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litterature francaise

Rêveurs de Alain BLOTTIERE

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

 

 L’auteur :

Romancier, essayiste et auteur de récits de voyage, Alain Blottière partage sa vie entre la France et l'Égypte depuis 1985. Il a notamment publié aux Éditions Gallimard, Saad (Le Chemin, 1980), Le Point d'eau (Blanche, 1985), Le Tombeau de Tommy (Blanche 2009 et Folio 5203). (Présentation de l’éditeur)

 L’histoire :

Nathan est un lycéen français vivant dans une banlieue confortable, choyé par son père, aimé par une jolie Manon. Mais pris au piège entre l'ennui du quotidien et la peur de l'inconnu. Il se réfugie dans le monde virtuel de ses jeux vidéo et celui, plus dangereux, du jeu du foulard, du « rêve indien » : pour retrouver les visions qu'il aime, il s'étrangle, il se pend.

Goma est un enfant des rues du Caire. Il a grandi dans un quartier misérable et surpeuplé en compagnie d'autres gamins affamés, manquant de tout, brutalisés par la police. Pour survivre, il est ramasseur de cartons ou pousseur de balançoire. Il n'a qu'un rêve : partir. La chute de Moubarak, les manifestations de la place Tahrir, auxquelles il participe, lui donnent un temps l'espoir d'une vie meilleure.

Nathan et Goma ne se connaissent pas, vivent à trois mille kilomètres l'un de l'autre. Pourtant, avant même de se rencontrer, ils sont inséparables. (Quatrième de couverture)

 

Ce que j’ai aimé :

Nathan et Goma évoluent dans deux mondes très différents : Nathan vit en France au sein d’une famille aimante, il a une petite amie, des amis, seule lui manque sa mère, décédée dans un accident de voiture quand il était enfant. Goma vit en Egypte, rejeté par sa mère il est contraint de vivre dans la rue en ramassant des cartons, et il assiste plein d’espoir aux prémices de la révolution égyptienne lancé contre Moubarak. Et pourtant ces deux  êtres ont de nombreuses similitudes : tous deux flirtent avec la mort, Nathan pour échapper à un quotidien vide et retrouver la douceur de sa mère disparue, Goma parce qu’il est né dans ce pays en révolution.

Nathan cherche à s’échapper dans le virtuel par l’intermédiaire de ses jeux vidéo, ou du jeu du foulard pour connaître une intensité des sensations absentes de sa  vie quotidienne. Il s'échappe dans les rêves provoqués par la suffocation.

Goma participe à la révolution égyptienne plein d’espoir et regarde impuissant ses amis des rues mourir sous l’assaut des chars, sous les coups, la torture, tout en rêvant à un ailleurs idyllique moins violent, pour lui, la France.  Et même si la chute de Moubarak n’est que l’occasion pour les « hommes noirs » (l’armée)  de prendre le pouvoir, Goma n’oublie pas de croire à un monde meilleur.

L’écriture maîtrisée, ni trop pathétique, ni trop insensible, de Alain Blottière est un vrai plaisir. Il utilise un procédé original qui relie les deux êtres que tout sépare jusque dans la phrase :

« Goma, malgré les protestations de Ragab, a tenu à s’asseoir quelques minutes sur un apis, adossé à un pilier, pour savourer la paix après avoir fermé les yeux

            dans l’église et alors Nathan a vu l’image du cadavre fondre, perdre peu à peu ses contours et ses couleurs puis se diluer dans l’oubli des rêves. » (p. 23)

Ce destin croisé de deux adolescents est criant de vérité et d’intensité.

 

Ce que j’ai moins aimé :

   - Assez noir malgré tout.

 

Premières phrases :

« Un éclair et dans cette violente lumière de foudre une pluie de pétales rouges embaumés tombant sur le cadavre nu de son père, qu’il découvrait avec une extravagante jubilation, une bouffée de bonheur pur qui emplissait les poumons et se régénérait, l’éclair durant, au fur et à mesure qu’apparaissaient  des mouvements réflexes du mort encore chaud sous les roses, battements de paupières, tressaillements d’un auriculaire, sourire, enfin, s’éternisant au point qu’il comprenait que son père lui jouait un de ces tours idiots dont il avait le secret et qui, invariablement, même cette fois où il décevait en ressuscitant, déclenchaient un fou rire. »

 

Vous aimerez aussi :

Alaa EL ASWANY L’immeuble Yacoubian

 

Rêveurs, Alain Blottière, Gallimard, septembre 2012, 176 p., 15.90 euros

  challenge rentrée littéraire 2012

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L’arrière-saison de Philippe BESSON

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥

« L’important, c’est l’instant, sa fragilité et son intensité. (p. 185)

 

L’auteur :

 http://www.philippebesson.com

 

L’histoire :

« Au commencement, il y a cette peinture d'Edward Hopper qu'on peut voir à Chicago. J'ai dû l'apercevoir à plusieurs reprises avant de m'en procurer une reproduction, un dimanche d'ennui. Un soir, sans intention particulière, j'ai observé la femme en robe rouge de la peinture, assise au comptoir d'un café nommé Phillies, entourée de trois hommes. Alors, ça s'est imposé à moi, sans que j'aie rien cherché. J'ai eu l'envie impérieuse de raconter l'histoire de cette femme et des trois hommes autour d'elle, et d'un café de Cape Cod. »

Philippe Besson (Quatrième de couverture)

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Ce que j’ai aimé :

 Le temps est comme figé autour de ce bar, de ces trois personnages. Philippe Besson ébauche une histoire en filigrane : la femme en rouge attend un homme, retenu auprès d'une autre femme et elle espère être à l'orée d'une nouvelle vie, plus lumineuse, plus franche. Puis l'homme au chapeau pénètre dans le bar et réinvestit la vie de cette belle femme. Ce n'est pas lui qu'elle attendait, mais il va pourtant trouver sa place dans le tableau.  Le serveur est le complice muet de leurs retrouvailles, le troisième homme un client de passage.

Les descriptions parlent directement aux sens : le lecteur est comme transporté dans cette scène, le style pictural de l'auteur fait mouche :

  « Le crépuscule de Cape Cod tombe sur les vérandas des villas avoisinantes, où de jeunes femmes aux épaules découvertes ont profité jusqu’au dernier moment des rayons du soleil. Des chaises à bascule grincent avec le vent léger qui se lève, qui arrive maintenant de l’océan. Une balançoire bouge sans que nul ne l’actionne. Un frisson parcourt les dunes et agite les fils électriques pendus aux poteaux qui longent la route de la côte. Un drapeau américain claque dans l’indifférence. Ici, on ferme une fenêtre ; là, on allume une lumière. Un peu plus loin, sous un ciel orangé, les barques tanguent comme des ombres et des mâts font entendre leurs grelots. C’est un instant de Chatham, Massachusetts. » (p. 153)

 La scène est comme un cocon dans lequel les personnages évoluent, éprouvent des sentiments, pour s’évanouir ensuite aux portes du tableau et des pages. Le grand talent de l’auteur est d’avoir réussi à donner vie à ces marionnettes inanimées.

« En fin de compte, les souffrances font partie de l’existence, elles valent cent fois mieux que des moments insipides, elles sont le prix à payer pour affirmer ce qu’on est et accomplir ce qu’on a décidé. C’est son rêve américain à elle. L’or qu’elle cherche à conquérir, à la manière des pionniers, les ambitions qu’elle nourrit ou les chimères après lesquelles elle court, elle les traque en elle-même. » (p. 182)

 Un très beau texte simple et lumineux…

 

 Ce que j’ai moins aimé :

-Rien.

 Premières phrases :

 « Donc, au début, elle sourit.

C’est un sourire discret, presque imperceptible, de ceux qui se forment sur le visage parfois, sans qu’on le décide, qui surgissent sans qu’on les commande, qui ne semblent reliés à rien en particulier, qu’on en saurait pas forcément expliquer.

Voilà : c’est un sourire de presque rien, qui pourrait être le signal du bonheur. »

 

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La trahison de Thomas Spencer

Autre : Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE 

 

D’autres avis :

L’Express 

   

POCHE : L’arrière-saison, Philippe Besson, 10-18, janvier 2009, 6.60 euros

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Avenue des géants de Marc DUGAIN

Publié le par Hélène

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   ♥ ♥

Dans la peau d'un tueur...

 

 L’auteur :

 Après avoir vécu les sept premières années de sa vie au Sénégal, Marc Dugain revient en France avec ses parents. Il intègre quelque temps plus tard l'Institut d'études politiques de Grenoble, où il étudie les sciences politiques et la finance, avant de prendre la tête d'une compagnie d'aviation. Mais l'écriture l'a toujours démangé. Aussi, il se décide à prendre la plume, et signe 'La Chambre des officiers' en 1998. Ce premier roman reçoit près de vingt prix littéraires et est adapté au cinéma. Il sort ensuite 'Campagne anglaise', 'Heureux comme dieu en France', 'La Malédiction d'Edgar' et plus récemment 'Une exécution ordinaire' (2007), et se constitue peu à peu un lectorat fidèle. Friand d'horizons lointains, Marc Dugain vit au Maroc depuis 2001. (Source : Evene)

 L’histoire :

 Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son QI n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite. Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam. (Quatrième de couverture)

 Ce que j’ai aimé :

 La construction millimétrée du roman laisse planer le doute et crée un effet d'attente ambivalente : le grand talent de Marc Dugain est de parvenir à créer chez le lecteur de l'empathie pour cet homme maltraité, mal aimé.  Est-il en prison, va-t-il en sortir ? Va-t-il y retourner ? Pourquoi ? Ses contradictions, ses pulsions, ses maigres bonheurs s'inscrivent tellement dans une logique implacable que l'issue du roman devient peu à peu inéluctable.  Mais qui est responsable réellement de cet état de fait ?

 Inspiré d'un personnage réel, le portrait de Al Kenner est brillant d'exactitude et cette plongée au coeur de l'esprit d'un tueur est glaçante. Le mal était-il en lui dés sa naissance comme le pense sa mère ou son enfance, l'abandon de son père, la froideur et dureté de sa mère sont-ils à l'origine de son manque d'empathie et de sa propension à tuer ? L'auteur ne répond pas à ces questions mais offre au lecteur la possibilité de s'ouvrir vers une réflexion large et féconde sur ces tueurs à la personnalité complexe. 

  avenue des géants edmund

  Edmund Kemper,2,10 m pour 130 kg, est aujourd'hui enfermé à vie dans la prison d'État de Folsom, en Californie (ici, en 1973). Crédits photo : Corbis/© Bettmann/CORBIS

 Ce que j’ai moins aimé :

 Malheureusement, quelques longueurs se font sentir, d'autant plus que le style plat (sujet verbe complement) ne porte pas toujours suffisamment le sujet…

 Premières phrases :

 « Comme chaque mois, elle lui fait face après s’être installée lourdement sur sa chaise. Elle sort les livres de son sac, une dizaine. Pour la plupart ils ont une couverture cartonnée. Il y jette un coup d’œil rapide, et les pose devant lui. »


Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : La chambre des officiers

D’autres avis :

 

Blogs : Ys ;  Clara ; Jostein ; Dasola ; Nadael   ; Keisha

Presse :  Le point ; Télérama L’express ; Le Figaro ; Bibliobs ; Lire  

 

Avenue des géants, Marc DUGAIN, Gallimard, avril 2012, 360 p., 21.50 euros

 grand prix lectrices de elle 

12 d'Ys

 

 

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Les heures silencieuses de Gaëlle JOSSE

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥

 

L’auteur :

http://gaellejosse.kazeo.com/

 

 L’histoire :

« A l'heure où mes jours se ternissent comme un miroir perd son tain, le besoin de m'alléger de ce qui m'encombre devient plus fort que tout. Je garde l'espoir, naïf peut-être, qu'un tel aveu sera comme l'amputation d'un membre inguérissable qui, pour douloureuse qu'elle soit, permet de sauver le reste du corps. »

  Tout paraît à sa juste place dans la vie de Magdalena, épouse de Pieter Van Beyeren, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft. Rigoureuse, maîtresse d'elle-même, elle aurait pu succéder à son père. Mais le commerce est réservé aux hommes. Sa place est au foyer. Magdalena doit se limiter à cet espace intérieur, où elle a souhaité se faire représenter à son épinette, de dos. Un décor à secrets, que son journal intime dévoile. Déceptions, souvenirs, drames familiaux, mais aussi joies, et désirs interdits... Dans le silence de l'heure, derrière le précaire rempart de l'ordre et de la mesure, Magdalena transcrit les vacillements de son coeur, explorant les replis les plus secrets de l'âme. (Quatrième de couverture)

 

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Ce que j’ai aimé :

Les heures silencieuses nous plonge dans l’intimité d’une femme douce, posée, meurtrie par certains évènements de la vie mais capable d’enfouir ces souvenirs dans le fond de son âme pour espérer aspirer à un soupçon de quiétude. Sa personnalité inocule un charme diffus à son récit, comme le décor diaphane de cette Hollande du XVIIème siècle.  

« Lorsque je me surprends à rêver, c’est d’une existence tissée de ces seuls moments, où chacun semble s’accorder à lui-même, comme à son entourage, avec la plus grand justesse, et n’éprouver pour le monde qu’indulgence, et affection. » (p.83)

 

Ce que j’ai moins aimé :

Je ne saurais dire à quoi cela tient exactement, mais il m’a manqué un petit quelque chose pour être totalement conquise, un  petit supplément d’âme, un soupçon de poésie, un brin de profondeur…

 

 Premières phrases :

 « Je m’appelle Magdalena Van Beyeren. C’est moi, de dos, sur le tableau. Je suis l’épouse de Pieter Van Beyeren, l’administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à Delft, et la fille  de Cornelis van Leeuwenbrock. Pieter tient sa charge de mon père. »

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Des vies désaccordées

Autre : La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier

 

 D’autres avis :

 Mango Clara, Sylire, Manu, George,  Jostein Mimi   

 

Les heures silencieuses, Gaëlle Josse, Autrement, janvier 2011, 134 p., 13 euros

Merci à Manu pour le prêt…

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Les oubliés de la lande de Fabienne JUHEL

Publié le par Hélène

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♥ ♥

 L’auteur :

Née en 1965 à Saint-Brieuc, Fabienne Juhel vit en Bretagne. Elle est notamment l'auteur des Hommes Sirènes (2011} et de À l'angle du renard (2009), prix du roman Ouest-France/Étonnants voyageurs.

 L’histoire :

C'est un endroit si isolé qu'aucun chemin n'y mène. Une contrée sauvage qu'aucune carte ne mentionne. C'est un village sans nom. Un trou noir. Ils sont une trentaine à vivre là, oubliés dans la lande. Tous ont une bonne raison de s'y être réfugiés. Il y a ceux qui craignaient la mort. Ceux qui ne pouvaient imaginer leur vie sans l'homme qu'ils aimaient. Et les autres, aux motivations moins avouables. Mais cette quiétude éternelle va être foudroyée, le premier jour de l'été. Tom, l'unique enfant de la communauté, fait une découverte macabre : le corps d'un inconnu, aux portes du village. Il a déjà été témoin d'autres événements inexplicables. Quelqu'un aurait-il réveillé les vieux démons ?

Dans son cinquième roman, Fabienne Juhel mène l'enquête avec une redoutable efficacité, fouillant le passé de chacun de ses personnages pour en dévoiler les plus funestes secrets. Roman à suspense, Les Oubliés de la lande nous offre une remarquable réflexion sur le sens de la vie, ce temps compté qui donne tout son prix aux instants vécus.

 Le mot de l'auteur

Mai 2011. Mon père me conduit à l'aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande. J'ai accepté de me rendre à La Comédie du livre parce que Montpellier est une ville solaire qui m'a sauvée, un jour, d'une envie de déserter ce monde. Nous roulons en silence. Toujours cette peur de prendre l'avion, cette angoisse de mourir. Mon père me raconte, qu'avec un ami, il a rendu visite à un homme retiré du monde. Il faut marcher longtemps, emprunter des pistes foulées par des sangliers, pour atteindre sa cabane.» Eh bien ! la Mort, elle n'est pas prête de te trouver !», dit l'ami. Alors, mon angoisse combinée à ma dette envers la ville solaire et cet aéroport qui a eu la bonne idée de mettre «lande» au bout de son nom, ont tissé Les oubliés de la lande. Parce que la mort n'est pas une échéance, mais un lâcher prise. Avion ou pas, en l'attendant, moi, je ne lâche rien.

 

Ce que j’ai aimé :

Vivre dans un « No death’s land », dans un pays isolé que la mort aurait oublié, un village dans lequel le temps aussi s’est arrêté, comme suspendu entre vie et mort… Vivre sans angoisse de la mort, libre… Mais peut-on être libres, êtres de chair et de sang que nous sommes, hommes et femmes de mémoire qui portons à chaque instant les stigmates du passé ? Les pistes de réflexion sont foisonnantes dans ce roman au thème fantastique discret, placé dans une réalité cohérente. En voulant écarter la mort, les personnages du roman en font finalement le thème principal de leur vie…

Fabienne Juhel est une conteuse hors pair, hantée par les légendes bretonnes, elle ancre ses romans dans des paysages de landes désertés, baignés par des lueurs surnaturelles inquiétantes et fascinantes à la fois créant ainsi des mondes interlopes.

 « Si quelqu'un avait aperçu la silhouette du voyageur griffant le ciel bleu depuis la lande rousse, il aurait pensé à un sarment tout sec ou aux racines d'une souche fossilisée interrogeant le ciel à l'envers. Peut-être aussi à un épouvantail enlevé par les vents d'hiver et planté là, par hasard, dans cette terre aride et sèche qui n'enfantait plus que des cailloux. » (début)

 Ce que j’ai moins aimé :

 Puis, tout à coup le monde interlope devient réellement glauque avec la description d’une scène particulièrement horrible. A tel point que j’en ai ressenti physiquement le choc, la révélation finale m’a donné des réels hauts de cœur. Je lis beaucoup de romans policiers et j’ai rarement autant été secouée…

De fait un bilan en demi-teinte…

 Premières phrases :

« Le voyageur arriva épuisé aux portes du village.

Il avait marché de longues heures dans une lande tout à fait déserte, ravinée par les déluges qui s’abattaient souvent dans la région, aujourd’hui mangée de soleil. La godasse achoppant sur de petits cailloux têtus. Il s’était emmêlé les pieds dans des barbelés de ronciers où s’accrochait du crin de sanglier – un peu de fibre de ses chaussettes maintenant. Sa progression était lente. Les stridulations assourdissantes des grillons pesaient comme du goudron frais collé à ses semelles. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : A l’angle du renard de Fabienne JUHEL

 

 D’autres avis :

Clara  

Les oubliés de la lande, Fabienne Juhel, Editions du Rouergue, août 2012, 282 p., 21 euros

 challenge rentrée littéraire 2012 

   dialogues-croises

 

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L’homme-joie de Christian BOBIN

Publié le par Hélène

                                        homme joie

 ♥ ♥ ♥

 « Ce qui compte c’est la puissance de la joie qui éclate à la vitre de nos yeux. » (p. 105)

  

L’auteur :

 Christian Bobin, né au Creusot en Saône-et-Loire où il demeure, est un écrivain et poète français.

Après avoir étudié la philosophie, il a travaillé pour la bibliothèque municipale d’Autun, à l’Écomusée du Creusot et a été rédacteur à la revue Milieux ; il a également été infirmier psychiatrique.

Ses premiers textes, marqués par leur brièveté et se situant entre l'essai et la poésie, datent des années 1980. Ils sont publiés aux éditions Brandes, Paroles d’Aube, Le temps qu'il fait, chez Théodore Balmoral, et surtout chez Fata Morgana (où il publie notamment Lettres d'or).

Connaissant le succès à partir notamment d'Une petite robe de fête (1991), il reste un auteur assez discret.



L’histoire :

Christian Bobin renoue avec la fibre narrative de ses grands livres : Le Très-Bas, Prisonnier au berceau, et construit son livre en quinze récits : des portraits d’êtres aimés (son père), des rencontres (Maria l’enfant gitane, une mendiante) des figures emblématiques (Soulages, Glenn Gould, Matisse, Pascal), des visions (une branche de mimosa, une cathédrale) et une longue lettre à la femme aimée et perdue, « la plus que vive ». Entre ces récits, viennent des paragraphes courts, parfois écrits à la main, condensés sur une pensée, fulgurants de profondeur et d’humanité. Un même fil rouge unifie tous ces textes, c’est la voix de Bobin, à nulle autre pareille et son regard de poète qui transfigure le quotidien. (Quatrième de couverture)

 Le livre contient la reproduction d’un carnet manuscrit de l’auteur en fac-similé.

 

Ce que j’ai aimé :

Christian Bobin chante le monde, à l’affût d’une apparition qui illuminerait sa journée et l’emplirait de joie. Une fleur, un animal, un éclat de lumière, un rien peut être source d’émerveillement et de joie. Il suffit de simplement être attentif au monde qui nous entoure, présent à soi-même et réceptif à la beauté. Et alors, le miracle a lieu.

 « Il y a une vie qui ne s’arrête jamais. Elle est impossible à saisir. Elle fuit devant nous comme l’oiseau entre les piliers qui sont dans notre cœur. Nous ne sommes que rarement à la hauteur de cette vie. Elle ne s’en soucie pas. Elle ne cesse pas une seconde de combler de ses bienfaits les assassins que nous sommes. » (p. 15)

 « Aucune philosophie au monde n’arrive à la hauteur d’une seule marguerite, d’une seule ronce, d’un seul caillou discutant comme un moine rasé en tête à tête avec le soleil et riant, riant, riant. » (p. 179)

 

Ce que j’ai moins aimé :

Comme toujours je suis moins friande des allusions au Christ…

 

 Premières phrases :

« Partons de ce bleu, si vous voulez bien. Partons de ce bleu dans le matin fraîchi d’avril. Il avait la douceur du velours et l’éclat d’une larme. J’aimerais vous écrire une lettre où il n’y aurait que ce bleu. »

 

 Vous aimerez aussi :

Du même auteur : La part manquante de Christian BOBIN ; Les ruines du ciel de Christian BOBIN

Autre : Nos cheveux blanchiront avec nos yeux de Thomas VINAU

 D’autres avis :

Livres hebdo 

 

L’homme-joie, Christian BOBIN, L’iconoplaste, août 2012, 180 p., 17 euros

 dialogues-croises

 

challenge rentrée littéraire 2012

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Belle famille d'Arthur Dreyfus

Publié le par Hélène

                                          belle-famille.jpg

 Prix orange du livre 2012

 

 

L’auteur :

 

 Arthur Dreyfus est né en 1986. Il est l’auteur d’un premier roman très remarqué, La synthèse du camphre (collection blanche, 2010). Après avoir présenté cet été « La période bleue », il anime aujourd’hui l’émission hebdomadaire « Chantons sous la nuit » sur France Inter.


L’histoire :

«Madec se dirigea vers la cuisine pour chercher un couteau à pointe fine. Comme s'il était surveillé, il s'interdit la lumière. L'obscurité ne faisait pas disparaître les formes, mais les couleurs. Est-ce ainsi que voyaient les gens dans les vieux films? L'enfant ouvrit le tiroir à ustensiles.»

Ensuite un peu de bruit, et beaucoup de silence.

 

Mon avis :

Arthur Dreyfus nous offre ici un récit glauque (méfiez-vous des fourchettes à viande…) en exploitant un fait divers : la disparition de la petite Maddie volatilisée il y a cinq ans alors qu’elle passait ses vacances avec ses parents et ses deux frères au Portugal. (Cf L’Express) Aucune trace de la fillette, après quelques semaines d’enquête, les parents sont soupçonnés. Arthur Dreyfus exploite cette disparition et cette accusation et construit sa fiction autour de ce fait sordide. Ne fait-il que surfer sur le goût malsain des gens pour le fait divers ou va-t-il plus loin ? Il prétend entrer dans l’intimité du couple et de la famille pour mettre en lumière les psychologies tourmentées et les sentiments  compliqués qui peuvent être ressentis par des parents pour leurs enfants.  Rien de bien nouveau au final, une mère peut ne pas aimer son enfant, il suffit de se rendre dans un parc de jeu à la sortie de l’école et d’observer les rapports entre parents et enfants, la même conclusion s’impose rapidement.

Le personnage du frère de Laurence, Tony, joue un rôle prépondérant dans ce roman, bien décidé à lancer un plan média d’envergure, quitte à mobiliser le pape pour faire « du buzz » autour de cette disparition. Arthur Dreyfus cherche sans doute à nous démontrer fort platement combien les médias sont manipulables et combien il est simple de monter une affaire au sommet avec des relations et une bonne communication. Tout n’est qu’apparence et manipulation en ce bas monde… Oui ? Bon…

A ces thématiques pseudo-psychologiques-socialo-médiatiques s’ajoute un style plat sans intérêt :

« Soudain le petit salon se teinta d’une lumière bleutée. Derrière la baie vitrée, un moteur cessa de vrombir. Stéphane courut accueillir les policiers en implorant sa femme de se reposer. Encore groggy, Laurence perçut des voix italiennes, françaises, et anglaises. Son époux dispensait les premiers détails aux forces de l’ordre. Bientôt on viendrait l’interroger.

Laurence pensa à Antonin, à Vladimir. Combien elle les aimait.

Pour eux, elle prit une décision.

Cette déclaration tenait en trois mots, qu’elle prononça à voix basse pour la toute première fois : « Madec a disparu. » » (p. 88)

Sujet-verbe-complément, ba-ba de la phrase dreyfusienne… Quel talent !!

Il est à noter toutefois que le début du roman laissait augurer une toute autre qualité, mais qu’à partir de la plongée dans le fait divers toute cette originalité en puissance, ce ton décalé qui semblait prometteur se délite lamentablement…

Une vraie déception…

 

Premières phrases :

« Granville est située au bord de la Manche à l’extrémité de la région naturelle du Cotentin, elle ferme par le nord la baie du Mont-Saint-Michel et par le sud la côte des havres. Jadis la ville était fameuse pour son port morutier, devenu le premier port coquillier de France. »

 

Vous aimerez aussi :

Une émission de France Inter sur l'attrait des faits divers : http://www.franceinter.fr/emission-le-debat-de-midi-pourquoi-aime-t-on-les-petits-meurtres-en-famille

 

D’autres avis :

Clara, Constance, Canel, Mimi, Jostein, Anna Blume A propos des livres

 

Belle famille, Arthur Dreyfus, Gallimard, janvier 2012, 17.90 euros

grand prix lectrices de elle

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Deux zèbres sur la 30ème rue de Marc MICHEL-AMADRY

Publié le par Hélène

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 L’auteur :

Marc Michel-Amadry est directeur de Sotheby’s Suisse et vit à Neuchâtel. Il signe ici son premier roman.

  

L’histoire :

 Pour remplacer ses zèbres morts de faim, Mahmoud Barghouti, directeur du modeste zoo de Gaza, se résout à peindre des rayures à deux ânes. James, correspondant du New York Times au Moyen-Orient, s’empare de ce fait divers insolite, porteur d’un message d’espoir et de paix. Une chronique dont les échos dépassent les frontières et qui bouleverse des destins. Entre Paris et Berlin, New York et Gaza, d’un ambitieux consultant à une artiste peintre branchée, d’un intrépide journaliste de guerre à une volcanique DJ, deux couples sont réunis grâce à la magie de ces zèbres pas comme les autres.

Bijou d’optimisme, sésame vers le bonheur, Deux zèbres sur la 30e Rue est une incitation à oser vivre à la hauteur de ses rêves. Un livre qui fait du bien, à mettre entre toutes les mains. (Présentation de l’éditeur)

Mon avis :

 L'attrait de ce court roman tient pour une grande part dans l'originalité de son point de départ : cette histoire improbable d'ânes rayés pour les transformer en zèbres et faire ainsi rêver les enfants de Gaza est brillante... 

A partir de début prometteur, l'auteur tente de créer une trame en mettant en scène différents personnages à un tournant de leurs vies. L'idée étant de les réunir et de les accomplir grâce aux zèbres. Malheureusement, l'histoire ne décolle pas et l'originalité se perd en chemin au profit d’histoires d’amour somme toute assez banales et d'une mise en abîme peu originale.

 "Il voulait que le récit soit empreint d'humanité. Qu'il soit question d'hommes et de femmes ordinaires qui donnent du sens à leur vie en accomplissant des choses extraordinaires. Il aspirait à raconter que de simples gestes suffisent parfois à susciter de profonds bouleversements, à accomplir des exploits." (p. 62) 

 Malgré son charme diffus, ce roman ne me semble pas encore tout à fait accompli...

 Premières phrases :

« Il pensait à elle tous les jours. Mais pensait-elle seulement à lui ? Cette question, Mathieu se la posait chaque matin tandis qu’il levait les yeux vers le plafond gris de sa chambre. Un gris qui changeait au gré des heures et de la lumière. »

 D’autres avis :

 Théoma 

 

Deux zèbres sur la 30ème Rue, Marc Michel-Amadry, Editions Héloïse d’Ormesson, avril 2012, 126 p., 14 euros

 Un grand merci à Roxane Defer des Editions Eho pour son accueil et sa gentillesse.

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Diane et autres stories en short de Christian LABORDE

Publié le par Hélène

                                                diane et autres stories en short

 

  L’auteur :

 Christian Laborde a publié des romans, Le dictionnaire amoureux du Tour de France, des pamphlets. Aux Éditions Robert Laffont, il a publié Corrida Basta et Le soleil m'a oublié.(Présentation de l’éditeur)


L’histoire :

« L'érotisme, c'est le cinéma intérieur des êtres humains», dit Philippe Sollers. Allez au cinéma avec Christian Laborde. Vous allez aimer le film.

 

Nous disons « nouvelles », les Anglais « short stories » et l'auteur « stories en short ». Pourquoi ? Parce que les héroïnes de ces dix-sept histoires érotiques portent chacune un short. Il y a le short noir d'Irène qui joue au volley-ball, celui de Florence à qui un homme éperdu réussit à dire quelques mots. Il y a le short vert d'une jeune anarchiste, celui que Rebecca retire dès qu'un orage éclate, le short à revers de Mathilde qui rencontre son futur amant au rayon « Biscuits »à Auchan, etc.
Un homme ou une femme fait l'amour autant avec son imagination qu'avec ses organes. Ici l'imagination procède naturellement des mots, c'est-à-dire du style de Christian Laborde, léger mais précis, rapide mais brillant, quand il met en scène les objets du désir. Que démontrent ces délicieuses et excitantes nouvelles ? Que l'érotisme, omniprésent dans la société actuelle, reste une voix personnelle, presque indéfinissable. Il appartient pour chacun d'entre nous au domaine du rêve. En ce sens, il est le contraire de la pornographie qui montre alors que l'érotisme suggère.
Voilà un livre très suggestif et attachant parce que s'y mêlent avec un grand charme le trouble des héros, les coups de tonnerre de la passion sensuelle et même l'amour des bons livres. (Présentation de l’éditeur)

 Mon avis :

Christian Laborde est un homme qui soigne son style. Un homme érudit, à la culture musicale et littéraire lumineuse, culture que ses personnages savent utiliser à bon escient :  

« En lui rendant la monnaie, je lui dirai la nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine. Interloquée, elle sourira, et j’ajouterai vous savez, j’ai pas toujours bossé dans ce kiosque, avant j’étais dynamiteur d’aqueducs, voleur d’amphores au fond des criques. Dans ses yeux, je lirai de l’incompréhension, peut-être de la peur. Alors pour la rassurer, je lui soufflerai t’étais pas née»(p.11)

 Naît alors sous nos yeux un texte sensuel, intelligent, vivant et humain...

Mais -car oui, il y a un mais- Christian Laborde n'a pas accordé autant de soin à ses scénarios, du moins à certains, qui frôlent les clichés et la banalité : la voisine qui a un problème de fusibles et qui sonne à votre porte à une heure indûe, la cougar qui s'autorise une partie de jambes en l'air avec l'ami de son fils, le kiosquier amoureux transi d'une belle passante... 

Ainsi l'ensemble de ce recueil reste inégal, certaines nouvelles étant plus sentimentales qu'ouvertement érotiques, certaines assumant leur mièvrerie, et même si l'écriture et le traitement sont assez originaux, Diane et ses copines en short sont assez décevantes... 

 

Premières phrases :

« Le cœur, ça bat, on ne sent rien, on l’entend pas, c’est dans la cage thoracique, au fond. Le cœur, il fait son job de cœur, discret, sans jamais déranger personne, sans jamais se plaindre, arrimé au squelette par un vieux bout de chatterton, de sas en sas, de l’étuve au blizzard, loin du réconfort. »

 

Vous aimerez aussi :

 Littérature érotique  

D’autres avis :

  Stephie

Le Figaro

 

Diane et autres stories en short, Christian Laborde, Robert Laffont, mai 2012, 144 p., 16 euros

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Comme ton père de Guillaume LE TOUZE

Publié le par Hélène

comme-ton-pere.jpg

♥ 

  

L’auteur :

 

Guillaume Le Touze est un écrivain français né au Havre en 1968. Après avoir exercé différents métiers, il est recruté comme maquettiste par la maison d'édition L'Ecole des loisirs, qui publie ses premiers textes pour la jeunesse en 1991. Son premier roman pour adultes suivra en 1992. Il reçoit le Prix Renaudot 1994 pour Comme ton père. Il se consacre aujourd'hui à l'écriture.

 

L’histoire :

 

Avant d'être agrandies et taillées par la main de l'homme, les grottes de Massitissi formaient de simples cavités, nichées dans la montagne d'une région d'Afrique australe. Rien ne les destinait à abriter des rites, à conserver l'écho de conversations humaines.
En 1867, des missionnaires en butte à l'hostilité des Boers y ont trouvé refuge.
A la fin du XXe siècle, un voyageur venu de France choisit, à leur suite, de s'y installer. Son fils le rejoint, quelques années plus tard. Et ces deux êtres retrouvent, en présence l'un de l'autre, des gestes d'apaisement et de vie. Ils ne se sont pas vu vieillir ; mais il importe peu, parfois, de se connaître. L'histoire qui débute avec eux appartient à notre époque.

 

Mon avis :

 

Je me souviens avoir été marquée par ce livre lors de ma première lecture il y a 10 ans environ. J’avais trouvé le rapport père-fils très finement évoqué, de façon touchante et vraie.

Malheureusement je n’ai pas retrouvé mon enthousiasme à la deuxième lecture. Les différents chapitres, l’un consacré à Paul, puis le deuxième à ses ancêtres, puis à son fils, puis à sa femme, tout cela m’a semblé trop éclaté, trop décousu pour former un ensemble cohérent. La simplicité des sentiments m’a bien sûr touchée, mais pas de façon durable, pas en profondeur, peut-être parce que justement les récits sont trop disparates pour s’imprimer concrètement dans nos âmes de lecteurs.

 

Premières phrases :

 

« Jacques,

Ecrire ton nom est un plaisir que je me suis longtemps interdit. Avant d’en tracer les lettres, je l’ai dit à haute voix et il a résonné contre la paroi rocheuse. Ici, très loin de toi, ma bouche a fait vibrer l’air des sonorités de ton nom. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 

‘Ta mère de Bernardo CARVALHO

 

 

Comme ton père, Guillaume LE TOUZE, Editions de L’Olivier, septembre 1994, 218 p.,

POCHE : Comme ton père, Guillaume LE TOUZE, Points, septembre 1995, 218 p., 5.34 euros

 

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