Les étoiles s'éteignent à l'aube de Richard WAGAMESE
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"On n'est rien d'autre finalement. Que nos histoires."
Quand Eldon appelle son fils Franklin à son chevet, il sait que ses jours sont comptés. Détruit par des années d'alcoolisme, il est rongé de l'intérieur et souhaite que son fils l'accompagne dans la montagne pour l'enterrer comme un guerrier. Pour les deux hommes qui n'ont jamais vécu ensemble, c'est aussi l'occasion d'explorer le passé. Franklin espère avoir des réponses aux questions qu'il se pose, lui qui a été élevé par un autre homme que son père et qui n'a jamais connu sa mère.
Arpentant les grands espaces dans lesquels Benjamin se meut avec aisance et harmonie, les hommes se réconcilient aussi avec leurs origines indiennes et avec "le Grand Tout".
"Jimmy disait tout le temps que nous étions un Grand Mystère. Tout. Il disait que les choses qu'ils faisaient, ces Indiens d'autrefois, c'était rien d'autre que d'apprendre à vivre avec ce mystère. Pas le résoudre, pas s'y attaquer, pas même chercher à le deviner. Juste être avec. J'crois que j'aurais aimé apprendre le secret qui permet de faire ça."
Leur identité s'est forgée au fil de leurs histoires, et si Benjamin peut ressentir de l'amertume face à ce père alcoolique, le récit des épreuves d'Eldon lui permettra de mieux comprendre qui il est et d'où il vient.
"Le vrai monde c'était un espace de liberté calme et ouvert, avant qu'il apprenne à l'appeler prévisible et reconnaissable. Pour lui, c'était oublier écoles, règles, distractions et être capable de se concentrer, d'apprendre et de voir. Dire qu'il l'aimait, c'était alors un mot qui le dépassait, mais il finit par en éprouver la sensation. C'était ouvrir les yeux sur un petit matin brumeux d'été pour voir le soleil comme une tache orange pâle au-dessus de la dentelure des arbres et avoir le goût d'une pluie imminente dans la bouche, sentir l'odeur du camp Coffee, des cordes, de la poudre et des chevaux. (...) C'était aussi la sensation de l'eau qui jaillit d'une source de montagne. Aspergée sur ton visage comme un éclair glacé. Le vieil homme lui avait fait découvrir tout cela."
Richard Wagamese peint ici un magnifique roman sur ce qu'on transmet à ses enfants, sur la force qu'on leur inculque pour faire face aux évènements marquants de la vie, et de la vérité qui se tapit en eux, prête à resurgir, intacte, pure. Un roman profondément touchant.
Présentation de l'éditeur : Editions Zoé
D'autres avis : Jérôme ; Sandrine
Les étoiles s’éteignent à l’aube de Richard Wagamese (traduit de l’anglais par Christine Raguet). Zoé, 2016. 285 pages. 21,00 euros