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nouvelles

La morte amoureuse et autres contes de Théophile GAUTIER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Le recueil comprend : La cafetière, Omphale ou la tapisserie amoureuse, La morte amoureuse, Le chevalier double et Arria Marcella.

Le registre fantastique pose un autre regard sur les choses, un regard mélancolique, désabusé et enchanté, sur des apparences toujours susceptibles de se déchirer pour faire place à la magie. Il interroge sur les limites entre réalité et irrationnel, déstabilisant son lecteur qui perd peu à peu ses repères sensibles lors d'une hésitation prolongée ouvrant les interprétations à des explications plus surnaturelles. La peur de la mort rôde et l'espoir insensé nait que les frontières soient poreuses entre les deux mondes.

« En effet, rien ne meurt, tout existe toujours ; nulle force ne peut anéantir ce qui fut une fois. Toute action, toute parole, toute forme, toute pensée tombée dans l’océan universel des choses y produit des cercles qui vont s’élargissant jusqu’aux confins de l’éternité. La figuration matérielle ne disparaît que pour les regards vulgaires, et les spectres qui s’en détachent peuplent l’infini. Pâris continue d’enlever Hélène dans une région inconnue de l’espace. »

Dans la morte amoureuse le narrateur oscille aussi en termes d'identité, tout comme dans La cafetière dans lequel il recherche l'absolu et laisse son âme s'élever vers la félicité, quelque soit le prix à payer. Le désir mène les êtres qui errent comme dans Arria Marcella dans des ruines, prêts à être secoués dans leurs certitudes.

Ces nouvelles portées par un lyrisme troublant aux accents romantiques enrichissent inexorablement notre vision du monde...

Présentation de l'éditeur : Larousse

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Les vitamines du bonheur de Raymond CARVER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Les douze nouvelles du recueil s'attachent à des personnes ordinaires : Patti, jeune femme au chômage qui décide de vendre des vitamines à domicile, Jack et Fran invités chez un couple d'amis dotés d'un magnifique paon envahissant et d'un bébé hideux, un homme divorcé qui prend le train pour retrouver son fils... Ces personnages vivent sur le fil et à tout instant tout peut basculer. Dans leur monde, l'alcool agit comme une tentation dont il est difficile de se défaire, le couple reste chancelant quand les coups du sort s'acharnent, et la famille est un refuge tout aussi branlant.

Raymond Carver maitrise parfaitement l'art du détail, de l'atmosphère qui fait ressortir des blessures bien plus profondes. Dans ses nouvelles assez pessimistes le bonheur reste éphémère, comme une parenthèse enchantée à l'image de Chef qui avait trouvé un refuge dans la première nouvelle du recueil, mais doit quitter la maison, et à nouveau faire face à la précarité,  ou encore de la visite de cet aveugle dans la dernière nouvelle qui vient bousculer un couple englué dans le quotidien et dessine une cathédrale. Une cathédrale, comme une métaphore de l'art seul capable de sauver de la dérive ?

Présentation de l'éditeur : Points

Du même auteur : N'en faites pas une histoire

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Trilogie des cimes de Olivier SALON

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

L'auteur raconte trois de ses expéditions en montagne : l'une au Huascaran dans la Cordillère blanche avec 8 autres acolytes dont un chef d'expédition surnommé la Pintade, une ascension de El capitan dans le Yosemite et enfin une traversée dans le massif du Mont Blanc avec sa fille.

Il propose ainsi trois nouvelles très différentes : la première, pourtant tragique est teintée d'humour, la deuxième est rédigée en vers, et la troisième apparait bien plus technique. l'auteur étant membre de l'oulipo, cela explique sans doute les choix d'écriture très différents.

Si j'ai un faible pour la première, toutes les trois nous plongent dans cet univers sauvage dans lequel tout peut basculer à tout moment, où chaque pas est un suspens attaché au-dessus du vide, mais aussi un univers où la beauté surgit inopinément, brusquement et souvent.

"Ce mélange fort subtil d'effort et de somptuosité des paysages, de bataille contre les éléments (qui sortent parfois vainqueurs), de matériel à bien doser, le rapport avec les compagnons de cordée, le partage de cette joie essentielle avec ses amis, avec ses enfants, les nuits glacées dans la neige ou dans l'altitude que vient contrebalancer la chaleur des liens que tisse la montagne avec les compagnons, c'est ce que m'ont offert et continuent de m'offrir la montagne et l'escalade. C'est ce qui me pousse à toujours y retourner.

Si j'ajoute à cela les imprévus : orages, cordes coincées, erreurs d'itinéraire, corde trop courte, cheveux coincés dans le descendeur, tombée brusque du brouillard le jour où la boussole est absente du sac... j'aurai dit que l'aventure en montagne est avant tout humaine, et qu'aucun topo ne saurait la décrire. " (préface)

Présentation de l'éditeur : Transboréal

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Le combat de Patrick SUSKIND illustré par SEMPE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Jean est le favori indétrônable du Luxembourg. Joueur expérimenté, il est un habitué des parties d'échecs du jardin du Luxembourg. C'est alors que se présente un jeune inconnu sûr de lui, prêt à en découdre pour détrôner le challenger. Le public se range rapidement de son côté, admirant son assurance face à Jean, enfermé dans ses habitudes. Qui triomphera ?

Réflexion philosophique allégorique sur le pouvoir, la force des masses, et la confiance en soi, ce récit comporte de multiples ramifications. Les dessins de Sempé s'accordent parfaitement à l'atmosphère des parties d'échec du jardin du Luxembourg, ces moments suspendus tout en tension et partage.

Un récit tout en profondeur !

Présentation de l'éditeur : Fayard

Du même auteur :  Le parfum ♥ ♥ 

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Une femme d'imagination et autres contes de Thomas HARDY

Publié le par Hélène

"J'avais peut-être besoin d'un surcroit de reconnaissance, plutôt que d'un renouveau d'amour..."

Ces quatre nouvelles de Thomas Hardy mettent en scène des femmes malmenées par l'amour. En quête d'absolu, ces femmes ne parviennent pas à se contenter de la réalité décevante qui s'offre à elles et elles tentent de s'échapper par le biais de l'amour. Malheureusement, elles restent soumises aux choix familiaux, au mariage, et ces rêves romantiques tournent court... Dans « Le hussard mélancolique », la jeune Phyllis s'éprend d'un soldat étranger alors qu'elle est promise à un beau mariage, Caroline tombe comme ensorcelée par la musique du « Le violoneux de contredanses » alors qu'elle pourrait connaitre un mariage heureux et calme auprès de Ned, Sophy se tourne vers un amour de jeunesse après la mort de son mari, mais son fils met son véto à cet amour indigne à ses yeux (« Le véto du fils »). Pour finir, dans "Une femme d'imagination", en villégiature au bord de la mer, l'héroïne comprend que la chambre qu'elle occupe temporairement est celle d'un poète qu'elle admire particulièrement, elle-même écrivant de la poésie. Peu à peu elle se concentre sur une seule envie : le rencontrer, mais le destin semble lui être contraire.

Les destins assez sombres de ces femmes résonnent tragiquement : incomprises et souvent délaissées, en proie à des passions qui les dépassent, ou soumises au hasard qui entrave leurs rêves, elles connaissent un sort malheureux quand, pourtant, leur esprit et leur coeur se voulaient enjoués. Cette capacité à saisir avec intelligence les émois féminins honore Thomas Hardy et prouve encore une fois son immense talent !

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de Poche

D'autres avis : Martine ; Cryssilda ; Lou

Du même auteur : Les forestiers ♥ ♥ ♥ ; Loin de la foule déchaînée  

 

Pour le mois anglais sur les blogs ce matin nous parlons de recueil de nouvelles !

 

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Courir au clair de lune avec un chien volé de Callan WINK

Publié le par Hélène

♥ ♥

« Des nouvelles vraiment impressionnantes, dont les personnages m’ont habité longtemps. » Jim Harrison

Salué par le maître Jim Harrison et par Thomas McGuane, Callan Wink est un jeune auteur qui fait preuve dans ce premier recueil de nouvelles d'une profondeur d'analyse prometteuse.

Il met en scène des protagonistes souvent divisés entre le poids des responsabilités et l'envie de liberté. Perry, le héros de Une autre dernière bataille, trompe sa femme atteinte d'un cancer avec une jeune indienne crow une fois par an, dans Exotisme, James est un professeur perdu qui part vers la liberté pendant les vacances d'été. Son frère quant à lui a fait le choix d'une vie de famille rangée. Comme dans la symétrie d'un jeu de miroirs l'un envie le mode de vie de l'autre :

""J'aimerais juste pouvoir me barrer quand l'envie m'en prend, aller vivre sur un ranch, réparer des clôtures, baiser des femmes que je viens de rencontrer et boire de la bière toute la journée."

James s'esclaffa; "Ne me tente pas, mon vieux. J'échangerais ma place contre la tienne sans l'ombre d'une hésitation. Enfiler tes chaussons. Boire ton bourbon de luxe. Profiter de ton compte en banque. Etrangler ta femme."" p. 139

Certains font les mauvais choix ou s'interrogent longtemps sur la pertinence des dits choix. Ainsi, pour avoir voulu courir après le profit, Rand, entrepreneur zélé, en a trop demandé à ses ouvriers, jusqu'à la catastrophe, un soir de Noël (La danse du soleil). De fait, les rapports familiaux sont souvent complexes et les jeunes errent désoeuvrés dans une vie qui les dépasse, face à des attentes frustrantes (Les respiriens, Dérapage et Moïse au pays des indiens crows)

Car chacun lutte comme il peut contre une solitude qui s'attache d'un peu trop près à leurs pas à l'image de cette éleveuse de boeufs texans dans Regarder en arrière.

Mes réticences : Si ces textes sont forts, il manque encore un petit supplément d'âme que l'on espère trouver dans les oeuvres futures de ce jeune auteur...

 

Présentation de l'éditeur : Albin Michel

 

Courir au clair de lune avec un chien volé, Callan Wink, traduit de l'américain par Michel Lederer, Albin Michel, Terres d'Amérique, septembre 2017, 290 p., 22 euros

 

Merci à Babélio

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Le coeur sauvage de Robin MACARTHUR

Publié le par Hélène

Dans ces courtes nouvelles, les personnages tapis au fin fond du Vermont semblent tous attendre quelque chose qui n'arrive pas.

"On attend l'orage, on le sent venir à travers les arbres. On attend Robbie, le petit copain de ma mère aux dents toutes cariées. On attend l'aube, ou bien demain, ou bien l'année prochaine, c'est selon. Les feuilles bruissent. Des flots de nuages laiteux passent dans le ciel. La rivière appelle à elle l'eau des nuages. Maman dit que ça lui rappelle l'odeur du désir et renverse la tête en arrière, humant l'air."

Etres indécis, ils oscillent sans cesse, à la fois prisonniers de leur enfance et de leur lieu de naissance, rêvant de liberté et de grands espaces, loin de la fibre primitive, et pourtant, quand ils partent, ils reviennent et retrouvent là un petit quelque chose d'eux-mêmes, de profondément humain et émouvant.

"Il y a deux mondes auxquels je n'appartiendrai jamais, ai-je répliqué. Chez moi et ailleurs." Les femmes de chez moi

"Non, je ne déteste pas cet endroit ; je déteste ce qui m'arrive quand je m'y trouve. Je déteste l'attirance qu'il exerce sur moi. Le fait qu'il ne conduise nulle part ailleurs qu'à lui-même. Le fait que tout le monde dépende de tout le monde et qu'un individu ne puisse pas être libre. Cet endroit est trop beau pour qu'on le déteste", dis-je" p. 195 Les femmes de chez moi

Ils sont conscients de ce qui sépare les êtres : la maladie, la guerre, le racisme. Mais, au-delà des drames, la lumière jaillit soudainement. Dans Là où les prés tentent d'exister un homme revient dans la maison de son enfance où un drame s'est produit vingt ans auparavant. Il ressent la lourdeur de l'atmosphère mais soudain un rayon de lumière surgit sous les traits d'une jeune fille qui invite le narrateur à venir voir des petits veaux nouveaux nés.

"Je m'arrête un moment sur cette route, les bras ballants, et je ferme les yeux en me disant que la vie nous offre peut-être plus d'une chance de nous en sortir, ou différentes formes de chance, et je me remets à marcher vers l'endroit où je suis né (...)" p. 144

Dans Silver creek, une mère et sa fille partagent une baignade et dans Avoir des ailes, elles désherbent les petits pois, côte côte, complices pour un instant. Enfin, dans la dernière nouvelle, magnifique, Les femmes de chez moi, une fille revient vers sa mère atteinte du cancer, mais l'une et l'autre refusent de se résigner, et aux côtés de Kirsty la meilleure amie de la fille, elles dansent sous les étoiles, profondément vivantes.

De portraits en portraits, l'auteur a réussi à saisir l'âme du lieu et de ses habitants et si elle nous fait découvrir avec tendresse "les femmes de chez elle", elle nous parle surtout de la vie comme elle va, cahin-caha, mais qui vaut, malgré tout, toujours le risque encouru.

 

Présentation de l'éditeur : Albin Michel

D'autres avis : Lecture commune avec Electra.

 

Le coeur sauvage, Robin Macarthur, traduit de l'américain par France Camus-Pichon, Albin Michel  terres d'Amérique, 2017, 213 p., 19 euros

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Le K de Dino BUZZATI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Le jour de ses douze ans le petit Stefano Roi demande à son père l'autorisation de l'accompagner sur son voilier. AU loin, il aperçoit une forme noire que son père identifie comme "le K" "C'est le monstre que craignent tous les navigateurs de toutes les mers du monde. c'est un squale effrayant et mystérieux, plus astucieux que l'homme. Pour des raisons que personne ne connaîtra peut-être jamais, il choisit sa victime et une fois qu'il l'a choisie, il la suit pendant des années et des années, toute la vie s'il le faut, jusqu'au moment où il réussit à la dévorer."

De fait le père de Stefano lui interdit de courir les mers. Malgré tout, le jeune garçon reste attiré par la belle bleue et dés qu'il peut jette un oeil au loin. Il aperçoit à chaque fois le K qui l'attend patiemment. L'attirance est telle qu'à l'âge de 22 ans, après la mort de son père, il décide de suivre la même trajectoire que lui et de devenir marin. Il vit alors dans la menace continuelle du monstre, mais cette présence obsessionnelle "décuple sa volonté, sa passion pour la mer, son ardeur pour les heures de péril et de combat."

A la fin de sa vie il décide de partir à la rencontre de cet ennemi qu'il a fui toute sa vie.

Le K lui annonce alors qu'il ne le poursuivait pas pour le dévorer, mais pour lui remettre  une petite Perle de la Mer qui "donne à celui qui la possède fortune, puissance, amour et paix de l'âme. Mais il était trop tard désormais."

Face à l'inconnu, le jeune Stefano s'est laissé influencer par des peurs ancestrales, des croyances infondées et n'a compris son erreur que bien trop tard. Cette courte nouvelle nous  invite finalement à prendre des risques, qu'il s'agisse de rencontres ou d'une métaphore plus large de la condition humaine. A toujours fuir, le risque est de passer à côté de l'essentiel...

Un texte à lire, relire, offrir pour enfin comprendre que l'Autre, loin d'être un ennemi, peut offrir des trésors inestimables ...

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

La bonne nouvelle du lundi chez Martine

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La vierge froide...ou les ravages d'Emma de Jorn RIEL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Mads Madsen aime raconter des histoires pour peupler les soirées longues d'hiver au pays du grand froid du nord-est du Groenland. Un soir, il invente Emma. La femme en ces lieux est "une entité lointaine et imaginaire, à laquelle on ne fait allusion qu'avec des tournures vagues et prudentes." Et ce soir-là, Emma va lui échapper et vivre sa propre vie.

"Emma, tiens, c'est comme si elle était faite rien qu'avec des beignets de pommes. Les fesses, les seins, les joues et tout et tout. Rien que des beignets, mon garçon. Et au milieu de toute cette pâtisserie, deux yeux bleu ciel et une moue rouge."

Après une telle description, William le noir commence à languir lui aussi après Emma et décide d'acquérir les droits sur elle contre vingt paquets de cartouche et un fusil. Emma et William peuvent alors vivre leur idylle.

Mais arrive Bjorken qui achète les droits à son tour...

"C'est quand même une fille magnifique.

- Tout à fait fantastique, pour ainsi dire vivante, soupira William."

Cette nouvelle fait partie des célèbres racontars celtiques de Jorn Riel, auteur danois qui a fait vécu 16 ans au Groenland. De ce voyage exceptionnel il a rapporté la série des racontars arctiques, suite de fictions brèves ayant pour héros les derniers trappeurs du nord-est du Groenland, série qui ravit les lecteurs grâce à un humour décapant ! L'auteur vit aujourd’hui en Malaisie. "Histoire de décongeler", dit-il...

Pour tout vous dire, ces racontars sont mon propre "remède à la mélancolie"... Jubilatoires et décalés ils constituent un pendant idéal à la morosité ambiante !

 

Le recueil : La vierge froide et autres racontars  qui existe aussi adapté en Bande dessinée

Les racontars dans l'ordre (il est préférable en effet de les lire dans l'ordre pour saisir toute la saveur des personnages) :

1) La vierge froide et autres racontars - 1993

2) Un safari arctique et autres racontars - 1994

3) La passion secrète de Fjordur et autres racontars - 1995

4) Un curé d'enfer et autres racontars - 1996

5) Le voyage à Nanga : un racontar exceptionnellement long - 1997

6) Un gros bobard et autres racontars - 1999

7) Le canon de Lasselille et autres racontars - 2001

8) Les ballades de Haldur et autres racontars - 2004

9) La circulaire et autres racontars - 2006

10) Le Naufrage de la Vesle Mari et autres racontars - 2009

 

Je vous parlerai aussi prochainement de Une vie de racontars dans lequel l'auteur se livre.

 

Publié dans Nouvelles

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La piste des soleils de Jack LONDON

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Le sage indien Sitka Charley s'interroge devant une gravure. Il cherche un sens à cet instantané de vie. Il établit alors un parallèle entre l'art et la vie  "Moi aussi j'ai vu maintes images de la vie, dit-il, des images qui n'étaient pas peintes, mais vues avec les yeux. (...) J'ai vu beaucoup de fragments de vie, sans commencement, sans fin, impossibles à comprendre."

Ainsi l'indien raconte l'une de ses aventures qui commence au bord du lac Lindeman. Il nous emmène à ses côtés dans la mission mystérieuse que s'est assignée une femme qui fuit en avant, poursuivie ou à la poursuite de quelque chose ou quelqu'un. La jeune femme se heurte aux conditions difficiles du grand nord, mais, portée par sa quête, elle continue à avancer, vivante. Elle dépasse ses limites physiques, luttant pour sa survie, grâce à la toute puissance de sa volonté. L'indien, témoin muet de sa fuite en avant aura beau chercher un sens à cette folie humaine, sa question restera à jamais sans réponse. Mais était-il nécessaire de comprendre ?

Si Jack London n'a pas son pareil pour peindre les contrées glaciales de l'Alaska, le froid mordant, les hommes qui avancent contre les éléments et luttent pour leur survie, la force de ses récits tient surtout à leur profondeur.

La Piste des soleils résonne comme un hymne à la création qui fige peut-être les vies des personnages, mais inscrit aussi des moments dans l'éternité. Chercher un sens à la vie comme aux histoires contées n'est peut-être pas tellement nécessaire. Jack London laisse la question ouverte, comme une invitation à interpréter notre propre vie et à lui assigner le sens qui nous convient ...

 

Du même auteur : Smoke Bellew ; Martin Eden

Présentation de l'éditeur : Folio

extrait du recueil L'amour de la vie

Cette mise en abyme de la création a été choisie pour honorer le nouveau rendez-vous hebdomadaire initié par Martine : tous les lundis nous mettrons l'accent sur une nouvelle "La bonne nouvelle du lundi"

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