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litterature francaise

Partout les autres de David THOMAS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Prix Goncourt de la nouvelle 2023

Dans ces récits courts, l'homme apparait imparfait, multipliant les erreurs dans un portrait sans fards, une peinture vraie de l'âme humaine. Si certains ont envie d'être un autre quelquefois, les autres s'accommodent de ces imperfections, lucides. Le couple est souvent le catalyseur des conflits intérieurs : les récits de David Thomas sont faits de ruptures, de désir qui s'étiole, de tromperies : il y a ceux qui se quittent avant que la lassitude ne s'installe "Là, pour moi, tu es une reine d'Egypte, mais si je reste, tu vas devenir une compagne, ce serait gâcher. Alors que si je pars, tu seras celle qui éloignera les chauves-souris de mes jours sombres. Après toi, toutes les femmes que je rencontrerai ne seront que des bières sans alcool, mais c'est pas grave. J'aurais déjà eu le meilleur.", celle qui aimerait bien tromper mais n'a pas le courage de trouver un amant "ça tient peut -être qu'à ça la fidélité, à la flemme", ceux qui n'arrivent pas à vivre ensemble mais ne parviennent pas non plus à se quitter, ou encore ceux qui font des concessions.

Mais la vie est aussi faite de fulgurances, de rencontres improbables : un asiatique qui vend des larmes d'apache sur le bord d'une route, les mauvaises rencontres aussi, ou amitiés néfastes, des rendez-vous manqués, ou rencontre avec un coq sauvé de la mort et pourvoyeur d'un message philosophique "Il suffit d'un rien pour que tout bascule".

Surtout, perdure la joie d'être parent, le plaisir inimitable d'une main qui se blottit naturellement dans la nôtre, la fascination d'un fils pour les trains, le bonheur de celui à qui on offre le cadeau tant convoité, ou les jeux improbables au fond du jardin.

Et finalement, peut-être que le bonheur se résume à cela, une suite d'averses pour quelques éclaircies fulgurantes et intenses. Rien de plus, rien de moins... Mais ça vaut la peine.

Présentation de l'éditeur : Editions de l'Olivier

Du même auteur : La patience des buffles sous la pluie ♥ ♥ ♥ (Nouvelles) ; Un silence de clairière ♥ ♥; Je n’ai pas fini de regarder le monde ♥ ♥ (Nouvelles) ; On ne va pas se raconter d'histoires ♥ ♥ ♥ (Nouvelles) ; Hortensias ♥ ♥ ♥ ; Le poids du monde est amour ♥ ♥ ♥ (Nouvelles) ; Un homme à sa fenêtre ♥ ♥ ♥ (Nouvelles)

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Le sourire du scorpion de Patrice GAIN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Tom, sa soeur jumelle Luna et leurs parents s'engagent dans les gorges de la Tara au Monténégro en raft accompagné de leur guide serbe Goran. Les paysages sont à couper le souffle et pourtant, une tension ne tarde pas à se faire ressentir. Quand des pluies diluviennes s'en mêlent, le drame n'est pas loin...

Tom doit alors s'adapter à un nouveau monde chancelant, le deuil, la solitude. Il avance dans le chaos, et finit par comprendre que le drame n'était pas un hasard...

Ce court roman est doté d'une force dramatique parfaitement maitrisée, avec une tension grandissant crescendo jusqu'à atteindre son point d'orgue lors d'une fin frappante. De même, l'auteur fait montre d'un parfait équilibre entre la beauté du pays, les paysages grandioses, et les êtres qui peinent à trouver leur place dans ces grands espaces isolés.

Le sourire du scorpion est un roman à l'atmosphère particulière, peut-être un peu lent pour ceux qui attendraient un roman policier haletant, mais il reste marquant !

Du même auteur : Terres fauves
Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

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Le plâtrier siffleur de Christian BOBIN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Il est possible que, par l'attention aux choses menues, très simples, très pauvres, je trouve peut-être ma place dans ce monde." (p. 6)

Que signifie habiter poétiquement le monde ? Christian Bobin s'interroge ici et livre ses réponses, pour peut-être, enfin, mieux vivre et regarder le monde en paix... Il vante les vertus de la contemplation, et appelle cet homme perdu dans notre monde à regarder et comprendre le monde comme un enfant le ferait, en toute innocence, prêt à être réceptif à ce qui s'offre...

"Ce texte est issu d’une conversation dans la forêt. Il a pour auteur les sapins austères et les fougères lumineuses. Il y est question, mieux que dans un salon, de nos manières de vivre, c’est-à-dire de perdre. Le nom merveilleux de cette perte est la poésie – ou si l’on veut : l’humain."

Présentation de l'éditeur : Editions Poésis

Du même auteur : Les ruines du ciel   ; La part manquante ; L’homme-joie ♥ ;  Eloge du rien ♥ ♥ ♥ ; La dame blanche ♥ ♥ ♥ ; La grande vie ♥ ♥ ; L'épuisement  ♥ ♥ ♥ ♥ ; L'inespérée ♥ ♥ ♥ ; Le plâtrier siffleur ♥ ♥ ♥ 

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Vernon Subutex de Virginie DESPENTES

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Alors qu'Alex Bleach, une star de la musique, vient de mourir d'une overdose, Vernon Subutex, ancien disquaire, se retrouve sans revenus mais en possession d'un enregistrement de la rockstar convoité... Malheureusement suite à des concours de circonstances, Vernon est sans logement et contraint de errer à droite et à gauche pour trouver un lit où dormir. 

Personnage atypique que ce héros qui erre dans les rues de la ville, allant là où le vent le porte au gré des opportunités de logement qui se présentent. Cet homme a tout perdu au fil et à mesure, sans vraiment s'en rendre compte et son destin est à l'image de son milieu. Ses errances sont prétexte pour rencontrer toute une galerie de personnages contemporains assez typés : l'ex-bassiste rancunière, le bourgeois drogué, la bourgeoise dépressive s'attachant à n'importe qui, l'étudiante attirée par l'islamisme, le scénariste sans succès et facho, le transsexuel fascinant, ou encore la hyène, celle qui poste sur le net des commentaires positifs ou négatifs et se plait à faire ou défaire les réputations d'un film, d'un lieu ou d'une personne. Tous sont des êtres malmenés par la vie, insatisfaits, des êtres en souffrance

La vision de l'autrice sur notre société contemporaine est assez cynique et désabusée, même si ses personnages réussissent à se connecter et à se rejoindre, l'arrière fond est sombre et violent. Réaliste diront certains, pessimiste diront d'autres, à vous de vous faire votre opinion...

A lire un tome 2 et 3...

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

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Rue des boutiques obscures de Patrick MODIANO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Des lambeaux, des bribes de quelque chose me revenaient brusquement au fil de mes recherches. Mais après tout, c'est peut-être ça, une vie..."

Alors que son patron prend sa retraite, Guy Roland, détective, se lance dans une dernière enquête : il part sur les pistes de son passé pour reconstituer le puzzle de sa vie et retrouver une identité perdue dans une amnésie quinze ans auparavant. Serait-il Jimmy Pedro Stern ? Qui est cette Denise Coudreuse qui aurait partagé sa vie ? Qui sont Freddie Howard de Luz, anglais de l'ile Maurice, ou encore Gay Orlow danseuse américaine d'origine russe, André Wildmer, ancien jockey anglais. Et comment relier ces éléments disparates ? Tout ne semble -t-il pas prendre sens à Megève en 1940 alors qu'ils fuient Paris devenu trop oppressant sous l'occupation allemande ? Mais finalement "Nos vies ne sont-elles pas aussi rapides à se dissiper dans le soir que ce chagrin d'enfant ?"

Le personnage principal erre dans Paris, croise des silhouettes, s'accroche à l'espoir insensé qu'elles pourront lui rendre des lambeaux de son passé, pense être sur une piste qui s'épuise rapidement, mais il repart à l'affût, dans cette éternelle quête d'identité de l'humain.

“Drôles de gens. De ceux qui ne laissent sur leur passage qu’une buée vite dissipée. Nous nous entretenions souvent, Hutte et moi, de ces êtres dont les traces se perdent. Ils surgissent un beau jour du néant, et y retournent après avoir brillé de quelques paillettes. Reines de beauté. Gigolos. Papillons. La plupart d’entre eux, même de leur vivant, n’avaient pas plus de consistance qu’une vapeur qui ne se condensera jamais”.

Les bribes décousues qu'il parvient à reconstituer finissent par créer un être de chair et de sang qui palpite et prend vie sous les yeux crédules du lecteur, définitivement sous le charme de cet être de papier...

"Je crois qu'on entend encore dans les entrées d'immeubles l'écho des pas de ceux qui avaient l'habitude de les traverser et qui, depuis, ont disparu. Quelque chose continue de vibrer après leur passage, des ondes de plus en plus faibles, mais que l'on capte si l'on est attentif."

 

Prix Goncourt 1978

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur : L'herbe des nuits ♥ ♥ ; L'horizon ♥ ♥ ♥ ; Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier ♥ ♥ ♥ ; Dimanches d'août ♥ ♥ ♥ ; Un cirque passe ♥ ♥ ♥ ; Encre sympathique ♥ ♥ ♥

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Fuir Pénélope de Denis PODALYDES

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Alors qu'il subit une rupture douloureuse, Gabriel est sollicité par le réalisateur grec Juan Karlowitz, ex assistant du grand Théos Angelopoulos, pour tourner un film en tant qu'acteur principal. Gabriel décide de se saisir de l'occasion pour tourner la page et se lance à corps perdu dans cette aventure. Il ignore seulement que le jeune réalisateur est un débutant, les entrainant dans une série d'aventures assez cocasses... Non seulement l'actrice principale ne parle pas bien français, mais le budget s'amenuise aussi de jour en jour, les condamnant à des lieux de résidence de moins en moins confortable. Gabriel peine à saisir toutes les subtilités de son rôle mais fait preuve malgré tout d'un enthousiasme débordant :

"Je sors de la gare à Versailles, remonte l'avenue vers le château. Une joie étrange me soulève, me porte, m'emmène, comme si elle-même actionnait le travelling, poussait encore le chariot sur les rails. Est-ce cela l'ambition, le désir de gloire? L'arrivée dans une lumière inédite, éclatante. J'ai déjà vu les lumières d'un plateau de cinéma, c'est exactement ça : un éblouissement, une foudre répandue, répartie, et qui dure et vous emporte. Vous n'êtes plus le même, on vous a enlevé un poids, une assignation. Une caméra sur un rail. Elle avance vers Nicholson, vers moi, j'ouvre les yeux, je parle à voix très basse, ne vois rien de la machine qui doucement approche. Elle s'éloigne, arpente la ville, détaille les rues, les immeubles, les façades, montre leur indifférence, leur épaisseur de tombe, revient sur moi, là, au milieu de la place d'Armes, l'immense place où je suis seul."
Le narrateur chante avant tout son amour du cinéma, sa fascination pour ce monde factice si proche de la vérité et capable de rendre tellement vivant :

On retrouve en creux l'autoportrait de Denis Podalydès et son humour salvateur, léger et profondément intelligent. Il sait transformer la réalité pour l'amener aux confins de la création et l'enchanter. Il sait réenchanter le monde par son talent. Il sait nous plaire en nous invitant dans son monde. Il réussit finalement à se sauver et à nous sauver... 

Présentation de l'éditeur :   Folio

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Un jardin en Australie de Sylvie TANETTE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Au début des années trente, en Australie, Ann s'installe dans un bourg reculé du centre du pays. Fâchée avec sa famille, elle se concentre sur son jardin et envisage de créer un verger luxuriant. Soixante-dix ans plus tard un couple s'installe dans cette même maison, et Valérie, française chargée d'un festival d'art se consacre elle aussi au jardin, ce lieu que les Aborigènes nommaient « le lieu d’où les morts ne partent pas ». Rapidement une petite fille voit le jour, Elena, mais à trois ans, elle ne parle toujours pas.

Lex deux femmes, à des années d'intervalle, trouvent un havre de paix dans ce jardin qui leur permet de trouver un espace de liberté intérieure.

Laissez-vous porter par la délicatesse de ces pages et de ces relations !

Une belle découverte !

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Du même auteur :   Amalia Albanesi ♥ ; Maritimes ♥ ♥ ♥

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Voyage au centre de la terre de Jules VERNE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Le jeune Axel Lidenbrock est invité à suivre son oncle pour un voyage hors du commun : il serait question de rejoindre le centre de la terre en passant pas un volcan en Islande. Commence alors un voyage extraordinaire sous terre, et le jeune Axel sortira grandit de cette aventure inoubliable : aux côtés de son oncle qui a tout du savant fou prêt à tout pour assouvir sa passion et aller au bout de son projet, il apprend la persévérance, « Tant que son cœur bat, tant que sa chair palpite, je n’admets pas qu’un être doué de volonté laisse en lui place au désespoir. »

L'oncle est conscient que pour faire progresser la science il faut quelquefois prendre des risques « la science est éminemment perfectible et chaque théorie est incessamment détruite par une théorie nouvelle. » Le jeune Axel comprend étape après étape l'importance du voyage qui lui permet de  tester ses limites et de se surpasser en sortant de son confort habituel. Les péripéties s'enchainent pour le plus grand plaisir du lecteur friand des romans d'aventures !

A noter : attention à bien choisir une version intégrale et non pas abrégée

Présentation de l'éditeur : Hatier

Du même auteur 20000 lieux sous les mers ♥ ♥ 

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Eldorado de Laurent GAUDE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Je me suis trompé. Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays. Et qu'il n'y ait ni fils barbelés ni poste frontière n'y change rien. J'ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l'on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes. "

Le commandant Salvatore Piracci est lassé d'intercepter les migrants aux portes de l'Europe. En effet, il est le commandant de la frégate Zeffiro, un navire des gardes côtes italiens basé à Catane et chargé de surveiller les embarcations amenant illégalement des immigrés clandestins sur l'île de Lampedusa. Après vingt ans de métier, il ne souhaite plus être "le visage de la malchance" pour les migrants « ce pouvoir sur la vie des hommes, je n’en veux pas. » dit-il. Il décide alors de faire le voyage inverse et de partir pour la Libye. Parallèlement, Soleiman, un jeune homme soudanais, prépare son départ pour L'Europe, il passera par l'Algérie, puis le Maroc puis l'Espagne. Leurs trajectoires se croiseront à l'orée de l'espoir d'un monde nouveau...

Dans ce très beau récit, Laurent Gaudé donne vie à ces ombres brinquebalants sur des canots de fortune parce qu'ils espèrent trouver enfin l'Eldorado, la terre promise. Il communique son admiration pour ces hommes qui, malgré les difficultés, les souffrances, les pertes irremplaçables, continuent malgré tout d'espérer « Ces hommes là avaient été assoiffés. Ils avaient connu la richesse de ceux qui ne renoncent pas. Qui rêvent toujours plus loin. » p95

« Il comprenait qu’ l’eldorado existait pour les autres et qu’il était en son pouvoir de faire en sorte qu’ils ne doutent pas de leur chance. Eux aspiraient à des pays où des hommes n’ont pas faim et où la vie est un pacte avec les dieux. »

La seule rédemption possible passe par l'entraide, Soleiman et Boubakar le comprennent rapidement, quand le chemin du commandant sera plus long.

Ce que j'ai moins aimé :

La fin brutale est assez surprenante.

Bilan :

Un roman essentiel !

Présentation de l'éditeur : Babel

Du même auteur : Ouragan    ; Le soleil des Scorta ♥ ♥ ♥ ♥ ;  Pour seul cortège ♥ ♥ ♥ ; Danser les ombres  ♥ ; Dans la nuit Mozambique  ♥ ; La mort du roi Tsongor ♥ ♥ ♥ ♥ ; Salina ♥ ♥ ♥ ♥ ; De sang et de lumière  ♥ ♥ ♥ (poésie)

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La nuit tombée de Antoine CHOPLIN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥  

  "Des poèmes. Un chaque jour. Comme si ça pouvait changer quelque chose à toute cette saleté."

Gouri revient sur les traces de son passé : il a quitté la zone de Tchernobyl deux ans plus tôt pour devenir écrivain public à Kiev. Nous sommes en 1988 et la catastrophe est encore dans tous les coeurs et sur tous les corps. Gouri regagne la campagne ukrainienne pour se rendre dans son ancien appartement mais aussi pour retrouver ceux qui sont restés là et ont survécu, tant bien que mal.  Il y a ceux qui sont touchés, comme Iakov ou comme Ksenia la fille de Gouri ;  ceux qui ont vécu de près l’horreur et, s’ils s’en sortent indemnes physiquement, ont été détruits intérieurement, comme Kouzma qui a vu son univers s’effondrer littéralement devant lui, devant ses yeux incapables de pleurer tant la douleur était grande. Ils ont tous dû abandonner leur maison, leur vie d’autrefois pour survivre ailleurs, en attendant de voir si la catastrophe nucléaire a laissé des stigmates sur eux.

 « La bête n’a pas d’odeur

Et ses griffes muettes zèbrent l’inconnu de nos ventres. » (p.72)

Ils forment un groupe uni dans la détresse, une entité soudée, de ceux qui ont compris que la fraternité et la tendresse est tout ce qui peut les sauver.

Chaque jour, Gouri écrit un poème sur la catastrophe parce que « c’est déjà quelque chose » :

 « Il y a eu la vie ici

Il faudra le raconter à ceux qui reviendront

Les enfants enlaçaient les arbres

Et les femmes de grands paniers de fruits

On marchait sur les routes

On avait à faire

Au soir

Les liqueurs gonflaient les sangs

Et les colères insignifiantes

On moquait les torses bombés

Et l’oreille rouge des amoureux

On trouvait le bonheur au coin des cabanes

Il y a eu la vie ici

Il faudra le raconter

Et s’en souvenir nous autres en allés. » (p. 71)

Comme les musiciens du Titanic qui auraient continué à jouer même quand le bateau sombrait, tous continuent à chanter, à jouer de l'accordéon, à rire ensemble, à mettre des mots sur le passé et l'avenir pour conjurer le poids de la solitude et rendre hommage aux destins avortés.

L'auteur témoigne ici "pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l'injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses, à admirer que de choses à mépriser." (Camus La Peste)

Un texte essentiel !

 

Présentation de l'éditeur : La Fosse aux ours

Du même auteur : Le héron de Guernica ♥ ♥ ♥ ♥ ;  Radeau ♥ ♥ ♥ ; L'incendie ♥ ♥ ; Une forêt d'arbres creux ♥ ♥ ♥ ; Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar ♥ ♥ ♥ ; Partiellement nuageux ♥ ♥ ♥ ; A contre courant ♥ ♥ ; Nord-est  ♥ ♥ ; Partie italienne ♥ ♥ ♥

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