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1345 résultats pour “vie parfaite

Chez les heureux du monde de Edith WHARTON

Publié le par Hélène

 ♥ ♥

Lily Bart 29 ans issue d'un milieu modeste, aime frayer avec la haute société. Ambitieuse et belle, elle souhaite se marier avec un homme riche pour rester à l'abri des aléas de la vie. Elle pense que sa beauté lui facilitera les choses. Elle a quelques noms en vue, mais étrangement, chacun de ses projets échoue, comme si elle savait au fond d'elle qu'elle restait en inadéquation avec l'esprit de ces messieurs et de ce milieu.

Elle sympathise avec Lawrence Selden, un avocat qui tente de la diriger vers d'autres priorités :

"Selden repoussa son chapeau en arrière et la regarda de côté.
- Le succès… qu’est-ce que le succès ? Je voudrais bien connaître votre définition.
- Le succès ?… (Elle hésita.) Mais c’est tirer de la vie tout ce qu’on peut en tirer, j’imagine… C’est une qualité relative, après tout… N’est-ce pas aussi votre idée du succès ?
- Mon idée ?… à Dieu ne plaise !
Il redressa le buste avec une énergie soudaine, appuyant ses coudes sur ses genoux, et, les yeux fixés sur le paysage harmonieux :
- Mon idée du succès, - dit-il, - c’est la liberté personnelle.
- La liberté ?… être libre de soucis ?
- Libre de tout… de l’argent et de la pauvreté, de l’aisance et de l’inquiétude, de tous les accidents matériels. Maintenir en soi une sorte de république de l’esprit, voilà ce que j’entends par le succès.
"

Mais Lily tient à côtoyer les hautes sphères et, persévérante, elle se rapproche de personnages aux intentions troubles. Le mariage lui apparait comme la seule issue, mais, victime des ouï-dires, elle est mise à l'écart, Lawrence Selden lui-même ajoutant foi aux rumeurs.

Le portrait de cette jeune femme est troublant, elle qui tient à vivre dans le luxe et se raccroche à la "stupide cherté de la nourriture et la voyante sottise de la conversation, une liberté de langage qui n'atteignait jamais l'esprit, et une liberté d'action qui ne s'élevait jamais jusqu'au roman.", mais reste trop honnête pour monnayer sa beauté. Elle reste déchirée entre sa moralité et ses ambitions et la fin du roman offre une satire poignante de cette société étouffante du début du XXème siècle !

Un classique qu'on apparente souvent à Henry James ou Jane Austen - en plus sombre- tant la subtilité des portraits se marie à merveille avec l'intrigue ancrée dans le siècle.

 

Présentation de l'éditeur : Archipel

D'autres avis : Lily, Papillon, Babélio

 

Chez les heureux du monde, Edith Wharton, traduit par Du Bos, Charles de Anglais (EU), Arcgipel, archipoche, mars 2017, 498 p., 7.80 euros

 

Chez les heureux du monde de Edith WHARTON
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Le gardeur de troupeaux de Fernando PESSOA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Ce qu’il faut c’est être naturel et calme

Dans le bonheur ou le malheur,

Ressentir comme on regarde,

Penser comme on marche,

Et quand on va mourir,

Se souvenir que le jour meurt,

Que le couchant est beau et que belle est la nuit qui reste…

Et que si c’est ainsi c’est parce que c’est ainsi…"

Le gardeur de troupeaux est l’œuvre majeure d’Alberto Caeiro, hétéronyme inventé par Fernando Pessoa. Il se définit à travers une métaphore comme un "gardeur de troupeaux"  le troupeau désignant ses pensées. Son âme est comme un berger qui garderait ses pensées et les empêcherait de prendre le pas sur ses sensations. Il veut avant tout être attentif au monde qui l'entoure par la biais de ses sensations immédiates, considérer les choses qui l'entourent dans leur immédiateté « Je n’ai pas de philosophie, j’ai des sens » dit-il dans le poème II. Il admire le monde sans chercher un sens qui le dénaturerait, sans ses pensées qui seraient parasites et l’empêcheraient de voir la terre. Pour lui il n’y a pas de mystères en ce monde, et tout vaut la peine,  « Notre unique richesse, c’est voir » poème VII

Le poète ressent un amour inconditionnel pour la nature, admirant la simplicité des arbres et des plantes et invitant l'homme à prendre exemple sur eux : « Passe oiseau passe et apprends moi à passer ! «  poème 43. La nature lui apprend aussi à ne pas craindre la mort, si la tristesse est naturelle, inutile de souhaiter lutter contre elle, elle est nécessaire, comme la pluie est nécessaire au soleil. 

Pessoa exalte finalement le bonheur d'être au monde, de sentir l'air qui fraichit sur nos joues, d'observer la course des nuages, pour « sentir la vie couler en moi comme un grand fleuve en son lit » 49

Une belle leçon de vie ...

Présentation de l'éditeur : Poésie Gallimard

Du même auteur : Le pélerin
 

Publié dans Poésie étrangère

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Le cri du Kalahari de Mark et Délia OWENS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Le désert du Kalahari occupe la plus grande partie de la république du Botswana, au nord de l'Afrique du Sud. En 1974, Mark et Delia Owens partent pour cette destination avec pour seuls bagages quelques vêtements de rechange, un vieil équipement de camping, un appareil photo, mais mus par un même idéal : travailler à la sauvegarde de la nature et des animaux sauvages. Ils choisissent cette région reculée, à 1500 km de toute ligne électrique, de tout hôpital et même de l'épicerie la plus rudimentaire car leur but est d'observer les animaux dans des conditions uniques. Ils resteront sept ans dans cette vallée nommée Deception Valley.

"Nous avons toujours eu une prédilection pour les endroits sauvages, nous étions attirés par l'impression de force et de paix qu'ils dégagent, par la solitude qu'on y trouve. Depuis toujours, aussi, nous ne pensons qu'à les sauver de la destruction."

Ils relatent ici leurs rencontres inoubliables avec les antilopes, les lions qui viennent se promener sur le camp, ou encore les hyènes brunes adeptes du vol de bouilloire. Cette vie passée loin de tout est aussi dangereuse, ils connaitront des sécheresses arides, tout comme des trombes d'eau violentes, mais aussi des incendies de savane aux effets dévastateurs. Au fil du temps, ils se perfectionnent et investissent dans un petit avion Echo Whisky Golf pour suivre plus longtemps les animaux, ils utilisent aussi des radio émetteurs pour suivre leurs mouvements. A leurs côtés, le lecteur s'attache aussi à Moffet, Blue, Bimbo, Star, et à tous les autres animaux rencontrés et respectés.

Delia Owens greets the brown hyena "Pepper."

Leur étude porte principalement sur les lions et les hyènes, leurs thèses portant respectivement pour Mark sur l'écologie des comportements coopératifs parmi les lions et pour Délia sur l'entraide chez les hyènes brunes. Mais de ce voyage ils ont aussi rapporté des éléments permettant de comprendre l'un des mouvements migratoires d'antilopes les plus importants du monde et démontré l'effet dévastateur des clôtures de barbelés sur la vie animale au Kalahari. Leurs observations sont destinées à la science mais ont aussi comme objectif d’œuvrer pour la préservation de la nature et faire connaitre le Botswana.

Un magnifique récit !

Ici le lien vers le site de leur fondation : http://www.owens-foundation.org/index.html

Présentation de l'éditeur : Points

Du même auteur : Là où chantent les écrevisses

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Il était un fleuve de Diane SETTERFIELD

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"La vie était fondamentalement inexplicable, et il était inutile d'essayer d'y comprendre quelque chose."

Par une nuit de solstice d'hiver au milieu du XIXème siècle un homme surgit dans l'auberge de Joe, portant dans ses bras une fillette noyée dans la Tamise. La fillette n'a pas survécu, et l'homme, Henry Daunt, photographe, est gravement blessé. Mais à la surprise générale, quelques heures plus tard, la petite fille respire de nouveau et revient miraculeusement à la vie, ce qui intrigue et fascine les habitués de l'auberge, férus de contes et histoires extraordinaires.

La fillette a perdu la parole si bien qu'il est impossible de savoir ce qui lui est arrivé. Se présentent alors trois familles qui la réclament : Les Vaughan sont persuadés qu'il s'agit de leur fille Amelia, disparue deux ans plus tôt, les Armstrong pensent qu'elle est en réalité la fille de Robin, le fils de la famille, et Lily reconnait sa sœur Ann, disparue depuis quarante ans. À moins qu’il ne s’agisse de la fille du batelier, Quietly, mort il y a quelques siècles, qui fait maintenant passer les âmes d'un coté à l'autre de la rivière...

Rita Sunday, infirmière du village suit de près le destin de la fillette, avec l'aide de Henry, elle observe les rebondissements, s'assurant du bien-être de l'enfant.

Il était un fleuve nous entraine dans une atmosphère mystérieuse autour du fleuve de la Tamise, atmosphère teintée de surnaturel, d'une aura fantastique entretenue par les multiples récits qui résonnent dans l'auberge. L'autrice détient également ce talent indéniable pour plonger le lecteur dans un récit prenant aux multiples ramifications, tout en nous interrogeant sur les liens familiaux, sur l'amour filial et en nous en apprenant aussi davantage sur les débuts de la photographie et du darwinisme.

Un roman que je suis ravie d'avoir découvert grâce au mois anglais !

Publié dans Littérature Europe

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Une autre Aurélia et Une rencontre à Pékin de Jean-François BILLETER

Publié le par Hélène

 

Dans Une autre Aurélia, Jean-François Billeter nous livre les différentes émotions qui ont pu le traverser après la mort brutale de sa femme en 2012, après 48 ans de vie commune. En choisissant la forme du journal, le célèbre sinologue traque les stigmates de la disparition, jour après jour, le travail du deuil s'effectuant parfois à son insu. :

"10 janv. L'émotion revient d'autant plus que je tente moins de la retenir.

11 janv. Je n'ai plus de port d'attache, je vais devoir naviguer sans répit, le long des côtes ou en haute mer."

Il se perd dans le travail, dans la lecture, comme pour chercher une résonance à son malheur, Les souvenirs reviennent brusquement, la volonté de revoir l'être aimé, la nécessité de continuer, envers et contre cette mort...

Dans Une rencontre à Pékin il revient sur leur histoire, leur rencontre, la naissance du couple en Chine dans les années 60 avant la révolution culturelle. Il raconte comment cette rencontre a changé sa vie puis leur retour en 1975. Ce texte autobiographique éclaire sur l'histoire de la Chine.

Ce que j'ai moins aimé : Je n'ai pas été touchée par ces récits. Dans son préambule Billeter prévient : " Ces observations « ne touchent ni ma personne, ni celle de Wen en particulier. De tels bouleversements sont riches en enseignements d’une portée plus grande. Ils nous apprennent de quoi nous sommes faits. C’est cela qui m’intéresse au premier chef ici et justifie que je prenne la plume » Sans doute touchent-ils à l'universel car le deuil touche tout un chacun, mais paradoxalement, ces réflexions au jour le jour m'ont semblé plus intimes qu'universelles, plus psychanalytiques que philosophiques.

La rencontre quant à elle est racontée de façon très historique, anecdotique, sans romanesque. L'écriture est proche du réel, sans fioritures, sans poésie, et pour conclure, je dirais qu'elle n'est pas de celles qui me touchent, trop proche du documentaire.

 

Présentation de l'éditeur : Allia

D'autres avis : Télérama

Une lecture commune avec Eva

 

Une autre Aurélia et Une rencontre à Pékin, Jean-François Billeter, Allia, août 2017, 7 euros

 

Sélectionné pour le prix Psychologies du roman inspirant.

 

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Tristes cendres de Mikel Begona et Inaket

Publié le par Hélène

♥ ♥

Au coeur de la guerre d'Espagne avec Robert Capa

Ce roman graphique rend hommage au grand reporter Robert Capa, engagé aux côtés des républicains pendant la guerre civile espagnole. L'action se déroule de 1932 à 1940, commençant à Paris aux côtés de Gerda Taro, la femme de sa vie, photographe également. Tous deux veulent témoigner par leurs photos des évènements marquants de leur époque et de leur lutte. Ils incarnent l'avènement du photojournalisme. En 1936, Gerda part pour Barcelone suivie par Capa. Cette guerre les rendra célèbres, ils usent de leur appareil photo comme d'une arme, dénonçant en mitraillant de leur appareil.  "La cause pour laquelle nous luttons va au-delà de notre liberté personnelle, au-delà de nos vies" dira Gerda qui meurt en 1937, renversée par un tank.

Après ce bouleveversement, le succés de Robert Capa aura un goût amer, même si Time et Life le sacre "l'un des meilleurs et des plus grands photographes du monde".

Les dessins proposent une bichromie en noir et bleu turquoise. Certains d'entre eux s'inspirent des clichés de Capa.

Ce que j'ai moins aimé :

Je n'ai pas été sensible aux dessins, ni à la mise en page, avec des textes denses jouxtant des dessins brouillons, peu lisibles. La couverture est trompeuse avec ses traits affirmés. La lecture devient laborieuse, peu agréable, et porte ainsi préjudice à l'histoire passionnante de cet homme emblématique. C'est dommage. 

Il manque en annexes une reproduction de certains des clichés de Capa qui auraient peut-être donné davantage corps à ce destin hors du commun, ici perdu dans des cases éclatées. 

Présentation de l'éditeur : Cambourakis

Lu dans le cadre de Un mois, un éditeur opératon initiée par Sandrine de Tête de Lecture

C'était ma BD de la semaine, d'autres titres chez Noukette 

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Les filles de Hallows Farm de Angela HUTH

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Les filles de Hallows Farm ont été embauchées dans cette ferme du Dorset pour participer à l'effort de guerre durant l'automne 1941. Elles sont trois à se porter volontaires pour travailler dans la ferme des Lawrence : Prue qui vit à cent à l'heure, Stella plus rêveuse et Agatha, la plus posée des trois.  Elles se plient bien volontiers aux travaux de la campagne, apprennent à traire les vaches, à tracer des sillons bien droits avec le tracteur, à chasser les rats... Contre toute attente, elles se plaisent dans cet univers préservé, aidé en cela par Joe, le fils du fermier réformé pour question de santé, qui lui aussi va reprendre goût à la vie à leur contact virevoltant.

Les trois filles sont à un âge où le flirt constitue tout leur horizon, et leur rapport à l'amour est aussi bien différent : quand Prue tombe amoureuse tous les matins et se lasse tout aussi vite de ses conquêtes, Stella rêve et idéalise son premier flirt Philip, et Agatha pense de loin en loin à un jeune homme croisé un jour avec la certitude qu'il est l'homme de sa vie. 

Si ces jeunes filles et leurs idylles sont attachantes, ce qui importe davantage dans ce roman est l'impact de la guerre sur des destins individuels, l'amour souvent cristallisé par les incertitudes d'un monde chancelant. Durant cette période irréelle, tous ressentent le poids de la guerre et la nécessité d'avoir des projets solides, quitte à faire fausse route. L'urgence de vivre symbolisée par les avions qui rôdent autour de la ferme contraint les uns et les autres à accélérer des choix desquels ils pourraient se retrouver prisonniers par la suite... 

Un beau roman sur cette période de l'histoire vue du point de vue de ceux qui restent à terre ...

 

Présentation de l'éditeur : Folio 

D'autres avis : Babelio 

Du même auteur : la suite Souviens-toi de Hallows Farm

 

Les filles de Hallows Farm, Angela Huth, traduit de l'anglais par Christiane Armandet et Anne Bruneau, Folio, 2000, 560 p., 9.70 euros

 

Lu dans le cadre ud mois anglais consacré aujourd'hui à cette auteure.

 

Publié dans Littérature Europe

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Le génie des coïncidences de John IRONMONGER

Publié le par Hélène

♥ 

Libre arbitre ou déterminisme ?

Thomas Post,  maître de conférence à l'université de Londres, se présente comme un expert es coïncidences. Venez à lui avec ce que vous prenez pour une coincidence étrange, qui pourrait être selon vous la marque d'une instance supérieure qui régirait nos vies, et il vous démontrera que tout n'est qu'une question de probabiblités et que votre évènement n'est que le fruit du hasard et de la nécessité. Mais le jour où la belle Azalea se présente à lui avec ses propres coïncidences étranges, ses certitudes vacillent. Il se penche alors sérieusement sur - et dans - la vie de la jeune femme afin de dénouer les noeuds déterministes qui semblent la régir...

Cette plongée le mène aux quatre coins du monde, de l'île de Man jusqu'en Ouganda, dans un pays meurtri par une guerre civile sanguinaire. Dans cette région en effet sévit le diabolique Joseph Kony, personnage réel recherché par la Cour pénale internationale pour 33 chefs d'accusation pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il serait responsable de la mort de plus de 100 000 personnes en Afrique centrale ces vingt-cinq dernières années et aurait enlevé entre 60 000 et 100 000 enfants. Par le biais de la fiction, l'auteur apporte un éclairage sur ces évènements tragiques : 

"Nous sommes doués pour escamoter des évènements monstrueux, sans compter qu'après tout, ceux-ci se déroulaient en Afrique, un continent qui demeure effectivement invisible - non parce que la lumière échoue à percer les ténèbres, mais parce que très peu d'entre nous choisissent de regarder ce qu'elle révèle." p. 160

Azalea était-elle déstinée à connaître une telle cruauté ? Va-t-elle mourir le 21 juin comme nombre de ses ancêtres ? Est-elle guidée par une instance supérieure ? Ou portée par le hasard ? Autant de questions qui trouveront des réponses partielles résonnant d'échos kantiens ... 

"... Il y a une providence particulière dans la chute d'un moineau.

Si c'est mainteannt, ce n'est pas à venir ;

si ce n'est pas à venir, ce sera maintenant ;

si ce n'est pas mantenant, pourtant, cela viendra :

le tout est d'être prêt." Shakespeare, Hamlet

Ce que j'ai moins aimé : J'ai trouvé les passages sur l'Ouganda trop documentés à mon goût, presque "collés" à cette intrigue des coïncidences, comme pour apporter un crédit historico-politico-social. 

 

Présentation de l'éditeur : Stock ;  10-18 

D'autres avis : Télérama

Keisha ; Claracathulubouquinbourg, blablablamiaKathelAifelle Antigone 

Tous ces avis sont bien plus enthousiastes que le mien !

Sur Joseph Kony : Le JDD 

 

Le génie des coïncidences, John Ironmonger, traduit de l'anglais par Christine Barbaste, 10-18, février 2016, 

 

Merci à l'éditeur.

Publié dans Littérature Europe

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L'honnête tricheuse de Tove JANSSON

Publié le par Hélène

♥ ♥ 

"Que vais-je faire ? Combien de vérités existe-t-il et qu'est-ce  qui les justifie ? Ce qu'on croit ? Ce que l'on invente ? A coups d'arrangements fourbes avec nous-même ? Est-ce le résultat seul qui compte ? Je ne sais plus."

Ce que j'ai aimé :

Katri est une jeune femme solitaire qui se dévoue entièrement à son frère Mats. Elle se veut honnête et entière ce qui ne lui vaut pas que des amis. Anna Aemelin est illustratrice de livres pour enfants, et tout comme ses albums, son monde est peuplé de lapins fleuris. Quand Katri la désabusée s'installe jour après jour dans sa vie, subrepticement, le choc entre ces deux conceptions du rapport aux autres aura des secousses irrémédiables. 

"Anna, elle, avait perdu l'envie de lire. Les héros des mers, de la jungle et des déserts n'étaient soudain plus que des images dépourvus de vie, ils n'ouvraient plus la porte du monde intègre où l'on reçoit sa juste récompense, où l'amitité est éternelle et la gratification légitime." (p. 156)

Les deux mondes vont s'éroder simultanément au contact de l'autre. 

Katri tient les autres sous sa coupe et ne supporte pas qu'ils s'éloignent ou puissent vivre autrement. Son chien va s'émanciper le premier, loin du monde aseptisé, sécurisé qu'elle a voulu créer autour d'elle. Mais la confiance n'est pas aussi évidente à conquérir...

"Je préfère de loin être roulée que de me sentir continuellement méfiante." (p. 154)

Derrière cette relation étrange, se cache des questionnements philosophiques sur notre rapport aux autres, sur la confiance que l'on peut allouer à quelqu'un, sur ce qui nous fonde et nous détruit. Une psychologie très fine, en profondeur des personnages dans un décor neigeux ouaté, au bout du monde créent un roman à part, acéré.

Ce que j'ai moins aimé :

L'étrangeté du roman et du personnage de Katri est assez déstabilisant.

Premières phrases : 

"C'était une matinée sombre et ordinaire d'hiver et il neigeait encore. Pas une seule fenêtre du village n'était allumée. Katri mit un écran devant la lampe pour ne pas réveiller son frère. Il faisait très froid dans la chambre."

Présentation de l'éditeur :

Livre de poche ; Actes sud en 1987 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Le livre d'un été

D'autres avis :

Lecture commune avec Aifelle

 

L'honnête tricheuse, Tove Jansson, roman traduit du suédois par Marc de Gouvenain, Le livre de poche, novembre 2014, 216 p., 6.10 euros

Publié dans Littérature Europe

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Eden de Audur Ava OLAFSDOTTIR

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Nous sommes à chaque instant au centre de notre existence."

Alba voyage aux quatre coins du monde pour des colloques sur les langues en voie d’extinction car « Il meurt une langue tous les vendredis. ». cette jeune enseignante - chercheuse s'intéresse aux pouvoirs des mots, corrigeant ou traduisant aussi occasionnellement des manuscrits. De retour à Reykjavík, elle décide de s'arrêter un instant et calcule que pour compenser son empreinte carbone, il lui faudrait planter 5 600 arbres. Elle décide alors sur un coup de tête d'acquérir un terrain situé aux confins du pays, terrain de roche, de lave et de sable avec juste une petite maison, et là, elle entreprend de planter ses arbres. Elle se coule harmonieusement dans la petite vie de la communauté, écoutant son voisin se plaindre des promoteurs ou décidant soudainement de donner des cours aux réfugiés.

Fascinée par le pouvoir infini des mots, Alba est une femme attentive aux détails, sachant percevoir la richesse du monde qui l'entoure et elle apprend ainsi peu à peu à trouver son Eden, sa place dans l'univers, au centre de sa propre existence.

"Les gens passent trop de temps à expliquer la vie aux autres, à penser à leur place et à leur montrer le droit chemin. Il y a les grammairiens qui corrigent nos fautes et les géologues qui nous expliquent la tectonique des plaques, sans parler des météorologues qui nous rebattent les oreilles avec le pourquoi du comment des épisodes climatiques extrêmes. (...) L'être humain n'a pas été créé pour se comporter de manière rationnelle. Personne ne peut se prévaloir de toujours agir dans son intérêt." p168

L'écriture lumineuse de Audur Ava Olafsdottir nous emporte en marge du monde, loin de ses turpitudes, dans un cocon de mots et de poésie. De lettres en mots, l'essentiel se dessine peu à peu, et l'agitation extérieure laisse place à l'évidence. A lire !

 

Présentation de l'éditeur : Zulma

Du même auteur :  Rosa candida ♥ ♥ ♥ ♥ ;  L’embellie  ♥ ♥ ♥ ; L'exception ♥ ♥ ♥ ♥ ; Le rouge vif de la rhubarbe ♥ ♥ ♥ ♥ ;  Ör ♥ ♥ ♥ ; Miss Islande ♥ ♥ ♥ ♥ ; La vérité sur la lumière ♥ ♥ ♥ 

Publié dans Littérature Europe

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