Bonne année !
Bonne année !
Quelques pistes de lectures pour s'envoler vers de belles découvertes
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"La vie est un vélo rouge sans petites roues"
Adrien passe une soirée en famille, mais il est peu concentré et impliqué dans les conversations, son esprit louvoie. Il faut dire qu'à 17h24 il a envoyé un texto à son ex qui a souhaité "faire une pause", à 17h56 Sonia a lu le message envoyé mais sans répondre si bien que son esprit est happé par son téléphone, bien loin des considérations des uns et des autres sur le chauffage au sol. Quand de surcroit son beau-frère lui demande de préparer un discours pour leur mariage, Adrien ne sait plus à quel saint se vouer...
Quelques belles trouvailles voient le jour, comme ce moment où il se confie à sa mère en lui disant qu'il frôle la dépression, et qu'elle lui rétorque, pragmatique, "bois du jus d'orange", ou bien encore ces scènes autour de la tyrannie du texto, mais, mais...
Ce que j'ai moins aimé :
Cette lecture permet de passer un bon moment, grâce à de belles trouvailles mais le ton finit par lasser. Le discours ressemble à un one man show sans grande originalité. J'ai attendu en vain une profondeur rédemptrice, mais sans succès...
Face au discours frivole de la famille, lui se demande "où va le beau quand il n'est plus" et son regard est quelque peu méprisant, condescendant face à eux...
"En fait tout ça n'était qu'une couverture, la taxe d'habitation, le gratin dauphinois, peut-être une profondeur insoupçonnées surgirait-elle tout à coup de nulle part, sous le chauffage au sol, une fois la dalle arrachée, trouverait-on du Shakespeare, du sang, des larmes, de la sueur, de la vodka sur des violons tziganes ?"
Il se place dans la peau d'un pseudo-intellectuel qui redoute de devoir danser "La Chenille" lors du mariage ...
Ces moqueries m'ont semblé finalement gratuites et si j'imagine que l'auteur se moque aussi de cet Adrien dépressif, j'ai fini par rire jaune !
Présentation de l'éditeur : Gallimard
Nouvelle collection Sygne
D'autres avis : plus enthousiastes : Noukette ; The autist reading ; Agathe
Du même auteur : Zaï, zaï, zaï , Et si l'amour c'était aimer ?
Rentrée littéraire 2018 :
Aimés :
Leurs enfants après eux de Nicolas MATHIEU
Comme un lundi de Thomas VINAU
Où les chiens aboient par le queue de Estelle Sarah BULLE
La papeterie Tsubaki de Ito OGAWA
Concours pour le paradis de Clélia RENUCCI
Tenir jusqu'à l'aube de Carole FIVES
Déceptions de cette rentrée littéraire :
La vraie vie de Adeline DIEUDONNE
Nous les vivants de Olivier BLEYS
Un court instant de grâce de André BUCHER
Ne m'appelle pas Capitaine de Lyonel TROUILLOT
Un monde à portée de main de Maylis de KERANGAL
Le prince à la petite tasse de Emilie de TURCKHEIM
Autres romans aimés
Le poids du monde est amour de David THOMAS
La vie parfaite de Silvia AVALLONE
Terres promises de Milena AGUS
Couleurs de l'incendie de Pierre LEMAITRE
Jeunesse :
Quelqu'un qu'on aime de Séverine VIDAL
Sauveur et fils de Marie-Aude MURAIL
Le loup en slip de LUPANO ITOIZ et CAUUET
Aventures :
Au bord de la terre glacée de Eowyn IVEY
Romans drôles
Un pélican à Blandings de PG WODEHOUSE
Cette sacrée vertu de Winifred WATSON
Discours
La meilleure des vies de JK ROWLING
Romans Policiers
Sauvage de Jane HARPER et Mascarade de Ray CELESTIN
Enterrez vos morts de Louise PENNY
L'armée des ombres de Joseph KESSEL
Beau livre
Les petites épiceries de mon enfance de Lee MEKYEOUNG
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"Elle était une ornière sur la route. Foison de vie sous la surface mais sans cesse martelée par les roues."
Janie revient à Eatonville en Floride et ce retour aux sources lui permet de revenir sur son parcours.
Mariée par sa grand-mère au vieux Logan Killicks, elle ne suit que peu de temps les voeux de son aïeule qui voulait la mettre à l'abri du besoin en la mariant. Rapidement, elle se rend compte que jamais elle ne parviendra à aimer cet homme. Avide de liberté et d'amour, elle s'évade alors avec Joe Starks, un homme aux ambitions dévorantes. Mais là encore, elle est déçue, jusqu'au jour où elle rencontre Tea Cake...
« Fut un temps moi j’ai jamais compté d’arriver à rien, Tea Cake, sauf à étre morte de toujours rester tranquille à ma place et me forcer de rire. Mais toi t’es venu et t’as fait quèque chose de moi. Alors moi chuis bien heureuse de n’importe quelle chose qu’on traverse ensemble. »
Trajectoire d'une femme qui s'émancipe peu à peu au fil de ses relations, ce roman est paru aux Etats-Unis en 1937 et ce fut le premier roman écrit par une afro américaine. De nombreux dialogues ou monologues sont écrits en "black english", magnifiquement traduits par Sika Fakambi, dont il faut saluer ici le travail !
Ce que j'ai moins aimé :
Je n'ai pas été autant touchée que prévu par cette histoire, dont Zadie Smith disait "J'aime ce roman comme aucun autre." et que l'on comparait à Scott Fitzgerald, Hemingway... Il faut dire que la barre était haute !
Bilan : Un beau destin de femme.
Présentation de l'éditeur : Zulma
D'autres avis : Abracadabooks
Merci à l'éditeur.
Voici la sélection des BD marquantes de cette année :
La forêt millénaire de Jiro TANIGUCHI
Calvin et Hobbes tome 1 de Bill WATERSON
Alexandrin ou l'art de faire des vers à pied par Alain KOKOR et Pascal RABATE
La saga de Grimr de Jérémie MOREAU
Un grand merci à Stéphie , Moka et Noukette pour ces rendez-vous BD du mercredi.
Samedi dernier, nous avons été plusieurs blogueurs à avoir été reçus par les Editions Zulma, rue du Dragon, l'occasion de revenir sur l'histoire de cette maison d'édition si particulière...
Laure Leroy était stagiaire dans l'édition et a décidé de fonder sa propre maison d'édition en 1991. Pendant quinze ans, elle a appris son métier de directrice, mais elle a surtout appris tous les métiers de l'édition.
En 2006 elle a décidé qu'il était temps de refonder la maison de fonds en combles.
Laure Leroy décide alors de publier moins, seulement 10 ou 12 livres par an, mais en prenant le temps de trouver, publier, et promouvoir ces livres choisis pour son catalogue. Elle ne publie que des livres qu'elle aime, parce que pour elle une maison d'édition ne peut toucher ses lecteurs que si il y a cette chaine d'authenticité, ces gens passionnés d'un bout à l'autre du projet.
Ce qui manquait dans le paysage éditorial français était une maison ouverte sur la diversité du monde, une maison qui ne serait pas spécialisée dans la littérature française, japonaise ou russe, mais une maison qui s'attacherait à la diversité du monde. Si les cultures sont différentes, chacun reste un être humain qui partage avec les autres des valeurs universelles, d'humanisme, tous les êtres humains ont des craintes, des émotions, des aspirations. Zulma a souhaité aller voir des écrivains dans le monde entier qui construisent une oeuvre avec une culture différente dont on ne connait rien.
Par exemple au Kerala, état du Sud de l'Inde, on parle une langue qui s'appelle le malayalam. Or cet état est riche et éduqué, et pourtant on en ignore tout. Pourtant, il y a forcément là-bas des écrivains extraordinaires, et parmi eux, il en existe forcément un qui pourra plaire. Le travail de recherche est très important chez Zulma. Sur place, des traducteurs tout aussi passionnés traduisent quelques chapitres pour donner envie aux éditeurs français de publier leurs auteurs. C'est comme cela que Laure Leroy a découvert Basheer.
Si on prend un livre comme La somme de nos folies, c'est avant tout l'histoire d'une vieille dame excentrique, ce qui est plus important que de préciser que c'est un roman qui se passe en Malaisie.
David Pearsons était un graphiste anglais qui a beaucoup travaillé pour Penguin.
Laure lui a demandé pour leurs couvertures de respecter un cahier des charges, avec un design contemporain, reconnaissable, comme un écrin. De fait, la quatrième de couverture n'existe pas dans cet écrin.
Au sein de cette équipe soudée, Béatrice Pô s'occupe du travail éditorial et de la fabrication, Héloïse Bailly est l'oeil de la maison, traquant les coquilles et aidant Béatrice, Catherine Henry s'occupe des relations libraires depuis 2006, Amélie Louat négocie les sessions de droits, l'acquisition des droits et Rym et maintenant Valentin se consacrent aux relations presse et blogueurs.
La spécificité de Zulma tient aussi au fait que la maison est l'agent de ses auteurs étrangers. Quand ils sont traduits dans un autre pays, c'est Zulma qui gère les contrats. Les échanges de droits se passent lors de la grande foire de Francfort. Zulma soit valider le choix de la maison d'édition, du traducteur, du titre et de la couverture.
L'impression se fait sur une feuille 52/80cm qui est ensuite pliée pour constituer des cahiers.
Les cahiers sont ensuite assemblés, cousus, puis placés dans la couverture.
Zulma travaille en partenariat avec les imprimeries Floch en Mayenne.
Le premier livre de l'auteur Là où les tigres sont chez eux, mélange de Umberto Eco et Indiana Jones, fut un véritable coup de coeur pour Laure Leroy. En 2014, elle publie de lui L'île du Point Némo, puis Dans l'épaisseur de la chair. En janvier 2019, il publiera Le rituel des dunes. Ce roman se passe à la fin ]des années quatre-vingt dans la Chine communiste. Roetgen vient de quitter Tientsin. Il laisse derrière lui le petit milieu des expatriés, joyeusement délétère et décalé, pourtant en prise avec le quotidien souvent absurde du régime. Plus que tout, c’est son histoire avec Beverly, une Américaine de vingt ans son aînée, que Roetgen cherche à comprendre. Beverly, qui a vécu (ou fantasmé) mille vies rocambolesques, des plus sordides aux plus éclatantes, est exubérante, excessive, jalouse, elle n’a aucune limite, elle ne vit que par passion. D’emblée Roetgen est fasciné, mais Beverly a aussi sa face obscure. Beverly réclame sans cesse à son amant des histoires à la hauteur de sa propre biographie. Il lui raconte les affres d’un empereur chinois au double visage, une folle nuit au cœur de la Cité Interdite, un vrai faux polar dont il ne livre qu’un chapitre sur deux – récits haletants, volontiers désopilants, qui vont à leur tour nourrir la folie de Beverly.
Sortira également La maîtresse de Carlos Gardel de Mayra Santos-Febres. La puissante Mano Santa est appelée au chevet de Carlos Gardel, l’icône du tango, à la veille de sa tournée dans les Caraïbes. La guérisseuse emmène avec elle sa petite-fille Micaela, étudiante infirmière silencieuse et appliquée, à qui elle confie Gardel.
Rosa Candida de Audur Ava OLAFSDOTTIR : vendu à plus de 100 000 exemplaires en grand format, et traduit partout dans le monde à la suite de son succès en France.
Là où les tigres sont chez eux de Jean-Marie Blas de ROBLES : Prix Medicis et Prix du roman Fnac
Palestine de Hubert HADDAD : prix Renaudot poche
Le garçon de Marcus MALTE : Prix Fémina
Les romans de Audur Ava OLAFSDOTTIR dont Le rouge vif de la rhubarbe
Le complexe d'Eden Bellwether de benjamin WOOD
La boite aux lettres du cimetière de Serge PEY
Gouverneurs de la rosée de Jacques ROUMAIN
L'île du point Némo de Jean-Marie ROBLES
La lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson
L'année des secrets de Anjana APPACHANA
Les nuits de laitue de Vanessa BARBARA
Merci à toute l'équipe pour ce bel après-midi !
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Au cœur des Causses, une femme a disparu alors qu'elle était partie randonner. Quand les anciens parlent de "la tourmente" qui l'a emportée, d'autres explorent d'autres pistes et remontent le temps pour comprendre. Plusieurs personnes prennent alors la parole tour à tour pour dévoiler des secrets bien tapis au creux des montagnes... Qu'il s'agisse de l'assistante sociale de la région, de son mari Michel, de Joseph, paysan reclus dans ses montagnes, ou de Maribé, nouvellement arrivée dans le village, tous ont des choses à cacher... Si au premier abord, les récits semblent déconnectés les uns des autres, page après page, les vies se raccordent pour trouver leur cohérence.
Les êtres, perdus dans cette montagne qu'ils subissent quelquefois, sont hantés par la solitude qu'ils cherchent à combler à tous prix. Ils ne sont pas tous paysans par choix, beaucoup ont subi l'influence familiale, la pression pour reprendre la ferme des parents pesant sur leurs frêles épaules. Certains malfaisants profiteront et abuseront de cette solitude pour jouer avec les sentiments de ces êtres vulnérables.
Parfaitement maîtrisé, ce roman puise ses racines aussi bien dans des sujets d'actualité que dans une fine analyse sociologique des milieux paysans. Il est efficace aussi bien quand il nous plonge dans le Massif Central que quand il nous emmène en Afrique.
Présentation de l'éditeur : Le Rouergue
Du même auteur : Ce qui reste en forêt
D'autres avis : Babélio
Prix littéraires :
Prix Polar en séries de Quais du Polar 2017
• Prix Polar Landerneau 2017
• Prix de l'Académie cévenole Cabri d'or 2017
• Prix Goutte de Sang d’Encre 2017
• Prix du roman Cézam inter-CE 2018
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"Ne me demandez pas de vous regarder par-dessus l'épaule et ne m'accompagnez pas de loin. Laissez-moi."
Une jeune femme retourne au sanatorium pour lutter contre la maladie qui la ronge, laissant derrière elle son amant. elle lui écrit alors pour que s'amenuise la distance, pour qu'il continue de l'aimer. Quelques lettres plus tard, il lui apprend brutalement qu'il la quitte, qu'il se marie avec une autre.
Le temps laissé vaquant devant elle lui permet d'analyser son coeur, de revenir sur cette histoire engendrée et sur les sentiments bafoués.
« C’est du bonheur d’être bouleversé et de ne plus rien savoir. Mais avoir encore un petit coin de conscience qui toujours sait ce qui se passe, qui, parce qu’il se sait, permet à tout l’être intellectuel et raisonnable d’avoir aussi à chaque seconde quelque chose du bonheur qui arrive, avoir ce petit coin de conscience qui apprécie lentement l’évolution de la joie, la suit jusqu’à ses fins les plus extrêmes, n’est-ce pas du bonheur ? Il y a un petit coin qui ne vibre pas, mais ce petit coin qui ne vibre pas reste le témoin de la joie ressentie. C’est lui qui se souvient et qui peut dire : j’ai été heureux et je sais pourquoi. Je veux bien perdre la tête, mais je veux saisir le moment où je perds la tête et pousser la connaissance au plus loin de la conscience qui abdique. Il ne faut pas être absent de son bonheur. »
Elle "commente" la fin de sa relation avec une acuité d'observation et d'analyse troublante, de celle qui tende vers l'universel. Chacun peut se reconnaitre dans cette douleur de l'abandon intime vibrant de vérité et de sincérité. La lucidité de la jeune femme résonne en nos âmes, emporté par son écriture poétique, on ne peut qu'être ébloui par ce destin tragique !
« Un petit volume si amer, si pur, si noble, si lucide, si élégant, si sévère et d’une tenue si haute dans son allure désolée et déchirée. On serait presque tenté de dire que c'est là un des chefs-d’œuvre de la plume féminine, » confie Paul Claudel
Ce que j'ai moins aimé : c'est assez ironique car dans mon édition, les avant propos et annexes sont multipliés, commentant à l'envie cette oeuvre pure qui pourtant se suffit à elle-même.
Présentation de l'éditeur : Phébus
D'autres avis : Télérama
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Amy a dix-huit ans quand elle quitte son île natale des Orcades, îles au nord de l’Écosse, pour rejoindre Londres et ses lumières de pacotille. Au cœur de la capitale, elle sombre peu à peu dans un univers interlope, empli de fêtes, de drogues et d'alcool. Beaucoup d'alcool, trop d'alcool, au point que Amy ne peut plus s'en passer et sombre jour après jour dans l'addiction. Elle perd alors son travail, son petit ami, et se retrouve seule, désœuvrée, définitivement alcoolique.
Pour combattre ses démons, elle décide de revenir en arrière, de mettre de la distance entre Londres et elle, et repart vers ses racines, vers les Orcades. Là, elle intègre une organisation dédiée à la conservation des animaux et cherche à se reconstruire. Elle s'installe sur une petite île, et réapprend à vivre normalement, sans alcool. Grâce au pouvoir guérisseur de la nature, elle trouve un sens à sa vie, loin des futilités londoniennes. Elle va à la pêche aux couteaux, pour les faire revenir ensuite le soir à l'ail et les savourer avec des spaghettis, elle s'attache peu à peu aux petits détails de la vie savoureux pour lutter contre ses démons.
"J'ai troqué les boules à facettes des discothèques pour les lumières célestes, mais je reste entourée de danseurs : soixante-sept lunes gravitent autour de moi."
Ce que j'ai moins aimé : Quelques longueurs.
Bilan : Ce récit authentique nous faisant le témoin d'une reconstruction touche par sa sincérité.
Présentation de l'éditeur : Editions Globe
D'autres avis : Nadael ;