Dans l'or du temps de Claudie GALLAY
♥ ♥ ♥
"En terre hopi, l'individu seul n'existe pas. Chaque homme fait partie d'un Tout. Du vivant et de l'inerte.
Il n'y a pas de solitude." p. 159
Un été en Normandie. Le narrateur passe l'été dans sa maison Le téméraire avec sa femme et ses jumelles de 7 ans. Mais une langueur l'envahit, le poussant à quitter la maison et la vie familiale dés qu'il le peut. Au fil de ses errances, il rencontre une vieille dame, Alice, et sa soeur Clémence. Irrémédiablement attiré par cette femme, il revient vers elle, s'éloignant peu à peu de sa vie de famille. Les deux comparses se laissent couler dans le temps qui passe, ils boivent du loupiac au Grand Hôtel de Cabourg, visitent l'église de Varengeville...
"J'aime venir ici. Dans les églises en général, mais dans celle-ci tout particulièrement. On croit toujours qu'on va trouver des solutions. Dans ces endroits... Des réponses à toutes les questions. Mais c'est un leurre." p.52
Jour après jour, Alice dévoile des pans de sa jeunesse et notamment sa relation avec les surréalistes. Cette femme étonnante a en effet côtoyé Breton, ami de son père, lors de son voyage aux Etats-Unis en Arizona dans les années 40. Elle raconte la fascination du chef de file des surréalistes pour les indiens hopis.
"De profondes affinités existent entre la pensée dite "primitive" et la pensée surréaliste, elles visent l'une et l'autre à supprimer l'hégémonie du conscient, du quotidien, pour se porter à la conquête de l'émotion révélatrice."
"C'est un monde étrange... Un monde où les croyances s'expriment dans toute chose. Dans les kachinas mais aussi dans les dessins, les fresques de sable. Elles s'expriment , hurlantes, dans les masques." p. 71
Breton dira dans sa correspondance qu'il "trouve ici, enfin, la preuve de la communication possible entre l'homme et la nature." p. 159
Alice initie le narrateur à cette pensée lointaine qu'il connaît également puisque son père tenait une galerie d'art. Il trouve chez Alice des kachinas, poupées sacrées qui incarnent les esprits chez les hopis, figurines que Breton voudra posséder à tous prix, parce qu'elles lui donnent l'impression qu'il peut dialoguer avec l'invisible. "Je veux m'approprier leur pouvoir." Sa rencontre avec Don C. Talayesva, auteur du célèbre Soleil hopi, sera décisive pour lui. Les surréalistes lui écriront une lettre dans laquelle ils lui rendront hommage :
"Contre toutes les formes d'oppression et d'aliénation de la société moderne, que nous combattons de notre place, tu es pour nous l'homme dans toute sa vérité originelle merveilleusement sauvegardée et aussi dans toute sa dignité." p 85
Plongée passionnante dans l'univers des surréalistes et des indiens hopis, ce beau roman porté par le style pur et incandescent de Claudie Gallay, se glisse dans les interstices de la vie, dans les silences plus parlants que tous les mots.
"Je pensais à Otto.
A ces destins croisés. Ces violences qui, sous couvert d'ndfférence, brisent la quiétude des hommes. Tous ces rêves qe l'on fait . Qui nous portent et parfois nous tuent. Et s'ils ne nous tuent pas, ils nous amenuisent. Comme autant de déceptions. D'amours déçus. " p. 312
Avec discrétion l'auteure exprime le mal-être lancinant qui s'installe jour après jour dans la répétition d'un quotidien dans lequel on ne trouve plus sa place. Le narrateur aimerait être envoûté par sa vie de famille, mais l'aventure de Alice le passionne davantage.
"La mer, la plage, la lumière pâle de cette fin d'après-midi. Anna et les filles marchaient devant moi. Je les regardais. Sans doute le bonheur était encore possible.
Anna s'est retournée. Elle m'a attendu. Elle a dit, "C'est quand même bien l'été, c'est un peu comme à Saint Malo dans les films de Rohmer."
- C'est à Dinard,, Rohmer, j'ai répondu.". p. 119
Un très beau roman tout en retenue.
Présentation chez Actes Sud
Du même auteur : Les déferlantes ; L'amour est une île ; Une part du ciel
Extraits de presse :
“L’envoûtant récit d’une rencontre et d’une initiation, d’une grande beauté formelle.” Michel Abescat, Télérama
“L’écriture de Claudie Gallay tient de la magie.” Robert Verdussen, La Libre Belgique
“Une fiction très singulière qui ne cesse d’ouvrir et de refermer des portes sur des secrets enfouis.” Christine Ferniot, Lire
“Avec finesse, Claudie Gallay transmet la tentation de l’aventure.” Daniel Martin, L’Express
“Un texte passionnant, original et très émouvant.” Laurence Patrice, Page
“D’une plume aux beautés marginales, Claudie Gallay écrit le quotidien, rêves inclus. Sans les trahir.” Pascale Haubruge, Le Soir
“Une histoire poétique et fascinante.” Nathalie Vallez, Elle