Terres fauves de Patrice GAIN
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David Mc Cae, journaliste, doit écrire les mémoires du gouverneur Kearny. Comme le politicien réclame un chapitre sur les liens étroits qui l'unissent au célèbre alpiniste Dick Carlson, David doit partir au Canada pour interviewer Dick. Ce voyage vécu à contre cœur par le journaliste plutôt citadin va s'avérer plus dangereux et inattendu que prévu...
L'évolution du personnage principal est très intéressante : cet homme citadin, qui semble sans cœur et sans scrupules se heurte à la violence de la nature et des hommes et en ressort grandi, plus apte à distinguer l'essentiel derrière le futile. Le tableau des autres hommes est tout aussi aiguisé : les sphères du pouvoir révèlent des pièges qui deviennent rapidement des gouffres, gouffres dans lesquels se précipitent les médias, rapides à fabriquer des légendes qu'il est impossible de détrôner par la suite. L'histoire de la conquête des 8000, véritable course des nations, révèle également ces failles humaines :
"Les sommets de plus de 8 000 mètres encore vierges faisaient l’objet de toutes les convoitises. Chaque État voulait le sien. Les Français furent les premiers avec l’Annapurna, il y eut ensuite les Anglais avec l’Everest, puis les Italiens, les Autrichiens, les Japonais, les Suisses. On ne voulait pas être en reste, pas une nation comme la nôtre. Des 8000, il n’y en a que quatorze. Il n’y avait pas de temps à perdre. "
Notre journaliste évolue dans ce monde impitoyable et en comprend peu à peu les règles, ce qui, paradoxalement, le rend de plus en plus humain.
A noter que le titre est particulièrement bien trouvé, je vous laisse la surprise ...
Ce que j'ai moins aimé : Le genre du roman n'est pas clairement défini : je m'attendais à un roman de nature writing et quand tout à coup le roman s'est transformé en thriller, j'ai été déroutée, comme trompée dans mon attente. Néanmoins, une fois le réajustement fait, j'ai savouré ce texte à sa juste valeur...
"Une lune pâle s'est installée haut dans le ciel. Près de la berge, mon regard a été attiré par des bruits d'eau. Des loutres flottaient sur le dos en croquant un poisson. Elles étaient nombreuses, peut-être une dizaine, drapées de varech. Des petits dormaient sur le ventre de leur mère, insouciants. J'ai fermé les yeux. Ce monde est vraiment étrange. Il cache sa violence derrière des scènes attendrissantes, des animaux à l'allure débonnaire et un calme apparent. C'est ce qui fait sa force. "
Présentation de l'éditeur : Le mot et le reste