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litterature amerique du nord

Le retour du gang de Edward ABBEY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥ 

Goliath, super-excavateur géant, avance inexorablement dans le désert américain, détruisant tout sur son passage. Ses constructeurs se moque de la préservation de la nature, ayant en tête d'exploiter l'uranium du sol. Mais nombreux sont ceux qui souhaitent enrayer cette course folle au profit au détriment de la nature, parmi eux un mouvement nommé Earth First, mené par la belle Erika, mais aussi le Gang de la clé à mollette dont les quatre membres sont bien décidés à stopper ce Goliath des temps modernes ! Ces personnages n'hésitent pas à défendre leurs idées et valeurs, portés par l'amour de la nature :

"L'amour de la nature aride, de la beauté, des grands espaces, des ciels clairs et des torrents tumultueux, des grizzlys et des couguars, des canes sauvages et des canettes de bière, de l'appel du désert et de la liberté primale de l'homme et ainsi de suite." p 166

Eco-guerriers sans armes et violence, ils ne sont pourtant pas sans ressources :

"- Même pas une arme de poing ? Même pas un couteau ? Et un coupe-ongles, on y a droit ? Ou un poulet vivant, Doc, pour matraquer l'ennemi ? Ou une pelle à neige pour lui latter le cul en pleine rue ? Non ? Rien du tout ?

- L'éco-guerrier ne se bat pas contre des hommes, ils se bat contre une institution, l'Empire planétaire de la Croissance et de la Cupidité. Il ne se bat pas contre des êtres humains mais contre une mégamachine monstrueuse comme on n'en a plus vue depuis l'âge des Titans. Il ne se bat pas contre des humains, mais contre une technologie en cavale, hors de contrôle, une entité vorace qui se nourrit des hommes, de tous les animaux, de toutes les choses vivantes, et même des minéraux, des métaux, des roches, du sol, de la terre elle-même, de l'assise rocheuse de toute vie terrestre." p168

Porté par des dialogues truculents, suite du mythique Gang de la Clef à Molette, Le Retour du Gang, révolte nostalgique et chant d’amour aux espaces sauvages, est le dernier roman d’Edward Abbey.

 

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur : : Le gang de la clé à molette  ♥ ♥ ♥ (policier) ; Désert solitaire ♥ ♥ ♥ ♥ ; Le feu sur la montagne ♥ ♥ ♥ ♥

Mois de septembre : Un mois avec... (Edward Abbey pour moi)

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Le feu sur la montagne de Edward ABBEY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥ 

Comme chaque été, le jeune Billy rejoint son grand-père sur son ranch, impatient de retrouver la vie sauvage des cow-boys. Mais cette année-là, l'atmosphère est tendue : l'US Air force s'apprête à réquisitionner le propriété de son grand père pour installer un champ de tir de missiles. Seulement, le vieil homme a toujours vécu dans son ranch et ne se laissera déloger sous aucun prétexte, même s'il est minuscule face au rouleau compresseur du pouvoir et de la modernité.

"- S'ils ont besoin de tes terres pour des raisons de sécurité nationale, tu devrais leur donner, non ? Qu'est ce qui est plus important, ta propriété, ou la sûreté nationale ?

- Personne ne serait en sûreté quand le gouvernement prend les maisons des gens."

La question de la propriété des terres, centrale sur ce continent, est au cœur du roman :

"Mais à qui appartient cette lumière ? Cette montagne ? Cette terre ? Qui possède cette terre ? Répond à ça vieux cheval. L’homme qui en a le titre de propriété ? L’homme qui la travaille ? L’homme qui l’a volée en dernier ?" 

"Est-ce que cette terre t’appartient vraiment ? Est-elle vraiment à toi ? À qui appartient la terre ? Il y a cent ans, elle appartenait aux Apaches, et rien qu’à eux. Ton père et d’autres comme lui la leur ont volée. La compagnie de chemin de fer et les grosses entreprises d’élevage et les banques ont essayé ensuite de la voler à ton père et à toi. Aujourd’hui, c’est le gouvernement qui va te la voler. Ce pays a toujours été infesté de voleurs. D’où crois-tu que cette montagne tire son nom, hein ? Dans cent ans, quand nous serons tous morts, tous enterrés, tous oubliés, cette terre sera toujours là, ce seront toujours les mêmes arpents de cactus et de sable desséchés, brûlés, qu’aujourd’hui. Et un autre voleur stupide tirera une clôture autour deux et clamera qu’ils sont à lui, qu’ils lui appartiennent, et interdira à tout le monde d’y mettre les pieds." 

Mais Le feu sur la montagne est surtout une ode à la liberté et aux grands espaces que Edward Abbey défend ardemment, ode servie par un lyrisme brûlant :

"Au-delà du mur de la ville irréelle, au-delà des enceintes de sécurité coiffées de fil de fer barbelé et de tessons de bouteille, au-delà des périphériques d’asphalte à huit voies, au-delà des berges bétonnées de nos rivières temporairement barrées et mutilées, au-delà de la peste des mensonges qui empoisonnent l’atmosphère, il est un autre monde qui vous attend. C’est l’antique et authentique monde des déserts, des montagnes, des forêts, des îles, des rivages et des plaines. Allez-y. Vivez-y. Marchez doucement et sans bruit jusqu’en son cœur. Alors… "

"L’été avança, chaud et sec et magnifique, si magnifique que ça vous brisait le cœur de le voir en sachant qu’il n’était pas éternel : cette lumière éclatante vibrant au-dessus du désert, les montagnes pourpres dérivant sur l’horizon, les houppes rose des tamaris, le ciel sauvage et solitaire, les vautours noirs qui planent au-dessus des tornades, les nuages d’orage qui s’amassent presque chaque soir en traînant derrière eux un rideau de pluie qui n’atteint que rarement la terre, la torpeur du midi, les chevaux qui se roulent dans la poussière pour sécher leur sueur et se débarrasser des mouches, les somptueuses aubes qui inondent la plaine et les montagnes d’une lumière irréelle, fantastique, sacrée, les cactus cierge qui déploient et referment leurs fleurs le temps d’une seule nuit, les rayons de lune qui tombent à l’oblique par la porte ouverte de ma chambre, dans le baraquement, la vue et le bruit de l’eau fraîche tombant goutte à goutte d’une source après une longue journée dans le désert… Je pourrais citer mille choses que j’ai vues et que je n’oublierai jamais, mille merveilles et mille miracles qui touchaient mon cœur en un point que je ne maîtrisais pas. "

L'auteur a su incarner ses idées à travers des personnages profondément émouvants, qu'il s'agisse du grand-père, de son petit fils prêt à tout pour celui qui lui a tout appris et l'a initié à la vie sauvage ou encore de Lee, ami inconditionnel.

Un roman lumineux qui redonne foi en l'humanité et nous enjoint à rester attachés à nos valeurs et à cette nature si facilement menacée !

 

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur : Le gang de la clé à molette  ♥ ♥ ♥ (policier) ; Désert solitaire ♥ ♥ ♥ ♥

Mois de septembre : Un mois avec... (Edward Abbey pour moi)

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Un mois avec Edward ABBEY

Publié le par Hélène

Dans le cadre du challenge Gallmeister que @chinouk35 du blog Les Passions de Chinouk et Readlookhear organisent avec les @editionsgallmeister, au mois de septembre l'idée est de passer tout le mois avec un auteur.

j'ai choisi pour ma part Edward ABBEY qui condense ce que j'apprécie chez Gallmeister (et dans la littérature en général) : du nature writing et de l'engagement.

Edward Abbey (1927-1989) est né dans la ville d'Indiana, en Pennsylvanie, le 29 janvier 1927. En 1944, à l'âge de dix-sept ans, il quitte la ferme familiale pour traverser les États-Unis en stop et partir à la découverte de l'Ouest américain. C'est alors qu'il tombe fou amoureux du désert, d'un amour qui l'animera toute sa vie.

Après un bref séjour dans l'armée en Italie entre 1945 et 1947, il rejoint l'université et rédige une thèse sur "L'anarchie et la moralité de la violence". Pendant ses études, il se fait remarquer par le FBI, qui commence à le surveiller après qu'il a incité ses camarades à brûler leurs papiers de conscription. Cette surveillance durera toute sa vie - ce à quoi Abbey rétorqua, quand on le lui fit remarquer, "Je considérerais comme un affront qu'ils ne fassent pas attention à moi."

Il commence à travailler en tant que ranger dans divers parcs nationaux américains et passe notamment deux saisons au parc national des Arches, dans l'Utah. Cette expérience lui inspirera son récit Désert solitairepublié en 1968.

Il gagne en notoriété en 1962 quand son roman Seuls sont les indomptés est porté à l'écran avec Kirk Douglas et Gena Rowlands dans les rôles principaux.

Le succès de Désert solitaire et du roman Le Gang de la clef à molette, paru en 1975, font de lui une icône de la contre-culture et le pionnier d'une prise de conscience écologiste aux États-Unis. Le New York Times le qualifie de "héros subversif de l'underground". Personnage provocateur et subversif, il devient le pape du nature writing. De nombreux écrivains se réclament de sa vision radicale de la société, dont Larry McMurtry, qui l'appelle "le Thoreau de l'Ouest américain".

En 1987, il se voit offrir un des prix littéraires les plus prestigieux de l'Académie américaine des arts et des lettres. Mais il décline cet honneur : il avait prévu la descente d'une rivière de l'Idaho la semaine de la cérémonie de remise du prix…

Abbey meurt en 1989 à l'âge de soixante-deux ans des complications d'une intervention chirurgicale. Il laisse derrière lui une veuve, quatre enfants, une douzaine de livres et un message pour la postérité : "No comment." Il avait demandé à être enterré clandestinement dans le désert, ce dont se charge son ami Doug Peacock. Aujourd'hui encore, personne ne sait où se trouve sa tombe.

 

MES LECTURES :

Le gang de la clé à molette  ♥ ♥ ♥ (policier) 

Désert solitaire ♥ ♥ ♥ ♥

A venir :

Un fou ordinaire

Seuls sont les indomptés

Le feu sur la montagne

Le retour du gang

En descendant la rivière

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Le réseau Alice de Kate QUINN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥ 

"Allons ! Je sais que je serai prise un jour. Mais j'aurai servi. dépêchons-nous de faire de grandes choses pendant qu'il est encore temps."

En 1947, Charlie, jeune femme de 19 ans, souhaite retrouver sa cousine Rose disparue en France durant la seconde guerre mondiale. Alors qu'elle transite par la France avec sa mère en vue d'un voyage imposé par ses parents, elle en profite pour prendre la tangente et partir sur ses traces. Cela la mène à la porte de Evelyn Gardiner, recluse et sombrant dans l'alcool.

Parallèlement nous découvrons donc l'histoire de Eve, espionne durant la première guerre mondiale, ayant intégré le plus grand réseau d'espionnes de la première guerre, le réseau Alice. Aux côtés de Lili, ces femmes bravent leur peur (la peur est un luxe disent-elles) pour tenter de sauver le pays, ceci au risque de leur vie.

Contre toute attente, Eve accepte de se replonger dans le passé pour aider Charlie et épaulées par le chauffeur de Eve, elles vont sonder les profondeurs de l'histoire et de l'âme humaine.

"Nous chassions tous les trois des souvenirs douloureux parmi les décombres des deux guerres. Et aucun de nous ne semblait les avoir surmontés."

Leur quête les mènera sur les traces de René, collaborateur sans scrupules et jusque Oradour sur Glane, au cœur de l'horreur.

Alliant savamment mystère et romance, ce roman prenant met en avant la force des femmes capables de braver les obstacles pour défendre leurs valeurs. Le réseau Alice et un roman historique puisque ce réseau a réellement existé, mené par la remarquable Louise de Bettignies, baptisée "La reine des espionnes". L'autrice nous raconte dans le postambule la véritable histoire passionnante de ces êtres qui se sont surpassés, faisant ainsi la part du vrai et du faux dans son roman.

Un roman passionnant !

Présentation de l'éditeur : Editions Hauteville

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Autant en emporte le vent de Margaret MITCHELL

Publié le par Hélène

 

 

♥ ♥ ♥ ♥

En 1861 en Géorgie. Scarlett O’Hara a seize ans. Nantie de plusieurs prétendants, elle n'a que l'embarras du choix en tant que riche héritière de Tara, l'exploitation de coton de sa famille. Secrètement amoureuse de Aschley Wilkes, son orgueil est touché quand elle apprend qu'il épouse en réalité sa cousine Mélanie. Le même jour elle rencontre Rhett Butler, à la réputation sulfureuse, et celui-ci découvre son secret. Dépitée, Scarlett se réfugie à Atlanta. Mais la guerre de Sécession met le pays à feu et à sang, opposant le Nord abolitionniste et le Sud ségrégationniste.

Le deuxième tome s'ouvre sur l'année 1866. Scarlett est retournée à Tara, bien décidée à tout faire pour sauver l'exploitation et subvenir aux besoins de ses proches. Ses choix s'avèreront litigieux dans ce contexte, sa morale se rapprochant dangereusement de celle de Rhett Butler. Mais chacun doit s'adapter à un monde finissant pour espérer survivre.

Scarlett personnage fier, imbue d'elle-même, subit la violence de cette guerre de plein fouet, elle connait la faim et la pauvreté, et cette expérience la marquera profondément, si bien que elle n'aura de cesse de trouver une sécurité financière par la suite. Après avoir vu le pire, elle n'a plus peur de rien, sauf de la faim. Elle affronte la réalité avec ses armes séductrices et se bat comme un lion pour garder son train de vie dispendieux, quitte à laisser sa morale de côté, écoutant ainsi le conseil de Rhett : "Il y a autant à tirer du naufrage d'une civilisation que de son édification." Il faudra attendre la fin du roman pour qu'elle tire des leçons de ses erreurs et comprenne l'importance des sentiments. Elle est détestable parce qu'égoïste, mais admirable parce que combattante.

Certes, aujourd'hui le livre fait polémique puisqu'il fait l'apologie de l'esclavage, les noirs esclaves étant présentés comme heureux tandis que les esclaves libres apparaissant comme des êtres sanguinaires symbole du passé colonialiste, mais il ne faut pas oublier que ce roman est avant tout le reflet d'une époque et la trajectoire d'une héroïne hors du commun. Couronné par le prix Pulitzer, immortalisé à l’écran avec les inoubliables Vivien Leigh et Clark Gable, Autant en emporte le vent est un best-seller, fresque intemporelle sur l’amour et la guerre, peuplée de personnages marquants, elle mérite grandement son succès.

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

 

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La vie qu'on m'a choisie de Ellen Marie WISEMAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

En 1931, Lilly a neuf ans et n'est jamais sortie de sa chambre, enfermée par ses parents qui prétendent la protéger du regard extérieur, puisque leur fille est atteinte d'une difformité. Un beau jour, sa mère la vend à un cirque.

En 1956, Julia a fui sa famille, mais quand sa mère meurt, elle se retrouve héritière d'un vaste domaine avec des chevaux. Elle retourne alors chez elle, et découvre des secrets enfouis dans les coulisses de la maison...

Ce que j'ai aimé :

- Le suspens : quel lien unit les deux jeunes femmes ?

- La vie de Lilly nous permet de découvrir les coulisses de la vie du cirque

Ce que j'ai moins aimé :

- Des scènes de violence aussi bien contre les animaux que contre les humains. Heureusement, la narration de Julia apporte un peu de légèreté par rapport à celle de Lilly.
Bilan :

Une lecture plaisante qui profite du ressort toujours efficace du secret de famille.

 

Présentation de l'éditeur : Pocket

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La ferme des animaux de George ORWELL

Publié le par Hélène

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Cet apologue raconte la révolte d'animaux de la ferme, qui ne souhaitent plus se laisser spolier par les fermiers qui ne produisent rien personnellement mais exploitent la production des animaux. Ils renversent donc les fermiers et prennent la tête de la ferme, bien décidés à travailler dur pour eux mêmes. Mais tout ne se passe pas comme prévu, l'égalité qui devait être de mise est remise en question peu à peu par certains cochons.

« Ces scènes d’épouvante et ces massacres, ce n’était pas ce que nous avions appelé de nos voeux la nuit où Sage l’Ancien avait exalté en nous l’idée du soulèvement. Elle-même se fut-elle fait une image du futur, ç’aurait été celle d’une société d’animaux libérés de la faim et du fouet : ils auraient été tous égaux, chacun aurait travaillé suivant ses capacités, le fort protégeant le faible, comme elle avait protégé de sa patte la couvée de canetons, cette nuit où Sage l’Ancien avait prononcé son discours. Au lieu de quoi – elle n’aurait su dire comment c’était arrivé – des temps sont venus, où personne n’ose parler franc, où partout grognent des chiens féroces, où l’on assiste à des exécutions de camarades dévorés à pleines dents après avoir avoué des crimes affreux. »

Si Orwell s'en prend à la révolution russe à travers ces allégories, il condamne surtout toutes le formes de totalitarisme et de tyrannie et ces hommes prêts à tout pour asseoir leur domination plutôt que de mettre en avant les valeurs démocratiques de justice. Le roman met à mal les régimes totalitaires qui contrôlent les esprits et endoctrinent la population grâce à la propagande notamment. La leçon est plus philosophique et la morale est universelle : les hommes face au pouvoir perdent souvent toute mesure et sagesse.

« Bien sûr, j’ai conçu ce livre en premier lieu comme une satire de la révolution russe. Mais, dans mon esprit, il y avait une application plus large dans la mesure où je voulais montrer que cette sorte de révolution (une révolution violente menée comme une conspiration par des gens qui n’ont pas conscience d’être affamés de pouvoir) ne peut conduire qu’à un changement de maîtres. La morale, selon moi, est que les révolutions n’engendrent une amélioration radicale que si les masses sont vigilantes et savent comment virer leurs chefs dès que ceux-ci ont fait leur boulot. "

— George Orwell, « Lettre à Dwight Macdonald. 5 décembre 1946 »

 

Présentation de l'éditeur : Folio

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Echec et mat de Stephen L. CARTER

Publié le par Hélène

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Alors que le juge noir Oliver Garland vient de mourir d'une crise cardiaque, sa fille Mariah est convaincue qu'il a été assassiné. Son frère Talcott, professeur de droit, émet des doutes jusqu'à ce qu'il soit approché par celui qui avait couté à son père sa nomination à la Cour Suprême, Jack Ziegler, un banquier mafieux qui lui réclame "les dispositions" du disparu. Talcott se met alors à douter lui aussi, et se trouve malgré lui embarqué dans une partie diabolique en vue de découvrir la vérité ainsi que lesdites "dispositions". Il doit oeuvrer avec parcimonie, car sa femme Kimmer risque aussi de perdre ses chances d'accéder au poste qu'elle brigue à la cour Suprême s'il ne joue pas finement.

Influencé par sa passion pour les échecs, passion qu'il partageait avec son père, Talcott va mener une véritable partie d'échecs, avançant pion après pion, observant attentivement les ripostes avant de jouer le coup suivant. 

L'auteur s'attache aussi aux complexités des relations familiales, au couple vacillant sous les coups de l'infidélité et parle finalement d'une quête d'identité, bien plus vaste qu'une simple enquête : qui était réellement le père de Talcott ? Comment expliquer certains de ses comportements étranges tout au long de sa carrière ? Comment le juge Garland a-t-il pu accéder à la classe dirigeante des afro-américains ? Tout n'était-il qu'une lutte de pouvoir ? Talcott découvre aussi les blessures profondes de l'être qui peuvent le pousser au-delà de la morale.

L'auteur connaît bien le milieu universitaire étant lui-même le premier professeur de droit noir titulaire d'une chaire à la prestigieuse université de Yale, et sa description du milieu est elle aussi taillée au cordeau, les personnages étant réellement incarnés. Il offre une analyse pertinente  de la situation raciale aux Etats-Unis en s'attachant à la bourgeoisie noire américaine

Un roman dense qu'on ne lâche pas malgré ses presque 700 pages, ce qui constitue en soi une preuve du talent de l'auteur !

 

Présentation de l'éditeur : Robert Laffont

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Les vitamines du bonheur de Raymond CARVER

Publié le par Hélène

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Les douze nouvelles du recueil s'attachent à des personnes ordinaires : Patti, jeune femme au chômage qui décide de vendre des vitamines à domicile, Jack et Fran invités chez un couple d'amis dotés d'un magnifique paon envahissant et d'un bébé hideux, un homme divorcé qui prend le train pour retrouver son fils... Ces personnages vivent sur le fil et à tout instant tout peut basculer. Dans leur monde, l'alcool agit comme une tentation dont il est difficile de se défaire, le couple reste chancelant quand les coups du sort s'acharnent, et la famille est un refuge tout aussi branlant.

Raymond Carver maitrise parfaitement l'art du détail, de l'atmosphère qui fait ressortir des blessures bien plus profondes. Dans ses nouvelles assez pessimistes le bonheur reste éphémère, comme une parenthèse enchantée à l'image de Chef qui avait trouvé un refuge dans la première nouvelle du recueil, mais doit quitter la maison, et à nouveau faire face à la précarité,  ou encore de la visite de cet aveugle dans la dernière nouvelle qui vient bousculer un couple englué dans le quotidien et dessine une cathédrale. Une cathédrale, comme une métaphore de l'art seul capable de sauver de la dérive ?

Présentation de l'éditeur : Points

Du même auteur : N'en faites pas une histoire

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Justice indienne de David Heska Wanbli Weiden

Publié le par Hélène

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Virgil vit dans la réserve indienne de Rosebud dans le Dakota du Sud. Il propose ses services pour rétablir la justice quand celle-ci est défaillante, les principaux abus ayant lieu sur la réserve n'étant pas punis. Il s'occupe aussi de son jeune neveu après la mort de sa soeur. Mais cette fois-ci, Virgil se lance dans une nouvelle mission différente de ses habitudes : on lui demande de traquer des hommes qui introduisent sur la réserve une nouvelle drogue. Son neveu se trouvera directement impliqué.

Ce que j'ai aimé :

Le roman est centré sur les problèmes auxquels est confrontée la nation lakota sicangu et sur cette "justice à l'indienne" : "La police tribale devait rapporter tous les crimes aux enquêteurs fédéraux, qui allaient rarement jusqu'aux poursuites. Seules les affaires médiatisées ou les crimes violents méritaient qu'ils engagent une action en justice. Mais les agressions sexuelles classiques, les vols, les voies de fait étaient le plus souvent ignorés. Et les ordures le savaient. Les violeurs pouvaient s'en prendre aux Indiennes tant qu'il le voulaient, du moment qu'ils opéraient en terre indienne."

Virgil contribue donc à la justice en se substituant au système judiciaire défaillant. Cet homme ambivalent hésite entre les traditions amérindiennes et la modernité qui s'offre à lui et devra trouver le juste accord pour sauver ceux qu'il aime.

Ce que j'ai moins aimé :

Une tension glaçante et des scènes assez violentes.

Bilan :

Un roman assez convenu mais néanmoins efficace !

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Mois de mai : Il était une fois dans l'Ouest

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