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litterature asie

Une étrange et sublime adresse de Amit CHAUDHURI

Publié le par Hélène

                                                étrange et sublime adresse

 ♥ ♥

  

L’auteur :

 

 Amit CHAUDHURI est un écrivain indien. Il a obtenu le Commonwealth Writers Prize en 1992 pour Une étrange et sublime adresse qui est son premier roman.

 

L’histoire :

 

Un jeune garçon de Bombay vient à passer ses vacances en famille à Calcutta. Il y fait chaud, bien sûr, sa mère et sa tante passent de longues journées allongées sur le grand lit. Sandeep et ses cousins chahutent sur le petit, un lézard lorgne un moustique égaré, le temps semble arrêté.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-         Ce récit a beaucoup de charme, il nous peint des scènes vivantes d’une vie somme toute banale, sans soucis, vie qui s’étire langoureusement comme un chat au soleil.

 

« L’écho des fenêtres fermées par Sarasvati dans l’autre pièce, celui des pas de sa tante qui monte l’escalier, deux tasses de thé à la main, et la conversation de deux adultes qui parlent, se taisent, parlent, se taisent, comme le flux et le reflux d’une marée. » (p. 131)

 

-         C’est un récit qui chante les louanges du bonheur au quotidien et s’intéresse davantage au moment, à l’instant plus qu’à la globalité d’une histoire.

 

« Seul importait pour les dieux et les mortels l’accomplissement de ce moment riche et sans fin dans la petite chambre, ce moment de communion secrète, presque clandestine, où celui qui priait et celui qui recevait la prière échappaient à l’ingrate responsabilité du monde. Restaient les oranges, les batashas blanches, les concombres. » (p. 51)

  

Ce que j’ai moins aimé :

 

-         Bizarrement, alors que je suis une adepte des récits qui chantent le quotidien, je n’ai pas été totalement emportée par celui-ci. Peut-être lui manque-t-il justement une histoire dans laquelle sertir les petits bonheurs… Je pense que c’est un roman que je relirai, pour voir si mon manque d’enthousiasme était dû au texte lui-même ou à d’autres facteurs…

-         Je n’ai pas bien compris pourquoi neuf autres récits avaient été ajoutés en fin de recueil. Le premier fragment centré autour du jeune Sandeep se suffisait à lui-même.

 

Premières phrases :

 

« Il aperçut la ruelle. De petites maisons sans beauté, sans intérêt, plantées face à face. La maison de Chhotomama avait un pomélo dans sa cour minuscule et des plantes grimpantes aux fenêtres. Un gamin se cramponnait au portail rouillé, un autre le faisait osciller d’avant en arrière. Ensemble, ils traçaient dans l’espace un petit arc de cercle. »

 

Vous aimerez aussi :

 

 La colère des aubergines de Bulbul SHARMA

 

Je remercie les Editions Picquier.

 

Une étrange et sublime adresse et neuf histoires, Amit CHAUDHURI, traduit de l’anglais (Inde) par Simone MANCEAU, Picquier poche, août 2010, 263 p., 7 euros

Publié dans Littérature Asie

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Parade De YOSHIDA Shuichi

Publié le par Hélène

parade.jpg

 ♥ ♥

« Everyman is an island » (John DONNE)

 

L’auteur :

 

Yoshida Schuichi est un écrivain japonais. Park Life a été couronné en 2002 du prix Akutagawa, l'équivalent du Goncourt au Japon.

 

L’histoire :

 

Quatre jeunes gens vivent en colocation dans un appartement dans Tokyo. Tour à tour ils vont se raconter : quelle est leur vie, quelles sont leurs folies, leurs manies, leurs secrets, leurs amours… Un cinquième personnage va rapidement les rejoindre, apportant un éclairage nouveau sur cette cohabitation…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’alternance de points de vue permet de mieux connaître chacun des protagonistes. Chacun se cache derrière un masque dans cet appartement, se cantonnant à l’image qu’il souhaite renvoyer aux autres, mais sans se dévoiler plus avant.

 

« Pour bien vivre ici, il n’y a rien d’autre à faire que d’adopter le moi qui paraît le mieux adapté au lieu. (…) Le moi qui s’entend bien avec les autres colocataires (…) » dira Mirai.

 

Satoru, le cinquième locataire qui s’est greffé on ne sait comment dans cette petite communauté, est l’exemple – type de ce processus :

 

« Au fond, koto et Ryösuke projettent sur Satoru l’image de la personne avec laquelle ils veulent être. ( …) Je ne peux m’empêcher de comparer son existence à une flaque d’eau qui se formerait au sein de l’eau elle-même. » (p. 150)

 

-          Les relations que les colocataires ont instaurées presque naturellement restent superficielles, chacun respectant l’espace de liberté et d’opacité de l’autre. L’une des protagonistes compare leur colocation aux relations nouées sur Internet par l’intermédiaire de forums. Les internautes ont l’impression de se connaître, mais cela reste un leurre confortable pour chacun d’eux.

 

Dans la postface Gérard SIARY exprime brillamment ces ambivalences :

 

« La petite musique de Yoshida Shuichi, qui s’entend si bien à orchestrer le drame latent jusque dans la répétition stylistique appuyée et quasi formulaire du monde comme il va, nous ramène constamment au mystère de l’autre, celui que nous côtoyons et pensons connaître, celui que nous jouons vis-à-vis d’autrui et de nous-mêmes et qui s’impose à nous, comme si nous nous attachions à démultiplier nos sphères d’existence au sein d’une monde désarticulé. » (p.261)

 

Une analyse très fine des rapports humains... 

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Je n’ai pas l’impression que ce roman me marquera durablement, malgré son charme indéniable.

 

Premières phrases :

 

« Quel étrange spectacle, vraiment ! Le balcon de notre troisième étage donne sur l’ancienne route de Kôshû ; il a beau y passer des milliers de voitures par jour, il n’y a jamais le moindre accident. Juste en bas, un passage piéton. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Du même auteur : Park life de Shuichi YOSHIDA

  Autre : Les années douces de Hiromi KAWAKAMI

 

 

Parade, YOSHIDA Shuichi, Editions Philippe Picquier, traduit du japonais par Gérard SIARY et Mieko NAKAJIMA-SIARY, 2010, 19.50 euros

 

Je remercie Manu pour le prêt.

D’autres avis chez Manu, Ankya

 

 

challenge-In-the-mood-for-Japan 

 

 

Publié dans Littérature Asie

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Syngué sabour, pierre de patience d’Atiq RAHIMI

Publié le par Hélène

syngué sabour

♥ ♥ ♥

 Un court roman qui se lit d'une traite et ne s'oublie plus jamais...

 

L’auteur :

 

Atiq RAHIMI est un romancier et réalisateur qui a la double nationalité afghane-française. Il fuit l’Afghanistan en 1984 et demande l’asile politique à la France. Il a obtenu le prix Goncourt en 2008 pour ce roman.

 

L’histoire :

 

Un homme est allongé dans une pièce vide. Il a reçu une balle dans la nuque et semble comme absent bien qu'il respire, comme engourdi dans une forme de coma.
Sa femme vient régulièrement lui rendre visite, quêtant en vain un signe de vie. Elle lui parle, elle confie son quotidien de femme musulmane bafouée dans ses droits, elle ne cesse de lui parler, ignorant s'il l'entend ou pas.

 

Ce que j’ai aimé :

 

- Il s'agit d'un roman dramatique, de la confession d'une femme que trop d'années ont brimée : oppressée par son statut de femme musulmane, bafouée dans sa vie quotidienne, religieuse et sociale, elle se confie à celui qui représente tout ce qu'elle veut fuir.
C'est un roman sur l'Islam, sur la situation en Afghanistan, sur la guerre, c'est
un roman universel et incontournable.

 

- Le temps s'étire dans cette chambre unique lieu de l'action. La vie continue au dehors, il est fait mention des enfants de la femme, mais le lecteur reste enfermé dans cette chambre qui devient le sanctuaire des secrets de la femme. Cela crée une sensation d'enfermement prégnante et dérangeante chez le lecteur qui ressent plus âprement les soubresauts de la guerre qui sévit à l'extérieur. On peut penser que le danger vient de là, mais au fil du récit de la jeune femme, on se rend compte qu'il n'en est rien.

  

Ce que j’ai moins aimé :

 

- Peut être dérangeant, le lecteur est souvent mal à l'aise.

- La fin est... mais chut découvrez par vous mêmes...

 

Premières phrases :

 

« La chambre est petite. Rectangulaire. Elle est étouffante malgré ses murs clairs, couleur cyan, et ses deux rideaux aux motifs d’oiseaux migrateurs figés dans leur élan sur un ciel jaune et bleu. Troués çà et là, ils laissent pénétrer les rayons du soleil pour finir sur les rayures éteintes d’un kilim. Au fond de la chambre, il y a un autre rideau. Vert. Sans motif aucun. Il cache une porte condamnée. Ou un débarras.

La chambre est vide. Vide de tout ornement. Sauf sur le mur qui sépare les deux fenêtres où on a accroché un petit kandjar et, au-dessus du kandjar, une photo, celle d’un homme moustachu. Il a peut-être trente ans. Cheveux bouclés. Visage carré, tenu entre parenthèses par deux favoris, taillés avec soin. Ses yeux noirs brillent. Ils sont petits, séparés par un nez en bec d’aigle. L’homme ne rit pas, cependant il a l’air de quelqu’un qui refrène son rire. Cela lui donne une mine étrange, celle d’un homme qui, de l’intérieur, se moque de celui qui le regarde. La photo est en noir et blanc, coloriée artisanalement avec des teintes fades."

 

Vous aimerez aussi :

 

Un jour avant Pâques de Zoyâ PIRZAD

 

Syngué Sabour, Atiq RAHIMI, POL, août 2008, 164 p., 15 euros

Syngué Sabour, Atiq RAHIMI, Folio, Gallimard, mars 2010, 5.60 euros

Publié dans Littérature Asie

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La danseuse d’Izu de Yasunari KAWABATA

Publié le par Hélène

danseuse d'izu

  ♥ ♥

Par le Prix Nobel de Littérature 1968.

  

L’auteur :

 

Yasunari KAWABATA est un écrivain japonais décédé en 1972. Il est un écrivain majeur du XXème siècle. Il sera le premier japonais à recevoir le prix Nobel de littérature. Ses œuvres les plus connues sont « Pays de neige », « Les belles endormies » et « Le grondement de la montagne ». Elles ont en commun d’aborder des thèmes tels que la quête du beau, la solitude et la mort.

 

L’histoire :

 

Ce petit recueil de cinq nouvelles abordent des thèmes variés : dans « La danseuse d’Izu », le narrateur suit fasciné une jeune danseuse et sa troupe, dans « Elégie » il est question de bouddhisme , dans « Bestiaire » d’un homme aimant s’entourer d’animaux divers et variés, dans « Retrouvailles » du passé qui rejoint le présent et enfin « La lune dans l’eau » narre l’histoire d’un couple dont l’homme est mourant.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          La poésie qui irradie ces pages, particulièrement dans la première et dernière nouvelle étincèle encore longtemps après avoir refermé le livre. Dans « La danseuse d’Izu » la poésie est comme impressionniste, elle est instillée par petites touches subtiles qui subliment cet homme seul charmé par une jeune danseuse. Il suit les méandres de sa petite troupe, attiré par l’harmonie émanant des forains.

-          La philosophie : « Elegie » peint le portrait émouvant d’une femme qui, après la mort de l’être qu’elle aimait, puise un réconfort dans les textes sacrés du bouddhisme et dans la métempsycose :

 

« Aussi, lorsque je vous invoque, vous qui êtes mort, j’aime infiniment mieux m’adresser à ce prunier vermeil, déjà chargé de boutons et placé devant moi dans le tokonoma, que de vous prêter, dans l’autre monde, l’aspect que vous empruntiez dans celui-ci. » (p.39)

 

-          La dernière nouvelle célèbre l’amour pur d’une femme pour son mari malade. Cette nouvelle brille d’un éclat diamantaire tant elle est somptueuse…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

- La nouvelle « Bestiaire » : je n’ai pas bien saisi où voulait en venir l’auteur…

 

Premières phrases :

 

« Le sentier décrivait tant de lacets que je pensais atteindre bientôt le col du mont Amagi. Je voyais approcher l’averse qui blanchissait le bois épais de cryptomérias et qui me pourchassait depuis le pied de la montagne avec une vitesse terrifiante. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Le fusil de chasse de Yasushi INOUE

 

 

La danseuse d’Izu, Yasunari KAWABATA, traduit du japonais par S. Regnault-Gatier, S. Susuki et H. Suematsu, Le livre de poche Biblio, octobre 1984, 124 p., 3.33 euros

 

Loumina a moins aimé, Choco davantage...

 

challenge-In-the-mood-for-Japan

Publié dans Littérature Asie

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Mangue amère de Bulbul SHARMA

Publié le par Hélène

mangue amère

♥ ♥ ♥

Des nouvelles indiennes savoureuses.

 

 

L’auteur :

 

Bulbul SHARMA est peintre et écrivain. Elle réside à Dehli en Inde. Elle est  l'auteur de recueils de nouvelles dont trois sont traduits en français : La colère des aubergines, Mes sacrées tantes et maintenant Mangue amère.

 

L’histoire :

 

Quatre femmes sont réunies autour de Badidua pour préparer ses plats préférés au défunt Bhanurai Jog. Tout en cuisinant, chacune va raconter une histoire.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          L’originalité dépaysante des sujets abordés : la conteuse Bulbul Sharma nous fait découvrir les us et coutumes de son pays à travers ces récits de femmes. On y apprend ce qui arrive à la femme incapable d’enfanter, à celle qui ose tenir tête à sa belle-mère ou à celle qui n’écoute pas les esprits…

-          Bulbul Sharma nous immerge dans un univers respectueux des esprits errants : elle aborde le sujet avec de l’humour dans « Le rêve de la mère d’Hema au sujet des tantes mortes », et de façon plus grave dans la première histoire.

-          Les senteurs et goûts qui exhalent des pages ont enchanté mes sens…

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Dans « La colère des aubergines », des recettes agrémentaient les nouvelles, j’aurais aimé en trouver ici aussi. Ce ne fut malheureusement pas le cas… Je n’ai plus qu’à aller relire « La colère » pour alimenter mes fourneaux…

 

Premières phrases :

« Les corbeaux s’étaient regroupés en cercle en attendant que commence la cérémonie d’anniversaire des funérailles. Dans leur hâte d’obtenir les meilleurs restes, ils étaient arrivés un peu trop tôt. Badidua, la cuisinière en chef à qui revenait la tâche de préparer tous les plats préférés du défunt Bhanurai Jog, n’était pas encore rentrée. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Le pays des marées d’Amitav GHOSH

 

Mangue amère, Bulbul SHARMA, Picquier, septembre 2010, 171 p., 16.50 euros

 

 

Merci à Isabelle LACROZE des Editions Picquier.

 

1pourcent

Publié dans Littérature Asie

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Terre et cendres d’Atiq RAHIMI

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Un roman fort, concis, allant à l'essentiel et remuant en nous des sentiments tristes et profonds.

 

L’auteur :

 

Atiq RAHIMI est un romancier et réalisateur qui a la double nationalité afghane-française. Il fuit l’Afghanistan en 1984 et demande l’asile politique à la France. Il a obtenu le prix Goncourt en 2008 pour Syngué Sabour, pierre de patience.

 

L’histoire :

 

Nous sommes en Afghanistan durant le conflit qui oppose le pays à l'Union Soviétique.

Un vieil homme attend en compagnie de son petit fils qu'on lui libère le passage pour se rendre vers son fils travaillant à la mine. Il doit lui annoncer que tous les siens sont morts dans un bombardement du village.

En attendant, il parle, divague, pense, suivant les entrelacs de ces pensées. A ses côtés son petit-fils ne comprend pas encore toutes les implications de cette guerre qui est pourtant son quotidien et lui a ravi ses proches.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-         La façon très subtile dont est évoquée la guerre : roman poétique, fort et dense il suggère cette horreur sans réellement la décrire, mais ici, les suggestions sont plus fortes que les descriptions.

-         Le style : Les phrases sont courtes, comme si le narrateur, ce vieillard qui a vu la mort de près, manquait de souffle pour raconter. Il cherche ses mots, il ne sait pas encore comment il va dire à son fils qu'il a tout perdu, il a peur, parler le rassure. Les mots couvrent le désespoir qui l'habite, ils ont le pouvoir d'extraire de lui l'horreur vécue.

L'enfant lui, a décidé de se taire, devenu muet pour mieux garder en lui peut-être le souvenir des gens qu'il a aimé et qui ont péri dans le bombardement du village.

-         L’atmosphère : c'est un roman très statique puisque la majorité de l'action se passe devant cette barrière, à ce poste, puis dans la mine dans laquelle travaille le fils. Le décor est un pont auprès duquel attendent le grand-père et son petit-fils. Ils sont cernés par la poussière de la route, abrutis par la chaleur. L'atmosphère est prégnante, le lecteur lui-même est au bord de ce pont, ou dans la guérite du gardien, observateur impuissant de cette tristesse profonde née d'une guerre absurde.

-         Il s'agit du premier roman d'Atiq Rahimi, et il reste mon préféré. Très poétique, il dit l'essentiel sans fioritures, et marque ainsi plus fortement l'esprit.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-         Evidemment, c’est triste…

 

 Premières phrases :

 

« -J’ai faim

Tu sors une pomme du baluchon rouge go-e-reb, et tu la frotte contre ton vêtement poussiéreux. La pomme n’en est que plus sale. Tu la remets dans le baluchon, en sors une autre, plus propre. Tu la tends à ton petit-fils, Yassin, qui est assis près de toit, la tête contre ton bras fatigué. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Un Dieu, un animal de Jérôme FERRARI (qui me fut conseillé par Atiq Rahimi lui-même rencontré lors d’une vente signature…)

 

Terre et cendres, Atiq RAHIMI, POL, Janvier 2005, 92 p., 9.50 euros

POCHE : Terre et cendres, Atiq RAHIMI, Folio, mars 2010, 90 p., 4 euros

Publié dans Littérature Asie

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La double vie d’Anna Song de Minh Tran HUY

Publié le par Hélène

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 ♥ ♥ ♥ ♥

« La vie, c’est passer son temps à se préparer à quelque chose qui n’arrive jamais »

 

L’auteur :

 

Minh Tran Huy est une journaliste et romancière d’origine vietnamienne. Elle a publié son premier roman La princesse et le pêcheur en 2007.

 

L’histoire :

 

L’histoire est inspirée d’une histoire vraie : celle de la pianiste Joyce HATTO, connue pour avoir défrayé la chronique en 2007.

Lors du décès de sa femme Anne Song, pianiste, son mari et producteur Paul Desroches se plonge dans ses souvenirs pour la faire revivre dans son cœur.  Par son intermédiaire le lecteur va découvrir le destin particulier de la jeune pianiste : de leur rencontre aux confins de l’enfance à leur union maritale et artistique, en passant par une période d’éloignement source de souffrances pour Paul. Pendant qu’il raconte, le scandale éclate : Anna Song n’aurait pas enregistré une seule note de sa discographie, son mari aillant « emprunté » ailleurs ses morceaux…

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          Les personnages : ce sont des êtres de fiction dans toute leur splendeur, ils revendiquent le droit de s’inventer une vie sur mesure, loin des contingences liées au destin qui quelquefois brise ou éloigne les êtres.

-          La structure du récit : entre les chapitres consacrés au récit de Paul, s’intercalent des articles de presse chantant les louanges de la jeune pianiste décédée, puis dévoilant au fil du temps l’imposture découverte par hasard par un ordinateur…

-          L’histoire elle-même, si surprenante, romancée bien sûr par l’auteur qui nous offre une chute vertigineuse… C'est un véritable hymne à l'amour qu'offre Paul à Anna pour prolonger le souvenir pur de celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer...

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Rien…

 

Premières phrases :

 

« Anna Song, une vie un point d’orgue

 

Par Alexis Cambrel, Classique Magazine,

Le 16 juin 2008

 

« La vie, c’est passer son temps à se préparer à quelque chose qui n’arrive jamais » a écrit Yeats. Une phrase qui illustre à la perfection le destin de la pianiste Anna Song, décédée il y a six jours à son domicile, à l’âge de quarante neuf ans. »



Vous aimerez aussi :

 

Corps et âme de Franck CONROY

 

La double vie d’Anna Song, Minh Tran HUY, Actes Sud, août 2009, 192 p., 18 euros

 

Clara en parle aussi.

Publié dans Littérature Asie

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Quand viennent les cyclones de Anita NAIR

Publié le par Hélène

quand-viennent-cyclones

♥ ♥ ♥ ♥

Un roman à la fois profond et léger.

  

L’auteur :

 

Anita NAIR est une écrivaine indienne qui signe son premier roman en 1997. Compartiment pour dames en 2007 a rencontré un franc succès.

 

L’histoire :

 

Mira, 40 ans est une femme apparemment comblée : elle a un mari aimant, deux enfants en parfaite santé, une mère et une grand-mère à ses côtés et un métier qui lui plaît : elle est écrivain de livres de cuisine. Jusqu’au jour où son mari la quitte pour une autre femme, la privant ainsi de son statut social. Elle est donc amenée à travailler aux côtés de J. A. Krishramurthy, spécialiste des cyclones et marqué par la tragédie qu’a connue sa fille Smriti, dans le coma après avoir été mystérieusement attaquée dans un village indien éloigné.

 

Ce que j’ai aimé :

 

-          La capacité du roman à s’adapter à plusieurs publics : Quand viennent les cyclones a un côté léger  avec le portrait de cette femme de 40 ans qui doit se reconstruire après une rupture sentimentale. Ses rencontres amoureuses, ses ennuis professionnels, ses enfants divisés par la rupture, tous ces thèmes apportent un souffle léger au roman. Parallèlement les chapitres consacrés à Jak abordent des sujets plus graves : le coma de sa fille, le rôle des parents dans l’éducation de jeunes adultes, le choc des cultures, la culpabilité, le pardon…

-          L’engagement : Anita Nair dénonce notamment le foeticide des filles en Inde :

« Parce que le garçon transmet le nom, qu’il hérite de la fortune familiale et qu’il peut s’occuper de ses parents âgés, il est sans conteste préféré à la fille qui devra être correctement dotée pour trouver un mari et quitter la famille. » 

(source : Amnesty International http://www.amnesty.fr/index.php/amnesty/s_informer/la_chronique/juin_2006_sommaire/inde_foeticide)

Anita Nair éclaire également intelligemment l’évolution lente de la société indienne : elle met en avant le poids des traditions et le rôle du mari prépondérant, mais ouvre également sur une modernité qui s’installe non sans heurts.  

-          Les pistes de réflexion ouvertes : Les parents sont-ils toujours responsables de ce que deviennent leurs enfants ? Qui est responsable d’un divorce dans un couple ? Quelle place doivent occuper les femmes dans un couple ? Doit-on s’engager au péril de nos vies ? Autant de sujets qui méritent un arrêt…

-          La poésie : elle transparaît à travers le parallélisme entre les vies et les changements climatiques, ainsi que dans la comparaison entre Mira et Héra, déesse grecque.

 

 « La fissure qui est en tout,

C’est par là qu’entrera la lumière

Et toute la grâce, toute la joie sera sienne

Toute la vie épousera ses désirs,

Un jour, un jour parfait. » (p. 382)

 

-          Pour couronner le tout, l’intrigue liée à l’attaque de la jeune Smriti aiguillonne l’intérêt du lecteur tout au long de sa lecture.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-          Les scènes qui frôlent la mièvrerie : les confidences de Mira à Vinnie par exemple, ou encore les moments que passent Mira avec le jeune acteur. Cette relation n’apporte d’ailleurs rien à l’intrigue, elle n’est là à mon avis que pour plaire aux amateurs de « chick lit »…

 

Premières phrases :

 

« Toute le vie épouse ses désirs en cette parfaite journée de septembre. Tant de grâce, tant de joie, pourquoi cela lui arrive-t-il, pourquoi à elle ?

Mîra, visage levé, sourit de nouveau au ciel. Un soleil fluide brasse un distillat de senteurs, de notes hautes espiègles, dansantes. Pomme, jasmin, noix, rose, musc, vin. Un chrysanthème solitaire. Le « pop » des bouchons. La courbe constante de l’arc qui s’écoule dans les verres. Le verre frais  contre sa joue. »

 

Vous aimerez aussi :

 

Noces indiennes de Sharon MAAS

 

Un grand Merci à Judith OTT pour cette belle découverte...

 

Quand viennent les cyclones, Anita NAIR, Albin Michel, août 2010, 400 p., 21.50 euros

 

TAGS :  Littérature indienne - Femmes -Deuil- Famille

 

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Un jour avant Pâques de Zoyâ PIRZAD

Publié le par Hélène

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♥ ♥ ♥

Un court roman subtil et intelligent sur une famille iranienne hésitant entre tradition et modernité.

   

  L'auteur :

Zoyâ PIRZAD est une romancière iranienne, également nouvelliste et traductrice. Elle a été traduite pour la première fois par les Editions Zulma en 2007, et a obtenu en 2009 le Prix Courrier International du meilleur livre étranger pour son recueil de nouvelles le Goût âpre des kakis. 
 

L’histoire :

En Iran, au bord de la mer caspienne, un jeune garçon s’amuse avec son amie Tahereh, fille du concierge musulman de l’école. Lui est arménien et ne devrait pas fréquenter Tahereh. Ainsi, il apprend à vivre dans cette communauté arménienne aux codes particuliers, en attendant Pâques.

Dans le deuxième chapitre, le jeune garçon est devenu père de famille, il s’est installé à Téhéran et sa fille lui annonce qu’elle va se marier.

Enfin, dans le dernier chapitre il est devenu un vieil homme qui a perdu sa femme et sa raison de vivre, et petit à  petit il doit apprendre à évoluer vers la paix.

Ce que j’ai aimé :

-       La construction : le récit est divisé en trois chapitres qui se déroulent à des époques différentes de la vie du garçon qui conte son histoire, et cela nous permet de balayer une vie entière avec ses changements internes à la famille, et externes.

-       Le talent de conteuse de l’auteur qui réussit en mentionnant deux trois détails à créer une atmosphère et à y plonger le lecteur.

-       La façon subtile avec laquelle sont évoqués des problématiques graves tournant autour de la religion, du couple, de l’interdit, et finalement de la modernité.

-       Une vision intelligente du conflit entre la religion et la modernité.

Ce que j’ai moins aimé :

-        J’aurais peut-être apprécié que le récit soit plus long, mais sa force est aussi dans cet aspect court, bien ciselé qui est un choix judicieux.

Les premières phrases :

« La maison de mon enfance était mitoyenne avec l’église et l’école.

La cour, comme dans toutes les maisons des petites villes côtières, était remplie d’orangers sauvages. »

Vous aimerez aussi :

Persépolis de Marjane SATRAPI (BD)

 

Un jour avant Pâques, Zoya PIRZAD, Zulma, août 2008, 144 p., 16,50 euros

POCHE Un jour avant Pâques, Zoya PIRZAD, LDP, mai 2010, 147 p., 6 euros           

 

TAGS : Littérature iranienne - Femmes - Couples - Famille

Kathel en parle aussi.

 

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La colère des aubergines de Bulbul SHARMA

Publié le par Hélène

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♥ ♥  

 

Un petit livre à s'offrir ou à offrir sans hésiter. Il conjugue des histoires divertissantes et drôles sur les femmes indiennes, et des recettes indiennes savoureuses qui en raviront plus d'un...

 

 

 

 

 

  L'auteur :

 

  Bulbul SHARMA est peintre et écrivain. Elle réside à Dehli en Inde. Elle est     l'auteur de recueils de nouvelles dont seulement deux sont traduits en français : La colère des aubergines et Mes sacrées tantes.

 

L’histoire :

 

Il s’agit d’un recueil de nouvelles indiennes. Les femmes sont au coeur de ces histoires, on y découvre leurs façons de vivre, leurs conflits, leurs statuts dans la famille, et surtout leur cuisine. En effet la cuisine est le centre de l'univers de ces femmes, et chaque nouvelle se termine par une nouvelle recette.
 

Ce que j’ai aimé :

 

-       Ces nouvelles nous entraînent vers des univers peu connus.

-       Les propos sont drôles et légers, même si sous-jacentes, nous sentons des tensions plus graves, comme chez cette femme qui, chaque année, cherche un prêtre pour un rite funéraire en l’honneur de son mari et qui n’est jamais satisfaite, cachant là sans doute une peine incommensurable :

 

« Elle suspectait certains d’entre eux de n’être pas d’authentiques brahmanes, en leur voyant l’air négligé et les pieds crevassés, terreux. « Un vrai prêtre a des pieds de bébé, doux et propres, parce qu’il se les lave régulièrement. » affirmait-elle. » (p. 146)

 

-       Ces récits sont un véritable régal pour nos sens puisqu'au coeur de leurs propos bouillonnent les marmites qui nourriront les protagonistes.

 

« Elle savourerait le goût relevé et légèrement aigre des pois, mordrait dans la pâte croustillante du samosa et laisserait fondre lentement dans sa bouche le mélange de pommes de terre et d’épices qu’il contenait » (p. 125)

 

-       Les recettes originales, insérées en fin de nouvelle sont de très bonnes surprises. Elles sont faciles à réaliser et toujours savoureuses, du « Biryani vert » au « Pickle de mangue » en passant par le « Chutney à la menthe ». Un lexique détaille en fin de livre les ingrédients typiquement indiens inconnus à la cuisinière européenne.

 

Ce que j’ai moins aimé :

 

-       Le manque de profondeur : l’auteur donne l’impression que la seule préoccupation des femmes indiennes est de bien nourrir et de rendre heureux leurs maris.

 

Premières phrases :

 

« Buaji comptait sur le bout de ses doigts tout en mesurant le ghî. Chaque cuillerée tombait lourdement comme une motte de terre mouillée lors d’un glissement de terrain, pour atterrir exactement au centre du bol tenu d’une main ferme par le cuisinier.»

 

 

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Le Dieu des petits riens de Arundhati ROY

 

La colère des aubergines, Bulbul SHARMA, Philippe PICQUIER, mai 1999, 189 p., 17.53 euros

POCHE : La colère des aubergines, Bulbul SHARMA, Picquier poche, oct. 2002, 201 p., 6.50 euros

 

 TAGS : Littérature indienne - Femmes - Couple - Cuisine

 

Elles l'ont aussi lu :Ys, Leiloona et Keisha.

Publié dans Littérature Asie

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