Le cœur par effraction par James MEEK

Publié le par Hélène

Coeur_par_effraction_HD_s.jpg 

♥ ♥ ♥ ♥

« Je ne veux pas être des « gens comme nous ». Je veux décider par moi-même de ce qui est bien ou mal. » (p. 496)

 

L’auteur :

 

James Meek est un écrivain britannique né en 1962 à Londres. Il a connu un succès international avec son troisième roman Un acte d'amour publié en plus de 25 langues et dont Johnny Depp prépare l'adaptation au cinéma.

 

L’histoire :

 

Seriez-vous capable de trahir un être cher ?

Bec, Rebecca, est une grande chercheuse scientifique, elle travaille sur la malaria, son frère Ritchie est une ex-rock star devenue producteur de télévision. Leur père, un officier, a été tué en Irlande pour avoir refusé de trahir un informateur.

Lorsque Bec refuse d’épouser le puissant directeur d’un magazine people, celui-ci se venge en menaçant Ritchie de révéler ses frasques s’il ne lui donne pas d’informations scabreuses sur sa sœur. Bec est à son tour mise à l’épreuve dans son mariage lorsqu’elle décide d’avoir un enfant malgré tout.

Le frère et la sœur devront choisir entre la loyauté et la trahison.

Voici un grand roman classique sur des thèmes ultra contemporains. Une moderne histoire de famille, de secrets, d’amour, de mort, d’argent, à l’ère des magazines trash, des intimités devenues publiques, de la transparence sur Internet. Un impressionnant thriller moral.

 

Ce que j’ai aimé :

 

A l’époque où l’intime s’affiche dans tous les médias, où la transparence est souhaitée, traquée, mais où les failles sont aussi attendues et rêvées, il devient difficile de vivre sa vie sereinement pour toute personne se retrouvant sous les feux des projecteurs. Les uns espionnent les autres en espérant le faux pas, celui qui lui permettrait de se sentir supérieur à l’autre. James Meek pousse la logique jusqu’au bout en créant une entité gardienne de la moralité : La Fondation morale. Ces derniers  attendent que les médias aient établi une réputation, puis la détruise avec un scoop au nom de la moralité, tout en laissant le choix de dénoncer quelqu’un de son entourage pour ne pas être touché.

Ritchie va en être victime et il va devoir choisir entre résister, comme son père avant lui, officier tué en Irlande pour ne pas avoir dénoncé un informateur,  mais risquer de voir s’étaler sur la place publique des secrets inavouables qui feraient voler sa vie en éclat, ou bien trahir, vendre sa sœur, se préserver en trahissant sa famille.

« J’ai un tas de clients, réplique Midge. Ils aiment tous raconter leur vie. Et ça se résume à deux choses. Primo, ils n’arrivent pas à contrôler leur bite. Deuzio, ce pays est plein de mouchards et de balances… (…) De traîtres, poursuivit Midge. Des gens prêts à vous vendre. De filles qui couchent pour pouvoir raconter. De paparazzis. De marchands de tuyaux. De portables qui prennent des photos. Une vraie putain de Stasi… Comment croyez-vous que fonctionne un Etat policier ? Je vous donne un indice : ce n’est pas grâce à la police. Surveillez vos amis… la moitié du pays est prête à dénoncer l’autre. » (p. 195)

Une réflexion sur la moralité et sur la frontière mouvante entre le Bien et le Mal, s’amorce alors,  ce roman entrant dans nos consciences pour analyser le phénomène et nous secouer :

« Vous pouvez commettre un acte, reprit-il, quelque chose de mal, et savoir que vous l’avez fait, mais personne d’autre le sait, ça reste un secret. Mais le truc, quand on se fait prendre, ce n’est pas seulement que tout le monde sait ce que vous avez fait. Le truc, c’est que vous ne savez pas vraiment ce que vous avez fait, jusqu’au moment où vous savez que tout le monde sait. » (p. 296)

Parallèlement, Bec, scientifique oeuvrant contre le paludisme cherche à apporter sa pierre à l’édifice de la science. Les ambitions des scientifiques faites de risques et de ratages, pour le bien fondé de la science et du progrès s’entremêlent subtilement au thème de la moralité.

 Au terme de tergiversations nombreuses et aléatoires, Ritchie devra faire son choix, même s’il sait que la liberté individuelle et collective est la seule issue, chacun devant être son propre censeur.

Un roman ambitieux à ne pas manquer !

 

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien

 

Premières phrases :

 

« L’histoire qui circulait dans la société de production de Ritchie Sherperd était exacte quand elle apparut dans les esprits des employés et qu’ils la discernaient à peine, sans même parler de l’évoquer entre eux. C’était comme un vague relent, assez clair pour qu’on le remarque, trop vulgaire pour être mentionné. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Un acte d'amour

 

      D'autres avis :

Fluctuat ;

 

 Le cœur par effraction, James Meek, traduit de l'anglais par David Fauquemberg, Métailié, août 2013, 528 p., 21 euros


libfly

 

rentrée littéraire2013 2

Publié dans Littérature Europe

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
<br /> Beaucoup aimé la découverte de ce livre, merci! :)<br /> <br /> <br /> Du coup je me suis permise de le citer dans une revue des blogs spéciale rentrée littéraire, histoire d'en faire profiter d'autres personnes :) http://bit.ly/14Zvr3d<br /> <br /> <br /> A bientôt!<br /> <br /> <br /> Marjorie<br />
Répondre
H
<br /> <br /> merci !<br /> <br /> <br /> <br />
O
<br /> Très tentée par cette critique. J'espère que ma bibliothèque voudra bien l'acheter, puis trouver le temps de bien profiter de cette lecture "consistante" .<br />
Répondre
H
<br /> <br /> Elle en vaut le coup !<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> J'en avais un autre du même auteur que j'ai abandonné lâchement par lassitude...<br />
Répondre
H
<br /> <br /> oh mince..; mais celui-ci est autrement plus passionnant, c'est sûr !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Un sacré pavé dis donc ! Certes ambitieux mais le coté moderne me refroidit quelque peu.<br />
Répondre
H
<br /> <br /> Il se lit rapidement, vraiment, j'ai adoré !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Il a l'air pas mal.<br />
Répondre
H
<br /> <br /> oh oui vraiment :)<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Il se rajoute à ceux déjà notés, la rentrée est chaude cette année. Quand je pense que je me vantais il y a encore 8 jours de ne pas m'y intéresser <br />
Répondre
H
<br /> <br /> Tu ne pourras y échapper ;)<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> J'avais beaucoup aimé Un acte d'amour, mais je dois dire que le sujet de celui-ci me tente beaucoup moins... <br />
Répondre
H
<br /> <br /> De fait dans la foulée j'ai acheté "un acte d'amour". Je suis heureuse de savoir que tu avais aimé !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je vais être raisonnable et attendre le poche!:)<br />
Répondre
H
<br /> <br /> que d'abnégation !!!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />