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L'impasse de Bab Essaha de Sahar KHALIFA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

« Dans la nuit, elles cessèrent d’être des étrangères. Elles devinrent un seul souffle. »

Dans une impasse de Naplouse, en Cisjordanie occupée, la jeune Samar, universitaire de 26 ans, cherche un refuge au moment où éclate un affrontement dans la rue. Elle trouve abri chez Nouzha, une prostituée marginalisée. Dans cette même maison se cache Houssam, un résistant grièvement blessé. La nuit se prolonge, et deux autres femmes se joignent à elles : Sitt Zakia, la sage-femme du quartier, et Oum Azzam, une épouse battue qui rêve d’échapper à son mari violent. Le huis clos devient alors une mosaïque de voix féminines, de blessures et d’espoirs partagés.

Ce que j'ai aimé : 

Sahar Khalifa ne raconte pas la guerre comme un décor, mais comme un quotidien. L’occupation israélienne, les couvre-feux, la peur et la pauvreté sont là, palpables, mais le cœur du roman bat ailleurs : dans les vies des femmes. Ces femmes, souvent réduites au silence, se parlent enfin. Elles évoquent leurs corps, leurs humiliations, leurs désirs d’émancipation. Elles racontent la domination masculine et la double oppression : celle du patriarcat et celle de l’occupation.
À travers elles, l’impasse devient une métaphore : celle d’un peuple et d’un genre enfermés dans une situation sans issue, mais toujours debout.
Bilan :

Un récit qui mêle avec justesse intime et politique autour de la solidarité féminine dans un monde où tout semble perdu. Il rappelle que même dans une impasse, il y a toujours un souffle d’espoir.

Présentation de l'éditeur : Elyzad

Publié dans Littérature Asie

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Le goûter du lion de Ito OGAWA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Ito Ogawa nous emmène sur une île solaire, bordée de citronniers et lavée de lumière, où se dresse la Maison du Lion, hospice singulier où l’on vient, non pour attendre la mort, mais pour célébrer les derniers instants comme une offrande à la vie. Shizuku, 33 ans, choisit d’y déposer ses valises, épuisée par la maladie mais encore habitée d’une soif d’essentiel. Là, au fil des dimanches, chaque pensionnaire partage un goûter simple, intime, lumineux, qui devient mémoire, rituel, transmission. Une tarte aux pommes, un bol de soupe, un gâteau de riz : autant de madeleines qui ouvrent des portes d’enfance et de tendresse.

Ce que j'ai aimé :

Ogawa écrit avec délicatesse, pudeur et éclat. Elle ne dramatise pas, elle éclaire. Elle n’alourdit pas, elle allège. Sous sa plume, la fin devient passage, l’adieu devient gratitude, et la mort n’est plus qu’une respiration plus lente, plus vaste, où l’on ose encore aimer, rire, se souvenir.

C’est un roman qui apprend à vivre, au moment même où il parle de mourir. 

"La vie ne se passait pas toujours comme prévu. C'était ce que m'avaient appris ces trente et quelques années passées sur terre. Mais c'était précisément parce que la vie était imprévisible que l'on pouvait savourer la joie de surmonter les obstacles."

Une belle réflexion sur la fin de vie !

Présentation de l'éditeur : Editions Picquier

Du même auteur  Le restaurant de l’amour retrouvé ♥ ♥ ; Le ruban ♥  ; La papeterie Tsubaki ♥ ♥ ♥ ♥ ; La république du bonheur ♥ ♥ ♥

Publié dans Littérature Asie

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La végétarienne de Han KANG

Publié le par Hélène

La Végétarienne – Yŏnghye, jadis épouse insignifiante, se réveille et vide tout aliment carnés du réfrigérateur : « J’ai fait un rêve. » Ce geste banal déclenche un effondrement : perte de poids extrême, mutisme, refus de partager l’intimité conjugale, jusqu’à une tentative de suicide lorsque son père tente de la forcer à manger de la viande. Dans Le beau-frère artiste – Obnubilé par la « tache mongolique » végétale sur le corps de Yŏnghye, il la peint, la filme, et cherche à transcender le corps humain en une matière végétale, à la lisière de l’érotisme et du fantasme grotesque. Enfin La sœur, Inhye endosse la fin du récit dans un hôpital psychiatrique. Yŏnghye, silencieuse et immobile, s’assimile à une plante, prend racine, se détache de l’humanité. C’est depuis la normalité qu’Inhye relate cette métamorphose tragique et troublante."

Ce que j'ai aimé :

Loin de se limiter à un simple choix alimentaire, le végétarisme se transforme ici en un acte de rébellion contre les rôles traditionnels que la société coréenne impose aux femmes. Mais cette rupture prend des dimensions plus sombres, plongeant la protagoniste dans une folie croissante, un effacement de soi total, une métamorphose radicale. C'est un geste politique silencieux, brutal et vertigineux.

Ce que j'ai moins aimé :
J'ai abandonné le récit à la fin du chapitre sur La Végétarienne, qui laisse un vide difficile à combler. Je n'ai pas apprécié cet univers oppressant et trop glauque : l'étrangeté du monde décrit devient parfois trop pesante, presque insoutenable. Les visions de chairs saignantes, la crudité des scènes et l'étrangeté dérangeante de la jeune femme créent une atmosphère lourde et malsaine, engendrant un malaise progressif qui devient difficile à supporter.
Bilan : 

La Végétarienne (2007), porté à l’international et couronné du Man Booker International Prize en 2016, est revenu sur le devant de la scène avec l’attribution du Prix Nobel de Littérature 2024 à Han Kang, reconnue pour sa « prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine » A vous de juger !

Publié dans Littérature Asie

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La bâtarde d'Istanbul de Eli Shafak

Publié le par Hélène

À Istanbul, Asya, jeune femme rebelle élevée par une famille exclusivement féminine, cherche son identité au milieu des secrets familiaux. Pendant ce temps, Armanoush, une Américaine d'origine arménienne, débarque pour comprendre son propre héritage lié au génocide arménien. À travers leur rencontre, les non-dits du passé turc et arménien refont surface, entre douleur et espoir de réconciliation.

Ce que j'ai aimé :

Dés les premières pages, on entre dans cette maison pleine de femmes, chacune plus haute en couleur que la précédente. Elles sont drôles, tragiques, contradictoires, mais aussi un peu stéréotypées. Et Asya, la fameuse "bâtarde", semble chercher son souffle dans ce tumulte familial. Leur maison est à l'image de la ville d'Istanbul, ville vibrante, magique et pleine de parfums, de sons et de tensions.

Par la suite, le roman explorera avec délicatesse des blessures du passé comme le génocide arménien.

Mais j'ai été rapidement étourdie par ce tumulte incessant...

Ce que j'ai moins aimé :

Le roman s’enlise parfois dans un trop-plein : trop de personnages qui frôlent la caricature, trop d’histoires annexes, trop de symboles. L’ensemble manque parfois de souffle, de fluidité, de chair, le roman peine à s'incarner.

Bilan :

Reste malgré tout une ambiance, une ville, et une question essentielle : que transmet-on quand on se tait ?

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L'épopée de Gilgamesh

Publié le par Hélène

♥ ♥

L'épopée de Gilgamesh est la première œuvre littéraire que nous possédions, transmise à l’oral vers 2300 avt JC déchiffrée en 1872 et adaptée de façon moderne en 1947 par Jacques Cassabois. 

La XIe tablette de la version de Ninive de l’Épopée de Gilgamesh, relatant le Déluge. British Museum.

Elle questionne sur l'universelle fatalité du destin des hommes et montre que le mythe et la littérature nous interrogent sur les grandes questions de la condition humaine, la vie, la mort, le bonheur, la liberté.

Elle relate l'histoire de Gilgamesh, roi tyrannique que les dieux décident de tempérer en lui envoyant un rival, Enkidu. La rencontre entre Gilgamesh et Enkidu est essentielle : Enkidu, être sauvage, humanise Gilgamesh en lui enseignant l’humilité et la compassion. Leur amitié est profonde et les aide à évoluer. Tous les deux, ils triomphent du géant Humbaba et du Taureau Céleste. Le récit bascule avec la mort d’Enkidu, punition infligée par les dieux pour l’affront qui leur a été fait. Gilgamesh se lance alors dans la quête de l'immortalité qui le conduit jusqu’au bout du monde où réside l’immortel Uta-Napishti. 

Ce que j'ai aimé :

Gilgamesh, après la mort de son ami Enkidu, entreprend une quête désespérée pour trouver l’immortalité. Mais il échoue et comprend que la mort est inévitable pour tous les humains. Cette prise de conscience est l'un des premiers récits littéraires de la finitude humaine. L’immortalité physique est hors d’atteinte, mais l’homme peut laisser une trace par ses actes et son héritage.

« Non seulement personne ne t’oubliera, mais chacun portera en lui une part d’humanité que tu auras donnée. Voilà comment tu deviendras immortel. » p 93

« Tu es un homme, alors fais régner l’homme. En toi, en chacun."

Il comprend que la véritable grandeur ne réside pas dans la puissance brute, mais dans la sagesse et le service aux autres. Uta-Napishtim lui révèle que la vie humaine est éphémère, mais que la sagesse et l’histoire se transmettent de génération en génération. La mémoire et la transmission du savoir sont essentielles pour les civilisations.

L’échec de Gilgamesh à obtenir l’immortalité ne signifie pas que son voyage était vain. Au contraire, il apprend à voir la valeur de la vie humaine et du moment présent. « Deviens un gourmet », est l'ultime conseil donné à Gilgamesh, la sagesse ne résidant pas dans la quête de l’éternité, mais dans la compréhension et l’acceptation de la vie telle qu’elle se présente.

Bilan :

Ce récit est infiniment riche en philosophie, et plutôt que de lire des livres vains et creux de développement personnel, chacun devrait se pencher sur ces pages !

Publié dans Littérature Asie

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La bibliothèque des rêves secrets de Michiko Aoyama

Publié le par Hélène

Alors qu'ils sont au croisement de leur vie, cinq personnes se retrouvent aux portes de la bibliothèque tenue par Sayuri Komachi, en plein coeur de Tokyo. Tour à tour, par hasard, ils se présentent devant l'énigmatique et imposante bibliothécaire qui leur propose alors un ouvrage inattendu, ouvrage qui incidemment changera leur trajectoire.

Ce que j'ai aimé :

Bien sûr, je ne peux qu'être sensible à un roman qui met en avant le pouvoir des livres et leur capacité à changer les destins. Avec délicatesse, la bibliothécaire invite chaque personnage à pratiquer une introspection qui les mène à la découverte d'eux-mêmes et leur ouvre le champ des possibles.

Certaines réflexions sonnent avec justesse comme cette théorie du manège "Le célibataire envie le marié, le marié envie le parent, et le parent envie  le célibataire. C'est un manège qui tourne en rond. Je trouve e phénomène intéressant, chacun court uniquement derrière son prédécesseur, il n'y a ni premier ni dernier. En d'autres termes, le bonheur n'a ni climax ni ligne d'arrivée. (...) La vie n'est faite que de bouleversements. Peu importe ta situation, rien ne se passe jamais comme prévu. Mais inversement, il arrive aussi de bonnes surprises et très souvent, on se dit : "Heureusement que ça ne s'est pas passé comme je l'avais souhaité !" Que nos projets soient bouleversés, n'est pas signe de malchance ou d'échec. C'est ainsi que nous évoluons, que notre vie évolue." p 189

Chaque chapitre est consacré à un personnage différent, fonctionnant presque comme une nouvelle indépendante, relié seulement par le fil conducteur de la bibliothécaire. Cela permet de multiplier les situations de rupture, de l'étudiant en quête de direction à la personne plus âgée en quête de sens, en passant par des professionnels en crise de carrière.

Ce que j'ai moins aimé :

Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un roman feel-good, avec les défauts inhérents au genre : l'ensemble manque de profondeur et reste assez caricatural.

Bilan :

Une lecture légère qui a su toutefois mettre en valeur l'importance des connexions humaines.

Présentation de l'éditeur : J'ai Lu

Publié dans Littérature Asie

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Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil de Haruki MURAKAMI

Publié le par Hélène

♥ ♥

Au Sud de la frontière raconte l'histoire d'Hajime qui, à douze ans, se lie d'amitié avec sa voisine Shimamoto et restera marqué à jamais par cette relation qui marquait aussi son éveil à la sensualité. Plusieurs années plus tard, il épouse Yukiko dont le père, riche homme d'affaires, lui propose de le propulser gérant d'un club de jazz. Hajime semble épanoui dans cette nouvelle vie, jusqu'à ce que sa route croise à nouveau celle de Shimamoto.
Ce que j'ai aimé :
Le roman est nimbé sur la fin d'une atmosphère mystérieuse, presque fantastique, rappelant l'univers si atypique évoqué ensuite dans les romans de cet auteur emblématique.
Ce que j'ai moins aimé :
Le thème reste toutefois bien plus banal que celui des autres romans de l'auteur : l'obsession amoureuse et sexuelle d'un homme à qui tout réussit mais qui reste marqué par ses souvenirs d'enfance.
Bilan :
Pour ceux qui veulent découvrir cet auteur, je conseillerais plutôt Kafka sur le rivage.
Pour ceux qui aiment cet auteur et le connaissent déjà, il est toujours intéressant de découvrir ses œuvres de jeunesse.
 
Présentation de l'éditeur : Belfond
Du même auteur : Autoportrait de l'auteur en coureur de fond ♥ ♥ ♥ 1Q84 1 ♥  ; 1Q84 livre 2 ♥ ; Kafka sur le rivage ♥ ♥ ♥ 

Publié dans Littérature Asie

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Ame brisée de Akira Mizubayashi

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

A Tokyo en 1938 quatre musiciens sont rassemblés autour de leur passion commune, la musique classique occidentale. Aux côtés de Yu, professeur d'anglais, se pressent trois étudiants chinois, Yanfen, Cheng et Kang, restés au Japon, malgré la guerre dans laquelle la politique expansionniste de l’Empire est en train de plonger l’Asie. Dans un coin de la pièce, le jeune Rei écoute religieusement la musique tout en lisant un livre prêté par son père. Mais leur répétition est brutalement interrompue par l'irruption de soldats. Rei assiste à la scène caché dans une armoire et échappe à l'arrestation qui suit grâce au lieutenant Kurokami qui, loin de le dénoncer quand il le découvre, lui confie le violon détruit de son père. Des années plus tard, Rei, devenu un homme adulte est toujours profondément marqué par cette blessure première. Mais la musique s'infiltre dans les failles des âmes brisées et offre un espoir de rédemption.
En effet, derrière la noirceur des êtres régis par un gouvernement abusif, se cache quelquefois l'amour de la beauté qui pourra rassembler les êtres et les cœurs. Dans ce magnifique roman, la musique défie la mort et relie les destins entre eux. « La musique était tellement incarnée qu'elle possédait la puissance de rappeler les âmes du royaume des morts » La dédicace initiale éclaire aussi puisque le roman est dédié "à tous les fantômes du monde" Le personnage de Rei est profondément heurté par le destin de son père, mais il apprend à reconstruire son passé, à apprivoiser les fantômes, pour mieux leur dire adieu.

Un très beau texte poétique !

Présentation de l'éditeur : Folio

Publié dans Littérature Asie

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Meurtre d'un gigolo de Mehmet Murat Somer

Publié le par Hélène

♥ ♥

Tout commence par l'annonce tonitruante du beau Haluk qui annonce que Faruk, son beau-frère, le frère de sa femme sublime Canaan a été arrêté pour le meurtre d'un chauffeur de minibus. Comme le narrateur se plait à résoudre les énigmes policières, et comme ledit narrateur est tombé sous le charme de Haluk, il se lance dans cette enquête pour oublier aussi une rupture douloureuse. Accompagné de  sa meilleure amie Pompon, elle aussi travestie quelque peu extravagante, il remonte pas à pas vers un beau scandale financier !.

Ce héros des temps modernes est l'atout majeur de ce roman turc : il aime les hommes, et joue de son côté féminin, jusqu'à se travestir quand bon lui semble. Il possède un club de travestis à Beyoglu, le quartier chaud d'Istanbul, mais il travaille aussi dans une boite informatique en free-lance. Ses ambivalences apportent légèreté et humour à cette enquête somme toute relativement banale.

Ce personnage atypique permet d'explorer des communautés turques peu connues, et si les conversations ou réactions son quelque fois excessives, à la limite de la caricature, l'ensemble est plutôt distrayant.

Présentation de l'éditeur : JC Lattès

Publié dans Littérature Asie

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Tonbo de Aki SHIMAZAKI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Après avoir travaillé sept ans pour la grande compagnie Goshima de Tokyo, Nobu s’est trouvé contraint de démissionner. Il a alors ouvert un «juku», où il donne des cours complémentaires pour collégiens. Il réalise ainsi le rêve de son père, professeur de lycée passionné par son métier, qui s’est suicidé il y a quinze ans. Un jour, l’un des anciens élèves de celui-ci le contacte et insiste pour le rencontrer.

Ce court roman résonne tout en finesse dans l'âme de son lecteur, délicat, porté par un style d'une sobriété exemplaire, il touche directement l'essentiel.

A noter qu'il fait partie d'une série Au coeur du Yamato et que dans l'ordre, les romans apparaissent ainsi : Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi, Yamabuki. Pour ma part j'ai commencé par le troisième sans que cela ne soit dérangeant....

 

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

Publié dans Littérature Asie

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