L'hiver aux trousses de Cédric GRAS
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"Contempler la nature devrait être la religion de tous les hommes." p. 85
Ce que j'ai aimé :
Cédric Gras est un écrivain géographe. Pour lui l'écriture suit le rythme du voyageur, il pratique ainsi la "géographie narrative. Cette littérature est une manière de mêler ses trouvailles savantes à la relation de ses tribulations. Elle a ses lettres de noblesse dans le domaine de l'ethnologie. Il s'agit de confier ses observations au gré de ses péripéties dans un style mêlant érudition soutenue et mésaventures les plus lamentables. C'est un ton à la fois sincère et initié. C'est une harmonie entre le su et le vécu. J'ai renoncé à tout diplôme de docteur pour reprendre l'école du voyage." p. 15
Amoureux inconditionnel des automnes, de leur lenteur décadente, il décide de courir après la saison déclinante en voyageant dans des contrées plus septentrionales.
"Si quelque génie m'avait offert de prononcer un voeu, j'aurais souhaité poursuivre les crépuscules et aller avec les orages." p. 22
"Il y a dans le déclin une tristesse d'une grande beauté, ce passé qui s'étiole, ces gloires enfuies, ces lumière qui s'éclipsent : géographie du domaine des souvenirs." p. 84
De la mer d'Okhotsk à celle du Japon, il dresse un portrait de la Russie du Pacifique. Il passe son premier automne à Yakoutsk aux côtés des Yakoutes, des Talgas, puis il part à la lisière du Japon, à Khabarovsk, se rend sur l'île de Sakhaline et au bord du Fleuve Amour. Enfin, pour son troisième automne il part aux confins de la Chine et des Corées.
Partout, il entend l'hymne à la terre natale des russes "Et ce malgré l'infortune, les vaches maigres et la détresse." p. 153 Il dresse au fil des lignes l'histoire de ce peuple qu'il affectionne particulièrement. Marchant sur les pas étés indiens, beaucoup de pluie de brouillard, pour arriver dans ces contrées lointaines du bout du monde. Peu importe le but quand le chemin est joie. "Le bonheur c'est quand le temps s'arrête." dit-il. Son voyage est lancinant, mais "L'automne a ses apothéoses, ses grâces ineffables, et je n'avais jamais fait d'aussi ravissant voyage." p. 271
- Un lenteur qui peut laisser le lecteur en bord de route...
Du même auteur : Le coeur et les confins