Le cœur par effraction par James MEEK

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

« Je ne veux pas être des « gens comme nous ». Je veux décider par moi-même de ce qui est bien ou mal. » (p. 496)

Rebecca (Bec), est une brillante scientifique engagée dans la lutte contre le paludisme. Son frère Ritchie, quant à lui est une ex-rock star reconvertie en producteur de télévision à succès. Lorsque Bec refuse la demande en mariage de Val, un journaliste people influent, celui-ci décide de se venger en faisant chanter Ritchie : il menace de révéler sa relation avec une mineure de 15 ans s’il ne lui fournit pas des informations compromettantes sur sa sœur . Ce chantage met à l’épreuve les liens familiaux et soulève des questions profondes sur la loyauté, la trahison et la morale.

Ce que j’ai aimé :

A l’époque où l’intime s’affiche dans tous les médias, où la transparence est souhaitée, traquée, mais où les failles sont aussi attendues et rêvées, il devient difficile de vivre sa vie sereinement pour toute personne se retrouvant sous les feux des projecteurs. Les uns espionnent les autres en espérant le faux pas, celui qui lui permettrait de se sentir supérieur à l’autre. James Meek pousse la logique jusqu’au bout en créant une entité gardienne de la moralité : La Fondation morale. Ces derniers  attendent que les médias aient établi une réputation, puis la détruise avec un scoop au nom de la moralité, tout en laissant le choix de dénoncer quelqu’un de son entourage pour ne pas être touché.

Ritchie va en être victime et il va devoir choisir entre résister, comme son père avant lui, officier tué en Irlande pour ne pas avoir dénoncé un informateur,  mais risquer de voir s’étaler sur la place publique des secrets inavouables qui feraient voler sa vie en éclat, ou bien trahir, vendre sa sœur, se préserver en trahissant sa famille.

« J’ai un tas de clients, réplique Midge. Ils aiment tous raconter leur vie. Et ça se résume à deux choses. Primo, ils n’arrivent pas à contrôler leur bite. Deuzio, ce pays est plein de mouchards et de balances… (…) De traîtres, poursuivit Midge. Des gens prêts à vous vendre. De filles qui couchent pour pouvoir raconter. De paparazzis. De marchands de tuyaux. De portables qui prennent des photos. Une vraie putain de Stasi… Comment croyez-vous que fonctionne un Etat policier ? Je vous donne un indice : ce n’est pas grâce à la police. Surveillez vos amis… la moitié du pays est prête à dénoncer l’autre. » (p. 195)

Une réflexion sur la moralité et sur la frontière mouvante entre le Bien et le Mal, s’amorce alors,  ce roman entrant dans nos consciences pour analyser le phénomène et nous secouer :

« Vous pouvez commettre un acte, reprit-il, quelque chose de mal, et savoir que vous l’avez fait, mais personne d’autre le sait, ça reste un secret. Mais le truc, quand on se fait prendre, ce n’est pas seulement que tout le monde sait ce que vous avez fait. Le truc, c’est que vous ne savez pas vraiment ce que vous avez fait, jusqu’au moment où vous savez que tout le monde sait. » (p. 296)

Parallèlement, Bec, scientifique oeuvrant contre le paludisme cherche à apporter sa pierre à l’édifice de la science. Les ambitions des scientifiques faites de risques et de ratages, pour le bien fondé de la science et du progrès s’entremêlent subtilement au thème de la moralité.

 Au terme de tergiversations nombreuses et aléatoires, Ritchie devra faire son choix, même s’il sait que la liberté individuelle et collective est la seule issue, chacun devant être son propre censeur.

Un roman ambitieux à ne pas manquer !

Présentation de l'éditeur Editions Métailié

 

Publié dans Littérature Europe

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G
Voilà qui promet divertissement et réflexions, intéressant, je note !
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V
peut-être pour les vacances, j'ai si peu de temps en ce moment... Je m'attendais à de la SF avec la couverture, je ne sais pas trop pourquoi.
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M
Je ne connais pas et ce roman me semble intéressant...Merci pour d'avoir republié cette chronique.
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A
Bon sang, mais comment cela se finit ?
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Z
Et bien, cela me semble très intéressant
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M
<br /> Beaucoup aimé la découverte de ce livre, merci! :)<br /> <br /> <br /> Du coup je me suis permise de le citer dans une revue des blogs spéciale rentrée littéraire, histoire d'en faire profiter d'autres personnes :) http://bit.ly/14Zvr3d<br /> <br /> <br /> A bientôt!<br /> <br /> <br /> Marjorie<br />
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H
<br /> <br /> merci !<br /> <br /> <br /> <br />
O
<br /> Très tentée par cette critique. J'espère que ma bibliothèque voudra bien l'acheter, puis trouver le temps de bien profiter de cette lecture "consistante" .<br />
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H
<br /> <br /> Elle en vaut le coup !<br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> J'en avais un autre du même auteur que j'ai abandonné lâchement par lassitude...<br />
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H
<br /> <br /> oh mince..; mais celui-ci est autrement plus passionnant, c'est sûr !<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> Un sacré pavé dis donc ! Certes ambitieux mais le coté moderne me refroidit quelque peu.<br />
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H
<br /> <br /> Il se lit rapidement, vraiment, j'ai adoré !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Il a l'air pas mal.<br />
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H
<br /> <br /> oh oui vraiment :)<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Il se rajoute à ceux déjà notés, la rentrée est chaude cette année. Quand je pense que je me vantais il y a encore 8 jours de ne pas m'y intéresser <br />
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H
<br /> <br /> Tu ne pourras y échapper ;)<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> J'avais beaucoup aimé Un acte d'amour, mais je dois dire que le sujet de celui-ci me tente beaucoup moins... <br />
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H
<br /> <br /> De fait dans la foulée j'ai acheté "un acte d'amour". Je suis heureuse de savoir que tu avais aimé !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Je vais être raisonnable et attendre le poche!:)<br />
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H
<br /> <br /> que d'abnégation !!!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />