En attendant Babylone de Amanda BOYDEN
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« Nous aimons un lieu qui ne peut être sauvé par des digues. » (p. 13)
L’auteur :
Amanda Boyden est une écrivaine américaine enseignante à l’université de la Nouvelle-Orléans. Elle vit là-bas avec son mari Joseph BOYDEN, l’écrivain canadien. En attendant Babylone est son deuxième roman, le premier traduit en français.
L’histoire :
Le véritable personnage de ce roman est la ville elle-même, La Nouvelle-Orléans, vue à travers la vie d’une dizaine d’habitants d’un des quartiers populaires, Orchid Street, pendant un an. Un an avant l’ouragan Katrina.
Ce que j’ai aimé :
- Le portrait vivant de ces habitants aux contours variés dynamise la narration : la famille de Fearius, jeune délinquant vendant de la drogue, le couple de retraités Roy et Cerise, la famille indienne nouvellement arrivée dans la rue, le couple étrange formé par Joe, malade, et sa femme Prancie, et enfin la famille d’Ariel, gérante d’un hôtel, et de Ed, homme dévoué à sa famille. Tous habitent dans la même rue, ils se côtoient, se jaugent, se jugent, et des liens subtils se nouent au fil de l’année. Le récit est réaliste, la psychologie de tous ces personnages attachants est finement travaillée au sein d’une construction ample et carrée.
- En refermant le roman, le lecteur se rend compte que c’est la ville elle-même qu’il a appris à connaître au travers de la vie des personnages évoqués. Par leur intermédiaire, Amanda Boyden rend hommage à cette ville capable du meilleur comme du pire.
« Si nous le souhaitons, nous pouvons vous dire qui est La Nouvelle Orléans. La Nouvelle Orléans, c’est ce vieil homme qui ne sait pas lire mais achète quand même le journal tous les jours. Il touche le visage des criminels et le grave dans sa mémoire. Et c’est cette femme à la mâchoire pendante, trop gavée pour quitter la table après le repas du dimanche, fixant dans son assiette une meule de petits os de dinde. Et c’est aussi, toujours, l’enfant terrible, notre enfant terrible, celui qui ne rentre jamais à l’heure, celui à qui les parents ne demandent jamais d’explications. Des paroles de chanson injurieuses, une bagarre à l’épicerie du coin. Musique et violence. L’enfant raffole des deux. » (p.13)
Ce que j’ai moins aimé :
- Quelques longueurs peut-être, liées à la nonchalance qui rythme la vie des habitants comme celle du récit.
Premières phrases :
« Nous avons choisi La Nouvelle-Orléans.
Nous avons choisi de vivre à Uptown, sur orchid Street, dans le grand lasso du fleuve, bien que nous regardions rarement ses vastes eaux brunes tumultueuses. »
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Je remercie Judith OTT des Editions Albin Michel pour cette immersion dans cette ville tonitruante…
En attendant Babylone, Amanda BOYDEN, Traduit de l’américain par Judith ROZE et Olivier COLETTE, Albin Michel, Terres d’Amérique, août 2010, 438 p., 22 euros