L'ordre du jour de Eric VUILLARD

Publié le par Hélène

"Les plus grandes catastrophes s'annoncent souvent à petits pas."

Nous sommes le  20 février 1933. Le parti nazi cherche à lever des fonds, et il fait appel à de puissantes entreprises allemandes capables de les financer. "Ils s'appellent BASF, Bayer, Agfa, Opel, IG Farben, Siemens, Allianz, Telefunken. Dans les coulisses du pouvoir, la grande catastrophe arrive effectivement à petits pas, à coups de tractations et marchandages...

"Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d’épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l’Assemblée ; mais bientôt, il n’y aura plus d’Assemblée, il n’y aura plus de président, et, dans quelques années, il n’y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants."

Eric Vuillard, tel un chef d'orchestre obséquieux nous entraine dans les coulisses de l'Anschluss. Dans son court roman il s'intéresse aux détails de l'histoire pour mieux en éclairer la scène. Il raconte les scènes moins connues, dissèque l'Histoire pour en extraire le quotidien d'hommes et de femmes pris comme des individus et non plus comme des entités broyés par le cours des évènements. De fait la responsabilité de ces individus ressort plus durement et l'absurdité qui mène à l'horreur glace le sang...

Ce que j'ai moins aimé : Pour moi il s'agit plus d'un documentaire, d'un essai que d'un roman, genres auxquels je suis moins sensible. Les évènements sont racontés sans mettre l'accent sur des personnages ou une intrigue, l'auteur raconte seulement des scènes marquantes de l'histoire. Alors oui, le style marque les esprits, mais mon âme romanesque s'est sentie délaissée... Pour rappel , j'avais déjà été déçue par 14 juillet pour les mêmes raisons...

 

Prix Goncourt 2017

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

Du même auteur : Tristesse de la terre

 

L'ordre du jour, Eric Vuillard, Actes sud, mai 2017, 160 p., 17 euros

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V
Je ne suis pas sûre du tout de relire l'auteur après ce livre-là (comme toi, j'ai du mal à le qualifier de roman).
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H
Moi non plus///
A
Je l'ai trouvé plus digeste que 14 juillet, mais je ne l'aurais pas qualifié de roman, c'est certain.
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H
Il est à la jonction entre docu et roman je trouve
M
C'est exactement pour les raisons que tu exposes que je n'ai pas du tout envie de lire ce livre. Et je trouve dommage qu'on lui ai décerné le prix Goncourt, vu le genre plus documentaire, au détriment d'un roman qui aurait davantage mérité cette récompense dans sa catégorie.
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H
C'est vrai...
M
Je n'ai aimé que Tristesse de la terre...alors je ne sais pas si je vais le lire...Merci de nous donner ton ressenti
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H
Comme toi !
K
Cela ne me dérange pas que ce ne soit pas un roman, j'ignorais quasiment tout de l'Anscluss. Et puis j'aime bien l'auteur (et pas de billet, grosse flemme, lu en août)
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H
Tu lis plus de documentaires pour moi, je ne suis pas étonnée que cela te plaise !
A
Je le commence ce soir, je lis ton billet en diagonale.
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H
;-)
V
ton commentaire me fait peur, je n'ai déjà pas été 100% convaincue par 14 juillet... le genre du documentaire ne m'attire pas plus que ça! Je le lirai dans quelques jours, on verra bien!
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H
J'irai lire ton avis !
E
Merci pour ton billet, je sais que cela ne me plaira pas du coup ;^)
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H
;-)
T
Je nai pas encore lu Eric Vuillard malgré la plui d'éloges a chacun de ses romans. J'ai réservé celui-ci a la bibliothèque pour me faire un avis. Ton billet me permet de savoir a quoi m'attendre.
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H
Hâte de connaitre ton avis !
D
je n'avais pas aimé son précédent roman sur la révolution et celui là ne m'a pas plus convaincue
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H
On se rejoint !