés par le poète pour devenir un vin qui le grise et en fait le maitre du monde. Tel un Dieu, le poète réinvente l'univers...

 

« Je suis ivre d’avoir bu tout l’univers

Sur le quai d’où je voyais l’onde couler et dormir les bélandres »

 

« Mon beau navire ô ma mémoire

Avons-nous assez navigué

Dans une onde mauvaise à boire

Avons-nous assez divagué

De la belle aube au triste soir »

 

L’écriture d’Apollinaire mêle les motifs, le subjectif et l’objectif, le lyrique et le prosaïque : il loue la beauté du monde moderne dans une volonté de chanter la poésie du quotidien mais montre aussi les contradictions de la ville entre émerveillement et désarroi. Il peuple ses poèmes d'un monde fantasmagorique avec au centre des exilés qu'ils soient émigrants,  prostituées, bohémiens, ces laissés pour compte de la vie moderne hantent ses poèmes.

Ce magnifique recueil est à redécouvrir, lire et relire, encore et encore, tant son chant envoutant est hypnotique !

    

Présentation de l'éditeur : Gallimard

 

Publié dans Poésie française

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Rien n'est noir de Claire BEREST

Publié le par Hélène

♥ ♥

« À force de vouloir m’abriter en toi, j’ai perdu de vue que c’était toi, l’orage. Que c’est de toi que j’aurais dû vouloir m’abriter. Mais qui a envie de vivre abrité des orages? Et tout ça n’est pas triste, mi amor, parce que rien n’est noir, absolument rien. "

L'auteure choisit ici de s'intéresser à dix ans de la vie de Frida Kahlo : sa rencontre avec Diego, cette passion dévorante, les années fastes pour Diego qui côtoie les Ford et Rockefeller, les voyages incessants, mais aussi les infidélités, les pleurs et séparations, réconciliations sans fin... Et, pour conjurer ces déceptions, ces accidents de la vie, l'art. L'art pour conjurer la souffrance physique et morale, l'art pour simplement survivre...

"Frida est trop intense parfois, impossible à son contact d'oublier que l'on va tous mourir et que notre passage ici est une sorte de violence magique, futile, essentielle et grotesque, interdit d'oublier que nous sommes tous reins et peau d'inconsolables incendies, c'est trop de tension, il est sorti ce soir, il a besoin d'être seul parfois, souvent. Mais une vie sans elle serait une pâle étoile. Une longue et morne promenade bordée de réverbères perpétuellement allumés."

Ce que j'ai moins aimé :

J'ai fini par m'ennuyer, avec l'impression que le roman tournait en boucle autour de cette passion à la fois destructrice et source de création :

"Le problème, c'est que Diego veut être aimé du monde entier et du siècle.

- Et toi, Frida ?

- Moi, je veux être aimée de Diego Rivera."

Si le début m'a passionnée parce que je ne connaissais pas bien la personnalité de Frida ni son histoire, par la suite j'ai fini par survoler ses émois passionnés...

Bilan :

Si le destin de cette femme extraordinaire est fascinant, je n'ai pas été sensible aux mots de Claire Berest...

Frida Kahlo e Diego Rivera, Messico 1933. Fotografia di Martin Munkácsi

Présentation de l'éditeur : Stock

D'autres avis : je n'ai lu que des avis positifs : Frédérique ; Cathulu

Lu sur Netgalley

 

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Intrigue à Giverny d'Adrien GOETZ

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Pénélope, conservatrice, est invitée à un dîner au musée Marmottan-Monet. Or au cours de cette soirée, deux spécialistes de l’œuvre de Claude Monet disparaissent mystérieusement, et l'une d'elles est retrouvée morte assassinée le lendemain. Le compagnon de Pénélope, Wandrille s'intéresse aussi au meurtre qui semble avoir comme pivot la vente d'une toile de Monet, vraie ou fausse.

Il s'agit ici de la quatrième aventure des enquêtes de Pénélope (première fois que je la découvrais personnellement) après des enquêtes à Bayeux, Versailles et Venise, avec toujours une toile de fond liée à l'histoire de l'art. Ici l'incursion dans l'univers de Monet et les lieux emblématiques comme Giverny est passionnante, tant l'intrigue est documentée. L'auteur se concentre sur les mystères qui planent autour de Monet : d'où est venue sa fortune soudaine, quels étaient exactement ses liens avec Clémenceau, n'aurait-il pas fait passer des documents aux américains ?

Alliant admirablement un ton léger et cocasse à une intrigue érudite, l'auteur enrichit indéniablement le lecteur !

 

Présentation de l'éditeur : Grasset ; Le livre de poche

D'autres avis : Le livre d'après ; Aifelle ; Le Figaro

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Vinegar girl de Anne TYLER

Publié le par Hélène

♥ ♥

Kate vit avec son père le professeur Battista et sa jeune soeur de 15 ans dont elle surveille de près les fréquentations. A trente ans, elle travaille dans une école et ne songe pas à se marier. Et pourtant son père va lui faire une étrange proposition : étant donné que son assistant Pyotr, de nationalité russe, a un visa qui expire, pourquoi ne pas se marier avec lui pour qu'il puisse rester aux Etats-Unis et continuer les recherches amorcées par le professeur ?

Ce que j'ai aimé :

- Les personnages sont bien campés.

- Les thèmes sont plus profonds qu'au premier abord, à travers ces personnages décalés, la romancière mentionne le monde de l'éducation, l'hypocrisie généralisée, le célibat, l'égoïsme paternel ou encore les difficultés rencontrées par les étrangers.

- L'analyse des liens familiaux reste fine.

Ce que j'ai moins aimé :

- Je ne pense pas qu'il me laissera un souvenir durable, d'apparence trop léger pour cela.

Bilan :

Plaisant, frais, parfait pour l'été.

 

Présentation de l'éditeur : 10/18

D'autres avis : Télérama

Du même auteur : La danse du temps

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Monteperdido de Agustin MARTINEZ

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Dans les Pyrénées séparant la France de l'Espagne, se niche le village de Monteperdido entouré des montagnes abruptes du Mont Perdu. Dans ces chemins escarpés, cinq ans plus tôt, ont disparu deux fillettes de retour du collège. Les parents sans nouvelles sont restés inconsolables, le village entier continuant à se mobiliser pour chercher des traces des enfants disparues. Mais cinq ans plus tard, une voiture tombée dans un ravin est retrouvée, avec à son bord un inconnu mort et une des fillettes disparues, Ana, bien vivante. Où se trouve l'autre fillette devenue adolescente ? Est-elle encore vivante ? Deux inspecteurs de Madrid viennent rouvrir l'enquête mais ils doivent faire face à l'hostilité des habitants du village qui préfèrent rester entre eux pour protéger leurs proches. Il devient en effet de plus en plus évident que le ravisseur serait une personne connue des fillettes, un homme ou une femme du village.

Ce que j'ai aimé :

- L'âpre décor des montagnes, la sauvagerie qui s'en dégage, les secrets que ces canyons ou ces grottes peuvent renfermer.

- L'originalité de l'intrigue car des histoires de ravissement sont courantes dans le roman policier, le fait que les fillettes réapparaissent l'est moins !

- La complexité des personnages : Sara est la femme flic chargée de diriger l'enquête avec Santiago, un flic près de la retraite qui la protège et à qui elle doit beaucoup. Elle doit collaborer avec Victor, membre de la « Guarda civil », habitant du village, réfractaire à son intrusion, prêt à protéger ceux qu'ils apprécient. Ana, la fillette devenue adolescente, fragile et pourtant insaisissable reste intrigante. A l'époque de son enlèvement son père Alvaro avait été accusé et ses parents s'étaient séparés, trop remués par la douleur et les accusations. Les parents de Lucia, Montserrat et Joaquin sont restés soudés, et ils espèrent que Ana livrera ses secrets pour que leur fille leur soit rendue...

Ce que j'ai moins aimé :

- Un côté très sombre

Bilan :

Un roman à noter.

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

D'autres avis : Babélio

Publié dans Roman policier Europe

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Les soeurs Brontë de Laura EL MAKKI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Pour trouver "La force d'exister", les sœurs Brontë ont dû mener un combat quotidien : que ce soit contre la maladie, cette tuberculose insidieuse qui leur enlève leurs proches un à un, que ce soit contre des établissements scolaires insalubres, aux méthodes violentes, que ce soit contre la pauvreté qui les guette sans cesse, contre leur condition de femme qui jette un discrédit sur leurs écrits... Mais grâce à l'art, à une ébullition continuelle autour de la création littéraire, les trois soeurs luttent et s'émancipent des aléas de l'existence :

"L'écriture leur apprend ce qu'est la puissance. Si la force peut manquer contre le froid ou la maladie, elle s'exerce et se déploie grâce aux mots.  Pour les Brontë, qui ont supporté la mort et tente chaque jour de l'esquiver, écrire est une manière de persévérer, au sens spinozien du terme : de continuer à vivre de manière active, de "durer" avec la certitude que l'action - la création - sauve de l'inertie dangereuse, de l'espérance vide."

Laura El Makki revient ici sur leur parcours dans le presbytère paternel, dans les landes du Yorkshire 1836, jusqu'à la publication sous pseudonymes masculins de leurs œuvres : Les hauts de Hurlevent, Jane Eyre ou encore la recluse de Wildfell Hall. Elle mentionne aussi Branwell, le frère si prometteur mais aux prises avec ses démons... Au fil du récit, certaines dissensions entre les sœurs apparaissent aussi :

 

"La maison des Brontë était un drôle d'endroit. On partageait des rêves, on écrivait des chefs d’œuvre, mais on cachait aussi aux autres - aux aimés- qui l'on était vraiment."

 

Malgré tout, leur amour de l'écriture transcende leurs différences et les porte vers la reconnaissance qui les sauvera de la précarité.

 

Ce que j'ai moins aimé : Le lyrisme du style du début de la biographie s'efface peu à peu, c'est dommage.

 

Bilan : Une biographie passionnante qui éclaire le destin de ces femmes hors du commun.

 

Présentation de l'éditeur : 10/18

Des soeurs Brontë : Mon préféré est Jane Eyre de Charlotte (lu 5 fois), puis La dame du manoir de Wildfell Hall  de Anne, mais Les Hauts de Hurlevent de Emily, lu à 20 ans, m'avait déçue, et enfin même déception pour Agnès Grey

D'autres avis : Dominique ; Cathulu

Publié dans Biographies et cie

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