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litterature francaise

S’abandonner à vivre de Sylvain TESSON

Publié le par Hélène

                    

        

♥ ♥

L’auteur :

Sylvain Tesson est un journaliste, écrivain voyageur et alpiniste français. Ses expéditions sont financées par la réalisation de documentaires, par des cycles de conférences et par la vente de ses récits d'expédition, qui connaissent un certain succès.

L’histoire :

Devant les coups du sort il n’y a pas trente choix possibles. Soit on lutte, on se démène et l’on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Soit on s’abandonne à vivre. C’est le choix des héros de ces nouvelles. Ils sont marins, amants, guerriers, artistes, pervers ou voyageurs, ils vivent à Paris, Zermatt ou Riga, en Afghanistan, en Yakoutie, au Sahara. Et ils auraient mieux fait de rester au lit.

Ce que j’ai aimé :

La quatrième de couverure est formulée de façon ambivalente : comme si on avait seulement le choix entre vivre et prendre des coups, ou rester dans son lit, pour "s'abandonner". Vision plutôt pessimiste de la vie qui pourtant n'est pas le fond du propos des nouvelles de Sylvain Tesson. 

Ce dernier nous présente le pofigisme  «l'accueil résigné de toute chose » :

« Ce mot russe désigne une attitude face à l’absurdité du monde et à l’imprévisibilité des évènements. Le pofigisme est une résignation joyeuse, désespérée face à ce qui advient. Les adeptes du pofigisme, écrasés par l’inéluctabilité des choses, ne comprennent pas qu’on s’agite dans l’existence. Pour eux, lutter à la manière des moucherons piégés dans une toile d’argiope est une erreur, pire, le signe de la vulgarité. Ils accueillent les oscillations du destin sans chercher à entraver l’élan. Ils s’abandonnent à vivre. » (p. 201)

Ainsi ses personnages ont souvent tendance à lutter contre les éléments, comme dans « Le barrage », symbole des hommes qui luttent contre le courant, détournent des fleuves et détruisent ce qui est :

« Sous le miroir avait vécu un monde, des plantes, des hommes. Des Dieux peut-être. Tout était mort. » (p. 32)

Dans « L’ennui », une femme russe se marie à un français pour fuir l’ennui de sa vie, mais retrouve malheureusement les mêmes travers dans sa nouvelle vie en France. Elle aura voulu changer le cours de son destin en vain. 

AInsi la question est posée : faut-il ébranler le mystérieux équilibre du monde ? ("Les pitons")

Quelquefois faire chuter ce qui est permet d'apporter un peu de bonheur aux personnages, comme dans cette magnifique nouvelle « La ligne » nous contant l'expédition de deux hommes dans le froid sibérien pour faire chuter un arbre.

Sylvain Tesson ouvre des voies de réflexion, observateur du monde il s’interroge sur lui et sur les différentes façons qu’ont les êtres humains de l’appréhender. Mais il ne répond pas aux questions qu’il pose, à la manière de Montaigne, il s’essaie à différentes philosophies au travers d’anecdotes tirées de son expérience personnelle.

Il nous enjoint finalement à nous ouvrir au monde, sa nouvelle finale « Les fées » résume son propos : il vaut mieux accepter ce qui arrive sans a priori et s’ouvrir ainsi à la poésie du monde et à sa magie imprévisible...

Ce que j’ai moins aimé :

Malheureusement de nombreuses nouvelles m’ont semblé manquer cruellement d’inspiration. Comme celle sur un immigré clandestin, linéaire, celle sur l’amant dans le placard revisité, celle sur les amants incompatibles, celle sur l’ermite, etc…

Premières phrases :

« Rémi et Caroline ? Des Parisiens de quarante ans du genre de ces héros de roman écrits par des Parisiens de quarante ans. Je les ai connus tous les deux, bien avant leur rencontre, avant que tout le monde ne prenne l’habitude de dire « Rémi et Caroline », de ne jamais dire « Rémi » sans a jouter « Caroline ni de prononcer le nom de « Caroline » sans y associer « Rémi ». «Rémi & Caroline », ça aurait fait un bon nom de restaurant bio. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  Une vie à coucher dehors  ; Dans les forêts de Sibérie  Géographie de l’instant 

 

S’abandonner à vivre, Sylvain Tesson, Gallimard, 2014, 220 p.,  17.90 euros

 

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Les choses de Georges PEREC

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

 

L’auteur :

 Georges Perec naît à Paris de parents juifs polonais, tous deux décédés durant la Seconde Guerre mondiale: son père au front en 1940, sa mère déportée à Auschwitz en 1942. Georges Perec passera son enfance entre Paris et le deux V entrelacés de W ou le Souvenir d’enfance, Villard-de-Lans et Lans-en-Vercors. Après des études de lettres, où il rencontre Marcel Bénabou, il devient documentaliste au CNRS et publie ses premiers articles dans Partisans. Il publie son premier roman, Les Choses, en 1965. Ce roman « sociologique » de facture flaubertienne est couronné par le prix Renaudot. En 1966, il publie un bref récit truffé d’inventions verbales, Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour?, et entre l’année suivante à l’Oulipo, dont il devient l’une des figures majeures. Il expérimente toutes sortes de contraintes formelles : La Disparition (1969) est un roman écrit sans la lettre e (lipogramme) ; Les Revenentes (1972), où la seule voyelle admise est le e. Son roman le plus ambitieux, La Vie mode d’emploi (prix Médicis 1978), est construit comme une succession d’histoires combinées à la manière des pièces d’un puzzle, et multiplie les contraintes narratives et sémantiques. L’œuvre de Perec s’articule, semble-t-il, autour de trois champs différents : le quotidien, l’autobiographie, le goût des histoires. Le jeu est toujours présent, tout comme la quête identitaire, et l’angoisse de la disparition. (Source : Oulipo.net)

 

L’histoire :

 La vie quotidienne d'un jeune couple des années soixante issu des classes moyennes, l'idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible - car il est lié aux choses que l'on acquiert, il est asservissement aux choses. (Source : Julliard)

 

Ce que j’ai aimé :

 Les choses nous conte le destin de deux êtres englués dans la société de consommation. Ils pensent que les objets dont ils s'entourent et dont ils rêvent pourront leur permettre de se rélaiser dans la vie. Ils s'emplissent de désirs factices, pour combler un vide latent. Cinquante ans plus tard, ce sujet n'a pas pris une ride, malheureusement pourrait-on dire. Posséder est toujours le maître mot.

« Dans le monde qui était le leur, il était presque de règle de désirer toujours plus qu’on ne pouvait acquérir. Ce n’était pas eux qui l’avait décrété ; c’était la loi de la civilisation, une donnée de fait dont la publicité en général, les magazines, l’art des étalages, le spectacle de la rue, et même, sous un certain aspect, l’ensemble des productions communément appelées culturelles, étaient les expressions les plus conformes. »

Les deux êtres semblent bien décidés à garder leur liberté, à se tenir en marge de la société, mais ils ne se rendent pas compte que cette liberté n’est que factice et que consommer les aliène.

« Ils se disaient parfois que la vie qu’ils mèneraient aurait le charme, la souplesse, la fantaisie des comédies américaines, des génériques de Saül Bass, et des images merveilleuses, lumineuses, de champs de neige immaculé striés de traces de skis, de mer bleue, de soleil, de vertes collines, de feux pétillant dans des cheminées de pierre, d’autoroutes audacieuses, de pullmans, de palaces, les effleuraient comme autant de promesses. »

Un classique à redécouvrir.

A noter une nouvelle édition  : une création numérique originale enrichie d'animations graphiques, sonores et typographiques.

http://www.lepoint.fr/livres/lifting-2-0-pour-georges-perec-28-11-2013-1762683_37.php

 

Ce que j’ai moins aimé :

 -Rien

 

Premières phrases :

 « L’œil, d’abord, glisserait sur la moquette grise d’un long corridor, haut et étroit. Les murs seraient des placards de bois clair, dont les ferrures de cuivre luiraient. Trois gravures, représentant l’une Thunderbird, vainqueur à Epsom, l’autre un navire à aubes, le Ville-de-Montereau, la troisième une locomotive de Stephenson, mèneraient à une tenture de cuir, retenue par de gros anneaux de bois noir veiné, et qu’un simple geste suffirait à faire glisser. »

 

Vous aimerez aussi :

  Du même auteur : La vie mode d'emploi

 

Les choses, une histoire des années soixante, Georges Pérec, Pocket, 6.10 euros

 

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Un avion sans elle de Michel BUSSI

Publié le par Hélène

avion sans elle

L'auteur :

      Après une thèse de doctorat de géographie, Michel Bussi a été recruté à l’Université de Rouen en 1993.

Il est professeur de géographie et directeur du laboratoire de modélisation et traitements graphiques en géographie.

Comme chercheur universitaire, il publie depuis une vingtaine d’années des articles et ouvrages scientifiques, principalement sur la géographie politique (dont beaucoup sur la région).
Son premier roman, Code Lupin, s'est vendu à plus de 7 000 exemplaires et a ensuite été publié en feuilleton, pendant 30 jours lors de l'été 2010 par le quotidien Paris Normandie. Son deuxième roman, Omaha crimes, a obtenu le prix Sang d'encre de la ville de Vienne en 2007, le prix littéraire du premier roman policier de la ville de Lens 2008, le prix littéraire lycéen de la ville de Caen 2008, le prix Octave-Mirbeau de la ville de Trévières 2008 et le prix des lecteurs Ancres noires 2008 de la ville du Havre, devant les meilleurs auteurs de polar de l'année.
Il publie en 2008 son troisième roman, Mourir sur Seine, qui se déroule pendant l'Armada 2008 de Rouen, et qui s'est vendu en quelques semaines à plusieurs milliers d'exemplaires. Mourir sur Seine a obtenu en 2008 le prix du Comité régional du livre de Basse-Normandie (prix Reine Mathilde). 

Il a publié en 2009 un nouveau roman, Sang famille, destiné à la fois aux adultes et aux adolescents. En 2010, il participe au recueil de nouvelles Les Couleurs de l'instant, avec une longue nouvelle, T'en souviens-tu mon Anaïs ?, qui se déroule à Veules-les-Roses et traite de la « légende » d'Anaïs Aubert.

À partir de 2010, il est publié aux Presses de la Cité. Son roman Nymphéas noirs, huis-clos qui se déroule dans le village de Giverny, sort le 20 janvier 2011. Il obtient un succès critique et populaire important, et remporte notamment le prix des lecteurs du festival Polar de Cognac, le prix du polar méditerranéen (festival de Villeneuve-lez-Avignon), le prix Michel Lebrun de la 25e heure du Mans, le prix des lecteurs du festival Sang d'Encre de la ville de Vienne (« gouttes de Sang d'encre »), le Grand prix Gustave Flaubert de la Société des écrivains normands, devenant ainsi le roman policier français le plus primé en 2011.

Salué par Gérald Collard comme le polar de l'année, Un avion sans elle est récompensé par le prix Maison de la presse 2012, le prix du roman populaire 2012 et le prix du meilleur polar francophone 2012 (Montigny-les-Cormeilles). Vendu à plus de 40 000 exemplaires

(Source : Babélio)

 L'histoire :

       Lyse-Rose ou Emilie ? Quelle est l'identité de l'unique rescapé d'un crash d'avion, un bébé de trois mois ? Deux familles, l'une riche, l'autre pas, se déchirent pour que leur soit reconnue  la paternité de celle que les médias ont baptisée Libellule. Dix-huit ans plus tard, un détective privé prétend avoir découvert le fin mot de l'affaire, avant d'être assassiné, laissant derrière lui un cahier contenant tous les détails de son enquête. Du quartier parisien de la Butte-aux-Cailles jusqu'à Dieppe, du Val-de-Marne aux pentes jurassiennes du mont Terrible, le lecteur est entraîné dans une course haletante jusqu'à ce que les masques tombent. Hasards et coïncidences ne sont-ils que les ricochets du destin ? Ou bien quelqu'un, depuis le début, manipule-t-il tous les acteurs de ce drame ? (Source : Babélio)

 Ce que j'ai aimé :

 Ce roman est tellement un page turner tellement turner que j'ai tourné les pages plus vite que ma lecture, oui, j'avoue, je l'ai lu en diagonale.  Parce que soyons honnête dans ce roman le seul intérêt est la résolution de l'intrigue ! L’ensemble est très dilué, avec des longueurs démentielles si bien qu’il est très facile de le lire en diagonale tout en gardant le fil… 

La psychologie est un très sommaire : entre l'amoureux transi qui harcèle sa belle à coup de textos et d'appels intempestifs, la jeune femme parfaite insaisissable, la jeune psychopathe, les clichés s’accumulent.

Les idées sont tout aussi sommaires : ne vous fiez pas aux apparences, les méchants ne sont pas si méchants ni les gentils si gentils...

L'ensemble ne tient que grâce à cette intrigue démoniaque, mais malheureusement, un indice qui crève les yeux nous met rapidement sur la voie... Il n'en reste pas moins que les rebondissements s'enchaînent, que les contre la montre se mettent en place, que les personnages se dévoilent au fil des pages, et tout cela peut ferrer le lecteur. 

Qui sortira de sa lecture comme sonné, comme quand on passe un après midi devant la télé, devant des séries ou des films ineptes qui ont juste eu le mérite de nous faire passer -ou perdre selon le point de vue- notre temps... 

 Premières phrases :

 "L'Airbus 5403 Istanbul-Paris décrocha. Un plongeon de près de mille mètres en moins de dix secondes, presque à la verticale, avant de se stabiliser à nouveau. La plupart des passagers dormaient. Ils se réveillèrent brusquemnt, avec la sensation terrifiante de s'être assoupis sur le fauteuil d'un manège de foire."

 D'autres avis :

 Babélio


Un avion sans elle, Michel Bussi, Pocket, mars 2013, 7.60 euros

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Au revoir là-haut de Pierre LEMAITRE

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Prix Goncourt 2013

 

L’auteur :

 Né à Paris, Pierre Lemaitre a beaucoup enseigné aux adultes, notamment les littératures française et américaine, l’analyse littéraire et la culture générale.

Il est aujourd’hui écrivain et scénariste. Il a rendu hommage à ses maîtres (James Ellroy, William McIlvanney, Bret Easton Ellis, Émile Gaboriau…) dans son premier roman, "Travail soigné", qui a obtenu le Prix Cognac en 2006.

"Alex", prix des lecteurs du livre de poche, deuxième volet de la trilogie Verhoenen renoue avec le style de narration de "Robe de marié"(2009), publié entretemps après Travail soigné (2006).
En 2010 sort "Cadres noirs" qui rompt avec le style de ses autres polars.

Le troisième volet de la trilogie "Sacrifices" sort en octobre 2012.

Son premier roman Travail soigné, Pierre Lemaitre est un hommage à ses inspirateurs : Bret Easton Ellis, Émile Gaboriau, James Ellroy, William McIlvanney.

Son deuxième roman, Robe de marié (Calmann-Lévy, 2009), met en scène Sophie, une trentenaire démente, qui devient une criminelle en série amnésique.

Lemaitre aborde ensuite le thriller social avec "Cadres noirs" (Calmann-Lévy, 2010) : un cadre au chômage qui accepte de participer à un jeu de rôle en forme de prise d'otages. Le livre est inspiré d'un fait divers réel survenu en 2005 à France Télévisions.

Alex, est le quatrième roman de Pierre Lemaitre, il est axé sur l'identification,Clé du thriller : l'héroïne y est à la fois victime et meurtrière jusqu'à la conclusion qui nous offre un nouveau retournement de situation.

"Les grands moyens" est une nouvelle aventure de Camille Verhoeven, en marge de la trilogie commencée avec Travail soigné, poursuivie avec Alex et achevée avec Sacrifices
"Sacrifices" est l'aboutissement de la destinée du héros récurrent, Camille Verhœven.
En 2013 sort "Au revoir là haut" récompensé du Prix Goncourt 2013. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 Sur les ruines du plus grand carnage du XXe siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu'amorale.Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts...

Fresque d'une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation,"Au revoir là-haut" est le grand roman de l'après-guerre de 14, de l'illusion de l'armistice, de l'Etat qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l'abomination érigée en vertu.

Dans l'atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.(Source : Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

 Au revoir là-haut retrace le destin atypique de deux rescapés de la guerre 14-18 qui vont mettre sur pied un projet fou, une arnaque sans nom pour devenir millionnaire et s’abstraire d’une situation de pauvreté extrême lié à leur statut de poilus.  

Les deux protagonistes sont assez différents : d’un côté Edouard, issu d’une famille fortunée, gueule cassée, fantasque, mais abasourdi par ce qu’il a perdu à la guerre, et à l’opposé Albert, plus timide, maladroit, frileux, oppressé par une mère castratrice. Ces deux ressuscités vont apprendre à cohabiter, et les projets de l’un vont nourrir la vie de l’autre. Albert a une dette envers Edouard, si bien qu’il va l’accompagner dans sa folie, quoi qu’il arrive, dans une belle amitié, à la vie à la mort.

Parallèlement, dans l’ombre, le lieutenant Pradelle agit, tire des ficelles, décidé à accéder aux hautes sphères de l’argent et de la politique, sans scrupules aucun.

Pierre Lemaître peint le paysage de l’après-guerre ironique puisque la France s’occupe davantage des morts que des vivants. Les monuments fleurissent tandis que les poilus périssent…

Ce roman dense explore également d’autres sujets : l’amour filial, l’amour conjugal, les ravages que peuvent provoquer des arrivistes avides d’argent et de gloire, mais aussi la  loyauté représentée par Albert bien sûr, mais aussi au travers du personnage de Bertin, personnage de l’ombre mésestimé à tort. Choisira-t-il de dénoncer les abus liés à l’enterrement de corps des soldats tués, ou acceptera-t-il les promotions et l’argent qu’il pourrait obtenir s’il enfouit dans les catacombes ses remarques ?

Certains faits sont réels, d’autres imaginaires, mais l’ensemble, porté par une écriture vivante et fluide, vibre d’authenticité !

Un grand roman populaire à l’image des récits d’Alexandre Dumas. A conseiller.

 

 Ce que j’ai moins aimé :

 - Rien 

 

Premières phrases :

 "Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas male de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu'à la propagande du début qui soutenait, apr exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, fiasant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en aavit vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande."

 

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Robe de marié

Autre : La chambre des officiers de Marc DUGAIN

 

D’autres avis :

Chez Babélio

 

Au revoir là-haut, Pierre Lemaître, Albin Michel, aout 2013,573 p., 22.55 euros

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Les évaporés de Thomas B. REVERDY

Publié le par Hélène

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♥ ♥

« L’imaginaire façonne notre monde. Sans lui une forêt, ce ne serait jamais que des arbres. » (note de l’auteur)

 

L’auteur :

 Thomas B. Reverdy est un romancier français né en 1974, auteur de trois romans publiés aux éditions du Seuil.

Au cours de ses études de lettres à l'université, il travaille sur Antonin Artaud, Roger Gilbert-Lecomte et Henri Michaux. Il participe aussi à cette époque à la revue La Femelle du Requin, dont il dirige la publication du numéro 4 au numéro 12. Il obtient l'agrégation de lettres modernes en 2000. Il enseigne depuis dans un lycée de Seine-Saint-Denis, le lycée Jean Renoir.
Ses trois premiers romans, La Montée des eaux (Seuil, 2003), Le Ciel pour mémoire (Seuil, 2005) et Les Derniers Feux (Seuil, 2008), constituent une sorte de cycle poétique. Ils abordent les thèmes du deuil, de l'amitié et de l'écriture. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

 Ici, lorsque quelqu’un disparaît, on dit simplement qu’il s’est évaporé, personne ne le recherche, ni la police parce qu’il n’y a pas de crime, ni la famille parce qu’elle est déshonorée. 
Partir sans donner d’explication, c’est précisément ce que Kaze a fait cette nuit-là. Comment peut-on s’évaporer si facilement ? Et pour quelles raisons ? 

C’est ce qu’aimerait comprendre Richard B. en accompagnant Yukiko au Japon pour retrouver son père, Kaze. Pour cette femme qu’il aime encore, il mènera l’enquête dans un Japon parallèle, celui du quartier des travailleurs pauvres de San’ya à Tokyo et des camps de réfugiés autour de Sendai. Mais, au fait : pourquoi rechercher celui qui a voulu disparaître ?
Les évaporés se lit à la fois comme un roman policier, une quête existentielle et un roman d’amour. D’une façon sensible et poétique, il nous parle du Japon contemporain, de Fukushima et des yakuzas, mais aussi du mystère que l’on est les uns pour les autres, du chagrin amoureux et de notre désir, parfois, de prendre la fuite. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

 Dans ce roman, l'atmosphère est comme en apesanteur autour de la disparition de Kaze, « évaporé ». Parallèlement deux récits s’entrelacent : l’enquête de Yukiko, la fille de Kaze, accompagnée de Richard, détective privé et accessoirement amoureux transi de la jeune femme, et de l’autre côté Kaze qui rencontre le jeune Akainu, garçon perdu dans un Japon déstabilisé par le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima. 

Les deux récits nous offrent en contrepoint une peinture de la société japonaise entre yakusas, corruption des élites, conséquences du tsunami...

« La société japonaise est comme le pays, on est perché sur un volcan au milieu de l’océan, sur une île parcourue par des milliers de lignes de failles, et ça tremble, et ça craque de partout. »

Avec poésie et retenue l'auteur évoque des destins troublés, des hommes perdus dans une société qu'ils ne comprennent plus, englués dans des relations humaines complexes, dépassés par des enjeux incommensurables dans leur milieu professionnel.

« Ce qu’il aimait c’était rêver. Passer des journées à pêcher la truite en rivière, assister à des rodéos, partir dans le désert ou à la montagne, tout ce qu’on peut faire sans être vraiment là, tout ce qui se déroule, quand on le fait, un peu en dehors de nous, comme écrire un poème sans raison, juste par goût du miracle. »

Mais il nous parle aussi de renaissance, même si  « La vie est complètement hors de contrôle », l'optimisme peut prendre le pas et triompher des vicissitudes de la vie...

 

Ce que j’ai moins aimé :

 Les sentiments amoureux de Richard frôlant la mièvrerie m’ont semblé superflus et ridicules.

J'ai ressenti un problème diffus de construction, plus on avance et plus le tsunami et  Fukushima prennent de l’importance, l'ensemble n'est pas assez fondu à mes yeux.

 

Premières phrases :

 « Il est assis à son bureau, face au mur,, la tête dans les mains, penché sur les feuilles de papier à lettres couvertes de son écriture fine, au feutre noir. Il ne les voit plus cependant. Il a fermé les yeux qu’il avait flous, sans savoir si c’étaient des larmes ou de la fatigue. »

 

Vous aimerez aussi :

 Fukushima, récit d’un désastre de Michaël FERRIER

 

D’autres avis :

 Lecture Commune avec A girl

TéléramaClaraJosteinMarilyne ; Jérôme 

 

Les évaporés, Thomas B . Reverdy, Flammarion, 2013, 302 p., 19 euros

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Ciseaux de Stéphane MICHAKA

Publié le par Hélène

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♥ ♥

« Les braves gens courent les rues, mais l’alcool les rattrape.

L’alcool et les jolies filles. »

 

L’auteur :

 Après des études de lettres à l'Université de Cambridge (Royaume-Uni), Stéphane Michaka enseigne le français en Afrique du Sud. De retour en France, il travaille comme script-editor pour la télévision et écrit ses premiers textes pour la scène.
Ses pièces Le Cinquième archet, La Fille de Carnegie (lauréate du concours Beaumarchais/France Culture en 2005) sont publiées par l’Avant-Scène Théâtre (collection des "Quatre-Vents"). Il est l’auteur de plusieurs pièces jeunesse dont Les Enfants du docteur Mistletoe (Éditions Espaces 34). Il a écrit des fictions radiophoniques pour France Culture, dont une adaptation remarquée du Château de Kafka diffusée en 2010.
Sur la suggestion de François Guérif, il adapte sa propre pièce La Fille de Carnegie et en tire un roman publié chez Rivages/Noir sous le numéro 700 de la collection. La Fille de Carnegie a été sélectionné pour plusieurs prix littéraires : Prix du Polar SNCF, Prix BibliObs du roman noir, Grand prix des lectrices de Elle, Grand Prix du roman noir au festival de Beaune, Prix Senghor du premier roman francophone, Grand Prix de littérature policière.
Stéphane Michaka est également traducteur : Pour toujours... jusqu’à demain de Sarah Dessen chez Pocket Jeunesse, Je suis le dernier Juif debout de Michael Simon chez Rivages/Noir.
Stéphane Michaka reçoit le prix Révélation 2012 pour Ciseaux dans le cadre des Prix Les Lauriers Verts de La Forêt des Livres organisée par Gonzague Saint-Bris. (Babélio)

 L’histoire :

À quinze ans, Raymond décide qu'il sera Hemingway ou rien. Et la nouvelle, avec ses silences têtus et ses fins en lame de rasoir, son genre de prédilection. Il a des envies d'ailleurs et la vie devant lui. On est à Yakima, dans le nord-ouest des États-Unis. Autant dire nulle part. Son ambition donne le tournis à Marianne, la petite serveuse de la boutique de donuts. « C'était le truc le plus excitant que j'avais jamais entendu. Pleine d'assurance, je lui ai dit : Tu peux compter sur moi, Ray. » 

Les deux adolescents se marient quelques mois plus tard. Marianne est enceinte. Raymond n'a pas commencé à boire. 

Douglas, lui, vient d'obtenir le job de ses rêves : directeur littéraire d'un magazine prestigieux. Les nouvelles qu'il reçoit l'irritent comme un vilain psoriasis. Pour calmer ses démangeaisons, il coupe, réécrit, sculpte avec ses ciseaux.
« C’est leur voix. Leur voix, tu m’entends ? Mais c’est ma signature. » 

Quand il le rencontre, Ray peaufine son art dans l'alcool depuis près de dix ans et Marianne subvient aux besoins du ménage. Douglas va changer leur vie. Raymond Carver, Maryann Burk-Carver, Gordon Lish et la poétesse Tess Gallagher qui attend son heure en coulisses... 
Ciseaux raconte leur histoire : dans l'Amérique des années soixante à quatre-vingt, l'accomplissement de deux hommes en proie à une dépendance réciproque, un écrivain et son éditeur qui coupe ses textes au point de les dénaturer. (Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

Ciseaux est une œuvre de fiction librement inspirée de la relation entre Raymod Carver et son éditeur Gordon Lish. Pour Raymond Carver, vivre c’est écrire, et son écriture est sa vie, sa vie est dans son écriture. Les êtres qui gravitent autour de lui deviennent des êtres de fiction qui lui permettent d’aborder les thèmes chers à son âme : la passion, l’alcool, son autre amour, ses difficultés à créer, puis les femmes, la tentation de dévier du droit chemin… Il est ici à son tout mis en scène, par l'entremise du talentueux Stéphane Michaka.

Il est au centre du roman, bien sûr, écrivain émérite, mais il partage la vedette avec son éditeur surnommé Ciseaux en raison des coupes excessives qu’il effectue dans les nouvelles de ses poulains. A ses côtés gravitent également sa femme Marianne, ses enfants, puis sa deuxième femme, Joanne.

 

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Par un subtil agencement des points de vue des différents protagonistes, un portait en creux se dessine. Ces différentes voix densifient les personnages, leur apportant épaisseur et profondeur. De plus, cela permet de densifier également les thèmes : le couple, sa déliquescence, l'alcool, le manque d'argent sui devient chronophage et empêche à la création de pleinement se libérer, la rédemption, l'honneur...

Ciseaux est un roman plaisant qui nous rappelle que tout n’est que littérature…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 Je ne saurais pas dire précisément pourquoi, mais je ne suis pas plus enthousiasmée que cela… Question de goût probablement .

 

Premières phrases :

 « C’est un peu effrayant, cette chose qui nous arrive. Elle s’empare de nous sans crier gare. Même quand rien ne se passe, elle est là. Elle attend. Une attaque, c’est précisément cela : une bombe à retardement. 

L’horloge interne des alcooliques, on est tous ici pour s’en débarrasser. »

 

D’autres avis :

Lu sur les conseils de Marilyne

Babélio

 

Ciseaux, Stéphane Michaka, Pocket, septembre 2013, 6.70 euros

 

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Les insurrections singulières de Jeanne BENAMEUR

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

On n’a pas l’éternité devant nous. Juste la vie”.

 

L’auteur :

 

Jeanne Benameur est née en Algérie en 1952. Elle vit à La Rochelle et consacre l'essentiel de son temps à l'écriture.


Elle est l'auteur de sept romans parmi lesquels : Les Demeurées (Denoël, 2001), Les Mains libres (Denoël, 2004), et Présent ? (Denoël, 2006), tous repris en poche en Folio. En 2008, elle rejoint Actes Sud avec Laver les ombres (Babel n° 1021).Elle a aussi publié pour la jeunesse, essentiellement chez Thierry Magnier. Chez Actes Sud : Les Insurrections singulières (2011) et Profanes (2013)

 

L’histoire :

 

Décalé à l’usine comme parmi les siens, Antoine flotte dans sa peau et son identité, à la recherche d’une place dans le monde. Entre vertiges d’une rupture amoureuse et limites du militantisme syndical face à la mondialisation, il devra se risquer au plus profond de lui-même pour reprendre les commandes de sa vie.


Parcours de lutte et de rébellion, plongée au coeur de l’héritage familial, aventure politique intime et chronique d’une rédemption amoureuse, Les Insurrections singulières est un roman des corps en mouvement, un voyage initiatique qui nous entraîne jusqu’au Brésil.
Jeanne Benameur signe une ode à l’élan de vivre, une invitation à chercher sa liberté dans la communauté des hommes, à prendre son destin à bras-le-corps. Parce que les révolutions sont d’abord intérieures. Et parce que “on n’a pas l’éternité devant nous. Juste la vie”.

 

Ce que j’ai aimé :

 

 Antoine est un être qui ne trouve pas sa place, un homme décalé, obligé de retourner vivre chez ses parents après une rupture amoureuse et des RTT forcés de son usine.

Ce retour aux sources lui permet de faire le point sur ses velléités de rébellion, sur son incapacité à trouver les mots justes dans sa vie personnelle.

Il rencontre une autre vie, Marcel, l’ami des vieux livres, Fatou, la mystérieuse cuisinière du marché et découvre tout un univers différent du sien.

Jeanne Benameur s’est inspirée de la vie des ouvriers d’Arcelor Mittal à Montataire et de ceux de Godin à Guise. Elle les a écoutés, les a aimés, et a  souhaité leur consacrer un écrit.

 

« A l’usine, l’idée de travailler moins, c’est le malheur, la peur de la misère. C’est ancré profond. Finir par tout accepter pour juste pouvoir travailler. C’est ça que je trouve fou. Travailler. Dans n’importe quelles conditions. Elle est là, la misère. Pas dans un portefeuille à plat à la moitié du mois seulement. » (p. 53)

 

« Ce n’est pas parce qu’on fait tous les jours des gestes simples, toujours les mêmes, que dans la tête, il ne se passe pas des choses complexes. Les rêves ; c’est complexe. Ça vous envoie là où vous ne devriez jamais mettre les pieds. Les ouvriers, on a tort de croire qu’ils ne rêvent que du dernier écran de télé ou du barbecue sur la terrasse du pavillon. J’ai côtoyé ici des gens qui avaient des rêves de fou, ils n’en parlaient pas, c’est tout. J’en suis sûr. » (p. 71)

 

La première partie de son roman est admirable de simplicité et de maîtrise, Jeanne Benameur nous embarquant avec ses mots dans l'univers bouillonnant d'Antoine, son mal-être nous prend aux tripes et nous revient comme un  boomerang en nous poussant à nous interroger sur nos vies bien rangées. 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

La deuxième  partie est beaucoup plus faible, plus banale. Antoine part au Brésil, comme la réponse ultime aux questions qu’il se pose, et tout à coup tout semble résolu ; tout s’accorde, tout concorde dans une fraternité idéale, comme s’il fallait trouver une solution immédiate et rapide à ce mal être ouvrier. La rencontre avec une jeune femme couronnera cette nouvelle vie plongée tout à coup dans la banalité.

 

Antoine était un être atypique, émouvant au début du roman, il devient un être banal au fil des pages, entré dans le moule d’une vie bien réglée. Il lui manque de l’ampleur, comme s’il avait perdu son ardeur dans sa relation amoureuse.

De fait la mièvrerie frôle les pages, qui s’engluent peu à peu dans les lieux communs.

 

Un bilan en demi-teinte balançant entre l'emportement enthousiaste du début et la déception liée à la deuxième partie de l'histoire et à sa conclusion...

 

Premières phrases :

 

« Il y a longtemps, j’ai voulu partir.

Ce soir, je suis assis sur les marches du perron. Dans mon dos, la maison de mon enfance, un pavillon de banlieue surmonté d’une girouette en forme de voilier, a seule originalité de la rue.

Je regarde la nuit venir. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Profane

 

D'autres avis :

 

Babélio 

 

Les insurrections singulières, Jeanne Benameur, Actes Sud, 2011, 197 p., 18 euros

 

 

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Trop près du bord de Pascal GARNIER

Publié le par Hélène

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♥ ♥

Un roman noir parfaitement maîtrisé

 

L’auteur :

 

Figure marquante de la littérature française contemporaine, Pascal Garnier avait élu domicile dans un petit village en Ardèche pour se consacrer à l’écriture et à la peinture. Il nous a quittés en mars 2010. Peintre d’atmosphère alliant la poésie d’Hardellet à la technique de Simenon, styliste du détail juste, il excelle dans la mise en scène des vies simples, celles du voisinage, des souvenirs d’enfant, des je me souviens qui tissent nos mémoires. Mais chez Pascal Garnier, ce beau calme des banlieues de l’âme et de l’époque prépare toujours d’effroyables orages, avec froissement de tôles et morts en série… (Source : Zulma)

 

L’histoire :

 

Eliette est veuve et s'ennuie dans sa maison ardéchoise.
Ses enfants sont grands, et elle n'a pour amis que ses voisins, un couple de braves gens. Et puis surgit Etienne, comme au détour du chemin. Une voiture en panne, un ou deux mensonges improvisés, la fille d'Etienne entre en scène et plus rien ne tourne vraiment rond. Pascal Garnier est passé maître dans l'art de dépeindre ces vies qui dérapent, ces destins qui explosent, ces existences où sommeille la folie. (Source : Babélio)

 

Ce que j’ai aimé :

 

Eliette mène une vie harmonieuse dans sa maison ardéchoise. Elle jouit de sa solitude, interrompue sporadiquement par les appels ou les venues de ses enfants ou les visites aux voisins. Elle cultive son jardin et sa tranquillité. Cette vie proprette va se trouver bouleversée par l’arrivée d’Etienne, rencontré au détour d’une route, après une mystérieuse panne de voiture. Etienne s’installe pour un temps chez Eliette, conquise par ce quadragénaire, et ils sont rapidement rejoints par Agnès, la fille d’Etienne. Plus rien ne sera quiet, amlgré les efforts incessants d’Eliette pour intégrer Etienne à son paysage harmonieux tout en chassant Agnès, tache sombre dans le tableau idyllique que veut créer la retraitée. Mais les tableaux idylliques ne durent qu’un temps…

 

 « C’est la vie, Eliette, rien que la vie.

On se croit en sécurité, comme sur une autoroute, un peu monotone, on se laisse aller et puis… un gravier, un insecte, et hop ! On perd le contrôle, tête-à-queue, on se retrouve à contresens. Mais bon, tant qu’on n’est pas mort, on arrivera bien quelque part ! » (p.79)

 

 Comme souvent chez Pascal Garnier, la banalité flirte rapidement avec une folie déchaînée, comme si les personnages borderline n’attendaient qu’une légère pulsion pour basculer du bon au mauvais côté de la pente savonneuse de la moralité.

 

 « Partout, dans ces buissons, dans l’herbe, proies, prédateurs se confondaient en une même danse macabre. On pouvait être l’un ou l‘autre, selon les circonstances, et toutes étaient atténuantes. On appelait ça la vie, la plus formidable des excuses. »

 

 Un conte cruel, noir porté par une écriture cinématographique efficace.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Beaucoup d’hémoglobines, pour ne pas dire plus.

- Le retournement soudain de personnalité des protagonistes basculant du côté obscur de la moralité est peu crédible…

 

Premières phrases :

 

  " En tombant dans la casserole pleine d'eau, la pomme de terre pelée émit un plouf sonore dont les ondes se repercutèrent comme une balle de tennis entre les quatre murs de la cuisine. L'épluche-légumes en suspens, Eliette s'immobilisa avec, au plus profond de son être l'intime conviction de vivre un instant de bonheur parfait." 

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Comment va la douleur ?

 

D’autres avis :

 

 Babélio

 

Trop près du bord, Pascal Garnier, Points, novembre 2013, 5.99 euros

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La dame blanche de Christian BOBIN

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥ 

 « Certaines personnes sont si ardemment présentes à elles-mêmes que, devant elles, on se découvre douloureusement une âme. » (p. 84)

 

L’auteur :

 

 Christian BOBIN est un écrivain français contemporain, auteur de "fragments", des textes en prose poétiques. Il a connu le succés à partir de 1991 avec Une petite robe de fête. 

 

L’histoire :

 

«Derrière la porte fermée à clé de sa chambre, Emily écrit des textes dont la grâce saccadée n'a d'égale que celle des proses cristallines de Rimbaud. Comme une couturière céleste, elle regroupe ses poèmes par paquets de vingt, puis elle les coud et les rassemble en cahiers qu'elle enterre dans un tiroir. "Disparaître est un mieux." À la même époque où elle revêt sa robe blanche, Rimbaud, avec la négligence furieuse de la jeunesse, abandonne son livre féerique dans la cave d'un imprimeur et fuit vers l'Orient hébété. Sous le soleil clouté d'Arabie et dans la chambre interdite d'Amherst, les deux ascétiques amants de la beauté travaillent à se faire oublier.» 

 

 Ce que j’ai aimé :

 

La dame blanche s'adresse avant tout aux poètes, à ceux qui restent capables de percevoir la beauté du monde derrière les mouvements et les bruits rapides de notre monde. Ceux qui restent rivés aux contingences du monde resteront insensibles à cet écrit, comme ils le sont sans doute à la poésie. 


C'est un livre magnifique - comme tous ceux de Christian Bobin -, lunaire, qui nous fait aimer Emily Dickinson avant même d'avoir lu ses poèmes. Et c'est avec joie que j'irai à la rencontre de sa poésie. 


Le style de Christian Bobin est unique, en parfaite harmonie avec son sujet, il porte la jeune poétesse aux nues.

 

Ce livre est un essai poétique plus qu'une étude sur la poétesse Emily Dickinson. Il commence par la fin de la poétesse, puis retrace par touches certains épisodes de sa vie. Il suggère plus qu'il ne raconte réellement la vie de la jeune femme. Le récit n'est d'ailleurs pas linéaire, revenant en arrière sur l'échelle du temps, puis repartant en avant, au fil des réflexions de l'auteur. L'auteur peint le portrait d'une femme qu'il qualifie de « sainte », retirée des contingences du monde pour s'accorder avec la vie. L'auteur semble très proche de la poétesse, ayant choisi le même style de vie, retiré du monde dans sa campagne, il y trouve son bonheur, porté par son univers poétique. 

 

« Le néant et l’amour sont de la même race terrible. Notre âme est le lieu de leur empoignade indécise. » (p. 44)


Un très beau livre sur une femme hors du commun. Elle apparaît diaphane au travers des pages, rayonnante dans cette vie atypique qui lui fera écrire ses plus beaux poèmes. Si elle s'attache à d'autres personnes, ce sera par touches, passionnément, mais toujours littérairement, dans un monde particulier qui est le sien. Elle perdra ceux qu'elle aimait, et n'aura de cesse de les faire revivre dans ses poèmes. 

 

Un très beau portrait.

 

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Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien 

 

Premières phrases :

 

 « Peu avant six heures du matin, le 15 mai 1886, alors qu’éclatent au jardin les chants d’oiseaux rinçant le ciel rose et que les jasmins sanctifient l’air de leur parfum, le bruit qui depuis deux jours ruine toute pensée dans la maison Dickinson, un bruit de respiration besogneuse, entravée et vaillante – comme d’une scie sur une planche récallante - ce bruit cesse : Emily vient de tourner brutalement son visage vers l’invisible soleil qui, depuis deux ans, consume son âme comme un papier d’Arménie. La mort remplit d’un coup toute la chambre. »

 

 

 Vous aimerez aussi :

 

 

Du même auteur :  Les ruines du ciel de Christian BOBIN ; La part manquante de Christian BOBIN  ; L’homme-joie de Christian BOBIN  ; Eloge du rien de Christian BOBIN 

 

 

D'autres avis :

 

 

Babélio 

 

 

La dame blanche, Christian Bobin, Folio, 126 p., 4 euros

 

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L’amant de Patagonie de Isabelle AUTISSIER

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

« Comprend-on jamais les raisons d’un amour ? »

 

L’auteure :

 Isabelle Autissier est une navigatrice française, première femme à avoir accompli un tour du monde en compétition.

Isabelle Autissier, qui est née à Paris dans le 12e arrondissement, passe sa jeunesse à Saint Maur en région parisienne et découvre la voile en Bretagne dès l'âge de 6 ans.
En 1978, elle sort de l'École nationale supérieure agronomique de Rennes avec un diplôme d'ingénieur agronome (spécialisation en halieutique). En 1980, elle mène pour le compte du CORPECUM une recherche sur les langoustines et les gros crustacés. Cette activité de recherche se prolonge pour le compte de l'IFREMER, à La Rochelle sur les pêcheries du golfe de Gascogne. De 1984 à 1990, elle enseigne à l'École maritime et aquacole de La Rochelle.
En 1991, elle termine 7e au cours du BOC Challenge en réalisant l'exploit d'être la première femme à faire un tour du monde en course. C'est cette réussite qui la pousse à abandonner l'enseignement pour se consacrer entièrement à la course au large.

En 1996, elle participe au Vendée Globe à bord de PRB, mais est contrainte à l’abandon suite à la casse de son safran.

En 1999, au cours de la course en solitaire autour du Monde Around Alone (ex-Boc Challenge), elle chavire à 25 nœuds et son bateau reste à l'envers. Le skipper Giovanni Soldini viendra la sauver. C'est probablement cet accident qui accéléra la décision d'Isabelle Autissier d'abandonner les courses en solitaire. Elle continue néanmoins quelques courses en équipage.

Isabelle Autissier s'est également tournée vers l'écriture. Après plusieurs récits, essais, ainsi qu'un livret d'opéra, Homo Loquax, elle publie en 2009 son premier roman, Seule la mer s'en souviendra, l'histoire d'une supercherie en mer inspirée d'un fait réel – l'affaire Crowhurst en 1969. (Source : Babélio)

 

L’histoire :

1880, alors que l'évangélisation décime le Nouveau Monde, Emily est envoyée en Patagonie en tant que « gouvernante » des enfants du révérend. Elle qui ne sait rien de la vie découvre la beauté sauvage de la nature, les saisons de froid intense et de soleil lumineux, toute l'âpre splendeur des peuples de l'eau et de la forêt.

(Extrait de la Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

Après la mort de ses parents, le jeune Emily laisse son destin la mener vers les terres âpres de Patagonie, à Ochouaya, où elle est dévolue à être gouvernante des enfants du révérend Bentley. Elle Fait alors la connaissance des « sauvages », les Yamanas, qu’elle va apprendre à connaître et apprécier. Humaine, elle ira au-delà des clichés d’anthropophagie et de sauvagerie pour découvrir leurs rites et leurs rapport harmonieux au monde. 

 Elle ressentira elle-même les sensations quasi surnaturelles de connivence avec la nature,  « Cette impression d’être la vague et de m’éclater sur le bord, d’être la branche et de ployer sous la brise. » (p. 171)  

 « Marcher, être uniquement attentive au crissement de mes pas, au toc-toc d’un pivert, à une mare que je devine sous les herbes par son odeur fade, tout cela focalise mes pensées. Il me semble que mon âme, ainsi au repos, en profite pour cicatriser de vieilles blessures. » (p.211)

 Mais si Emily rêve de concorde entre les peuples, la réalité la rattrape rapidement, elle se trouve au coeur des combats sanglants qui divisent les Blancs aux Yamanas ou Onas, les deux peuples de la région. Impuissante, elle assiste alors à la déchéance au fil des années de ces peuples primitifs.

 "L'amant de Patagonie" est un de ces indiens et si la relation que Emily va entretenir avec lui est essentielle dans le roman, elle ne le résume pas. En cela ce titre à l'eau de rose est très mal choisi. Ce que nous offre l'auteure c'est avant tout un très beau portrait de femme, et un tableau juste de cette époque et du choc sanglant des civilisations en présence. 

indien-ona.jpg

Une très belle surprise de cette grande navigatrice et écrivain que j'avais déjà eu le plaisir d'apprécier avec son Kerguelen.

 

Ce que j’ai moins aimé :

La quatrième de couverture en dit beaucoup trop. Ne la lisez pas.

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Seule la mer s’en souviendra

Autre : Katherine Scholes La reine des pluies

 D’autres avis :

L’express Interview ; Miss AlfieThéoma 

L’amant de Patagonie, Isabelle Autissier, Le livre de poche, 2012, 6.10 euros

 

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