L'envol du héron de Katharina HAGENA
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« Peut-être que ce que nous appelons vie est un rêve et ce que nous appelons rêve est la vie, et qu'en réalité la caverne de Platon est une station de métro. » (p. 257)
L'auteure :
Katharina Hagena est spécialiste de l’œuvre de Joyce, elle enseigne la littérature anglaise et allemande à l’université de Hambourg.
Son premier roman «Der Geschmack von Apfelkernen», qui vient de paraître en France sous le même titre de «Le goût des pépins de pomme» (Éditions Anne Carrière, janvier 2010), a remporté un triomphe outre-Rhin. Deux cent cinquante mille exemplaires vendus. (Source : Babelio)
L'histoire :
Trois personnages sont liés sans le savoir par un secret tragique. Marthe recherche son fils mystérieusement disparu depuis des années. Ellen ne parvient pas à se remettre de la fuite de son amant qui l'a laissée enceinter. Andreas, l'ami d'enfance d'Ellen, hante les rues du bourgs de Grund sans prononcer la moindre parole... (Source : Babélio)
Ce que j'ai aimé :
Ellen veille. Souffrant d'insomnies récurrentes, elle qui est pourtant une médecin spécialiste du sommeil, elle veille, laisse ses pensées l'envahir, les souvenirs émerger, l'immerger. Ellen nous raconte. Sa fille, ses amants, son passé, Andréas, l'ami d'enfance, Lutz, le séducteur de l'adolescence, disparu mystérieusement, et les autres, ceux contre qui elle a cherché réconfort, amour et paix. Elle nous confie également les arcanes de son mal rongeur :
« Le sommeil est un antidote. Les patients n'ont aucune idée de tous les ravages et les loupés qui se produisent dans le corps pendant la journée : hormones, métabolisme, cœur. Le sommeil en guérit la plupart au cours de la nuit. Ce même cortisol qui, chaque nuit, m'éveille entre trois et quatre heures du matin et me contraint à me souvenir fait que mes souvenirs s'effacent et que je peux me rendormir. C'est aussi contradictoire que merveilleux et , lorsque j'y réfléchis, il me faut presque me dissoudre pour pouvoir complètement l'appréhender. » (p. 262)
Parallèlement, Marthe confie ses pensées et ses rancoeurs dans un journal intime, guettant dans l'ombre Ellen et sa fille...
L'atmosphère de ce roman, entre rêve et réalité, sommeil et veille est hypnotique. Elle rive le lecteur au pages et le tient éveillé, captivé, sommé de connaître le fin mot de cette histoire nostalgique. Le charme agit...
Ce que j'ai moins aimé :
Je m'interroge sur le manque d'originalité dans cette histoire (souvenirs, secrets enfuis dans l'enfance...) je ne pense pas qu'il m'en restera grand chose dans quelques mois... Je pense que cela est dû aussi à un aspect brouillon, déjà ressenti dans le Goût des pépins de pomme, l'impression que l'auteure ne sait pas bien où elle va, qu'elle avance dans un brouillard nébuleux opaque.
Bref un roman qui est certes agréable à lire, mais qui manque substanciellement de corps, d'intensité, trop flou encore pour retenir et l'attention, et la mémoire...
Premières phrases :
« Les signes sont partout, déjà, les signes postaux, timbres, tampons et codes-barres, l'écriture de l'expéditeur – imprimée ou manuscrite, avec imprimante laser, encre, stylo bille ou feutre.
L'emploi de machine à écrire est assez rare, plus fréquents sont les caractères derrière des fenêtres crissantes de papier transparent. »
Vous aimerez aussi :
Du même auteur : Le goût des pépins de pomme de Katharina HAGENA
Autre : La chambre aux échos de Richard POWERS
D'autres avis :
L'envol du héron, Katharine Hagena, roman traduit de l'allemand par Corinna Gepner, Anne Carrière Editions, août 2013, 292 p., 22 euros