Une vie à coucher dehors de Sylvain TESSON
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Prix Goncourt de la nouvelle 2009
L’auteur :
Sylvain Tesson est un journaliste, écrivain voyageur et alpiniste français. Ses expéditions sont financées par la réalisation de documentaires, par des cycles de conférences et par la vente de ses récits d'expédition, qui connaissent un certain succès.
L’histoire :
En Sibérie, dans les glens écossais, les criques de l’Egée ou les montagnes de Géorgie, les héros de ces quinze nouvelles ne devraient jamais oublier que les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances. Rien ne sert à l’homme de trop s’agiter dans la toile de l’existence, car la vie, même quand elle ne commence pas très bien, finit toujours mal. Et puis une mauvaise chute vaut mieux qu’une fin insignifiante. (Quatrième de couverture)
Ce que j’ai aimé :
Ces nouvelles sont toutes admirablement bien construites, entrainant allègrement le lecteur dans des univers très différents pour finalement le surprendre par une chute brutale inoubliable.
Sylvain Tesson, écrivain-voyageur nous offre un pan de son expérience de voyageur en plantant le décor de ses nouvelles dans des régions diverses du monde : L’asphalte se passe en Géorgie dans un petit village, le personnage principal Edolfius se battant pour qu’une véritable route desserve son village, et non plus une simple piste de cailloux, Les porcs aborde le sujet de l’élevage intensif au pays de Galles, La statuette est celle trouvée près d’une mine par un démineur en Afghanistan…
Il nous permet ainsi non seulement de découvrir des paysages variés mais aussi de nous familiariser avec des modes de vie et de pensée autres. Par exemple dans Le bug, il nous livre en quelques lignes plusieurs révoltes de femmes à travers le monde, femmes qui un jour se sont révoltées contre leur condition, au même moment « De Sao Paulo à Libreville et d’Anvers à Johannesburg, au même moment, sans prodromes, des milliards de femmes, dans un élan commun, s’avancèrent vers l’inconnu, affranchies. » (p. 78)
Les thèmes abordés le sont toujours intelligemment et subtilement, servant un dessein plus large que la simple mission de raconter une histoire. Une morale se dessine souvent en filigrane derrière ces nouvelles, morales qui font la part belle au destin et aux forces de la nature auxquelles sont soumis les hommes…
La particule est peut-être la plus originale de ces nouvelles au charme bigarré : on y suit les pérégrinations d’une particule :
« Je roulai jusqu’au Gange dans un flot indistinct d’alluvions et d’ordures. A peine dans les eaux du fleuve, je fus filtrée par les ouïes d’une perche. (…) Je m’infiltrai dans les granules de sable et les cristaux d’argile. La radicelle d’un arbuste m’aspira et me propulsa dans la tige. La succion de la sève m’injecta dans la nervure d’une feuille. (…) Je coulai dans la trachée d’un jeune anglais et m’épanouis dans sa viande. (…) Et moi, misérable particule, cellule anonyme, pauvre poussière d’atome, je vous supplie, ô dieux du ciel, de me donner le repos, de me délivrer du cycle et de me laisser gagner le néant… » (p. 151)
Des nouvelles qui sont comme de petites pépites glaciales… A découvrir absolument...
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien.
Premières phrases :
« - Salaud !
On entendait tinter les bouteilles longtemps avant d’apercevoir le livreur. Chaque soir, la scène était la même : Edolfius se rangeait pour laisser passer le camion et se protégeait le nez avec son foulard, mais la poussière lui fourrageait les muqueuses et lui laissait un goût d’emplâtre dans la bouche. »
Vous aimerez aussi :
Chucho de Grégoire POLET
Une vie à coucher dehors, Sylvain TESSON, Gallimard, mars 2009, 196 p., 16.90 euros
Une vie à coucher dehors, Sylvain TESSON, Folio, septembre 2010, 206 p., 5.60 euros
Je remercie Lise CHASTELOUX des éditions Folio pour cette très agréable lecture !