Sue Hubbell, après un divorce et une carrière universitaire, décide de se retirer dans une ferme isolée dans les Ozarks du Missouri pour élever des abeilles. Elle raconte comment elle s'installe dans cette nouvelle vie, décrivant les défis et les joies de l'apiculture. Elle développe ainsi une profonde connexion avec la nature et les abeilles, décrivant en détail les cycles saisonniers, les comportements des abeilles, et l'écosystème complexe qui entoure l'apiculture. L'autrice partage aussi des anecdotes sur les interactions sociales des abeilles, leurs rôles au sein de la ruche, et leurs méthodes de communication.
Ce que j'ai aimé :
Au-delà de l'apiculture, La Dame aux abeilles aborde des thèmes universels tels que la résilience, la recherche de sens dans la vie, et l'importance de la symbiose entre l'homme et la nature.
Ce que j'ai moins aimé :
Le livre combine des observations scientifiques sur les abeilles et leurs habitudes avec des réflexions personnelles. J'ai préféré ces dernières aux pages trop scientifiques...
Bilan :
J'avais préféré le texte fondateur Une année à la campagne qui fait partie de mes livres de chevet !
A Murano, la famille de Orsola Rosso travaille le verre depuis des siècles, gardant jalousement ses secrets de fabrication. Mais à la mort de son père, l'entreprise familiale vacille, et bien que les femmes ne soient pas autorisées à toucher le verre, Orsola apprend à fabriquer des perles de verre pour sauver la famille. Elle s'initie au commerce avec le port de Venise, et tente d'éviter les pièges de la négociation, tout comme ceux de l'amour quand Antonio, pêcheur vénitien, rejoint l'atelier Rosso.
Ce que j'ai aimé :
Tracy Chevalier sait offrir des romans historiques passionnants portés par des héroïnes fortes et indépendantes. Là encore, elle nous invite au cœur du travail fascinant du verre, dans les cités grouillantes de Murano et de Venise. Nous suivons ses pas dans les ruelles de la Sérénissime, traversons la lagune sur ses gondoles légendaires, vibrons aux côtés d'Orsola à la recherche de la perle parfaite, pleurons les malades de la peste, tombons sous le charme du bel Antonio pour sortir enrichis de cette lecture !
Ce que j'ai moins aimé :
Je reste mitigée sur le procédé qui consiste à changer d'époque à chaque chapitre, tout en laissant intacts les personnages qui vivent à Venise et ses îles voisines, sous prétexte que Venise possède son propre espace temps. Les dates se succèdent : 1486 - 1574 - 1631 - 1755 - 1797 - 1915 - 2019. Si cela permet de voir l'évolution de la ville et du commerce au fil des siècles, j'ai trouvé que cela a tendance à casser le fil narratif qui nous immerge dans une époque, une atmosphère, pour nous en éloigner au chapitre suivant et nous plonger finalement à la fin du roman en plein Covid !
Au lendemain de la guerre de Sécession, au Texas, les guerres indiennes opposant colons européens puis les gouvernements des États-Unis et du Canada aux peuples nord-amérindiens, font rage. Les massacres s'enchainent dans les deux camps, par représailles, les fermes sont attaquées, pillées, les plus âgés tués et scalpés et les plus jeunes enlevés. C'est cette scène de désolation que découvrent Amos et son neveu Martin de retour d'une expédition contre des voleurs de bétail. Les Comanches ont massacré tout le monde, sauf la petite Debbie et sa sœur Lucy, qu’ils ont enlevées. Les deux hommes partent alors dans une traque sans relâche qui durera plusieurs années pour retrouver les fillettes : "exploit d'endurance, épopée nourrie d'espoir sans illusion, de bravoure sans attente de récompense, d'obstination dépassant les limites de la raison.""Ils continuaient seulement sur leur lancée, jour après jour, parce qu'il y avait toujours un nouvel endroit où aller, où suivre une fois de plus une piste vaguement prometteuse."p 225
Avant de prendre partie pour un camp ou un autre, ce western montre avant tout l'escalade de la violence qui reste sans fin dans ce conflit. Amos, plein de ressentiment est prêt à laisser éclater sa colère pour se venger froidement, parlant même de scalper lui aussi ses ennemis, alors que Martin est plus mesuré, plus humain, peut-être plus idéaliste aussi. Le fin tout en nuances offrira une belle alternative à cette guerre.
Le roman est inspirée d'une histoire vraie, celle de Cynthia Ann Parker, enlevée en 1836 au Texas.
Lauren Groff déroule ici onze nouvelles placées au cœur de la Floride. Qu'il s'agisse de petites filles abandonnées sur une île par une mère irresponsable, d'un père un peu trop proche des serpents et pas assez de ses enfants, d'une femme isolée dans une maison loin de tout, avec une panthère qui rôde dans les parages, des fantômes qui profitent d'une tempête pour revenir hanter les vivants, tous les personnages semblent perdus dans un monde qui n'est plus à leur mesure. La nature écrasante se déchaine dans une atmosphère poisseuse qui contamine les êtres.
Ce que j'ai aimé :
Deux nouvelles m'ont particulièrement touchée : celle de la femme qui part en Normandie sur les pas de Maupassant, ainsi que la première très mélancolique : une femme arpente le soir les rues de son quartier pour fuir son foyer gangrené, et observe les vies de ses voisins par la fenêtre.
"Parfois dans le silence, je suis témoin de querelles qui ressemblent à de lentes danses, sans musique. C’est incroyable la façon dont les gens vivent, leur désordre, les délicieuses odeurs de cuisine qui portent jusque dans la rue, les décorations de Noël qui peu à peu se fondent dans l’environnement quotidien. "
La nouvelle sur la jeune professeure qui devient sans abri m'a fait penser à l'errance de L'invitée
Ce que j'ai moins aimé :
Ce sont des nouvelles noires, voire désespérées ! La détresse des êtres suinte à chaque page, leur solitude au milieu de la multitude les enserre, et leur mal-être est comme un écho aux tempêtes qui sévissent dans la région. Leurs tempêtes intérieures sont tout aussi dévastatrices...
Bilan :
Restons sur une note optimiste avec ce dialogue entre un homme et sa femme :
« Dis-moi, tu crois qu'il existe encore des gens bien en ce monde ?
Oh oui, a-t-il répondu. Des milliards. Le problème c'est que les méchants font beaucoup trop de bruit. »
Alors que sa sœur aînée et son mari sont partis dans le Klondike attirés par les sirènes de la ruée vers l'or de la fin du XIXème siècle, Alice Bush est invitée à les rejoindre pour s'occuper de sa sœur souffrante. Son beau-frère Clarence Berry a été chanceux et a découvert un filon qui pourrait faire la fortune de la famille. Mais cette fortune se fait au détriment des indiens à qui appartiennent les terres aurifères.
Plus d’un siècle plus tard, en 2015, Anna, héritière de la fortune des Bush et Berry est chargée par son grand-père de se rendre elle aussi dans le Klondike pour réparer les erreurs et injustices du passé.
L'intrigue est centrée sur ce sentiment de frustration que crée cet afflux soudain de richesse chez certains quand d'autres n'ont pas cette chance, la métaphore de "fièvre de l'or" prenant ici tout son sens. Un siècle plus tard, les rancœurs sont les mêmes, les inégalités toujours aussi prégnantes entre ceux qui touchent du doigt la fortune et ceux qui doivent emprunter trop souvent. La cupidité transforme les hommes et les détachent inéluctablement de leur part d'humanité ... L'autrice s'intéresse aussi à l'exclusion des peuples autochtones et à leur exploitation outrancière, s'appuyant sur une documentation pointue, et pour cause, Ariel Djanikian n'étant autre que la descendante de la véritable Alice Bush.
Bread et Fish, dix ans, passent leur été dans le Wisconsin. Ils courent la campagne, ce qui permet à Bread de fuir un père violent qui le terrorise. Mais un jour, la violence se fait dangereuse et pour le sauver, Fish tire sur le père de son ami. Persuadés de l'avoir laissé pour mort, ils fuient en laissant un mot laconique : “Merci de dire au shérif que Fish voulait pas tuer mon père. Mon père est chez nous dans la cuisine, par terre près de la table. Il est mort.” Fish propose de partir sur les traces de son père, soldat dans une caserne avoisinante.
Ils rassemblent des vivres, du matériel et prennent la fuite vers l'aventure, décidant ensuite de construire un radeau pour partir sur la rivière. Pendant ce temps, le grand père de Fish et le shérif courent à leurs trousses, suivis bientôt par la mère de Fish et Tiffany, l'employée de la station service à qui le shérif avait confié son chien. Tous vont se confronter à la nature, mais au creux de cette nature brute, ils pourront plonger dans leur solitude, découvrir qui ils sont, pour peut-être, enfin, créer du lien.
Ode à l'amitié, ce beau roman d'aventures se lit d'une traite tant les personnages sont attachants et le suspens haletant !
Mick Hardin, enquêteur dans l'armée est de retour dans son pays natal les collines du Kentucky. Sa permission devait lui permettre de retrouver sa femme Peggy, enceinte, mais tout ne se passe pas exactement comme prévu, il noie sa peine dans la cabane de son grand-père, jusqu'à ce que sa soeur Linda, première femme shérif du comté, fasse appel à lui dans le cadre d'une enquête. En effet, une jeune veuve a été retrouvée assassinée dans les collines et les informations ne filtrent pas vraiment en dehors des familles bien décidées à rendre leur propre justice.
Ce que j'ai aimé :
Mick hante les collines qu'il connait bien et croise des personnages profondément humains prêts à tout pour préserver cette atmosphère si particulière des collines. L'auteur s'attache moins à son intrigue policière qu'à peindre ce monde à part, ces "gens des collines" qu'il connait bien puisqu'il est né dans le Kentucky. Les dialogues peuvent être teintés d'humour tout en laissant transparaitre une violence sous-jacente.
Ce que j'ai moins aimé :
J'ai eu tendance à me perdre à cause du nombre de personnages, de familles différentes.
La fin peut désarçonner, car - je l'ai découvert ensuite - l'auteur prévoit une trilogie. Le deuxième tome est déjà disponible : Les fils de Shifty
Sollicité par une vieille dame indienne pour enquêter sur le meurtre de son fils, Cecil Younger, un privé qui s'abîme dans le whisky, se lance sur un terrain glissant à travers les forêts d'Alaska, sur les traces de la légende Tlingit, celle de l'ours épouseur de femmes.
Déception pour ce roman policier qui use des cordes trop usées du genre avec son policier alcoolique Cécil Younger. L'ensemble est inégal, manquant de rythme, peut-être parce qu'il s'agit de premier de la série avec ce héros, il faut espérer que la suite est mieux construite.
En 1886 la famille Brightwell arrive en Australie occidentale en provenance de Londres dans l'espoir de faire fortune grâce à la pêche à la perle. Dix ans plus tard, le père disparait alors qu'il était au large en pleine pêche avec son fils et son équipage. Sa fille, la jeune Eliza décide alors de remuer ciel et terre pour le retrouver. Mais la tâche est difficile car dans cette ville règne la corruption, le racisme et le chantage.
La puissance du récit nous plonge avec ravissement dans les aventures de la jeune Eliza dans cette ville coloniale australienne du XIXe siècle. L'autrice s'appuie sur une solide documentation liée au commerce de perles : en 1900 l'industrie perlière était la quatrième plus grande industrie d'exportation après l'or, le bois et la laine, exploitant les communautés indigènes à outrance. Elle brosse ainsi le portrait d'un monde difficile, dangereux dans lequel toute inconséquence se paie au prix fort ! La jeune Eliza porte le roman et l'autrice sait déjouer les pièges de son histoire pour surprendre le lecteur et en faire une femme moderne avant l'heure, forte et autonome.
Ce que j'ai moins aimé :
J'aurais aimé que les aventures soient plus développées, plus longuement, j'aurais facilement lu le double de page tant chaque page est prometteuse et passionnante. Il me faudra attendre le prochain roman de cette autrice pour retrouver cet engouement !
Bilan :
Un très beau roman qui rend hommage à ceux qui ont donné leur vie à cette industrie perlière.
Vivant au large de la Norvège, dans un port coupé du monde, les perspectives ne sont pas lumineuses pour Johan. Amoureux de la belle Hannah, ils décident donc de fuir en Amérique. Mais la vie joue quelquefois des tours et Johan se retrouve finalement gardien du phare de Kjeungskjær, marié à la fille du pasteur et père de deux enfants, Darling et Valdemar. Les désirs enfouis et inassouvis rôdent en l'être humain et le poids du passé risque d'avoir des conséquences irrémédiables... Le personnage de Gudrun est profondément lumineux dans ces ténèbres, femme émancipée elle aide les protagonistes par sa seule présence et apporte un semblant d'équilibre dans ce monde déliquescent.
Sur le rabat de la couverture, le lecteur est averti, cette saga familiale aborde "le tabou ultime comme thème central". Libre au lecteur de s'arrêter alors, ou de se lancer dans cette histoire. Avant de commencer, j'ai donc été consulter les avis sur Babelio et tous parlaient effectivement de cet aspect glauque mais aussi de lumière. C'est toute la subtilité de ce roman d'aborder des thèmes ô combien difficiles liés à la condition de la femme opprimée et oppressée par l'homme, avec une écriture lumineuse, tellement prenante que j'ai terminé cette lecture en deux jours, happée par les voix de Johan, Darling et Marie. Construit comme un puzzle, terriblement addictif, le roman emporte irrémédiablement dans ses pages pour mieux comprendre comment les pièces s'imbriquent et quel est le motif final.