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litterature europe

Le sergent dans la neige de Mario RIGONI STERN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Mario Rigoni Stern livre ici le premier de ses livres, dans lequel il raconte sa propre expérience de la retraite de Russie : des soldats italiens perdus dans la steppe, qui marchent inlassablement et luttent. Il raconte la marche, le froid, la souffrance, et cette envie viscérale de rentrer au pays, près de siens ? L'un d'eux demande sans cesse "Chef, on la reverra-t-y, la maison ?" et l'auteur qui lui répond invariablement "Bien sûr, Giuanin, qu'on la reverra, la maison" parce que l'espoir est ce qui les porte, il y a ceux qui rêvent de gamelles de macaronis, ou de simplement dormir, ceux qui s'imagine à la plage, ou simplement ceux qui veulent serrer les leurs contre eux.

L'espoir de revoir la patrie les fait tenir, tout comme l'entraide, l'humanité. Le récit de Rigoni Stern, devenu un classique des lettres italiennes d'après-guerre est remarquable en ce sens : témoin du pire, jamais l'auteur n'a perdu foi en l'homme. Primo Levi écrivit à propos de l'auteur : "Le fait que Rigoni Stern existe est en soi miraculeux. Miraculeuse d'abord sa propre survie : celle d'un homme qui s'est toujours campé aux antipodes de la violence et que le destin a contraint à participer à toutes les guerres de son temps. Miracle, enfin, le fait que Rigoni soit parvenu à garder son authenticité dans notre époque de fous."

Cette humanité transparait sans cesse, dans de petits gestes : ne pas tirer sur les hommes qui viennent récupérer les corps de leurs camarades tombés ou blessés, ou ce jour mémorable où il entre dans une isba dans laquelle des soldats russes mangent. Chacun s'observe, la mère de famille apporte une assiette et l'auteur mange aussi, sous les regards ennemis.

« C’est comme ça que ça s’est passé. A y bien réfléchir, maintenant, je ne trouve pas que la chose ait été étrange, mais naturelle, de ce naturel qui a dû autrefois exister entre les hommes. La première surprise passée, tous mes gestes ont été naturels ; je n'éprouvais aucune crainte, ne sentais aucun désir de me défendre ou d'attaquer. C'était tellement simple. Et les Russes étaient comme moi, je le sentais. Dans cette isba venait de ses créer entre les soldats russes, les femmes, les enfants et moi, une harmonie qui n'avait rien d'une armistice. C’était quelque chose qui allait au-delà du respect que les animaux de la forêt ont les uns pour les autres. Pour une fois, les circonstances avaient amené des hommes à savoir rester des hommes. Qui sait où se trouvent à présent ces hommes, ces femmes, ces enfants. J'espère que la guerre les a tous épargnés. Tant que nous vivrons, nous nous souviendrons, tous tant que nous étions, de notre façon de nous comporter. Surtout les enfants. Si cela s'est produit une fois, ça peut se reproduire. Je veux dire que cela peut se reproduire pour d'innombrables autres hommes et devenir une habitude, une façon de vivre. » p 163

Un récit magnifique !

Du même auteur : Les saisons de Giacomo ; Hommes, bois, abeilles ; Pour Primo Levi

Publié dans Littérature Europe

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Les abeilles grises de Andreï KOURKOV

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Les abeilles grâce à leur discipline et leur travail, avaient construit le communisme dans les ruches. Les fourmis, elles, étaient parvenues à un vrai socialisme naturel. N'ayant rien à produire, elles avaient juste appris à maintenir l'ordre et l'égalité. Mais les humains ? Il n'y avait chez eux ni ordre ni égalité." p 298

Sergueï vit dans un petit village situé dans la "zone grise", placée entre l'armée ukrainienne et les séparatistes prorusses, dans la zone grise en 2017. Tout le monde a déserté le village, excepté Sergueï et son voisin Pachka, son ennemi d'enfance. Les deux hommes malgré leurs différends passés sont bien obligés de s'entendre pour lutter contre la solitude qui tombe sur eux et le dénuement dans lequel ils se trouvent. Sergueï prévoit de partir au printemps avec ses abeilles pour leur offrir des vacances dans un endroit plus calme. Son voyage au-delà de la zone grise ne sera pas sans surprises...

Sergueï est un personnage attachant, qui sait prendre soin des autres tout comme il prend soin de ses abeilles. Il est attentif, aimant et profondément humain.

Ce que j'ai moins aimé :
Le rythme est très lent, surtout dans la première partie du roman, alors que le temps est comme suspendu et que les journées des deux hommes s'étirent sans fin.

Bilan :

Les abeilles grises est  un roman qui se lit doucement, sans se précipiter pour en saisir toute la beauté et fantaisie...

Présentation de l'éditeur : Editions Liana Levi

Du même auteur :  Laitier de nuit ♥ ♥ ♥ Surprises de Noël ♥ ♥ ♥ ; Le concert posthume de Jimi Hendrix ♥ ♥ ; Vilnius, Paris, Londres ♥ ♥ 

Publié dans Littérature Europe

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La proie de Irène NEMIROVSKY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

« La réussite, quand celle-ci est lointaine, a la beauté du rêve, mais dès qu’elle se trouve sur le plan des réalités, elle parait sordide et petite. »

Dans les années 30 le jeune Jean-Luc Daguerne, juste héritier de Rastignac, n'a qu'un idée en tête : réussir. L'époque n'est guère favorable à sa recherche, le travail manque pour assouvir ses ambitions personnelles, de fait, il espère atteindre les cercles du pouvoir par le biais d'un mariage avec Edith, fille d'un banquier. Son désir, la misère et la force de sa jeunesse le poussent en avant, mais une fois au sommet, son énergie restera-t-elle intact ?

Le désir, insatiable, se rappelle sans cesse à lui et si les illusions de la jeunesse lui laissent penser que le bonheur est au bout du chemin, il comprend au fil du temps que la réussite est fluctuante :

« Des succès partiels, empoisonnés par le doute de soi, l’amertume, l’envie, la peur, mais ces sensations aiguës que donne le triomphe, tout ce que ce petit José imaginait sans doute, cela, c’était des rêveries d’enfant. Il restait toujours quelque chose de plus à obtenir, quelque chose de plus rare, de plus difficile, d’inaccessible. Il restait les rivaux. Il restait la peur de l’échec.» p139

Il n'aspire alors qu'à la paix et se laisse gagner par une passion amoureuse, qui là aussi, s'avèrera décevante. De chasseur, il devient proie, victime d'un sentiment fatal qui le ronge.

Ce roman remarquable sur le destin d'un arriviste voué à la désillusion n'est pas sans rappeler les romans de Balzac ou Stendhal. Les personnages sont tout autant incarnés, représentation fantomatique de types sociaux qui courent après un bonheur factice.

Un roman poignant !

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Du même auteur : Suite française ♥ ♥ ♥ 

Publié dans Littérature Europe

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La saga des Cazalet tome 5 La fin d'une ère

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

En 1956, neuf ans après le mariage de Polly, l'union de Clary et d’Archie et le divorce de Louise, la Duche s'éteint, emportant avec elle toute une époque. L'entreprise familiale prend l'eau, obligeant Hugh et Edward à envisager de vendre Home Place, demeure ancestrale qui aura vu tant de générations se côtoyer. Alors que Rachel pourrait prendre son envol et enfin vivre pleinement sa relation avec Sid, des soucis de santé les brident malheureusement aux portes du bonheur. Polly et Clary tentent quant à elles de trouver un juste équilibre entre leur vie de famille et leur vie professionnelle. Louise, fidèle à elle-même vit des amours compliquées, et les trois cousins Teddy, Simon et Neville tentent de trouver leur place dans ce monde vacillant.
La Fin d’une ère, écrit dix-huit ans après les quatre autres volumes – Elizabeth Jane Howard était alors âgée de quatre-vingt-dix ans –, signe la fin de la magistrale saga des Cazalet. Ce dernier tome nous emporte dans les entrelacs compliqués des relations familiales, notamment au sein du couple et de ses "petits arrangements". L'harmonie semble pourtant prédominer malgré quelques dissensions, tous se retrouvent autour du repas de Noël pour gommer un instant les défauts inhérents à l'être humain. Si la mort et la maladie s'installent aussi discrètement parmi eux, elles s'inscrivent finalement naturellement dans le destin de cette famille, comme des compères douloureux, mais malgré tout inévitables.

C'est avec regret que l'on quitte les protagonistes, devenus au fil des années comme des membres de notre propre famille.

Présentation de l'éditeur : Les éditions de la Table Ronde

Les autres tomes : La saga des Cazalet t1 ; Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4

Publié dans Littérature Europe

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Gioconda de Nikos KOKANTZIS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Nìkos, un adolescent, et Gioconda, une jeune fille juive, s’aiment d’un amour absolu jusqu’à la déportation de celle-ci à Auschwitz, en 1943.

Le narrateur / auteur décrit les premiers émois amoureux, la découverte de la sexualité, l'émerveillement ressenti face à ce nouveau monde qui s'offre à eux, mais parallèlement, dans l'ombre, la fin se rapproche. Cette alliance entre la découverte de la sensualité, l'amour entier de la jeunesse et cette menace qui rôde dans l'air et les condamne crée toute la subtilité du roman.

Nikos Kokantzis a passé plusieurs années sans souhaiter évoquer cet amour tragique, mais quand il a compris que Gioconda mourrait une deuxième fois si il n'en parlait pas, il lui a écrit ce livre, son unique livre, mémorial inoubliable.

Présentation de l'éditeur : Les éditions de l'aube

Publié dans Littérature Europe

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Les printemps sauvages de Douna LOUP

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

La narratrice passe son enfance à vagabonder sur les chemins aux côtés de sa mère, à la recherche de son frère. Elles dorment dans des champs, travaillent dans les fermes, habitent des cabanes lovées dans la forêt. Puis vient le temps des premières amours, la jeune femme découvre sa sexualité et s'éloigne de sa mère.

"Je sors, je jette, je cours, je crie dans les sentiers, j'écris des mots sous la lune et je contemple le ciel mordoré comme une gamine en oubliant l'heure du coucher, les "il faut que" et tous les supplices que je m'imposais. C'en est fini d'être triste ici-bas, c'en est fini de geindre et de soupirer, on avance, c'est trop court, c'est trop précieux la vie, tout peut être perdu en un instant, alors se morfondre c'est inutile. Avancer."

Dans une écriture poétique portée par la lumière, Douna Loup nous invite à un retour à l'essentiel, à la nature et à sa beauté et ses merveilles.

"Sur les sentes sauvages du monde je n'ai ni nom ni sexe, mais pour seule certitude d'exister et de confluer comme toutes les espèces animale, végétales, minérales.

J'avance.

Sur les sentes sauvages de la forêt.

Je noie mon corps et deviens transparente, je froisse l'air.

Fougères frôlantes."

Un très beau texte !

 

Présentation de l'éditeur : Editions Zoé

Publié dans Littérature Europe

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Le cirque des merveilles de Elizabeth MACNEAL

Publié le par Hélène

♥ ♥

Angleterre, 1866. Nell est vendue par son père comme phénomène de foire au cirque des Merveilles tenu par Jasper Jupiter. En effet des taches de naissance constellent son corps et le directeur du cirque lui prépare un numéro qui mettra en avant ses différences. D'abord affectée par cette nouvelle vie, Nell finit par trouver sa place, se liant d'amitié avec d'autres artistes et se rapprochant de Toby, le frère de Jasper.

L'originalité de l'autrice est de ne pas offrir un monde blanc ou noir de ces pratiques, quelquefois cela permettait à ces êtres différents de s'intégrer dans un monde, de gagner leur vie, et de devenir des "merveilles" mises en lumière par la mise en scène, quand pour d'autres, cela signifiait être arraché à sa famille d'origine, être vendu de cirques en cirques comme un quelconque objet.

Ce que j'ai moins aimé :

Ma lecture fut laborieuse, peut être parce que je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages réellement. J'ai trouvé trop de longueurs autour de l'histoire de Dash que l'on devine rapidement, si bien que cela crée un faux suspens
Bilan :

Mitigé !

Présentation de l'éditeur : Les presses de la cité

Il m'a fait penser à La vie qu'on m'a choisie que j'avais préféré !

Publié dans Littérature Europe

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La ville de vapeur de Carlos RUIZ ZAFON

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Dans ces nouvelles aux accents fantastiques, nous retrouvons l'univers onirique de Carlos Ruiz Zafon, nimbé d'une atmosphère mystérieuse, entre ombre et brouillard, avec des labyrinthes, des fantômes, des secrets, un monde à la fois envoûtant et fascinant. Tel un conteur ancestral, l'auteur, maître dans l'art de conter, nous rappelle les pouvoirs de l'écriture et de la création.

"Il raconta, parce que dans ses veines coulait le vin de la narration, et le ciel avait voulu que son expérience eût été de se raconter d'abord à lui-même les choses du monde afin de pouvoir les comprendre et ensuite les conter aux autres, parées de la musique et de la lumière littéraire, car il pressentait que si la vie n'était pas un songe, elle était tout du moins une pantomine où la cruelle absurdité du récit coulait toujours en privé, et qu'il n'existait entre ciel et terre une meilleure ni plus efficace vengeance que de modeler la beauté et l'esprit à coups de mots pour trouver du sens dans la folie des choses." (Le prince du parnasse)

Dans ces pages embrumées, nous croisons de grands noms comme Cervantès, Gaudi, errant dans une Barcelone fantasmée.

A découvrir pour aborder l'univers de cet écrivain notoire, en attendant de lire son roman L'ombre du vent si ce n'est pas déjà fait !

Présentation de l'éditeur : Actes Sud

Publié dans Littérature Europe

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L'amour dans l'âme de Daphné DU MAURIER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

En 1830, la famille Coombe est installée à Plyn, un port de la côte sud des Cornouailles et Janet se sent irrémédiablement attirée par la mer, marquant ainsi plusieurs générations : tout comme elle, son fils Joseph ressentira cet appel et ses enfants après lui. Janet, Joseph, Christopher et Jennifer sont "tous unis par un étrange et même amour, par un même esprit d'inquiétude et de souffrance, par une semblable intolérable passion pour la beauté et l'indépendance."

L'amour dans l'âme est le premier roman de Daphné Du Maurier publié en 1950 sous le titre La chaîne d'amour.  Cette saga familiale s'étend sur cent ans : de 1830 à 1930, quatre générations se succèdent permettant de présenter une vaste fresque des passions humaines. Les sentiments forts s'affrontent, entre amour et incompréhension, le destin des personnages est souvent marqué par le passé, par cette chaîne sans fin se perpétuant au fil des générations. Mais chacun se bat pour asseoir sa place et tenter de trouver un semblant de bonheur dans cette histoire familiale tourmentée.

"Elle conçut l'horreur que l'on doit éprouver à grandir, l'horreur de ne plus rire des choses vraiment drôles, de ne plus courir à perdre haleine, de marcher tristement au lieu de battre les arbres au passage avec une baguette. Elle pensa qu'un jour elle ne trouverait plus délicieux de donner des coups de pied dans les feuilles que l'automne rassemble dans les caniveaux, de construire des campements avec des chaises, de faire des dînettes de brindilles d'herbes ou d'effeuiller les marguerites. Plus de promenades les mains dans les poches, en sifflotant une chanson et en cherchant l'aventure au coin de la rue. " p 410

Une très belle saga familiale !

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Du même auteur : Mary Anne ♥ ♥  ; Ma cousine Rachel ♥ ♥ ♥ ♥ ; Rebecca ♥ ♥ ♥ ♥

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La petite boulangerie du bout du monde de Jenny COLGAN

Publié le par Hélène

♥ ♥

L'entreprise créée par Polly et son mari fait faillite, et son mariage coule également. Polly décide alors de repartir à zéro en trouvant refuge dans un petit port de Cornouailles, sur une île. Dans ce petit village rythmé par les allers venues des marins, elle essaie tant bien que mal de faire sa place et décide de se lancer dans la confection de pains.

Ce que j'ai aimé :

J'ai apprécié l'ambiance du bord de mer, les embruns, les pêcheurs, l'activité de ce petit port de pêche qui est bien mis en scène, comme préservé des défauts de la ville, même si, peu à peu, il assiste à l'afflux progressif de nouveaux habitants en quête "d'authenticité".

L'autrice se serait inspirée du Saint Michael's Mount situé en Cornouailles pour écrire son roman.

© Valery Egorov/123RF

Les dialogues sont dynamiques, assez truculents.

Ce que j'ai moins aimé :

Les bluettes amoureuses restent des bluettes sans grand intérêt, nous sommes résolument dans de la chick lit, il ne faut pas s'attendre à beaucoup de profondeur dans l'analyse des personnages et de leur psychologie... Même les drames s'effacent rapidement et ne laissent que peu de stigmates...

Bilan :

Une lecture légère dont il ne faut pas trop attendre.

 

D'autres tomes suivent Une saison à la petite boulangerie et Noël à la petite boulangerie

 

Publié dans Littérature Europe

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