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L'été solitaire de Elizabeth VON ARNIM

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Ne serait-ce pas délicieux, ne serait-ce pas merveilleux, un été de solitude ? Pendant des semaines, quel bonheur de se réveiller en sachant qu'on est à soi, rien qu'à soi et à personne d'autre ?"

Cet été Elizabeth décide de ne recevoir personne. Voilà trois ans qu'elle est installée à la campagne, à Nassenheide en Prusse, et elle souhaite profiter de son été pour observer "tout ce qui se passe dans mon jardin. (...) Les jours de pluie, je m'enfoncerai au plus profond des bois, là où les aiguilles de pin sont toujours sèches ; quand le soleil brillera, je m'allongerai dans la bruyère et observerai le flamboiement des genêts contre les nuages. Mon bonheur sera constant puisque personne ne sera là pour le troubler."  Son mari "L'homme en Colère", semble sceptique, persuadée qu'Elizabeth va rapidement s'ennuyer et réclamer à nouveau de la compagnie. Mais le jeune femme bénéficie déjà de compagnie triée sur le volet : ses compagnons sont ses auteurs fétiches : Jane Austen, Heine, Miss Mitford, Goethe, Ruskin, Lubboc, White, Thoreau bien sûr, Hawthorne, Montaigne, et tant d'autres à qui elle voue un amour sans failles : "Quelle bénédiction d'aimer les livres ! Tout le monde doit aimer quelque chose, et je ne connais aucun objet digne d'être autant aimé qu'un livre et un jardin." 

Elizabeth se promène jour et nuit dans son jardin, contemple le miracle de la nature, s'enivre du parfum des fleurs :

"Le calme et la beauté de ce matin paraissaient d'autant plus merveilleux que nous associons le jour au bruit des voix, au va-et-vient pressé des passants, à la monotonie du travail qui procure la nourriture nécessaire à notre survie, et aux repas qui permettent de reprendre le travail qui procurera la nourriture... Là, le monde avait les yeux grand ouverts mais n'appartenait qu'à moi. J'étais seule à respirer l'air pur, les parfums entêtants, à entendre le rossignol, à me réchauffer au soleil. Pas un mot déplacé, pas une manifestation d'égoïsme, rien qui ternisse la pureté miraculeuse de l'univers que Dieu nous a donné." 

Elle se fond dans le cycle de la nature, consciente de l'importance des saisons. L'hiver est en effet nécessaire pour "connaître la face sombre de l'existence." "Le thermomètre descend à moins vingt degrés Réaumur, et vous êtes obligé de descendre avec lui jusqu'aux vérités élémentaires."

Lovée dans son jardin, seule, Elizabeth rencontre finalement un bonheur calme et serein :

"D'ailleurs, il n'est guère de plaisir qui ne soit à la portée de tout un chacun. Allez vous promener dans la campagne, ou, plus simplement encore, installez-vous sur le seuil de votre porte et ouvrez les yeux La nature, la généreuse nature vous a préparé mille spectacles : les premières fleurs, encore toute pâles, qui apparaissent au milieu des halliers ; une anémone qui se détache contre le bleu du ciel ; la première neige en automne ; les grands vents qui chassent les derniers miasmes de l'hiver ; l'odeur chaude des pins -on croirait des mûres - lorsque le soleil les frappe, le premier soir de février assez beau pour qu'on s'aperçoive que les jours rallongent - derrière les arbres sombres dont les branches, couvertes de gouttes de pluie, ressemblent à des rangs de perles, s'étend une bande de ciel couleur jaune pâle ; l'émotion douce qui vous saisit lorsqu'on comprend que l'hiver s'en est allé et que le printemps est là ; l'odeur des jeunes mélèzes, quelques semaines plus tard ; le petit bouquet de primevères que vous ne pouvez vous empêcher d'embrasser tant il est doux et beau et parfait, et aucun baiser au monde n'est plus délicieux."

Mais la guerre gronde et menace son fragile équilibre solitaire...

Elizabeth Von Arnim nous offre ici un petit précis d'hédonisme parfait pour l'été qui s'annonce !

Du même auteur : Christopher et Colombus

Publié dans Littérature Europe

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Les nouveaux héritiers de Kent WASCOM

Publié le par Hélène

Sauvé de l’orphelinat par une famille bourgeoise et aimante, Isaac devient artiste peintre. Il se consacre à son art sur la côte sauvage de Floride dont la luxuriance le fascine. Un jour de 1914, tandis qu’il navigue dans la baie voisine, il rencontre Kemper, une héritière rebelle à la famille étouffante dont il tombe immédiatement amoureux. Tous deux se construisent un refuge sur la côte du Golfe, loin des bruits du monde. Mais le bonheur est de courte durée : les drames qui déchirent la famille de Kemper et la Première Guerre mondiale mettent en danger leur union.

"Si vous restez suffisamment longtemps silencieux dans un lieu sauvage, vous vous éveillez aux mouvements gigantesques de votre cœur. Ce frémissement que vous éprouvez, indicible et constant, est celui des vies qui sont égarées dans la vôtre. Il ne vous appartient pas de les ramener ou d'en tenir compte, et ce ne fut en fait jamais le cas." p 287

L'auteur s'est inspiré de l'artiste Walter Inglis Anderson "dont le travail témoigne de la beauté et de la fragilité de la côte du golfe du Mexique comme de celles de l'esprit humain"

Ce que j'ai moins aimé :

A quoi tient l'intérêt que nous ressentons pour un livre ? Celui-ci avait tout pour me plaire, des passages sur la nature et le monde de l'art, des personnages marquants, tout cela serti par les éditions Gallmeister qui est mon éditeur de cœur. Et pourtant la magie n'a pas eu lieu, la rencontre ne s'est pas faite. Je ne me suis pas attachée aux personnages, je n'ai pas été portée par l'intrigue et les passages censément poétiques sur la nature m'ont laissé de marbre.

Pour l'anecdote je l'avais déjà commencé il y a plusieurs mois, puis abandonné, et je l'ai repris avec le même ennui, même si cette fois-ci je suis allée au bout de ma lecture.

Peut-être n'aurais-je pas dû insister ?

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Thème du mois : Sud Profond

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La face nord du coeur de Dolores REDONDO

Publié le par Hélène

♥ ♥

"La loyauté ce n'est pas tout se dire, c'est se dire l'essentiel."

Amaia Salazar, détachée de la Police forale de Navarre, suit une formation de profileuse au siège du FBI dans le cadre d'un échange avec Europol. Enquêtrice hors paire à l'intuition singulière, elle est repérée par l'agent Dupree qui se lance sur les traces d'un tueur en série qui profite des catastrophes naturelles pour camoufler ses assassinats. Mais Amaia comprend rapidement que les meurtres en question suivent une logique qui ne doit rien au hasard des cyclones. Alors que l'ouragan Katrina menace le sud des Etats-Unis et que tous les habitants fuient la région, l'équipe se rend sur place, persuadée qu'un nouveau meurtre s'apprête à être commis.

Le personnage d'Amaia porte l'essentiel du roman, sa profondeur, son intelligence, sa sensibilité liée à son passé et son enfance marquante, tout concourt à la rendre terriblement humaine. "Une perle rare, un être capable de raisonner avec toute la logique scientifique du monde, et aussi sensible à l'invisible que le Petit Prince." La face nord du cœur symbolise l'ombre tapie en chacun de nous, ce que l'être humain porte en lui de sombre ou de secret loin de l'image formée pour les autres. Tout le talent de l'autrice et d'avoir su incarner cette ambivalence de l'être humain en ce personnage lumineux.

L'autre atout majeur du roman tient dans l'intrigue mélangeant subtilement rationnel et surnaturel issue des croyances vaudous. La frontière est ténue entre les deux mondes et ce cyclone apocalyptique permet les résurgences des croyances ancrées dans le folklore de la région.

En effet, le décor est lui aussi inquiétant et fascinant : Katrina fait rage, et un paysage de désolation voit peu à peu le jour. Les habitants attendent les secours perchés sur des toits, ayant tout perdu, d'autres se réfugient dans des stades, les lois n'ont plus cours, le pillage s'organise, les dégâts matériels et humains liés à la puissance de l'ouragan sont considérables.

Dans ce paysage dévasté, ce qui sauve encore l'être humain tient justement en son humanité.

"C'était un fait indiscutable, vérifié dans tous les lieux où l'homme avait survécu, des champs de bataille aux camps de réfugiés, des hôpitaux militaires aux couveuses de nouveau-nés. Quand les consignes n'avaient plus de sens, quand l'épuisement s'emparait des corps et des âmes, quand continuer ou non faisait débat : il n'existait aucune force aussi rédemptrice que le contact humain."

Un roman envoutant et captivant !

Présentation de l'éditeur : Folio

Pour ceux qui connaissaient sa trilogie de la vallée du Baztan (constituée des romans suivants : Le gardien invisible, De chair et d'os, Une offrande à la tempête), il s'agit ici d'un préquel de la série (que je vais m'empresser d'aller découvrir...)

Publié dans Roman policier Europe

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Un été dans l'ouest de Philippe LABRO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Alors qu'il étudie dans une université de Virginie, l'étudiant étranger décide de partir trois mois durant l'été dans les montagnes du Colorado pour un job d'été en tant qu'ouvrier agricole temporaire. Le trajet qui le mène là-bas est déjà riche en expérience : il rencontre des malfaiteurs en faisant de l'auto-stop, puis une jeune femme nommée Amy qui le marque durablement, et est confronté à un cyclone.

Arrivé au cœur des forêts du Colorado il rencontre des êtres tout aussi fascinants : Bill, homme mystérieux qui semble fuir quelqu'un ou quelque chose, Dick, et son regard insensé de cascadeur et Mack, qui l'initie aux secrets de la forêt.

Il s'agissait d'un de mes livres préférés quand j'avais vingt ans (c'est à dire hier), et si je reconnais l'impact de ce roman, je n'ai pas été aussi enthousiaste quelques années après. Il faudrait peut-être laissé les romans de notre jeunesse dans un écrin de souvenirs sans chercher à les en extraire, pour garder le souvenir intact et puissant.

Il s'agit réellement d'un roman d'apprentissage, nourri par le fantasme de l'ouest américain, à l'image de la nature qui l'enserre : à la fois magnifique et grandiose, mais aussi tenant en son sein une violence potentielle. Il s'agit également d'un roman de jeunesse, largement autobiographique, de cette expérience le narrateur ressortira grandi, porté par ces rencontres. Pour résumer, une lecture agréable !

A noter que ce roman fait suite à L'étudiant étranger mais que les deux peuvent se lire indépendamment.

 

Présentation de l'éditeur : Folio

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Champagne de Monique PROULX

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Champagne et campagne, même combat. Mêmes bulles d'allégresse. Même mot, fondamentalement. Qui sait encore qu'au Moyen-Age tout ce qui n'était pas la ville, tout ce qui était territoire sauvage s'appelait la champagne ?" p. 207

Au bord du lac de l'Oie dans les Laurentides se côtoient des amoureux de la nature venus se réfugier loin des contingences bruyantes et aliénantes de la ville. Lila Szach est la propriétaire de ce domaine qu'elle défend jalousement. D'autres écorchés de la vie sont venus se réfugier sur ces terres préservées : Claire qui écrit des scénarios, Simon et son kayak, Jérémie le neveu de Simon, Violette qui fuit l'horreur de sa vie. Autour d'eux rôdent les Clémont, prédateurs inquiétants.

En pleine nature, l'être humain a tendance à revenir à l'essentiel, à retrouver l'accord perdu avec ce qui l'entoure. Si Lila aime se rouler dans la mousse, Simon préfère se laisser porter par l'eau sur son kayak pour que ses soucis coulent dans les tréfonds du lac. Dans l'innocence de l'enfance, Jérémie quant à lui communique avec les esprits de la nature. La forêt devient à la fois lieu de guérison et d'émerveillement pour ces êtres déracinés, perdus dans un monde trop grand pour eux. 

"C'était l'été, comment avait-elle osé douter de l'été ? c'était l'été dans son infinie luxuriance, trente degrés à l'ombre et le soleil au zénith, c'était l'aboutissement grandiose de toutes les explosions commandées par le jeune roi été, et elle Lila Szach, mortelle si incomplète, on lui permettait de se rouler dans la jeunesse parfaite de l'été aux côtés des grives solitaires, des frédérics mélodieux, des rudbeckias, des marguerites foisonnantes, de la sève ruisselant aux doigts des épinettes, des petits chevreuils sur leurs pattes de deux mois, des vanesses amiral aux robes de satin noir et blanc, des maringouins à la musique aigrelette et des chanterelles recommencées, des sublimes chanterelles..." p. 180

Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Laurentides/Panorama

La nature qui entoure les êtres est aussi source d'apprentissage, ils retrouvent leur statut animal, avec ses pulsions, ses heurts, la paix intérieure ne s'offrant pas si facilement.  Mais ils prennent aussi conscience de la beauté du monde à préserver, à observer dans un amour inconditionnel pour l'infiniment petit.

"Elle se voyait affalée sur elle-même à dorloter sa noirceur et à en redemander et ça lui faisait soudain horreur. Quitte ça, quitte ça. Elle sortait de sa tête à grands coups de respiration et elle recommençait à voir et à entendre, les fougères, les monotropes et les pyroles, et tout ce temps la cigale qui n'avait pas cessé de l'interpeller ni les frédérics et les troglodytes de s'épuiser en récital, et elle se redressait vite au risque de s'occasionner des étourdissements - quel sacrilège d'ignorer les vrais spectacles réjouissants pour s'en inventer des douloureux, quel sacrilège et quelle sottise." p. 173

Cette nature millénaire leur apprend la vie qui passe et ne revient pas, comme les saisons, la mort qui les guette au détour d'un chemin, les épreuves de la vie, faites de hasards et d'aléas... 

Lila est comme la grande prêtresse des lieux, sauvage et humaine à la fois. Elle enseigne au petit Jérémie la sagesse , en transformant par exemple son "Faites que le mois d'août n'arrive jamais." en "Faites que je traverse le mois d'août sans encombre." "Tout était dit dans cette formule en apparence anodine. Ne crois jamais que les obstacles - en l’occurrence le mois d'août- vont se dissiper par miracle. Ne crois jamais que tu ne pourras pas les affronter." p. 175

Un récit magnifique aux confins du monde qui nous enjoint à ne pas perdre notre capacité d'émerveillement !

Présentation de l'éditeur :Editions Boréal 

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La traversée de l'été de Truman CAPOTE

Publié le par Hélène

♥ ♥

Alors que ses parents partent en Europe pour les vacances, Grady McNeil, dix-sept ans demande à rester pour passer l'été à New-York, seule dans l'appartement familial. Seule... ou presque, puisque la jeune femme est en effet tombée amoureuse de Clyde, gardien de parking à Broadway.

Ce contraste entre une jeune fille de bonne société new-yorkaise tombant amoureuse d'un gardien de parking pourrait être au cœur de l'intrigue, mais ce ne sont pas tant les différences sociales qui sont ici analysées que les sentiments purs et entiers nés de l'adolescence, persuadée d'avoir raison pour l'éternité. Clyde doit inconsciemment évoquer chez Grady le goût de l'interdit, l'envie de provoquer et de s'extraire d'un milieu conventionnel incarné par Peter, mais il est surtout l'homme des premiers émois, des premières palpitations. Seulement derrière la légèreté apparente de ce premier amour, se tapit les conséquences bien plus graves et irrévocables. La comédie romantique peut facilement vaciller vers la tragédie !

Ce livre est écrit par le jeune Truman Capote entre dix-neuf et vingt-neuf ans. Longtemps ignoré, même si Capote en parle dans sa correspondance, il est retrouvé en 2005 lors d'une vente aux enchères. Bien qu'inachevé, dans le sens où l'auteur estimait ne pas l'avoir mené à la perfection, il est finalement publié, tant la finesse psychologique de Truman Capote transparait dans ce récit écrit pourtant par un jeune homme de vingt ans. Sa concision renforce son efficacité et force est de constater que la puissance d'évocation de l'auteur était déjà présente en filigrane dans ces pages, certes non encore totalement aboutie, mais tellement lumineuse qu'il aurait été dommage de ne pas en témoigner.

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

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D'acier de Silvia AVALLONE

Publié le par Hélène

d'acier

♥ ♥ ♥

 Prix des lecteurs de l’Express 2011

Piombino est une petite ville de Toscane plombée par le soleil italien. Loin d'être un lieu touristique, c'est une ville qui vit dans l'ombre de l'aciérie Lucchini, entreprise réelle qui employait plus de vingt mille ouvriers dans les années 1960 et qui en emploie deux mille aujourd'hui.

La jeunesse traine sur les plages, désœuvrée, observant au loin l'île d'Elbe, comme un eldorado qui les extrairait de cette lourdeur physique et sociale. Les garçons jouent des muscles et les filles roulent des hanches, pour oublier dans la superficialité d'un instant les dures conditions de travail des parents et l'absence prégnant d'avenir pour tous. Les mères de famille rêvent de s’abstraire de cette pesanteur mais baissent les bras, les pères sont ou violents ou démissionnaires, les jeunes filles aux rêves de starlette basculent dans des univers troubles, et les jeunes hommes s’obstinent à rester attachés à cette usine quand ils n’optent pas pour des trafics louches. Anna et Francesca, quatorze ans, errent dans cette ville piégée, rêvant d'évasion.

Silvia Avallone a un talent indéniable pour nous happer dans son monde. Dés les premières pages, elle nous plonge dans cet univers estival et nous fait ressentir les tensions sexuelles gravitant autour de ces deux jeunes filles débordantes de vie et de beauté. Elles incarnent magistralement cette jeunesse hésitant encore entre le monde naïf de l’enfance dans lequel rien ne porte à conséquence et le monde adulte, beaucoup plus âpre.  Malgré cela, l’ensemble est lumineux, éclairé par l’amitié de ces adolescentes incandescentes.

Il s'agit ici du premier roman de l'autrice, et nous retrouvons dans les suivants cette même intensité dans la description de l'adolescence.

Présentation de l'éditeur : Liana Levi

Du même auteur : Le lynx ♥ ♥ ; Marina Bellezza ♥ ♥ ♥ ♥ ; La vie parfaite ♥ ♥ ♥ ♥ ; Une amitié ♥ ♥

Publié dans Littérature Europe

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La promenade au phare de Virginia WOOLF

Publié le par Hélène

♥ ♥

"La vie, à force d'être faite de ces petits incidents distincts que l'on vit un à un, finit par faire un tout qui s'incurve comme une vague, vous emporte, et, retombant, vous jette violemment sur la grève."

En ce soir d'été sur une île au large de l'Ecosse, Mrs Ramsay promet à son fils James que le lendemain ils tenteront une excursion jusqu'au phare qui illumine leurs soirées de sa lumière intermittente. Mais selon son mari, l'excursion sera compromise en raison du mauvais temps. cette simple scène met en lumière les rapports humains qui régissent cette famille : entre la mère aimante et dévouée Mrs Ramsay, cette femme souple qui essaie toujours de faire le bonheur de son entourage et son mari, beaucoup plus dur et rigide, le contraste est saisissant.

Dans ce roman, Virginia Woolf évoque son père, avec qui elle a toujours rencontré un problème relationnel, ce dernier la brimant dans son acte de création. Grâce à son roman et à sa fonction cathartique, elle se débarrasse du fantôme de ce père aux allures tyranniques. Son roman est construit autour d'une image-contraste, entre le lyrisme de l'écriture, de la création et un quotidien beaucoup plus banal englué dans des considérations triviales. 

Après sa mort, Lily, une peintre qui a elle aussi séjourné sur l'île comprendra que Mrs Ramsay insufflait du sens dans l'existence naturellement dépourvue d'un quelconque sens : en créant  un environnement propice, en se souciant de l'atmosphère, de l'harmonie des choses, de façon à ce que chacun se sente hors du commun, Mrs Ramsay est l'artiste par excellence dans cet art d'arranger des choses, et de procurer le bonheur, de faire de l'instant présent quelque chose de permanent en parvenant à stopper l'instant.

"La grande révélation n'était jamais venue. La grande révélation ne vient peut-être jamais. Elle est remplacée par de petits miracles quotidiens, des révélations, des allumettes inopinément frottées dans le noir."

@PhilipPlisson

Par le grossissement des détails, l'auteur nous montre que chaque détail vaut pour le tout, dans une esthétique dite du fragment assez particulière. Chaque évènement ne vaut que comme le reflet d'une conscience, le rendu de la conscience étant au centre de l’œuvre de Virginia Woolf. Les autres sont difficilement compréhensibles, les relations humaines ne souffrant pas l'examen de cette conscience singulière :

"Comme jugeait-on les autres, comment pensait-on à eux ? Comment ajoutait-on un tel trait à tel autre et concluait-on que c'était en définitive de la sympathie ou de l'antipathie que l'on éprouvait ? "

Les mots n'atteignent jamais leur but, trop rapides, ils tombent souvent à plat et "La moitié des notions que nous nous formons que les gens sont en somme grotesques. Elles servent nos propres buts."

Seule la conscience prévaut et cette capacité à se lover en soi-même :

"Ils devaient sentir que ce qui de nous apparait aux autres, ce par quoi ils nous connaissent, ne représente qu'une puérile réalité. Sous cette apparence tout est sombre, tout s'étend, tout a d'insondables profondeurs. Mais de temps en temps nous montons à la surface et c'est cela qu'on aperçoit de nous."

Par l'acte de création, l'être se sauve et sauve la réalité vide qui se laisse difficilement saisir...

"Chose étrange, pensait-elle, que, lorsqu'on est seul, on se sente ainsi attiré vers les choses, les objets inanimés, les arbres, les ruisseaux, les fleurs ; il semble qu'ils vous expriment ; qu'ils deviennent vous-même ; qu'ils vous connaissent, et, en un certain sens, sont vous-même ; on éprouve ainsi pour eux (elle regardait cette longue lumière calme) une irrationnelle tendresse semblable à celle que l'on éprouverait envers soi-même. Du sol de l'esprit (elle regardait, regardait toujours ses aiguilles levées), de ce lac qu'est l'être montent en volutes une vapeur, une fiancée allant à la rencontre de l'aimé."
 

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur :Les vagues ♥ ♥ ♥ ; La chambre de Jacob ♥ ♥

Publié dans Littérature Europe

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L'été meurtrier de Sébastien JAPRISOT

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

Dans un petit village de Haute Provence, se noue un drame autour de plusieurs protagonistes. Pin-Pon Florimond est un pompier volontaire qui répare sa Delahaye à ses heures perdues, il est entouré de son frère Mickey "con comme un verre à dents", qui passe son temps à parler d'Eddy Merckx, de Bou-Bou le jeune frère tellement droit "qu'il a l'air d'un cintre", de sa mère et de la tante surnommée Cognata, sourde.

Dans le village, une jeune femme fait tourner les têtes : Elle fille d'une mère allemande et d'un père paralysé des jambes qui ne sort jamais de sa chambre, Elle et ses jupes collantes trop courtes, avec ou sans culotte ; Elle qui ne sait pas bien dire les choses, mais qui dit ce qui lui passe par la tête...

Pin-Pon va se rapprocher dangereusement d'elle, sans se douter des risques encourus.

L'alternance des points de vue permet de s'immiscer dans l'âme humaine, les personnages prenant ainsi réellement vie sous nos yeux, s'incarnant pour gagner en profondeur au fil et à mesure de l'intrigue. Le style ciselé encadre une tension qui monte crescendo jusqu'à une fin époustouflante !

Du grand art !

Présentation de l'éditeur : Folio

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Les beaux étés de ZIDROU et Jordi LAFEBRE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

"Te raconter ? Te raconter quoi, papa ? Le bonheur ça ne se raconte pas !"

Le tome 1 se déroule en août 1973. La  famille Faldérault part en vacances,  "Cap au Sud" une fois que le père aura rendu ses planches de Bd. Et c'est parti pour un voyage enchanté avec les chansons traditionnelles, le pique nique en chemin et son lieu attitré, les taquineries des frères et des sœurs, et surtout, l'insouciance de ces jours suspendus ... 

Car oui, c'est le bonheur que chante ces albums, un bonheur fragile, souvent caché dans les détails et dans les liens ténus qui relient les êtres mais un bonheur qui éclate, pur, pendant ce mois de vacances loin des aléas du quotidien. Alors peut-être que le couple bat de l'aile, que la tante est gravement malade, que le travail est difficile, mais ce qui importe avant tout, c'est de vibrer, et de retrouver l'insouciance de l'enfance et des vacances...

Le tome 2 remonte le temps, il se déroule en 1969 et relate cette fois-ci un séjour dans les calanques, avec toujours beaucoup de tendresse, de joie de vivre et de justesse dans ces planches qui fleurent bon les vacances.

Le Tome 3 est consacré à Mam'zelle Estérel, la 4L qui a accompagné les vacances de la famille Faldérault pendant des années. A l'heure de la vendre, ils se souviennent de ses premières vacances en compagnie de MamYvette et Gros Papy, les parents de Mado. Quand tous espèrent pique-niquer et aller camper au bord de la Méditerranée, Yvette-la parfaite comme la surnomme sa fille a prévu des vacances à St Etienne et a réservé dans un hôtel tenu par des belges pour ne pas "être dépaysés".

Tome 4 Le repos du guerrier : Cet été sera celui du grand changement : Pierre est devenu copropriétaire d'une villa toute neuve, clé sur porte, dans la campagne provençale ! En route ! La clé, ils l'ont - mais où diable se trouvent la porte et la villa ?...

Tome 5 la fugue : Pour se changer les idées, les Faldérault décident de fêter Noël au soleil !

Tome 6 Les Genêts : Dans le tome 6, suite à un dégât sur le pare brise, la famille se trouve bloquée, la voiture étant chez le garagiste. Ils sont hébergés par Esther et Estelle, deux femmes charmantes qui tiennent la ferme « Les Genêts ». Tandis que Pierre se prend pour Cézanne et que Mado regarde le bébé pousser, les enfants aident à sortir les chèvres et découvrent les charmes de la campagne. Mais ils apprennent aussi les secrets de la vie...

Cette série chante avec tendresse la joie de la vie en famille, parce que "C'est ça, une famille. Tu es content de voyager, de visiter d'autres pays, de rencontrer de nouveaux visages... mais en fin de compte, y a que dans ta famille que tu te sens vraiment chez toi ! " Ces liens particuliers ont raison de toute adversité et tout se termine toujours dans la concorde et l'harmonie.

Un bol d'air frais pour ce début d'été brûlant...

Présentation de l'éditeur : Dargaud

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