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litterature francaise

Deux jeunes artistes au chômage de Cyrille MARTINEZ

Publié le par Hélène

                                         deux artistes au chomage

♥ ♥

 

L’auteur :

Cyrille Martinez est un jeune auteur français.

 

L’histoire :

À New York New York, deux jeunes artistes au chômage se grisent de vernissages underground, de soirées drague et de poésie sonore. On reconnaîtra peut-être, derrière ces personnages, l’image réinventée d’Andy Warhol et de John Giorno, l’unique acteur du film Sleep. Mais ce n’est qu’un détail dans cette histoire de sommeil, d’art plastique et de poésie.

Une épopée comique où s’entend, en sourdine, une inquiétude sur le devenir de l’art et de la littérature. (4ème de couverture)

 

Mon avis :

jJe dois dire qu’après avoir lu plusieurs romans de la rentrée littéraire qui traitaient tous plus ou moins brillamment du thème de la famille, j’ai été agréablement surprise par ce texte différent, novateur et impertinent.  

Je n’ai pas saisi toutes les références ni tout le sens caché, raison pour laquelle on ne peut pas dire que j’ai adoré mais j’ai été bousculée, étonnée, amenée à méditer sur le sens de l’art, sur New York, sur la culture, le travail, et ce roman m’a finalement ouvert des perspectives étonnantes.

J'ai rencontré l'auteur au cours d'un pique-nique organisé par les Editions Buchet-Chastel, et nous avons pu discuter toute une après-midi avec un auteur ouvert, passionnant, vraiment sympathique.

Un artiste à suivre...

 

Premières phrases :

« Le nom New York New York vient de New qui veut dire neuf, nouveau, nouvelle, de York qui veut dire York, de de New York qui veut dire new York. »

 

Vous aimerez aussi :

Les romans de Chloé DELAUME

 

D’autres avis :

Libération, Sophie,  Isa,

 

Deux jeunes artistes au chômage, Cyrille Martinez, Buchet Chastel, août 2011, 128 p., 15 euros

 

Merci à Denis LEFEBVRE pour cette découverte et cette rencontre brillamment organisée...

challenge 1% littéraire

 

A noter que Cyrille Martinez appartient à un groupe de musique "Jaune sous-marin" qui traduit les paroles des chansons  pop anglo-américaines de manière littérale et les restitue dans les temps imposés par les morceaux d’origines. Voilà le résultat :


 
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Quand nous serons heureux de Carole FIVES

Publié le par Hélène

quand nous serons heureux

 

 

♥ ♥ ♥ 

 

« J’écris tout cela et plus encore, je donne forme à mes regrets, je les regarde en face et les tiens à distance, enfin, ces rêves qui ne sont pas les miens. Je finis par les faire tourner, les voir danser sur ma feuille de papier. » (p. 55)

 

 

L’auteur :

 

Carole Fives vit à Lille et partage son temps entre les arts plastiques et la littérature. Pour Quand nous serons heureux, elle a reçu le prix Technikart du manuscrit 2009, présidé par Alain Mabanckou.

 

L’histoire :

 

Il y a les vies que nous aimerions vivre… et celles que nous vivons, faites de compromis, de doutes, de fantasmes : le fils qui fait de la scène pour attirer l’attention de son père, la jeune femme qui comprend que ses opérations de chirurgie plastique n’ont pas réglé ses problèmes, la fan de David Bowie qui perd le sens de la réalité, l’homme qui à force de ratures, de biffures sur son agenda se rend compte que c’est son existence qu’il annule jour après jour, la victime de viol dans le déni qui relate son agression comme s’il s’agissait d’une histoire d’amour, le photographe Rmiste en panne de modèles… (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

  Le bonheur dont il est question dans le titre semble bien loin des protagonistes… Carole Fives nous présente dans ses nouvelles des êtres désenchantés, malmenés par la vie et par les autres, des hommes et des femmes à l’avenir sans espoir. Mais elle peint leur quotidien avec un ton acide et décalé qui évite le naufrage dans un désespoir sans fond, et qui, subtilement amène le lecteur vers une réflexion constructive. La forme courte et expéditive des nouvelles permet aussi de ne pas s’enferrer dans les situations glauques, mais de simplement les effleurer, les suggérer pour mieux les faire chuter en fin de nouvelle.

 

« C’est pas parce que la vie est dégoûtante qu’il faut encore en rajouter dans un bouquin, merci. » (p. 155) conseille une amie à l’auteur dans le dernier chapitre, lui enjoignant de plutôt écrire des romans comme Anna Gavalda « plein d’espoir ». Carole Fives est une auteure effectivement bien loin des stratégies commerciales, et qui écrit simplement ce qu’elle ressent, dans un acte de partage sans calcul. Elle choisit délibérément de pointer les travers de la société et de nos semblables plutôt que d’édulcorer comme tant d’auteurs contemporains populaires le monde qui nous entoure… Parce qu’on ne peut pas se cacher les yeux éternellement et que viendra un jour où il faudra peut-être revoir notre rapport aux autres…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

 J’ai lu ces nouvelles en ayant en tête le dynamisme et la gentillesse de Carole rencontrée par hasard un soir de mai. Je n’ai donc pas ressenti le côté plombant des nouvelles, mais je reconnais que leur cynisme pourrait en désarmer certains…

 

Premières phrases :

 

« Certes, les loyers y étaient largement moins élevés que dans le centre-ville. Mais ce n’est pas la seule raison qui vous a amenée à Ploucville. Le goût des quartiers populaires aussi, leur métissage, leurs possibilités d’échanges, de rencontres… »

 

Vous aimerez aussi :

 

Une vie à coucher dehors de Sylvain TESSON

 

D’autres avis :

 

Clara, Sophie

 

Quand nous serons heureux, Carole FIVES, Editions le Passage, 2010, 157 p., 14 euros

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Les poissons ne connaissent pas l’adultère de Carl ADERHOLD

Publié le par Hélène

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Une comédie décevante...

  

L’auteur :

 

Carl Aderhold est né à Decazeville (Aveyron) en 1963. Fils de comédiens, il a poursuivi des études d’histoire. Il a plus particulièrement étudié la littérature du XVIIIe siècle. Il est directeur éditorial chez Larousse dans le domaine des sciences humaines.

 

L’histoire :

 

Sauter dans un train, un matin. Tout quitter. À l’aube de ses quarante ans, une femme monte dans le Corail pour Toulouse et s’installe dans le premier compartiment venu. Il a suffi d’une séance de relooking, cadeau de ses copines, pour que tout son univers s’effondre : son pavillon de banlieue, son mari, sa fille, son emploi de caissière. Pour mieux marquer le début de sa nouvelle vie, elle change de prénom : Julia, comme Julia Roberts, son actrice préférée. Chaque gare de la ligne est une étape vers la liberté. Comme par contagion, tous les passagers qu’elle croise sont eux aussi emportés : Colette, la vieille dame, amoureuse de deux hommes, Germinal Serna, le contrôleur anarchiste, le Happy Days Band, la chorale déjantée, le sourd-muet, embarqué malgré lui dans le train, l’éternel dragueur, le serveur indien... Et Vincent, spécialiste des bestiaires médiévaux, qui se rend à un colloque en compagnie de sa femme et d’un autre couple de chercheurs. « Les poissons ne connaissent pas l’adultère », écrit l’un des auteurs du Moyen Age qu’étudie Vincent. Mais les historiens peuvent-ils en dire autant ? Dans ce voyage initiatique, tout se joue entre Paris et Toulouse en 6 h 06 : Julia se bat pour se libérer peu à peu de la fatalité qui pèse sur son existence, mais pourra-t-elle en modifier le cours ?

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’idée de départ était plaisante : suivre la trajectoire oblique d’une femme qui se découvre femme et non plus seulement mère et épouse transparente.  L’ensemble s’annonçait bien sûr léger et aérien, mais teinté d’un humour décalé de bon aloi.

 

« Qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? Exister ! Mais encore ? Chaque chose en son temps. » (p. 42)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Mais le roman n’a pas tenu ses promesses et est resté très superficiel, voire caricatural souvent dans la typologie des personnages. La fin en forme d’happy end est fidèle à cette caricature des comédies romantiques, bref l’ensemble est assez décevant.

 

Premières phrases :

 

« Tout ça, c’est à cause de la surprise des copines.

Pour l’instant, Djamel et sa fille Laura la croient en route pour son boulot. Un trajet tellement réglé qu’ils pourraient, rien qu’en regardant leur montre, deviner où elle est. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 Le mardi c'est permis

 

D’autres avis :

 

Clara, Amanda, Choco, Cathulu, Manu

  

Les poissons ne connaissent pas l’adultère, Carl ADERHOLD, JC Lattès, 2010,17.10 euros

POCHE : Les poissons ne connaissent pas l’adultère, Carl ADERHOLD, Le Livre de Poche, avril 2011, 317 p., 6.95 euros

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Six façons de le dire, David FOENKINOS, Mercédès DEAMBROSIS,Christophe FERRE, Sophie ADRIANSEN, Nicolas D’ESTIENNE D’ORVES, Yasmina KHADRA

Publié le par Hélène

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♥ ♥

 

Les auteurs :

David FOENKINOS, Mercédès DEAMBROSIS, Christophe FERRE, Sophie ADRIANSEN, Nicolas D’ESTIENNE D’ORVES, Yasmina KHADRA

 

Le projet :

Les Editions du Moteur publient exclusivement des histoires courtes adaptables au cinéma

Outre la volonté de constituer une banque d'histoires à la disposition des metteurs en scène, producteurs, acteurs..., l'idée est d'offrir aux lecteurs de la littérature comme on s'engouffre dans une salle obscure en proposant:
- six genres ( comédie, comédie romantique, engagé, polar, drame psychologique, historique)
- une lecture qui dure le temps d'une séance
- un livre au prix d'un billet. ( maximum 10 euros)

 

Les histoires :

« Bernard » de David FOENKINOS  : une comédie dans laquelle un homme se retrouve obligé de retourner vivre chez ses parents.

« De naissance » de Mercédes DEAMBROSIS : dans le genre historique nous parle de la conditions des femmes au début du XXème siècel.

« Coup de fourchette »  de Nicolas d’ESTIENNE D’ORVES : un polar dans l’univers de la gastronomie

« La photographe » de Christophe FERRE  : un drame psychologique autour d’un noivel amour à l’aube du && septembre

« Santé »  de Sophie ADRIANSEN : une comédie romantique sur l’amour à l’épreuve de l’erreur médicale

« La longue nuit d’un repenti » de Yasmina KHADRA : un texte engagé sur les difficultés de l’après guerre.

 

Ce que j’ai aimé :

-          J'ai apprécié la diversité des récits et des genres : dans « Bernard », j’ai apprécié l’humour de la nouvelle, dans « De naissance », j’ai admiré la maîtrise de l’écriture, dans « Santé » l’art de la chute et le ton drôle m’ont enthousiasmée, dans « Coup de fourchette », la construction est exemplaire et enfin le thème est admirablement bien traité dans « la longue nuit d’un repenti ». Le tout est cohérent et appréciable pour qui aime les recueils de nouvelles.

-           

Ce que j’ai moins aimé :

-          J’ai moins aimé « la photographe », trop long à mon goût et sur un sujet rabâché (le 11 septembre).

 

Premières phrases :

« Bernard » : « Je me suis dit : « Les escaliers, il ne te reste plus que les escaliers. »

« De naissance » : « J’ai peur… Tu crois que j’irai en enfer ? »

« La photographe » : « Le bonheur d’un matin. »

« Santé » : « Combien de temps lui reste-t-il, docteur ? »

« Coup de fourchette » : « Tu aimes la cervelle, gamin  demande le vieux. »

« La longue nuit d’un repenti » : « Abar Seif frotte doucement son doigt sur la lame de son coutreau traçant une incision opalescente, à pein perceptible, au milieu des rayures digitales. »

 

Vous aimerez aussi :

Des mêmes auteurs : La délicatesse de David FOENKINOS ; Je vous emmène au bout de la ligne de Rodolphe MACIA et Sophie ADRIANSEN

Autres : Une vie à coucher dehors de Sylvain TESSON 

 

Six façons de le dire, FOENKINOS, DEAMBROSIS,FERRE, ADRIANSEN, D’ESTIENNE D’ORVES, KHADRA, Les Editions du Moteur, mzi 2011, 250 p., 19.50 euros

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Une rivière verte et silencieuse de Hubert MINGARELLI

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

Une petite merveille pour souhaiter une

bonne fête à tous les pères !!!

  

L’auteur :

 

Hubert Mingarelli est un écrivain français. Il est lauréat du Prix Médicis en 2003 pour son roman Quatre Soldats. Il vit aujourd'hui dans un hameau de montagne de Matheysine dans les Alpes françaises.

 

L’histoire :

 

Un petit garçon, Primo, vit seul avec son père, ouvrier au chômage. Pauvreté matérielle et dénuement psychologique marquent ce récit. Le père et l'enfant imaginent faire fortune en cultivant des rosiers. On leur coupe l'électricité. Ils vont manger dans un bistrot où une femme chante des chansons grivoises. Ils volent des cierges dans une église pour s'éclairer. (Présentation Fnac)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Une rivière verte et silencieuse est un texte court et lumineux serti comme une pierre précieuse. Chaque scène est parfaite, s’insérant à merveille dans l’ensemble.

 

-          L’amour du père et du fils est au coeur du roman : ce père attendrissant est considéré comme un raté par tous mais l’amour de son fils va réussir à le sauver. Ils ont besoin l'un de l'autre, quoi qu'il arrive, Primo  veut désespérément croire en cet homme, son seul repère dans une vie solitaire, comme le père a besoin de choyer son fils pour se sentir exister :

 

« Les gens prétendaient que mon père était un raté. Ils omettaient de dire qu’il avait attrapé des truites bleues à la main.

Je fermai les yeux.

Une rivière verte et des truites bleues. » (p. 52)

 

  - C'est un roman très visuel, la brieveté et la pureté des scènes leur apporte une intensité miraculeuse. Il est difficile de trouver les mots pour décrire cette merveille, je n'aurais qu'un seul mot "lisez-le"...

       

   « C'est vraiment pas grand-chose que ce livre, mais un premier roman capable de faire naître autant d'émotions, si on croyait en Dieu, on dirait qu'aujourd'hui c'est presque un miracle. » (Thierry Guichard, Matricule des Anges)

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien…

 

Premières phrases :

 

« Cette herbe poussait si vite que personne ne jugeait utile de couper une herbe qui aurait repoussé le lendemain. Elle commençait derrière les maisons et, me semblait-il, s’étendait aussi loin que la vue portait depuis le sommet du château d’eau. Mais je ne pouvais pas l’affirmer, car je n’étais jamais monté sur le château d’eau. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Trois chevaux de Erri DE LUCA

 

D’autres avis :

 

Le Matricule des Anges

 

Une rivière verte et silencieuse, Hubert Mingarelli, Editions du Seuil, 1999, 123 p., 11.43 euros

POCHE : Une rivière verte et silencieuse, Hubert Mingarelli, Points, 2001, 128 p., 5 euros

 

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Un silence de clairière de David THOMAS

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

Prix orange du livre 2011

  

 L’auteur :

 

Après avoir été journaliste pendant une quinzaine d'années, David Thomas se consacre aujourd'hui à l'écriture. Il a publié plusieurs pièces de théâtre et un recueil de nouvelles, La patience des buffles sous la pluie (prix de la Découverte 2009 de la Fondation Prince Pierre de Monaco). Il signe ici son premier roman.

 

L’histoire :

 

Adrien Lipnitsky n'est pas en grande forme. Il finit par comprendre que derrière ce malaise existentiel se cache l'absence de son frère, voyageur insatiable, dont il est sans nouvelle depuis un an. Il décide alors de partir à sa recherche. Son périple le mènera au coeur de la Suède. C'est là, dans le silence d'une clairière perdue dans une immense forêt, qu'il va être au plus près de son frère. Mais peut-on jamais atteindre ceux qui vous manquent ? (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          J’attendais avec fébrilité la sortie de ce roman de David Thomas auteur que j’ai découvert avec sa Patience des buffles sous la pluie, un petit bijou que j’affectionne tellement qu'il eût l'immense privilège de constituer le premier billet de ce blog, il y a un an de cela. J’en possède même deux exemplaires au cas où j’en perdrais un, sait-on jamais…

  

-          J’ai retrouvé avec joie la façon désinvolte et  ironique qu’il a de considérer le couple et les relations amoureuses :

 

 « Moi aussi je l’ai aimée, mais je l’ai sans doute aimée en déformant à mon avantage ce qu’elle était. Elle marchait vite, je prenais cela pour de al vivacité alors que c’était de l’impatience. Elle s’emportait, je prenais ça pour de la passion alors que c’était de l’intransigeance. Elle m’encourageait à écrire, je prenais ça pour du soutien alors que c’était du calcul. Elle disait la plus crasse des idioties, je prenais ça pour une charmante naïveté alors que c’était bien la plus crasse des idioties. C’est dire à quel point je l’aimais. » (p. 61)

 

-          J’ai admiré là encore son sens de la formule :

 

« Cette fille-là fouettait le temps et le dressait comme on dompte un tigre, sans craindre les dangereux coups de patte que peuvent vous assener les lendemains qui déchantent. »

 

-          J’ai découvert une belle réflexion sur l’écriture et la création, tout à fait en adéquation avec le personnage créé :

 

« J’avais fait ce choix, je m’y tenais, voilà tout. Pour le plaisir de réussir une phrase comme on réussit une sauce et pour donner un sens à ma vie. » (p. 57)

 

« L’écriture est le meilleur moyen de se souvenir de ce que l’on n’a pas vécu.  C’est le désir qui tend les cœurs et les arcs. C’est à lui que l’on doit tout.  Et un désir qui ne se transforme pas en obsession n’a pas plus d’intérêt qu’une pluie en novembre. Il fallait ne rien céder afin d’affirmer, dans un hurlement de muet, qui on était. Il fallait aller au bout de soi et marcher jusqu’à ses propres soleils en restant sourd à ses propres craintes. » (p. 171)

 

-          Bref j’ai adoré cet Adrien Lipnitsky, un homme perdu dans un monde fou, et qui par son humour et sa dérision, parvient à donner du relief à son univers.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Mais (et c’est là que je verse une larme tant je suis déçue qu’il y ait ce « mais »…)  mais à mes yeux ce roman manque d’envergure (premier sanglot). Il aurait pu être tellement plus dense, tellement plus drôle, tellement plus inventif (deuxième sanglot) tant cet auteur est doué. Mais je me suis sentie comme « ces entraîneurs qui reviennent de Deauville avec un yearling sur lequel ils avaient mis tous leurs espoirs et qui, après plusieurs années d’entraînement intensif, de soins méticuleux, d’attention affectueuse et de projections égotiques, sont confrontés à l’implacable réalité des tiercés. » (p. 57) (ultime sanglot)

 

Premières phrases :

 

« J’ai couru après quelqu’un ou quelque chose. J’ai passé ma vie à ça. Ce jour-là, j’avais couru après un chevreuil. Quelqu’un peut me dire ce que je faisais dans cette campagne à courir après un chevreuil ? »

 

Vous aimerez aussi :

 

 La patience des buffles sous la pluie de David THOMAS

 

Un silence de clairière, David Thomas, Albin Michel, mars 2011, 174 p., 15 euros

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Le livre de ma mère de Albert COHEN

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥ ♥

 « Ce que je sais c’est que ma mère était un génie de l’amour. Comme la tienne, toi qui me lis. » (p. 102)

« Eh bien, moi, je t’envoie, les yeux ennoblis par toi, je t’envoie à travers les espaces et les silences, ce même acte de foi, et je te dis gravement : ma Maman. » ( p. 106)

 

L’auteur :

 

Albert Cohen, écrivain suisse d'origine juive, est né en 1895 à Corfou et décédé en 1981 à Genève. Il publia Le livre de ma mère en 1954. Pendant sa carrière d'écrivain, il publia également Solal (1930), Mangeclous (1938); en 1968, le grand prix du roman de l'Académie française lui est décerné pour Belle du Seigneur.

 

L’histoire :

 

 Albert Cohen se dévoile à nous peu après la mort de sa mère, en mettant à nu ses sentiments et ses regrets. Il livre des détails qui lui viennent en mémoire ou des moments-clés de la vie de celle qui lui était si chère.

Le livre de ma mère reste une oeuvre majeure des écrits de l'écrivain. Plus qu'une autobiographie, c'est le portrait d'une mère qui atteint une portée universelle.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Le magnifique hommage rendu à sa mère et aux mères en général. C’est un roman émouvant que chaque enfant aurait aimé écrire pour sa propre mère. Un roman que vous devez lire…

 

« Je vous salue, mères pleines de grâce, saintes sentinelles, courage et bonté, chaleur et regard d'amour, vous aux yeux qui devinent, vous qui savez tout de suite si les méchants nous ont fait de la peine, vous, seuls humains en qui nous puissions avoir confiance et qui jamais, jamais ne nous trahirez, je vous salue, mères qui pensez à nous sans cesse et jusque dans vos sommeils, mères qui pardonnez toujours et caressez nos fronts de vos mains flétries, mères qui nous attendez, mères qui êtes toujours à la fenêtre pour nous regarder partir, mères qui nous trouvez incomparables et uniques, mères qui ne vous lassez jamais de nous servir et de nous couvrir et de nous border au lit même si nous avons quarante ans, qui ne nous aimez pas moins si nous sommes laids, ratés, avilis, faibles ou lâches, mères qui parfois me faites croire en Dieu. »(p. 171)

 

 « Fils des mères encore vivantes, n’oubliez plus que vos mères sont mortelles. Je n’aurai pas écrit en vain, si l’un de vous, après avoir lu mon chant de mort est plus doux avec sa mère, un soir, à cause de moi et de ma mère. Soyez doux chaque jour avec votre mère. Aimez-la mieux que je n’ai su aimer ma mère. Que chaque jour vous lui apportiez une joie, c’est ce que je vous dis du droit de mon regret, gravement du haut de mon deuil. Ces paroles que je vous adresse, fils des mères encore vivantes, sont les seules condoléances qu’à moi-même je puisse m’offrir. Pendant qu’il est temps, fils, pendant qu’elle est encore là. Hâtez-vous, car bientôt l’immobilité sera sur sa face imperceptiblement souriante virginalement ». (p. 169)

 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Rien.

 

Premières phrases :

 

« Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. Ce n’est pas une raison pour ne pas se consoler, ce soir, dans les bruits finissants de la rue, se consoler, ce soir, avec des mots. Oh, le pauvre perdu qui, devant sa table, se console avec des mots, devant sa table et le téléphone décroché, car il a peur du dehors, et le soir, si le téléphone est décroché, il se sent tout roi et défendu contre les méchants du dehors, si vite méchants, méchants pour rien. »

 

Vous aimerez aussi :

 

L’âge d’homme de Michel LEIRIS

 

Le livre de ma mère, Albert COHEN, Gallimard, avril 1954, 221 p., 19.50 euros

POCHE : Le livre de ma mère, Albert COHEN, Folio, janvier 2007, 175 p., 4.60 euros

 

Théoma l'a également lu et apprécié.

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Les éclaireurs de Antoine BELLO

Publié le par Hélène

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♥ ♥

Prix France Culture Télérama 2009

 

L’auteur :

 

Antoine Bello est un écrivain et entrepreneur français. Arrière-petit neveu de Marcel Aymé, Antoine Bello publie son premier livre, un recueil de nouvelles intitulé Les Funambules, en 1996.

 

L’histoire :

 

C'est l'histoire de Sliv, agent spécial du CFR (Consortium de Falsification du Réel), qui veut comprendre pour quoi et pour qui il travaille. C'est l'histoire d'une organisation secrète internationale, qui tente d'influer sur l'histoire des hommes, et dont l'existence est brutalement remise en cause un certain 11 septembre 2001. C'est l'histoire de Youssef, tiraillé entre sa foi et son amitié ; de Maga, jeune femme moderne que son mariage précipite dans une famille d'intégristes ; de Lena, dont la rivalité professionnelle avec Sliv cache peut-être des sentiments d'une autre nature. C'est l'histoire d'une grande nation, l'Amérique, qui trahit ses valeurs quand le monde a le plus besoin d'elle. C'est, d'une certaine façon, l'histoire du siècle qui vient. (source : éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-       -    Le concept même des falsificateurs apporte des problématiques d’actualité sur la manipulation des informations, le pouvoir de la fiction, des problématiques traitées ici avec intelligence et subtilité.

 

-          - L’écriture alerte d’Antoine Bello nous emporte allègrement dans son roman.

 

-          - Le personnage de Silv est suffisamment bien brossé pour que chaque lecteur puisse se reconnaître dans cet homme qui cherche à donner un sens à sa vie.

 

-          - Un résumé détaillé des Falsificateurs en début de roman nous permet de nous situer dans le roman.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          L’aspect historique du roman ne m’a pas passionné : il revient sur le 11 septembre, sur la guerre en Irak, bref des évènements mille fois ressassés jusqu’à la lassitude…

 

-          Je pense qu’il serait plus pertinent de commencer par la lecture des falsificateurs pour bien saisir la personnalité de chaque personnage et le fonctionnement précis du CFR.

 

Premières phrases :

 

« Comme chaque fois que je poussais la lourde porte vitrée du cabinet Baldur, Furuset et Thorberg, je méditais brièvement sur le tour qu’avait failli prendre ma vie dix ans plus tôt, ce jour où j’avais répondu à une annonce pour un poste de chef de projet en études environnementales. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Les falsificateurs

 

D'autres avis : Keisha, Dasola,  Magazine littéraire , Télérama 

 

Les éclaireurs, Antoine Bello, Gallimard,février 2009, 477 p., 21 euros

POCHE : Les éclaireurs, Antoine Bello, Folio, septembre 2010, 488 p.,6.80 euros

 

Je remercie Lise Chasteloux pour cette immersion dans un monde falsifié...

 

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Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias ENARD

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

 Prix Goncourt des lycéens en 2010

 

L’auteur :

 

Mathias Enard est un écrivain français. Son roman Zone a obtenu le Prix décembre en 2008 et le prix du livre Inter en 2009.

 

L’histoire :

 

13 mai 1506, un certain Michelangelo Buonarotti débarque à Constantinople. A Rome, il a laissé en plan le tombeau qu'il dessine pour Jules II, le pape guerrier et mauvais payeur. Il répond à l'invitation du Sultan qui veut lui confier la conception d'un pont sur la Corne d'Or, projet retiré à Leonardo da Vinci. Urgence de la commande, tourbillon des rencontres, séductions et dangers de l'étrangeté byzantine, Michel Ange, l'homme de la Renaissance, esquisse avec l'Orient un sublime rendez-vous manqué. (Présentation de l’éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-         Le style est ciselé, lyrique, poétique et il nous emporte en deux mots sur les rives de l’histoire avec une facilité déconcertante :

 

« Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l’amour ; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et des temples. Ils s’accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards ; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, d’éléphants, de rois et d’êtres merveilleux ; en leur racontant le bonheur qu’il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l’amour, l’amour, cette promesse d’oubli et de satiété. » (p.66)

 

-         Tel un poète, Michel Ange veut sublimer le monde, lui apporter de la beauté pour que la nuit ne triomphe pas. Ce n’est pas seulement un pont qu’il souhaite construire, mais une véritable œuvre d’art inscrite dans l’éternité. La vie et ses contingences auront raison de ses projets…

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-         Michel Ange est saisi dans l’immédiateté de son histoire personnelle mais aussi de la grande Histoire. Le fait d’ancrer ce court récit dans une réalité historique apporte un souffle de magie supplémentaire aux instants fugaces saisis dans la vie de cet homme illustre.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- La légèreté de ce petit roman me laisse penser qu’il ne me laissera pas une impression durable…

 

Premières phrases :

 

« La nuit ne communique pas avec le jour. Elle y brûle. On la porte au bûcher à l’aube. Et avec elle ses gens, les buveurs, les poètes, les amants. Nous sommes un peuple de relégués, de condamnés à mort. Je ne te connais pas. Je connais ton ami turc ; c’est l’un des nôtres. Petit à petit il disparaît du monde, avalé par l’ombre et ses mirages ; nous sommes frères. »

 

 

D’autres avis : Griotte (Merci, merci), Leiloona, Amanda, Dominique, Pickwick, La Ruelle Bleue, Alex

  

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, Mathias ENARD, Actes Sud, août 2010, 153 p., 17 euros

 

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La délicatesse de David FOENKINOS

Publié le par Hélène

délicatesse

 ♥ ♥ 

  « L’art d’aimer ?

C’est savoir joindre à un tempérament de vampire

La discrétion d’une anémone. » (Cioran) (p. 82)

 

L’auteur :

 

David Foenkinos est un écrivain et scénariste français. Il a publié son premier roman en 2002.

 

L’histoire :

 

« Il passait par là, elle l'avait embrassé sans réfléchir.   Maintenant, elle se demande si elle a bien fait.   C'est l'histoire d'une femme qui va être surprise par un homme.   Réellement surprise. » (Présentation de l'éditeur)

 

Ce que j’ai aimé :

 

-         J’ai croisé David Foenkinos en juin dernier lors de la remise du prix orange du livre (il appartenait au jury), et j’avais envie de voir si l’œuvre ressemblait à l’homme : spirituel, drôle, gai… Eh bien oui, pari réussi, cette Délicatesse a tenu ses promesses. C’est effectivement un roman drôle, spirituel et gai.

 

-         Les  chapitres sont entrecoupés de brèves digressions : « Définition du mot « délicatesse » dans le Larousse », « Résultats de ligue 1 le soir où Charles comprit qu’il ne plairait jamais à Nathalie », « Ingrédients nécessaires pour le risotto aux asperges »… Elles apportent un voile léger et décalé au roman en désamorçant l’intrigue.

 

« Pensée d’un philosophe polonais

 

Il y a des gens formidables

Qu’on rencontre au mauvais moment.

Et il y a des gens qui sont formidables

Parce qu’on les rencontre au bon moment. » (p. 88)

 

-         L’analyse des sentiments est intelligente et subtile. David Foenkinos décrit avec tendresse ces instants fragiles durant lesquels tout peut basculer, aussi bien dans le positif que dans le négatif si l’on n’y prend pas garde.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-         Le tout reste très léger, sans grande prétention.

 

Premières phrases :

 

« Nathalie était plutôt discrète (une sorte de féminité suisse). Elle avait traversé l’adolescence sans heurt, respectant les passages piétons. A vingt ans, elle envisageait l’avenir comme une promesse. Elle aimait rire. Elle aimait lire. »

 

Vous aimerez aussi :

 

  Le traducteur amoureux de Jacques GELAT

 

Une adaptation de ce roman devrait voir le jour en 2012.

   

D’autres avis : Sophie, Amanda, Karine

 

La délicatesse, David Foenkinos, Gallimard, août 2009, 200 p., 16 euros

POCHE : La délicatesse, David Foenkinos, Folio, janvier 2011, 209 p., 6.20 euros

 

Je remercie Lise Chasteloux pour cette lecture rafraichissante...

 

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