Géographie de l’instant de Sylvain TESSON
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L’auteur :
Sylvain Tesson est notamment l'auteur de "Petit traité sur l'immensité du monde" et "Dans les forêts de Sibérie".
Présentation :
"Géographie de l'instant" réunit les blocs-notes de sylvain Tesson parus dans le magazine "Grands Reportages" et divers journaux. Il y évoque ses voyages aventureux ou immobiles, ses rencontres, ses escalades, ses lectures secrètes et contemple les ravages commis par les hommes contre la nature, la douceur. Il y parle de la Russie, de l'Afghanistan, de Haïti, de l'Islande, de New York, de Paris. Il choisit le dégagement, l'humeur, la féerie, se confronte à l'absurde et aux ridicules de son époque. Avec un joyeux désespoir, ce nomade injecte de la couleur dans la grisaille du quotidien. "Géographie de l'instant" est un manteau d'arlequin sur lequel Sylvain Tesson trace les points cardinaux de son univers intime. C'est un pamphlet poétique contre la lourdeur du monde, révélant la part secrète d'un voyageur pour qui les retours sont des brûlures.
Ce que j’ai aimé :
Sylvain Tesson ne se promène jamais sans un « bloc-notes » qui lui permet de consigner ce qu’il observe, ses pensées, des « éclats de kaléidoscope », qu’il a décidé d’agencer ensuite dans ce recueil : « De l’harmonisation de ces instantanés jaillira une géographie de l’instant ».
Les auteurs l'accompagnent dans ses voyages, de nombreuses citations émaillent ses récits et réflexions, nourrissant ses pensées, montrant qu'ainsi, il n’est jamais seul avec ses réflexions. Elles lui permettent de s'ouvrir l’esprit, de dilater l'idée pour mieux la saisir et la transcrire :
« J’aime les mots d’auteur. Ils sont comme les arbres au bord d’une route. Ils se tiennent là, plantés, sur le côté de notre chemin intérieur. » (p. 30)
« Elles sont la formulation d’une pensée qu’on a caressée un jour et que l’on reconnaît, exprimée avec bonheur, sous la plume d’un autre. »
De fait le lecteur apprend beaucoup en lisant ces anecdotes, comme l'auteur a appris e observant le monde, les plantes, les hommes, les animaux. Des tortues de Yumurtalik en Turquie par exemple, il a appris la persévérance : à leur naissance, ces petites bêtes bravent les prédateurs et les risques multiples pour se rendre dans la mer, et sur 1000 tortues une seule survivra.
« Désormais, lorsque devant moi se dressera un obstacle duquel je n’aurai qu’une infime chance de triompher, je viderai un verre à la gloire éternelle des tortues de Yumurtalik avant de foncer, tête baissée. » (p.46)
De cet alpiniste à qui il demande ce qu’il retient de son incroyable vie d’aventures, il apprend la présence :
« Rien ne m’a plus autant que de marcher au petit matin sur les chemins de la forêt de Fontainebleau. « On court le monde pour chercher ce qu’on avait sous les yeux. » commente l’auteur.
Tout est enseignement, et surtout, tout l'enjoint à vivre ici et maintenant :
« Maintenir l’aiguille sismographique de sa conscience et de sa sensibilité dans l’intervalle de l’instant présent permet d’en éprouver, d’en accueillir toute la valeur. » (p. 160)
Un recueil érudit offert par observateur doté d’une acuïté d’observation aigüe. A recommander !
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien
Premières phrases :
« Tache grises dans le 93
Les Renseignements généraux ont établi la liste des cent soixante-douze « cités interdites » de France, où les lois de la Républoique ne sont plus en vigueur. Si un géomètre urbaniste se penchait sur le sujet, il calculerait – cadastre en main – la superficie de ces zones de non-droit. »
Vous aimerez aussi :
Du même auteur : Une vie à coucher dehors de Sylvain TESSON; Dans les forêts de Sibérie de Sylvain TESSON
Géographie de l’instant, Sylvain Tesson, Editions des Equateurs, octobre 2012, 18 euros