Villa Amalia de Pascal QUIGNARD

Publié le par Hélène

                           

♥ 

"Quand on est encore enfant, chaque partie du corps qu'on aime émet une lumière. Rien ne procède encore tout à fait du monde solaire. La lumière vient du coeur de l'enfant."

Mon avis :

Après avoir entraperçu son compagnon embrasser une autre femme, un soir dans la pénombre, Ann décide de laisser toute sa vie derrière elle et de devenir Ann Hidden, celle qui se cache. Aidé par un ami d'enfance croisé par hasard le fameux soir, elle dénude sa vie, laissant en plan le compagnon trompeur.

Les pages qui racontent les différentes étapes de cette phase -la vente de la maison, la gestion des meubles, les considérations financières, la recherche d'un pied à terre, etc...- sont longues et fastidieuses, répétitives.

La lumière de Quignard ne parvient jusqu'à nous que quand Ann s'installe sur l'île de Ischia en Italie. Là, elle vit des heures lumineuses, seulement présente à elle-même, plongeant dans la mer, se laissant attirer par une mystérieuse villa, coupée du monde, merveilleusement en harmonie avec la vie et la nature.

"Loin devant les villas sur la digue, elle se tenait accroupie, les genoux au menton, en plein vent, sur le sable humide de la marée. Elle pouvait passer des heures devant les vagues, dans le vacarme, engloutie dans leur rythme comme dans l'étendue grise, de plus en plus bruyante et immense, de la mer."

Puis les drames reprennent le dessus, Ann coupe tout à nouveau, les pages se découpent à nouveau en une succession de scènes rapides, le charme est rompu.

"Aimer aux yeux des enfants, c'est veiller. Veiller le sommeil, apaiser les craintes, consoler les pleurs, soigner les maladies, caresser la peau, la laver, l'essuyer, l'habiller.

Aimer comme on aime les enfants c'est sauver de la mort.

Ne pas mourir c'est nourrir."

Ainsi le style et la narration hachés semblent être à l'unisson de la désertion de cette Ann si énigmatique, si psychologiquement coupante, une personne peu attachante, qui engendre un roman froid hormi ces quelques touches de lumière sur l'île. 

 

Présentation de l'éditeur :

Gallimard

Vous aimerez aussi :

Les solidarités mystérieuses

Le film 

D'autres avis :

Babélio

Villa Amalia, Pascal Quignard, Folio, Gallimard, 2006

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Commenter cet article
C
Je ne suis pas très tentée, j'ai souvent du mal avec les personnages froids...
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H
Je te conseille plutôt "les solidarités mystérieuses"
G
Je me souviens aussi de cette lecture en demi-teinte
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H
Après un tel coup de coeur pour "les solidarités", l'atterissage est rude !
D
Bonjour Hélène, je n'ai vu que le film parce qu'il y avait Huppert, de là à lire le roman... Bonne soirée.
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H
Le film t'avait plu ?
A
Tu n'as pas l'air plus convaincue que cela. Voire même pas du tout.
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H
Pas du tout effectivement ... A part le bref passage sur l'île d'Ischia...
L
bon ok, celui-là je peux le laisser passer sans aucun regret.
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H
oui sans regrets...
A
Je n'ai pas lu le roman, par contre j'ai vu le film qui dégageait aussi une certaine froideur malgré les paysages magnifiques. Il faut dire que l'actrice principale ne dégage pas non plus une chaleur humaine débordante.
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H
Je pense qu'elle collait au roman avec ce personnage si difficile à cerner.
A
Pas pour moi.
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H
J'ai été déçue...
C
Après le magnifique Les solidarités mystérieuses, j'ai voulu le lire et là, la magie n'a pas opéré... Dommage !
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H
Exactement, je pense que la barre était trop haute avec "les solidarités"...