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litterature asie

Les délices de Tokyo de Durian SUKEGAWA

Publié le par Hélène

♥ ♥ 

Sentarô tient une échoppe proposant des dorayaki, une pâtisserie japonaise. Ses clientes sont pincipalement des lycéennes qui l'abreuvent de discussions piaillantes. Le jeune homme semble relativement insensible, travaillant de façon mécanique. Un jour une vieille dame vient lui proposer ses services. Sentarô refuse dans un premier temps mais Tokue sait être persévérante et surtout, elle est douée pour confectionner le an, la pâte d'haricots rouges qui garnit ses dorayaki. Sentarô l'accepte à ses côtés pour cuisiner, mais ayant remarqué que ses mains portent les stigmates d'une maladie, il refuse qu'elle serve ses clients.  

Peu à peu des liens particuliers se nouent entre l'énigmatique Sentarô et la volubile Tokue qui apprend au jeune homme à mettre du coeur dans ce qu'il fait, et à écouter ce que lui racontent les haricots...Les saisons courent, les cerisiers fleurissent puis les fleurs tombent, les secrets se découvrent peu à peu.

Porté par Tokue, Sentarô vit une véritable renaissance. La vieille dame l'éclaire sur le sens qu'elle donne à sa vie, et l'enjoint à observer le monde qui l'entoure à l'affût du "rayonnement invisible". 

"Je suis convaincue que chaque chose ici-bas est douée de parole. A mon avis, on peut prêter l'oreille à tout, aux passants dans  la rue devant la boutique bien entendu, à tout ce qui est vivant, et même aux rayons du soleil et du vent." p. 158

Marquée par une vie de souffrance, Tokue encourage chaque être humain à devenir une sorte de poète capable d'éclairer le monde. Peu importe la véracité des paroles émanant de la lune, des étoiles, des feuilles ou du vent, y croire suffit à la porter en avant, au-delà des vicissitudes de la vie.

 

Mes réticences : Le style rend l'ensemble un peu simplet au lieu de lui apporter l'aura poétique qu'il mérite, il est en effet très dialogué, avec un vocabulaire familier. Les "bof" et "ça craint" peuvent lasser...

 

Présentation de l'éditeur : Albin Michel 

 

Les délices de Tokyo, Durian Sukegawa, Traduit du japonais par Myriam Dartois-Ako, Albin Michel, février 2016, 238 p., 17.50 euros

 

Merci à l'éditeur.

 

Ce roman a été porté à l'écran par Naomi Kawase et son adaptation faisait partie de la sélection d'Un certain regard à Cannes en 2015. Une adaptation tout en délicatesse...

 

Publié dans Littérature Asie

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Oreiller d'herbe de SOSEKI

Publié le par Hélène

♥ ♥

Réédition :

Picquier propose une nouvelle traduction pour ce texte que Soseki appelait son "roman-haïku", édition illustrée de peintures d'une infinie délicatesse, aux couleurs veloutées, chatoyantes, issues d'une édition japonaise de 1926 en trois rouleaux où figuraient le texte entièrement calligraphié et une trentaine de peintures, toutes reproduites ici.

 

Présentation de l'éditeur

Oreiller d’herbe occupe une place privilégiée dans l’œuvre de Sôseki, manifeste poétique et esthétique qui suit le voyage d’un jeune peintre à la montagne, loin des passions et de l’agitation de la cité. Une silhouette féminine aperçue au clair de lune, le murmure d’une chanson, la contemplation de la nature entraînent ce double de l’auteur à approfondir sa méditation sur l’art et la création. 
« Je ne crois pas qu’un tel roman ait déjà existé en Occident. Il ouvrira de nouveaux horizons à la littérature », prédisait Sôseki en l’écrivant.


 Ce que j'en disais

Un peintre se retire dans une auberge de montagne pour peindre et réfléchir sur son art. Il y rencontre une jeune femme Nami, fille du patron des lieux. Son histoire recoupe le destin de la Belle de Nagara, légende de la région  : aimée par deux garçons, elle ne choisit aucun des deux, compose un poème et se noie dans la rivière. Nami quant à elle était aussi aimée de deux garçons, mais "n'a heureusement pas recouru à la solution de la rivière." Elle choisit un des hommes, mais étant malheuruese, le quitte er revient vivre chez ses parents. Elle hante les lieux et est depuis soupçonnée de s'enliser dans la folie. 

Le narrateur est envoûté par la jeune femme et cherche son inspiration dans son chant. Son esprit erre dans des brumes oniriques, entre rêve et réalité, la poésie s'installe au delà du sentiment, provoqué et reconstruit par le poète. 

"Dans un pareil moment, comment retrouver un point de vue poétique ? Eh bien, il suffit de placer devant soi un sentiment,  de reculer de quelques pas et de l'examiner avec calme comme s'il s'agissait de celui d'un autre. Le poète a le devoir de disséquer lui-même son propre cadavre et de rendre publics les résultats de son autopsie." p. 53

Des silhouettes fantômatiques peuplent son monde, telle la belle Ophélie de Millais.

Si la peinture le fascine, le narrateur rédige aussi des haïkus, artiste complet il est happé par le besoin de créer et ressent profondément les affres et doutes de la création artistique. Ses cheminements poétiques empruntent quelquefois des méandres difficiles à suivre pour un lecteur occidental qui doit se laisser bercer par le rythme lancinant de la littérature japonaise pour être touché. 

Bilan : 

Cette réédition enrichit le texte en l'embellissant. 

Chez Picquier 

 

Oreiller d'herbe, ou le voyage poétique, SOSEKI, traduction de Elisabeth Suetsugu, Picquier, ocotbre 2015, 200 p., 23 euros

 

Merci à l'éditeur.

 

Oreiller d'herbe de SOSEKI
Oreiller d'herbe de SOSEKI

Publié dans Littérature Asie

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Oreiller d'herbes de Natsumé SOSEKI

Publié le par Hélène

♥ 

"Un village d'eaux isolé... l'ombre de fleurs par un soir de printemps... un chant à mi-voix au clair de lune... une silhouette dans une nuit de pénombre... ce sont des thèmes de prédilection des artistes." 

Un peintre se retire dans une auberge de montagne pour peindre et réfléchir sur son art. Il y rencontre une jeune femme Nami, fille du patron des lieux. Son histoire recoupe le destin de la Belle de Nagara, légende de la région  : aimée par deux garçons, elle ne choisit aucun des deux, compose un poème et se noie dans la rivière. Nami quant à elle était aussi aimée de deux garçons, mais "n'a heureusement pas recouru à la solution de la rivière." Elle choisit un des hommes, mais étant malheuruese, le quitte er revient vivre chez ses parents. Elle hante les lieux et est depuis soupçonnée de s'enliser dans la folie. 

Le narrateur est envoûté par la jeune femme et cherche son inspiration dans son chant. Son esprit erre dans des brumes oniriques, entre rêve et réalité, la poésie s'installe au delà du sentiment, provoqué et reconstruit par le poète. 

"Dans un pareil moment, comment retrouver un point de vue poétique ? Eh bien, il suffit de placer devant soi un sentiment,  de reculer de quelques pas et de l'examiner avec calme comme s'il s'agissait de celui d'un autre. Le poète a le devoir de disséquer lui-même son propre cadavre et de rendre publics les résultats de son autopsie." p. 53

Des silhouettes fantômatiques peuplent son monde, telle la belle Ophélie de Millais.

Si la peinture le fascine, le narrateur rédige aussi des haïkus, artiste complet il est happé par le besoin de créer et ressent profondément les affres et doutes de la création artistique. Ses cheminements poétiques empruntent quelquefois des méandres difficiles à suivre pour un lecteur occidental qui doit se laisser bercer par le rythme lancinant de la littérature japonaise pour être touché. 

 

D'autres avis chez Babélio 

Présentation de l'éditeur chez Payot et Rivages. 

 

Publié dans Littérature Asie

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A bicyclette de SU Tong

Publié le par Hélène

♥ ♥

L'auteur d'Epouses et concubines livre ici ses souvenirs d'enfance dans la ville de Suzhou à la fin de la révolution culturelle. Il évoque sa première bicyclette, son poisson rouge, sa rue et sa marchande de glace, des légendes autour des rivières, le cinéma en plein air, des femmes emblématiques du quartier mais aussi les privations, l'école...

Suzhou  © Zakia Abadane

Par la suite, une réflexion sur l'écriture filtre dans les pages, l'auteur s'interrogeant sur la part autobiographique que met un écrivain dans ses romans.

"Par sa force, la fiction agit comme un filtre sur l'eau contenue dans le verre de la réalité pour en faire un verre d'eau pure. Ce verre d'eau purifiée, l'auteur le tient en main, et dans une certaine mesure, il en fait un élixir magique, qui prolonge indéfiniment la vie de son écriture." p. 120

Puis pour finir il dresse quelques portraits des commerçants du quartier.

Cet ensemble reste assez décousu, les nouvelles sont très courtes, et malheureusement, certaines sont sans grand intérêt. Une petite déception.

 

 

Présentation chez Picquier

D'autres avis mitigés également chez Babélio 

 

Merci à l'éditeur.

Publié dans Littérature Asie

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En même temps, toute la terre et tout le ciel de Ruth OZEKI

Publié le par Hélène

 

♥ ♥

"Dans une fraction de seconde nous est donnée l'opportunité de choisir et d'orienter notre ligne de conduite vers la vérité ou de l'en détourner. Chaque instant est absolument crucial pour le monde entier." p. 466

Ce que j'ai aimé :

Ruth vit au bout du monde, sur une île canadienne coupée du continent. Elle tente d'avancer dans l'écriture de son roman, quand elle trouve sur la plage le journal intime d'une jeune japonaise. Comment a-t-il échoué jusqu'à elle ? Hasard ou destinée, Ruth l'ignore, mais rapidement elle se plonge dans la lecture du journal et  la jeune Nao ne quitte plus son esprit. 

Les pages du journal dessinent le destin tourmenté de la jeune adolescente, victime de harcélement à l'école, perdu à la maison entre un père suicidaire et une mère absente, ayant comme seule amie sa grand-mère, une nonne zen féministe. Pages après pages, l'angoisse étreint Ruth qui craint que Nao ne soit en danger. Mais plus elle effectue des recherches sur elle, plus la jeune femme semble se dérober. 

Ruth pourra-t-elle influer sur le destin de la jeune fille ? L'écrivain a-t-il le pouvoir de sauver et de réécrire l'histoire de personnes réelles ? Ruth brise peu à peu les barrières du temps et de l'espace pour approcher la jeune Nao.

Ce récit fluide est un puits d'érudition, abordant des sujets très variés comme le bouddhisme, le harcèlement scolaire, le suicide, ou encore la philosophie et le chat de Schrödinger, l'écologie... Méditation sur le temps, l'identité, il encourage à une nouvelle approche du monde qui nous entoure. 

"Elle dit que l'anonymat est ce qui fait maintenant la célébrité. Que la nouvelle attitude en vogue consiste à faire en sorte que personne n'obtienne de résultat en tapant votre nom sur Google. Que cette absence de résultat montre combien vous êtes méconnu, et que là réside la vraie liberté." p. 548

Le lecteur, porté par la fluidité du récit oscille entre imaginaire et réalité dans un univers foisonnant et fascinant.

Ce que j'ai moins aimé :

Malgré tout, des longueurs ralentissent le récit. De plus, la pauvre Nao accumule tellement de situations extrêmes que cela en devient peu crédible. Pour finir, le dénouement confus manque lui aussi de véracité,  comme s'i l fallait terminer sur une note positive. 

Présentation de l'éditeur :

Belfond 

10-18 

D'autres avis :

Presse 

Séverine ; LaureMeelly 

 

 

En même temps, toute la terre et tout le ciel, Ruth OZEKI, traduit de l'anglais (EU) par Sarah Tardy, 10-18, 2013, 9.10 euros

Publié dans Littérature Asie

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Première neige sur le Mont Fuji de Yasunari KAWABATA

Publié le par Hélène

♥ ♥

Ce que j'ai aimé :

Ce recueil présente six nouvelles inédites de Kawabata écrites entre 1952 et 1960.

Ces nouvelles ont en commun le thème du temps qui passe, des choix que l'ont fait ou que l'ont ne fait pas et qui déterminent nos vies à jamais. Dans Première neige sur le Mont Fuji Utako et Jirö se retrouve quelques années après s'être aimés. Elle a épousé un autre homme duquel elle divorce à présent. Les anciens amants se retrouvent pour un voyage à Hakone, "un voyage lourd d'arrières-pensées". Dans "Terre natale", un homme revient dans le village de son passé et les frontières entre passé et présent se brouillent. Le passé engloutit inexorablement un monde entier qui se perd dans les limbes du temps.

La vieillesse et la mort rôdent aussi aux côtés des personnages, comme une angoisse diffuse. Dans "En silence" un écrivain rencontre un vieil écrivain âgé paralysé dont seule la main gauche fonctionne. Pourquoi ne l'utilise-t-il pas ? Le mystère des êtres reste entier.

De fait Kawabata nous invite à la contemplation, il faut regarder le monde et pas seulement le voir. Dans  "Une rangée d'arbres",  les personnages constatent un beau matin la perte des feuilles du gingko du jardin, et se demandent pourquoi les feuilles ne tombent-elles que d'un côté des arbres. 

« - (…) Quand même, je suis surprise de n'avoir rien remarqué alors que je suis censée les voir tous les jours.
- C'est qu'on se contente de les voir, sans vraiment les regarder ».

La simplicité pur des destins évoqués retentit dans nos âmes, faisant résonner nos sentiments bien après avoir refermé le livre. 

Ce que j'ai moins aimé :

- Il m'a semblé manquer de clés pour comprendre toutes les subtilités de la pensée de l'auteur. 

Présentation de l'éditeur :

Albin Michel 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Les belles endormies

D'autres avis :

LibérationTélérama 

Leiloona Choco 

 

Merci à l'éditeur.

 

Première neige sur le Mont Fuji et autres nouvelles, Yasunari Kawabata, Traduit du japonais par Cécile Sakai, Albin Michel, septembre 2014, 176 p., 16 euros

Publié dans Littérature Asie

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De haute lutte de AMBAI

Publié le par Hélène

Ce que j'ai aimé :

De haute lutte est un recueil de nouvelles mettant en scène la femme indienne, et plus particulièrement la culture tamoule.

"Le manuscrit" : Chentamarai vit avec sa mère qui s'est battue pour vivre comme elle l'entendait, loin d'un mari poète violent.

"Les ailes brisées" : Châyâ est l'épouse d'un homme avare. Elle se rend compte peu à peu que l'aigreur de vivre près d'un homme qu'elle n'aime pas la transforme elle aussi...

"Pour que la femme jouisse d'une image positive aux yeux de la société, il fallait qu'elle se consume et se comporte en victime consentante plut^to que de se révolter et de chercher son plaisir. Mais en se conduisant ainsi, elle ne faisait que tricher et retourner son hostilité contre elle-même." p. 82

"De haute lutte" : Cempakan est une musicienne qui a épousé le fils de son maître de musique. Mais une rivalité s'installe entre elle et son mari également musicien. 

"La forêt" : récit onirique, mystique, beaucoup plus complexe.

L'originalité du recueil tient principalement par la place centrale prise par la musique, l'importance du chant traditionnel dans cette culture, art également pratiquée par ces femmes qui souvent doivent sacrifier leur passion pour devenir une parfaite épouse s'occupant de la maison et des enfants. Dans ces nouvelles, peu à peu, les femmes provoquent leur émancipation, mais la complexité de leur statut aujourd'hui reste entière.

Ce que j'ai moins aimé :

D'autres titres chez Zulma ayant le même sujet m'ont semblé plus forts, notamment les romans et nouvelles de Anjana Appachana, ou encore ceux de Bulbul Sharma, au caractère original. Je n'ai pu m'empêcher de comparer, et de fait, ce recueil-ci m'a moins plu. 

Présentation de l'éditeur :

Zulma 

Vous aimerez aussi :

La colère des aubergines de Bulbul SHARMA  ; Mangue amère de Bulbul SHARMA  Quand viennent les cyclones de Anita NAIR ; Une étrange et sublime adresse de Amit CHAUDHURI ; Pondichéry, à l’aurore de Aliette ARMEL ; Le tigre blanc de Aravind ADIGA ; Une bonne épouse indienne de Anne CHERIAN ; Les ombres de Kittur de Aravind ADIGA ; L’année des secrets d’Anjana APPACHANA  ; Mes seuls dieux d'Anjana APPACHANA ;  La vie troublée d'un tailleur pour dames de Bulbul Sharma

D'autres avis :

Jostein ; Yves

 

De haute lutte, Ambai, nouvelles traduites du tamoul (Inde) par Dominique Vitalyos et Krishna Nagarathinam, Zulma éditions, février 2015, 224 p., 18 euros

 

Merci à l'éditeur.

Publié dans Littérature Asie

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Le radis de cristal de MO Yan

Publié le par Hélène

♥♥

Prix Nobel de littérature 2012

Ce que j'ai aimé :

Le radis de cristal : Dans la campagne chinoise, le jeune Noiraud est livré à lui-même. Privé de paroles, il communique difficilement avec les campagnards durs et souvent violents à son égard. Il trouve du réconfort auprès de dame Nature, lové au creux des champs de chanvre ou bercé par la rivière. Ses sensations sont décuplées au contact de cette mère nourricière et il parvient alors à saisir le bruit infime des insectes, le roulement des flots de la rivière, le mouvement minuscule des poissons.

 "Sur la berge vacillaient les ombres grêles des petites bêtes en chasse. Elles produisaient un son qui avait la légèreté du duvet et qui parcourait la musique de la rivière comme un  long fil argenté." p. 87

Le chant de l'hirondelle ou le vent dans les herbes emplissent son coeur et son âme de sérénité, lui permettant d'oublier la violence omniprésente. L'enfance de Noiraud oscille sans cesse entre animalité sauvage et poésie peuplée d'instants d'éternité.

Il travaille chez un forgeron qui n'est pas tendre avec lui, et même s'il reçoit la protection d'une jeune femme nommée Chrysanthème, il reste un jeune chiot sauvage capable de mordre s'il se sent attaqué. Dans une campagne rustre, dure, il est souvent battu et blessé. Seul ce rapport harmonieux avec la nature lui permet de survivre. 

Le déluge : Le narrateur évoque la jeunesse de son grand-père, installé dans les marais avec sa femme enceinte. Alors que l'enfant va bientôt voir le jour, les eaux montent autour d'eux et charrient avec elles des créatures fantasmagoriques étranges... 

L'univers de Mo Yan est peuplé de personnages presque fantômatiques, habités par des visions rédemptrices ou inquiétantes, créant ainsi un récit au charme onirique atypique.  Le radis noir est le premier roman de l'écrivain, contenant en germe les thèmes et personnages qui constitueront son oeuvre. 

Ce que j'ai moins aimé :

Un univers atypique, souvent violent et quelquefois morbide.

Présentation de l'éditeur :

Picquier

Vous aimerez aussi :

Policiers chinois : La danseuse de Mao de Qiu XIAOLONG ; Les neuf dragons de Michael CONNELLY ; 

Romans chinois : Le goût de la pluie de Shi ZHECUN ; Quand reviennent les âmes errantes de François CHENG ; Une canne à pêche pour mon grand-père de GAO XINGJIAN ; Toutes les nuits du monde de CHI Zijian

Jeunesse :  Dragons et dragon de Marie SELLIER et Catherine LOUIS ; 

D'autres avis :

Babélio

 

Le radis de cristal, Mo Yan, récits traduits du chinois par Pascale Wei-Guinot et Wei Xiaoping, Picquier, 2000, 6.5 euros

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Djamilia de Tchinguiz Aitmatov

Publié le par Hélène

♥♥♥♥

"Oui, pour moi, c'est la plus belle histoire d'amour du monde." Louis Aragon

Ce que j'ai aimé :

Le jeune Seït vit au Kirghizistan aux confins dela montagne kirghiz et de la steppe kazakh. Il vit dans les conditions du kolkhoze aux côté de sa mère et de sa belle-soeur. Son frère est parti à la guerre. Sa belle-soeur la belle Djamilia attend un signe de ce mari lointain, en vain. Elle va alors croiser la route du mystérieux Danïar. Le jeune Seït sera témoin de leur rencontre et de la relation particulière qui s'ébauchera entre deux. 

Source : Destinaterre

Au-delà de l'histoire d'amour, ce magnifique texte loue le monde et l'art avec force et passion. Danïar est amoureux de son pays, il chante cet amour de sa terre et enchante la belle Djamilia. Le talent de Seït pour le dessin éclôt sous nos yeux, provoqué par l'envie de dire le trouble qui l'enserre, de l'extérioriser. L'art permet de magnifier le monde et les sentiments ressentis. Le lyrisme habite chaque ligne :

"Et le soir, quand nous roulions à travers le défilé, il me semblait à chaque fois que je me transportais dans un autre monde. Fermant les yeux, j'écoutais Danïar, et devant moi se dressaient des tableaux étonnamment familiers, qui m'étaient chers depuis l'enfance : tantôt, à cette hauteur où volent les grues au-dessus des yourtes, flottait le campement printanier des tendres nuages d'un bleu brumeux ; tantôt, sur la terre grondante, avec un bruit de sabots et des hennissements, c'étaient des troupeaux de chevaux sur la pâturages d'été, et de jeunes poulains, aux crinières non taillées, un sauvage feu noir dans les yeux, faisaient, fièrement et follement, en avançant, le tour de leurs juments ; tantôt sur les coteaux c'était la calme lave des troupeaux de chèvres ; c'était une cascade qui s'arrachait aux rochers, aveuglant les yeux d'une écume ébouriffée de blancheur ; tantôt, dans la steppe, par-delà la rivière, le soleil mollement descendait dans le regains d'arbrisseaux, et un lointain cavalier, à la crinière de feu, de l'horizon, on eût dit, bondissait derrière lui, pour tendre la main au soleil, et s'embourbait à son tour dans les taillis et les ténèbres." p. 88

Seït nous initie également à sa culture de l'intérieur au coeur des yourtes et de la steppe. Il plonge le lecteur dans un ravissement sans fin qui lui permet de mieux comprendre Aragon qui conclut dans sa préface  : "Merci, mon Dieu à qui je ne crois pas, pour cette nuit d'août à laquelle je crois de toute ma foi dans l'amour." 

Ce que j'ai moins aimé :

-Un peu long à démarrer.

Présentation de l'éditeur :

Folio 

D'autres avis :

Babélio 

Gangoueus 

Libération 

 

Djamilia, Tchinguiz Aitmatov, traduction de A. Dimitrieva, préface d'Aragon, Folio, 2003, 128 p., 3 euros

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Petits oiseaux de Yôko OGAWA

Publié le par Hélène

                    

♥ ♥ 

"Le son infiniment pur était sans faille. Porté par le vent froid du matin, il continuait à danser au-dessus de sa tête." 

Ce que j'ai aimé :

Quand meurt celui qui était surnommé "Le monsieur aux petits oiseaux",  les habitants du quartier se rendent compte que "presque aucun d'eux ne savait qui était ce monsieur aux petits oiseaux." Ils le connaissaient de vue, mais peu lui avaient vraiment adressé la parole. Seuls les oiseaux semblent rendre un hommage funèbre à cet homme hors norme qui savait si bien leur parler.

Il fut un temps où ce Monsieur aux petits oiseaux avait un frère qui pouvait converser avec les oiseaux, qui passait ses heures à les observer dans la volière du jardin d'enfants voisin, un frère qui parlait une autre langue, inconnue, étrange, que seul son cadet pouvait comprendre. Un langage proche de celui des oiseaux, un langage qui le rleie au monde mais l'éloigne des humains. Une relation tendre et privilégiée s'établit entre les deux frères.

"Il s'aperçut bientôt qu'il considérait son aîné comme un oiseau migrateur épuisé. Les mots inventés par son frère étaient semblables aux itinéraires suivis par les oiseaux. Personne ne comprenait pourquoi ils se mouvaient là, si leur forme avait une signification, ni où ils les menaient." (p. 121)

A la mort des parents, ils vivront ensemble, leur vie étant construite de rituels comme la sucette de pawpaw du mercredi, les voyages imaginaires, l'observation des oiseaux. Ils se construiront un monde à eux, préservé, heureux, leur différence et leur solitude les nourrissant l'un l'autre. 

Une tendresse infinie court dans ces pages, une poésie qui s'attache à l'infime, au pépiement des oiseaux, à la quiétude d'une roseraie ou au plaisir de lire.

"Il voulait connaître les formes des étoiles reliées entre elles et ce qui servait aux oiseaux de fil conducteur dans leurs yeux infinement noirs et profonds, qui ne reflétaient rien de superficiel. Il lui semblait que suivre ces formes le mènerait aux oiseaux de son aîné. L'unique embarcation que seul son frère pouvait manoeuvrer s'était éloignée de lui, finissant par disparaître au fil de l'eau. Si par hasard il restait un chemin qui pouvait le conduire jusqu'à son îlot, il ne le trouverait pas ailleurs qu'à travers le ciel. Seuls les oiseaux connaissaient l'itinéraire. Seuls les oiseaux savaient déchiffrer les signes." (p. 119)

Un très beau conte sur la différence. 

Ce que j'ai moins aimé :

Ne lisez pas la quatrième de couverture qui en dit trop et injustement.

Premières phrases :

"Lorsque mourut le monsieur aux petits oiseaux, sa dépouille et ses afffaires furent contrairement à l'usage promptement débarassées. Il vivait seul et son corps avait été découvert plusieurs jours après le décès."

Informations sur le livre :

Actes sud 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La mer

D'autres avis :

Cachou

Page 

 

Petits oiseaux, Yôko Ogawa, roman traduit du japonais par Rose-Marie Maino-Fayolle, Actes Sud, septembre 2014, 272 p., 21.8 euros

 

Note : 3/5 

  • Qualité de l’écriture : 4/5 
  • Plaisir à la lecture : 2/5
  • Originalité du livre : 5/5

Publié dans Littérature Asie

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