Pour seul cortège de Laurent GAUDE
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"A qui appartiens-tu, Alexandre ?..."
L’auteur :
Laurent Gaudé est un écrivain français né le 6 juillet 1972 dans le XIVe arrondissement de Paris. Ancien élève de l'École Alsacienne de Paris, il poursuit des études de lettres modernes à Paris III. Il prépare l'agrégation mais ne sent pas d'attirance pour l'enseignement. Son sujet de thèse porte sur le théâtre. Il décide de vivre de sa plume et ses premiers écrits seront pour la scène (1999).
En 2001, il publie son premier roman : Cris.
Laurent Gaudé est marié à une femme d'origine italienne. Son roman Le soleil des Scorta, dont l'action se situe dans les Pouilles, remporte le prix Goncourt 2004 et couronne pour la première fois son éditeur Acte sud qui jusque là n'avait jamais remporté ce prestigieux prix. Le livre s'était déjà vendu à 80 000 exemplaires avant que le verdict du Goncourt ne soit rendu.
Paraitront ensuite Eldorado, en 2006; La Porte des Enfers, en 2008 et Ouragan en 2010.
"Pour seul cortège" apparaitra à le rentrée 2012. (Source : babélio)
L’histoire :
En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre.
Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille. Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père… Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
Porté par une écriture au souffle épique, Pour seul cortège les accompagne dans cet ultime voyage qui les affranchit de l’Histoire, leur ouvrant l’infini de la légende.
Ce que j’ai aimé :
En choisissant comme personnage principal Alexandre le Grand, Laurent Gaudé insuffle à son roman un souffle épique grandiose porté par un style lyrique fonctionnant en symbiose avec son sujet.
« ALEXANDRE LE GRAND n’est pas un personnage historique.
Ce n’est pas ainsi que j’ai voulu l’approcher. C’est un maelström, un tourbillon de forces contradictoires. Un mélange saisissant de violence et de beauté, de rêves et de démence. Alexandre n’est pas une figure de nos livres d’histoire, il est bien plus que cela : c’est un mythe, c’est-à-dire une force vivante qui m’intrigue, m’habite, et se déploie dans mon imaginaire.
Avec Pour seul cortège, je n’ai pas voulu proposer au lecteur la reconstitution d’un épisode de notre Antiquité, j’ai voulu embrasser Alexandre. Le roman historique ne m’intéresse pas, parce qu’il corsète la fiction. Le roman historique ne m’intéresse pas parce que je préfère l’éblouissement à la véracité, l’épique à l’exactitude. Je veux être dans la fièvre plutôt que dans le détail, tenter d’insuffler au livre une énergie chamanique plutôt que rester fidèle à la chronique.
Pour seul cortège est un chant à deux voix, celle d’Alexandre et celle de Dryptéis. Au fond, il n’y a que ces deux personnages-là et, au coeur du livre, l’énigme de ce qui les lie. Chacun va offrir à l’autre la possibilité de s’affranchir du temps et du poids de l’Histoire. Ce qui me touche, c’est la vibration de leur parole. Ce qui me touche, c’est leur héritage. J’ai écrit Pour seul cortège parce que je veux être du côté des cavaliers du Gandhara, ces cinq compagnons qui abandonnent l’Empire pour embrasser l’immensité, ces cinq hommes qui quittent le réel pour plonger dans le mythe et qui le font avec ivresse. » Laurent Gaudé (Source : Editeur)
Alexandre et Dryptéis sont deux personnages en prise directe avec l’Histoire. Si Dryptéis a tenté de se retirer du monde politique, elle est contrainte de retourner vers lui, comme si un destin inéluctable l’y poussait. Elle doit se rendre au chevet d’Alexandre malade avec sa grand-mère, l’empire l’appelle.
« Pourquoi existe-t-il toujours une raison pour me traîner à nouveau dans le tumulte de l’histoire où aujourd’hui comme hier, je le sais, je ne serai que giflée ?... » (p. 23)
Même en se terrant au fond d’un temple, l’Histoire la rattrape. Pourra-t-elle s’y soustraire ? C’est ce que vont tenter ces deux êtres qui aspirent enfin à la paix dans ce monde foncièrement violent et impitoyable. Et c’est ainsi seulement qu’ils pourront s’humaniser.
La beauté du texte sertit un sujet tragique dans un écrin de soie et de sang, nous offrant ainsi un texte profond et fort. La vie et la mort se frôlent et se confondent dans un dernier combat pour l’oubli et la paix…
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien
Premières phrases :
« Au premier spasme, personne ne remarque rien, et ceux qui l’entourent rient encore. Il a un mouvement des épaules, à peine, comme pour se protéger d’un coup invisible, un geste infime qui se perd dans la cohue du banquet, il se plie légèrement en deux et porte la main à son ventre. »
Vous aimerez aussi :
Du même auteur : Le soleil des Scorta , Ouragan
Autre : Le voyage de Bilqis de Aliette ARMEL
D’autres avis :
Presse : sur le site de Actes Sud
Pour seul cortège, Laurent Gaudé, Actes Sud, août 2012, 185 p., 18 euros
18/20