"Le mariage ne devrait pas être une compétition sans fin où l'épouse passe sa vie à se démener pour être vue et choisie."
Afi Tekple vit avec sa mère dans une petite ville du Ghana, quand sa famille décide de la marier à Elikem Ganyo. Le jour du mariage, le marié est absent, et la jeune femme apprend qu'en réalité il a déjà une autre femme, relation que sa famille désapprouve. Afi a la charge de faire fonctionner suffisamment son mariage pour que Elikem oublie l'autre femme en question.
Afi comprend rapidement que sa tâche sera plus difficile que prévu. Mais ce sera peut-être l'occasion pour elle de s'émanciper de ce modèle lié au couple et à la famille pour créer son propre chemin lié à sa passion pour le stylisme.
Le roman reste assez léger malgré les thématiques abordées, oscillant entre romance, roman social et roman aux accents féministes. Par petites touches et en flirtant avec ces différents genres, l'autrice offre une lecture agréable qui permet de mieux comprendre la culture du pays.
Le désert du Kalahari occupe la plus grande partie de la république du Botswana, au nord de l'Afrique du Sud. En 1974, Mark et Delia Owens partent pour cette destination avec pour seuls bagages quelques vêtements de rechange, un vieil équipement de camping, un appareil photo, mais mus par un même idéal : travailler à la sauvegarde de la nature et des animaux sauvages. Ils choisissent cette région reculée, à 1500 km de toute ligne électrique, de tout hôpital et même de l'épicerie la plus rudimentaire car leur but est d'observer les animaux dans des conditions uniques. Ils resteront sept ans dans cette vallée nommée Deception Valley.
"Nous avons toujours eu une prédilection pour les endroits sauvages, nous étions attirés par l'impression de force et de paix qu'ils dégagent, par la solitude qu'on y trouve. Depuis toujours, aussi, nous ne pensons qu'à les sauver de la destruction."
Ils relatent ici leurs rencontres inoubliables avec les antilopes, les lions qui viennent se promener sur le camp, ou encore les hyènes brunes adeptes du vol de bouilloire. Cette vie passée loin de tout est aussi dangereuse, ils connaitront des sécheresses arides, tout comme des trombes d'eau violentes, mais aussi des incendies de savane aux effets dévastateurs. Au fil du temps, ils se perfectionnent et investissent dans un petit avion Echo Whisky Golf pour suivre plus longtemps les animaux, ils utilisent aussi des radio émetteurs pour suivre leurs mouvements. A leurs côtés, le lecteur s'attache aussi à Moffet, Blue, Bimbo, Star, et à tous les autres animaux rencontrés et respectés.
Delia Owens greets the brown hyena "Pepper."
Leur étude porte principalement sur les lions et les hyènes, leurs thèses portant respectivement pour Mark sur l'écologie des comportements coopératifs parmi les lions et pour Délia sur l'entraide chez les hyènes brunes. Mais de ce voyage ils ont aussi rapporté des éléments permettant de comprendre l'un des mouvements migratoires d'antilopes les plus importants du monde et démontré l'effet dévastateur des clôtures de barbelés sur la vie animale au Kalahari. Leurs observations sont destinées à la science mais ont aussi comme objectif d’œuvrer pour la préservation de la nature et faire connaitre le Botswana.
Dans les années 90, plusieurs habitants se côtoient autour de l'immeuble Yacoubian au cœur du Caire. Là, gravitent Hatem, homosexuel dans une société qui le condamne, Taha, le fils du gardien de l'immeuble, jeune islamiste, Zaki vieil aristocrate, Boussaïna, ex-petite amie de Taha, belle et pauvre, et contrainte de vendre son corps, Azzam... Tous ces personnages constituent un microcosme, miroir de la société égyptienne.
L'Egypte s'incarne sous nos yeux, elle prend vie entre corruption, dictature et injustice sociale, la cause de la décadence du pays étant l'absence de démocratie, et la dictature amenant immanquablement pauvreté, corruption et échecs dans tous les domaines. Les puissants volent chaque jour des millions aux dépens du peuple. Le seul espoir pour obtenir des droits tient dans l'éducation :
"L'éducation et la santé sont des droits naturels pour n'importe quel citoyen du monde, mais en Egypte le régime fait exprès de laisser les pauvres comme toi dans l'ignorance pour pouvoir les voler. Tu vois bien que le gouvernement choisit les policiers de la Sécurité d'Etat parmi les plus pauvres et les plus ignorants des appelés."
Pour l'auteur, écrire tient de l'acte politique, il entremêle avec talent histoires individuelles et histoire politique de son pays.
Dans une interview à France Culture, en 2018, l'auteur disait : «J’ai pu demander à un membre des autorités ce qui justifiait ces entraves. Il m’a répondu : «On a compris que vos livres avaient une réelle influence sur la population.» J’ai reçu une vingtaine de prix littéraires. Mais je dois dire que ces mots-là constituent de loin, la plus belle de toutes les récompenses.»
"Toute sa vie être père fut son unique accomplissement. Et tout bon père affronte la même tentation : garder ses enfants pour soi, hors du monde, loin du temps." p 66
Mwanito vit dans une réserve de chasse isolée, au coeur du Mozambique, là où son père a souhaité qu'ils se retirent pour fuir le monde et ses turpitudes. Son père, Silvestre Vitalicio a rebaptisé ce bout de terre Jérusalem, là où Jésus devrait se décrucifier et ce père proche de la folie leur dit que le monde a disparu et qu'ils sont les derniers survivants. Ils vivent avec le frère de Mwanito, Ntunzi, le domestique Zacaria Kalash, l'oncle Aproximado qui garde le portail, et l'ânesse Jézibela.
Ce que j'ai aimé :
Le monde fictif créé par l'auteur est très riche, singulier, et plonger en son sein est une expérience en soi, jalonnée de réflexions profondes qui remuent en nous des instincts primitifs.
Ce que j'ai moins aimé :
Le fond du récit reste très sombre, et certaines scènes peuvent être dérangeantes. La vision de l'auteur est plutôt désenchantée.
"Aucun gouvernement au monde ne commande davantage que la peur et la culpabilité."
Hortensia et Marion, toutes deux octogénaires, sont voisines dans une banlieue chic du Cap. Hortensia, la seule propriétaire noire du quartier, vient de perdre son mari qui la laisse sans enfants, tandis que Marion est à la tête d'une famille nombreuse. Les deux femmes se vouent une haine sans égale que va exacerber un conflit autour des droits d'une famille noire sur un terrain acquis par des vignerons néerlandais. Mais contre toute attente, les deux rivales devront cohabiter quand les ennuis s'amoncelleront au-dessus de leurs têtes : Marion sera rattrapée par les dettes de son mari, l'autre par les frasques de son mari.
Ce que j'ai aimé :
Petit à petit les incursions dans le passé des deux femmes permet d'éclairer le présent et leur caractère bien trempé. La tolérance finit par percer derrière les façades fissurées de vies mouvementées.
Ce que j'ai moins aimé :
Roman assez lent, et il est difficile de s'attacher aux personnages relativement antipathiques.
Bilan :
Ce roman offre un portrait vif de l'Afrique du sud contemporaine mettant en perspective la question de l'apartheid. Il permet de repenser son rapport à autrui... « Je pense que ce sont les gens qui peuvent faire changer les choses, conclut Yewande Omotoso. Et que les lecteurs font accélérer le mouvement. »
Marguerite, mère au foyer, passe l'été dans la ferme familiale qui accueille aussi des ouvriers saisonniers maghrébins. Or son mari de retour de la guerre d'Algérie ne supporte pas de les côtoyer. Marguerite de son côté se rapproche de l'un d'eux, fascinée par leur univers. Des années plus tard, alors que son mari est décédé, elle rencontrera un colporteur qui lui rappellera l'ouvrier marocain.
Tout en délicatesse, ces quelques pages touchent au cœur, douces, emplies d'humanité, elles suivent le destin touchant de Marguerite, portée par sa foi en l'autre. A noter que cette petite collection Elyzad Poche offre des livres aux couvertures magnifiques.
"Se taire, fermer son cœur et continuer à se battre pour survivre n'est pas seulement une option, c'est la réalité à laquelle il faut se conformer ici."
Faydé grandit au nord du Cameroun dans un petit village aux ressources limitées, aux côtés de sa mère et de ses frères et sœurs. Son beau-père a disparu au cours d'une razzia de Boka Haram. Pour aider sa famille, elle décide de partir pour la ville voisine pour rejoindre ses amies Srafata et Bintou, et comme elles, devenir domestique dans de riches concessions. Mais là-bas, les jeunes filles subissent de multiples épreuves, mauvais traitements, mépris de classe, la lutte est âpre pour survivre et garder le sourire dans cette ville aliénante. Elles gardent néanmoins espoir, se soutenant dans les moments difficiles.
Coeur de Sahel est un beau roman émouvant qui aborde le statut des femmes domestiques dans ces régions, se heurtant aux ordres des coépouses ou quelquefois à des hommes abusifs. Si l'autrice met l'accent sur les différences sociales et les nombreuses injustices subies par les femmes victimes du carcan de la société qui les empêche d'être libres, elle nuance aussi ses propos en proposant des portraits variés, des hommes et des femmes plus humains, qui pourront, à plus ou moins long terme, faire évoluer la situation.
Seule l'éducation pourra permettre à ces femmes de s'émanciper peu à peu et de lutter contre les abus. L'auteur elle-même a été mariée de force à 17 ans à un homme plus âgé et a pu s'échapper par le biais de la lecture et de l'écriture. Elle a ensuite fondé une association Femmes du Sahel dont un des objectifs est de promouvoir la scolarisation des enfants en prenant en charge ceux issus des milieux défavorisés mais aussi de sensibiliser et mener les actions sociales contre le mariage précoce et/ou forcé, et toute forme de violence faite aux femmes.
Un beau roman qui permet de comprendre tous ces enjeux !
Tout commence au Ghana au 18ème siècle dans un incendie qui marquera les générations futures de cette famille. Effia et Esi sont deux demi-soeurs qui ne se connaissent pas, l'une est mariée de force à un anglais, capitaine du fort de Cape Coast, qui est un fort d'esclaves au Ghana, tandis que l'autre devient esclave, et est envoyée en Amérique.
Par la suite, le roman s'attache à leur descendance, du XVIII ème siècle à nos jours, chaque chapitre ouvrant sur un nouveau personnage issu de la lignée de l'une des demi soeurs, alternativement sur le sol ghanéen, et sur le sol américain. L'auteure s'attache à des moments historiques comme le Fugitive Slave Act, la guerre de Sécession ou encore la reconstruction pour parvenir finalement à notre époque.
A l'image des conteurs africains l'auteure nous emporte et montre comment l'histoire se répète et comment les générations sont marquées les unes après les autres, chaque être gardant en lui les stigmates des précédentes et se construisant sur les ruines ou les fondations de ces dernières. Doté d'une finesse et d'une complexité éclairées, le roman expose les coulisses du racisme pour mieux en explorer la cruauté.
"Nous croyons celui qui a le pouvoir. C'est à lui qu'incombe d'écrire l'histoire. Aussi quand vous étudiez l'histoire, vous devez toujours vous demander : "Quel est celui dont je ne connais pas l'histoire ? Quelle voix n'a pas pu s'exprimer ?" Une fois que vous avez compris cela, c'est à vous de découvrir cette histoire. A ce moment-là seulement,vous commencerez à avoir une image plus claire, bien qu'encore imparfaite."
Hier avait lieu une conférence avec Scholastique Mukasonga au centre des arts d'Enghien les Bains, avec la médiathèque George Sand d'Enghien
Envahie par l'émotion, l'auteure a répondu aux questions avec le souffle court, comme si les mots ne pouvaient pas aller jusqu'au bout du souffle, comme si la suffocation créée par ce génocide l'empêchait de s'exprimer. L'écrit a sans doute permis de dire ce que la parole n'autorisait pas...
LES VOIX MULTIPLES DU RWANDA
Scholastique Mukasonga est née en 1956 au sud-ouest du Rwanda, dans la province de Gikongoro. En 1960, sa famille est déportée, avec d’autres Tutsi. Elle réussit à survivre en dépit des persécutions et des massacres à répétition. En 1973, elle part en exil au Burundi. Elle achève ses études d’assistante sociale et travaille pour l’UNICEF.
Animé par Pierre Edouard Peillon
Pouvez-vous nous présenter Notre Dame du Nil et Kibogo est monté au ciel ?
J'ai écrit mon premier roman Notre Dame du Nil parce que j'avais une histoire à raconter, plus douloureuse que ce que ce que j'ai vécu. Cette histoire est inspirée de de ma propre expérience, j'ai créé ces personnages pour me décharger de cette histoire.
Kibogo se passe dans les années 40 que je n'ai pas connues. Je suis partie en quête du passé, j'ai consulté pour ce faire le livre du père Pagès et celui du père Delmas. J'ai alors découvert l'histoire de Kibogo déjà racontée par ma mère dans mon enfance. Il s'est sacrifié pour sauver son peuple de la sécheresse.Au Rwanda, à cette époque, colonisation et évangélisation avaient partie liée. En 1931, la destitution du roi Musinga qui refusait le baptême entraîna la conversion massive de la population. Souvent, ces baptêmes à la chaîne, pour beaucoup opportunistes, aboutirent à un syncrétisme qui constituait une forme de résistance. Le roman s'attache à montrer de façon satirique cette jonction difficile entre la culture ancestrale et l'évangélisation imposée.
Pourquoi ce passage de l'autobiographie à la fiction avec Notre Dame du Nil ?
Il s'agissait d'un devoir de mémoire, j'avais été choisie pour être la mémoire. Le drame du génocide est que l'on a des morts sans corps et sans sépulture. Inyenzi était un tombeau de papier, un lieu où je mettrai les miens. Je ne pensais pas écrire autre chose, j'écrivais juste pour sauver la mémoire, j'étais survivante, c'était comme un devoir.
J'ai souhaité publier à nouveau pour recruter d'autres gardiens de la mémoire. Vous, les lecteurs. L'écriture et les rencontres avec les lecteurs m'ont soulagée, il n'existe pas d'autre thérapie possible.
Après La femme aux pieds nus, hommage à ma mère, j'ai repris des forces, je revivais, parce que c'était un récit tendre, que j'ai écrit avec plaisir. Après je ne pouvais pas ne pas écrire.
Dans Inyenzi il y avait des passages que je n'avais pas pu écrire, dans Iguifou mon recueil de nouvelles, la première nouvelle est autobiographique, je ne pouvais pas parler de cette petite dans Inyenzi, j'en ai parlé dans la nouvelle.
Je voulais ensuite écrire un roman qui ne serait pas moi.
AInsi j'ai atteint la résilience.
Pourquoi ce choix du pensionnat dans Notre Dame du Nil ?
Ce pensionnat est comme un microcosme de tout le Rwanda, de tout ce qui va l'embraser. J'ai pris ce lycée pour montrer la préparation du génocide, ce huis clos montre que ce n'étaient pas des massacres mais un génocide, pas de la folie, mais un crime préparé.
Quelle est l'origine de votre nom ?
Au Rwanda, chaque nom a une signification. Le prénom n'a pas de sens, il est choisi pas le prêtre, mais le nom est donné par le père. Il y a un message dans le nom.
Maman a déjà eu une fille. Or les filles sont souhaitables au Rwanda pour l'ainée et la cadette : l’ainée parce qu'elle va seconder la mère, la cadette comme bâton de vieillesse. Alors Mukasonga veut dire "encore une fille", c'est un reproche à ma mère. Mais j'ai transformé mon nom avec tout ce que j'ai fait, cela signifie maintenant culminant, "muka" c'est "la femme de" et "songa" c'est "le point culminant la haute colline", je ne suis plus la fille de trop mais celle qui a accompli sa mission.
Est-ce que vous vous imposez l'humour dans vos livres ?
L'humour fait partie de la tradition rwandaise, c'est l'élégance rwandaise. Les choses graves passent plus facilement surtout avec une histoire aussi lourde. Le lecteur saisit mieux le message.
De plus quand j'ai voulu publier, j'ai dû retravailler mes manuscrits, or quand on écrit sur le génocide on se doit de préserver les lecteurs pour qu'ils ne souffrent pas, C'est pour ça que dans chacun de mes livres il y a des plages de répit, de plaisir, par exemple j'inclus des recettes de cuisine.
Voyez-vous une embellie dans les relations franco rwandaises ?
Pendant longtemps il n'y a pas eu d'ambassadeur français au Rwanda, or il vient d'être nommé, c'est plutôt bon signe.
De plus le déplacement de notre président Emmanuel Macron le 27 mai 2021 était attendu depuis 27 ans. Sarkozy est venu en 2010, il a parlé d'"aveuglement", un mot peu clair pour nous. Mais cette fois-ci Macron a initié une commission pour chercher la vérité de ce qui s'est passé au Rwanda durant la présence de la France au Rwanda. Lors de son discours, il a dit "je viens reconnaitre les responsabilités accablantes et lourdes de la France pendant le génocide des tutsis au Rwanda". Il a dit utiliser le mot "nuit", il a dit "Seuls ceux qui ont traversé la nuit peuvent nous faire le don du pardon". Il a dit "Ibuka" (souviens toi) puis il a dit "Diibuka" (je me souviens), ça veut dire qu’il était là avec nous, c’est un bon début.
Maintenant nous attendons les actes, nous avons besoin de la communauté internationale. Il a inauguré le nouveau centre culturel francophone pour les trois pays des grands lacs, je suis française et rwandaise, je voudrais que ces eux pays se donnent la main.
Les rwandais attendent que la justice puisse se suivre aussi.
Que pense la jeunesse de ces rapports franco-rwandais ?
La jeunesse veut que la justice fasse le travail contre les génocidaires. Sans rancœur. Si la France avait réagi en 1994 il n'y aurait pas eu de génocide, des massacres sans doute mais pas de génocide. Nous ne sommes pas rancuniers, les jeunes veulent que la vérité soit dite et que les actes soient posés.
"L'existence n'était rien d'autre que ça, une succession de vérités et de mensonges qui pouvaient faire basculer votre vie sur un mot, un cri, un silence."
Marie-Pierre Ladouceur vit sur l'île de Diego Garcia, dans l'archipel des Chagos, dans l'océan indien. Elle élève seule sa fille, et se réjouit du futur mariage de sa soeur. Sa vie connait un tournant quand elle rencontre et est conquise par Gabriel, un jeune Mauricien venu de la ville pour travailler aux côtés de l'administrateur de l'île, dépendance de Maurice.
En 1967 l'île accède à l'indépendance, mais l'archipel des Chagos est vendu aux Britanniques, qui décident d'évacuer les habitants vers Maurice pour établir en lieu et place de leur habitat une base militaire. Les îlois sont alors contraints de quitter l'île, alors qu'ils n'ont jamais connu d'autre vie, pour se rendre à Maurice, loin de leurs racines. Marie-Pierre fait partie de ces personnes démunies que l'on chasse honteusement, sans aucune possibilité de se défendre, la plupart des chagossiens étant analphabètes, donc vulnérables "et c'étaient les puissants eux-mêmes qui les avaient empêchés d'accéder au savoir." Elle est d'autant plus choquée que Gabriel a eu un rôle à jouer dans ces décisions...
L'autrice connaissait cette histoire par sa mère mauricienne, et a souhaité transmettre ce combat, après s'être documentée longuement sur le sujet. Elle a choisi d'incarner des personnages fictifs pour offrir un souffle romanesque puissant à son roman, ce souffle qui secoue le lecteur et l'emporte aux côtés des chagossiens.
Aujourd'hui, le drame est toujours en jugement devant la Cour Internationale de Justice de La Haye, porté par ce terrible constat : "Si les Chagossiens avaient été blancs, jamais ils n'auraient été chassés de cette façon."
Un des meilleurs romans que j'ai pu lire cette année !