Rencontres régionales du Goncourt des Lycéens (5)
A l'issue de ces rencontres régionales, j'ai pu recueillir les ressentis de Leïla Slimani et Jean-Baptiste Del Amo :
Jean-Baptiste Del Amo
Règne animal est un grand roman sur la dérive d’une humanité acharnée à dominer la nature, et qui dans ce combat sans pitié révèle toute sa sauvagerie – et toute sa misère
Son ressenti sur ces rencontres :
"C'est l'occasion d'apporter quelque chose au lecteur et de rendre la littérature vivante, de montrer aux élèves que les écrivains sont vivants ! La transmission est importante. J'ai apprécié leurs questions, différentes des questions habituelles des journalistes.
J'ai été étonné par le fait que les élèves se questionnent beaucoup sur le rapport au réel, ils nous demandent beaucoup ce qui tient de l'imaginaire et ce qui est inspiré de nos vies dans nos romans. Ils veulent savoir dans quelle mesure nous nous sommes inspirés de la réalité. Cela prouve que les frontières sont de plus en plus floues entre réalité et imaginaire à notre époque. L'attrait pour la téléréalité va aussi dans ce sens. "
Jean-Baptiste a déjà été finaliste du Goncourt des lycéens en 2008 pour Une éducation libertine. Qu'avait il retiré de cette expérience ?
"J'avais été admiratif des lycéens capables de suivre un texte dense, littéraire jusqu'au bout, de le porter jusqu'à la fin. Je sais aussi grâce à cette expérience que l'on ne peut pas se fier aux réactions des lycéens lors des rencontres car Jean-Louis Fournier et son Où on va papa avait eu un franc succès et pourtant, Catherine Cusset avait emporté le prix pour Un brillant avenir, un texte très littéraire. "
Leïla Slimani pour Chanson douce
Son roman Chanson douce:
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Ses impressions :
"J'ai apprécié d'écouter mes amis auteurs présenter leurs romans et répondre aux questions. Souvent nous nous croisons seulement, nous sommes par exemple voisins de dédicaces, mais nous n'échangeons pas forcément, cela reste souvent passif. Ces rencontres permettent plus d'échanges entre nous.
Les questions des lycéens sortent des questions des médias souvent très répétitives, là ce sont des questions ancrées et on se doit de fournir un effort dans les réponses. Par exemple, on ne m'avait jamais demandé si je pensais que la mère était coupable, et pourtant c'est une bonne question. Je pense que pour les journalistes, cela reste une question tabou.
Je ne connaissais pas le Goncourt des lycéens, je suis ravie d'y participer !"
Vous retrouverez les questions posées par les lycéens ici :
- Rencontres régionales du Goncourt des lycéens 1er épisode
- Rencontres régionales du Goncourt des lycéens 1er plateau
- Rencontres régionales du Goncourt des lycéens 2ème plateau
- Rencontres régionales du Goncourt des lycéens : les réactions des lycéens et des enseignants
Prochainement en ces pages :
- Mon avis sur Chanson douce de Leïla Slimani
- Mon avis sur Continuer de Laurent Mauvignier
- Mon avis sur Laëtitia de Ivan Jablonka