Forum Fnac et Rencontre avec Lola Lafon
Du 15 au 17 septembre, ce sont plus de 10.000 personnes qui se sont donné rendez-vous en plein centre de Paris à la Halle des Blancs Manteaux, réaménagée pour l'occasion en un lieu convivial et chaleureux.
Je n'ai malheureusement pu me rendre au forum que le vendredi pour l'inauguration et pour une rencontre avec Lola Lafon, n'étant pas disponible les autres jours (de l'inconvénient d'avoir des vies parallèles au blog...)
Mais ce court moment lors de l'inauguration fut un vrai plaisir, j'ai retrouvé Caroline et sa robe rouge éclatante (blog Cultur'elle), Benoit ( à l'ombre du noyer), Eva et son sourire éclatant (Tu vas t'abîmer les yeux), Miss Léo (Me, Darcy and I), Nicole (Mots pour mots), Caroline ( Carobookine), Valentine Layet et sa bonne humeur (Stock), des serveurs serviables, des petits fours addictifs, du champagne à volonté (grâce aux serveurs aimables), des anecdotes cocasses entre l'agonie de l'Iphone de Caroline et les doubles vie follement romanesques de certains collègues de Eva et Caro, bref j'ai passé un excellent moment de joie et de complicité !
Après Gaël Faye et son Petit pays de l'an dernier, le prix du roman Fnac a été décerné à Véronique Olmi pour son roman Bakhita dont j'espère vous parler prochainement (et retenez le conseil de Benoit : aller au-delà des dix premières pages assez poignantes pour ensuite admirer la profondeur du roman)
Lola Lafon, auteure de Merry, Mary, Patty, nous attendait ensuite pour une rencontre entre blogueurs.
Elle nous a raconté comment le sujet était venu à sa rencontre par le biais de cette célèbre photo dérangeante de Patricia Hearst :
"Mais je ne voulais pas raconter l'histoire de Tania/ Patricia. Personne ne sait réellement ce qui a bien pu se passer dans la tête de Patricia pour rallier la cause de ses ravisseurs. On ne sait pas l'expliquer et c'est cela qui est intéressant. Elle n'a pas parlé, sinon, elle aurait fini en prison. Adopter son point de vue m'aurait obligé à prendre position, ce que je ne souhaitais pas. Ce n'est pas non plus un roman historique, Geneva et Violaine sont des personnages inventés.
Par contre ce qui m'intéressait était le procès et la réaction des gens face à ce retournement d'opinion. Les gens n'ont pas accepté que cette jeune femme, icône américaine, issue d'une famille riche et médiatique, ait pu tourner le dos à une vie iconique pour adhérer à la cause du SLA. L'ironie de l'histoire étant que son propre père gagne un argent fou en vendant ses journaux avec cette affaire faisant sa une.
C'est intéressant de voir comment en disparaissant, des personnages font apparaitre d'autres personnages.
Patricia, en étant prisonnière a conquis sa liberté, elle a observé son monde de l'extérieur et a compris de quoi le FBI et l'Amérique était capable. Elle a alors ressenti un profond dégout de l'Amérique, et a été profondément blessée par l'indifférence, c'est cela qui la heurte. Pour moi, elle n'est pas déterminée à faire la révolution, mais elle est déterminée à être libre, cela passe par là car ces gens traversent sa route. Il a suffit d'une torsion de la vie pour changer les choses, elle qui se destinait à une vie bien rangée, à n'être qu'une jeune femme vouée au mariage, le SLA a bouleversé sa vie.
Violaine aussi a son importance. Quand les femmes parlent peu, elles disent beaucoup avec leurs corps, leur corps témoigne de la privation ou du contraire. Violaine parle avec son corps et elle a ainsi le pouvoir d'inquiéter tout le monde. La virginité politique de Violaine est une chance pour Geneva, son propre passé politique lui bloquant la vision. Violaine pressent, ressent l'essentiel parce qu'elle est étrangère à son monde, extérieure. Il y a une nécessité d'être décalée pour comprendre. Cette rencontre la renforce, la muscle, par un effet miroir, elle aussi dira "je suis vivante". Mais je ne voulais pas que ce soit soudain. Je voulais montrer que c'était possible, que changer les choses même après 40 ans est possible. Chacun a cette possibilité dans sa vie, de changer, il se passe toujours quelque chose à un moment, une porte s'ouvre, mais c'est très cinématographique de se dire que pif paf, on change de vie de but en blanc, on largue tout, le changement est souvent long, pas immédiat."
Lola Lafon a aussi évoqué son choix de narration, ce "vous" qui peut déranger certains lecteurs :
"Ce "vous" permet au lecteur de prendre position. Comme une lettre, une adresse, il est chargé d'émotion aussi, accusateur. Cette mise en abyme de la notion de procès permet d'impliquer le lecteur."
Quant à la question de savoir si "un message" sous-tend le roman, la réponse est cocasse et profonde à la fois :
"Je n'ai pas de message clair à faire passer, sinon je ne serais pas auteure mais postière -ce n'est pas de moi-. La littérature est un espace qui ouvre des mondes plus vastes, plus de liberté, d'imaginaire.
On peut rester dans le même immeuble toute sa vie et avoir une vie de richesse, il faut faire l'effort de voir le minuscule. En cela, le paysage des Landes était pour moi évocateur car il est assez monotone, des plages, du sable, des forêts de pins, du sable, des plages. On se perd facilement dans ces forêts si on ne prête pas attention aux détails. Tous les chemins ne sont pas les mêmes. C'est à chacun de prêter attention aux détails pour trouver son chemin."
Merci à Lola Lafon pour sa gentillesse et son écoute bienveillante.
Pour conclure, ce forum fut une belle réussite, et ceci grâce à la Team chic et choc que je remercie chaleureusement : pour la Fnac, Julie, Audrey, Maurine, pour l'agence Anne et Arnaud, Anne, Arnaud, Anaïs, Vincent.