Le règne du vivant de Alice FERNEY

Publié le par Hélène

             

           

♥ ♥

"La Terre appartient aussi à nos successeurs, ce que nous leur laisserons doit nous préoccuper, disait-il."

"L'avenir, si on le met au présent, s'appelle la préservation." (p. 27) 

Ce que j'ai aimé :

Fasciné par la personnalité hors norme de Magnus Wallace, militant activiste qui lutte contre la pêche illégale en zone protégée,  le narrateur, Gérald Asmussen, décide de s'embarquer comme cameraman à ses côtés. Sous l'égide de ce maître prêt à tout pour protéger le règne du vivant, il prend rapidement conscience des enjeux liés à la planète.

"La Terre appartient aussi à nos successeurs, ce que nous leur laisserons doit nous préoccuper, disait-il." "L'avenir, si on le met au présent, s'appelle la préservation." (p. 27)

Mille baleines sont massacrées chaque année dans le sanctuaire austral, et Magnus Wallace s'évertue à poursuivre ceux qui commettent ces crimes en haute mer, car les eaux internationales demeurent un espace hors la loi, qui ne sont pas dotées de suffisamment de surveillance, un espace gangrené par la corruption et le mensonge. 

En rassemblant des hommes et des femmes animés de la même volonté de faire régner ordre et respect de la nature dans sa globalité, Magnus Wallace lutte avec ses moyens, pas toujours orthodoxes. "Je crois dans la force de quelques individus inspirés qui résistent au mouvement d'ensemble." (p.113)

Il est prêt à risquer sa vie pour ses idées, en pensant au monde qu'il souhaite laisser aux générations futures :

 

"Si nos enfants vivaient un jour dans un monde sans baleines, sans requins, cela voudrait dire que leurs pères les ont exterminés. Et cela voudrait dire que nous les avons laissés faire...Voulons-nous laisser enseigner le murtre par profit et le profit comme règle de survie ?" (p. 109)

"Nous vivions éloignés de cette nature, nous en oublions l'émotion, et c'était ainsi qu'elle pouvait être détruite sans que  s'élevât notre protestation. Il fallait restaurer l'alliance et crier au scandale." ( p. 139)

Dans ce récit poignant, Alice Ferney s'inspire du capitaine Paul Watson, activiste de Greenpeace :

"En juin 1975, Paul est le second du Capitaine John Cormack à bord du Greenpeace IV et participe à la confrontation entre Greenpeace et la flotte baleinière soviétique. Durant cette campagne, Robert Hunter et Paul sont les toutes premières personnes à mettre leur vie en danger pour sauver des baleines en plaçant leur semi-rigide entre un groupe de cachalots sans défense et un navire-harpon soviétique. Un cachalot blessé surgit alors dangereusement au-dessus de l'embarcation de Paul et ce dernier échange un regard avec l'animal mourrant. Ce qu'il voit dans cet œil va changer sa vie à tout jamais: le cachalot comprend ce que ces deux hommes essaient de faire. L'animal évite alors le petit bateau et meurt quelques secondes plus tard, une nouvelle fois harponné. Paul fait alors le vœu de défendre les créatures marines pendant le reste de sa vie." http://www.seashepherd.fr/who-we-are/captain-watsons-biography.html

Ce que j'ai moins aimé :

Il manque un souffle romanesque, une psychologie prononcée des personnages qui permettrait d'autant pus de s'intéresser à leur cause. Ces derniers ont l'air de portaits glacés d'activistes engagés.

Le ton dogmatique, les discours trop appuyés déservent le propos, certes convaincant, mais pas assez touchant pour remuer réellement les foules. C'est dommage car les romans sur l'écologie ne se bousculent pas en France. 

Premières phrases :

"Avant de m'asseoir pour consigner cette histoire, je l'ai vécue. J'ai vu se lever l'activiste et croître sa détermination. Que pourrais-je faire ? se demande un homme qui contemple un désastre, et c'est le commencement des miracles. J'ai suivi pareil homme, refoulé pareille colère, rêvé pareil renouveau : j'apercevais le même désastre."

Informations sur le livre :

Actes sud

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Grâce et dénuement

Autre : Requiem pour un thon de Romain Chabrol

D'autres avis : 

Babélio

Le point

Page 

 

Le règne du vivant, Alice Ferney, Actes sud, août 2014, 208 p.,19  euros

 

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E
J'avais vu ton billet lors de sa publication, mais le billet de Valou et la présence du livre dans ma tablette m'ont convaincu de le lire quand même. Et finalement, mon avis est comme le tien, elle aurait dû choisir !
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H
Exactement !
J
Le ton dogmatique est rédhibitoire pour moi, tu confirmes ce que je pensais de ce titre.
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H
J'ai voulu tester, j'ai vu !
A
J'ai découvert l allume de l'auteur cet été, mais ce titre-ci ne me tente pas.
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H
Je ne vais pas chercher à te convaincre ;)
G
Je l'avais noté lors de sa sortie. J'aime bien cette auteure, mais j'ai un peu peur du ton didactique
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H
C'est son défaut
V
Moi je vais peut-être sembler méchante mais c'est le pire roman que j'ai lu en cette rentrée.
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H
Je suis sûre qu'on peut trouver pire, mais je comprends ton point de vue.
K
Pour une fois qu'un roman français me tente... le ton dogmatique, je risque de ne guère aimer. Avec Alice Ferney, j'ai déjà eu des hauts (Dans la guerre) et des bas (Les autres).
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H
Pour moi ce fut plutôt un bas ici, malgré le thème qui m'intéressait.
K
Roman? Document? Tu ne m'as pas l'air très convaincue (pourtant, les baleines, on s'y intéresse, je suppose)
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H
Justement je trouve que le fiat de balancer entre discours écologiste et roman provoque un manque de cohérence et d'intérêt. Il fallait soit assumer le genre "roman" et créer des personnages et une intrigue plus dense, ou choisir la forme de l'essai ... Mais cet entre deux me gêne.
A
Il y a des titres de cette auteure que j'ai beaucoup aimés, comme évidemment "Grâce et dénuement". Le propos écologiste, pourquoi pas, mais "le ton dogmatique", non.
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H
J'avais aussi beaucoup aimé "Grâce et dénuement"...