L’origine de la violence de Fabrice Humbert
♥ ♥ ♥ ♥
Un roman puissant
L'auteur :
Fabrice Humbert est professeur de français et écrivain à ses heures. Il a publié son premier roman Autoportaits en noir et blanc en 2001.
L’histoire :
Lors d’un voyage scolaire à Buchenwald, le narrateur découvre une photo troublante : sous ses yeux, le portrait de son père qui pourtant n’a jamais connu les camps de concentration. Pas plus que son grand-père, Marcel Fabre. Qui est donc cet homme ? Notre jeune professeur va alors se jeter à corps perdus dans cette enquête visant à rétablir la vérité familiale. La première partie du roman s’attache donc au destin de David Wagner, l’homme de la photo, destin marqué par la violence de la vie à Buchenwald. La seconde partie est centrée à nouveau sur le narrateur : il va rencontrer une jeune femme allemande qui, elle aussi, a une histoire marquée par la violence du nazisme.
Ce que j’ai aimé :
- Fabrice Humbert a un talent de conteur évident, pas un instant il n’ennuie le lecteur, le captivant au contraire si bien qu’il est difficile de poser le livre avant de l’avoir fini.
- L'enquête autour de cette photographie permet de tenir en haleine le lecteur impatient de connaître le fin mot de l’histoire.
- Les destins des protagonistes prennent de la profondeur au fur et à mesure que le récit avance, les visages changent au gré de l’enquête, le dit remplace un silence lourd et quelquefois rassurant. Mais ne peut évoluer que celui qui sait.
- Au-delà de l’histoire familiale, c’est aussi l’histoire de notre peuple marqué par la violence de la seconde guerre mondiale que nous conte le narrateur :
« La violence m’a été livrée en héritage » dit-il (p. 157).
Connaître notre histoire avec ses zones d’ombre et d’horreur, c’est nous permettre de comprendre le monde qui nous entoure dans toute sa complexité. Sans cela nous ne sommes que des fantômes de nous-mêmes, des êtres bruts, incompréhensibles.
- C’est un roman aux multiples sujets, la passion amoureuse y tient aussi une place importante, avec toujours en toile de fond ce questionnement sur la violence et ses origines. Pourquoi certains penchent du mauvais côté quand d'autres restent moraux ?
Ce que j’ai moins aimé :
- Un énième livre sur les camps de concentration, me direz-vous. Oui et non. Personnellement, je ne lis pas tellement de textes sur ce sujet, j'ai donc été littéralement prise par le roman, par son intensité et sa vérité. Pour ceux qui ont beaucoup lu sur le sujet, peut-être n'apprendront-ils rien de nouveau.
Premières phrases :
« On dit que Satan était l’ange le plus brillant de Dieu. Sa chute, lumineuse, fulgurante, est marquée du double sceau de la grandeur et de la trahison. Et il me semble deviner, dans les méandres de ma mémoire, l’image d’un archange chutant de l’empyrée pour rejoindre les coins sinueux de l’enfer. Ce dessin, peut-être recomposé par le souvenir, d’une bible pour enfants m’a longtemps poursuivi : c’est toujours le fils le plus aimé qui passe su côté du Mal. »
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