Djamilia de Tchinguiz Aitmatov
♥♥♥♥
"Oui, pour moi, c'est la plus belle histoire d'amour du monde." Louis Aragon
Ce que j'ai aimé :
Le jeune Seït vit au Kirghizistan aux confins dela montagne kirghiz et de la steppe kazakh. Il vit dans les conditions du kolkhoze aux côté de sa mère et de sa belle-soeur. Son frère est parti à la guerre. Sa belle-soeur la belle Djamilia attend un signe de ce mari lointain, en vain. Elle va alors croiser la route du mystérieux Danïar. Le jeune Seït sera témoin de leur rencontre et de la relation particulière qui s'ébauchera entre deux.
Source : Destinaterre
Au-delà de l'histoire d'amour, ce magnifique texte loue le monde et l'art avec force et passion. Danïar est amoureux de son pays, il chante cet amour de sa terre et enchante la belle Djamilia. Le talent de Seït pour le dessin éclôt sous nos yeux, provoqué par l'envie de dire le trouble qui l'enserre, de l'extérioriser. L'art permet de magnifier le monde et les sentiments ressentis. Le lyrisme habite chaque ligne :
"Et le soir, quand nous roulions à travers le défilé, il me semblait à chaque fois que je me transportais dans un autre monde. Fermant les yeux, j'écoutais Danïar, et devant moi se dressaient des tableaux étonnamment familiers, qui m'étaient chers depuis l'enfance : tantôt, à cette hauteur où volent les grues au-dessus des yourtes, flottait le campement printanier des tendres nuages d'un bleu brumeux ; tantôt, sur la terre grondante, avec un bruit de sabots et des hennissements, c'étaient des troupeaux de chevaux sur la pâturages d'été, et de jeunes poulains, aux crinières non taillées, un sauvage feu noir dans les yeux, faisaient, fièrement et follement, en avançant, le tour de leurs juments ; tantôt sur les coteaux c'était la calme lave des troupeaux de chèvres ; c'était une cascade qui s'arrachait aux rochers, aveuglant les yeux d'une écume ébouriffée de blancheur ; tantôt, dans la steppe, par-delà la rivière, le soleil mollement descendait dans le regains d'arbrisseaux, et un lointain cavalier, à la crinière de feu, de l'horizon, on eût dit, bondissait derrière lui, pour tendre la main au soleil, et s'embourbait à son tour dans les taillis et les ténèbres." p. 88
Seït nous initie également à sa culture de l'intérieur au coeur des yourtes et de la steppe. Il plonge le lecteur dans un ravissement sans fin qui lui permet de mieux comprendre Aragon qui conclut dans sa préface : "Merci, mon Dieu à qui je ne crois pas, pour cette nuit d'août à laquelle je crois de toute ma foi dans l'amour."
Ce que j'ai moins aimé :
-Un peu long à démarrer.
Présentation de l'éditeur :
D'autres avis :
Djamilia, Tchinguiz Aitmatov, traduction de A. Dimitrieva, préface d'Aragon, Folio, 2003, 128 p., 3 euros