L'Ouzbek muet et autres histoires clandestines de Luis SEPULVEDA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Parce qu'il fallait se battre coûte que coûte, parce que aimer la vie signifiait résister, au Chili dans les années 60, tous les jeunes étaient révolutionnaires. Toujours courageux, quelquefois ingénieux, souvent imprudents, ils créaient des groupes, quitte à n'être que deux, et se lançaient à coeur et corps perdu dans la lutte pour ébranler le pouvoir en place. Comme les Farch, ce groupe de quatre jeunes gens qui décident de braquer une banque : "ou d'exproprier au nom du peuple les biens accumulés par la bourgeoisie, après une lecture passionnée de Que faire ? de Lénine et un coup d'oeil sur la réalité environnante. (...) L'heure était venue pour les FARCH de répondre "Présent !" dans le panorama insurectionnel du cône Sud Latino-américain." p. 39 A peine sorti de l'adolescence, El Flaco, l'un d'eux chante Blue velvet pendant l'attaque de la banque, pour apaiser les tensions (sic) mais aussi parce qu'il saisit là sa seule chance d'avoir un vrai public ! D'autres décident de placer des bombes dans des statues-lions, avant de se rendre compte que ce sont des trompe-l'oeil. Leur enthousiasme n'a d'égal que leur maladresse ! 

Dans ces nouvelles clandestines, on rencontre le Che, des condors fuyants, des chanteurs attendant leur heure de gloire, des activistes à l'instinct maternel très développé...

Mais derrière l'humour et la tendresse que Sepulveda éprouve envers ces jeunes têtes brûlées, se cache de beaux portraits d'hommes sincères et profondément humains : "Camilo s'appelait José Ramon Ramirez Candia? Il était né à Curico en 1948 dans une famille modeste et avait étudié la mécanique aux Arts et Métiers? Anna connaissait sa vie dans les moindres détails. Il n'était ni ombrageux ni orgueilleux et peu lui importait que les autres Chiliens comprennent ou non qu'il ne se battait pas pour la liberté mais pour ne pas oublier qu'il était un homme libre, qu'il ne se battait pas pour la justice, mais pour ne pas oublier qu'il était un homme juste." 

Un bel hommage rendu au temps où on pouvait rêver "d'être jeune sans en demander la permission."  

 

Présentation chez Métailié 

Du même auteur :  Le vieux qui lisait des romans d’amour ;  Dernières nouvelles du Sud  ; Ingrédients pour une vie de passions formidables

D'autres avis chez Yves Jostein 

 

L'ouzbek muet, Luis Sépulveda, traduit de l'espagnol (Chili) par Betille Hausberg, Métailié, 2015, 132 p., 16 euros

 

Merci à l'éditeur.

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E
Je le lirai certainement parce que c'est lui.
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H
Oui Sepulveda, qui dirait non ?
J
Je l'ai depuis le salon du livre, il faut que je m'y mette. Je suis certain d'apprécier autant que toi.
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H
Je pense aussi qu'il te plaira
A
Sepulveda et l'Ouzbékistan ?!
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Y
Pas le livre que j'ai préféré de l'auteur, je le trouve inachevé un peu comme s'il n'était pas allé au bout de ses histoires et de ses personnages. Néanmoins, Luis Sepulveda reste une valeur sûre.
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H
Effectivement !
A
J'ai noté ce livre sur le cahier de suggestions de la bibliothèque et j'attends !
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H
patience...
G
Toujours une belle plume, je note
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H
oui toujours
P
Je crois que je suis tombée amoureuse de sa prose et l'extrait que tu as repris me le confirme. Donc en gros, quoi qu'écrive Luis, je fondrai à coup sûr.
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H
Oh oui il est attachant cet homme
E
la même chose pour moi, pas encore lu, et pourtant j'y pense régulièrement!
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H
Je te le conseille !
E
Pareil pour moi : un auteur que je dois lire ! Mais ma PàL est énorme... en même temps, je vais bientôt traduire une œuvre argentine et le Chili n'est pas loin ;-) et je pense que tous ses bouquins sont disponibles à la BM
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H
Tu ne seras pas dépaysée !
D
j'ai vu que ma bibli l'a acheté donc je note
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H
Chic !
L
Un auteur que je "dois" lire , je ne sais pas pourquoi j'ai toujours une réticence , cette fois c'est la conjoncture de mes lectures et du sujet que tu évoques : je sors de livres très éprouvants sur les horreurs du communisme et voir que le cœur de ces nouvelles ce sont des jeunes qui braquent des banques après avoir lu Lénine, me fait un peu peur.....
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H
Il faut le prendre au second degré, ils ne font pas de victimes ...