Chaque été neveux et nièces se rendent chez Richard et Héléna, au bord des falaises de Cornouailles, dans leur grande maison qu'agrémente une pelouse de camomille. Cet été là, la jeune Sophy est amoureuse d'Oliver, lui-même fasciné par Calypso qui, elle, virevolte à droite et à gauche. Nous sommes en 1939 et tout risque bientôt de basculer.
Par la suite tous se souviendront de cet été et de cette pelouse comme du temps de l'insouciance.
La narration superpose deux époques : quarante ans plus tard, certains des cousins et tantes se rendent à un enterrement, et se remémorent ces périodes troublées, et les relations décomplexées créées par la guerre et ses conséquences. Les couples sont libres, trouvant un équilibre bienheureux hors des schémas classiques, personne ne juge, car tous sont habités par l'urgence de vivre.
Un roman qui m'a fait pensé à la saga des Cazalet, mais en plus ramassé et intense. J'ai apprécié le vent de liberté qui court en ces pages !
Cornouailles, 1947. Le père Bott se prépare pour une oraison funèbre bien particulière : l'hôtel Pendizack situé sur la falaise s'est effondré avec l'éboulement de la falaise et a disparu avec sept résidents.
L'histoire revient alors quelques jours en arrière pour présenter les locataires et propriétaires de cet hôtel.
Ce que j'ai aimé :
-Le suspens : qui de tous ces protagonistes sera épargné ? Comment évitera-t-il la catastrophe ?
- Les personnalités sont très différentes : de nombreux couples, ceux qui se forment, ceux qui se quittent, ceux qui ne se supportent plus, ceux qui sont ensemble par obligation, ceux qui se cherchent, mais aussi des enfants, aimés, moins aimés.
"C'est l'incertitude qui nous charme. Tout devient merveilleux dans la brume."
Basil Hallward est tombé sous le charme du jeune Dorian Gray et il lui offre son portrait. Emporté par son enthousiasme, le jeune homme formule le voeu de ne jamais vieillir et de laisser le portrait vieillir à sa place. Et de fait, alors que le jeune Dorian est emmené sur une pente noire, le portrait seul subit les changements dus au temps et au mode de vie dépravé de Dorian. En reprenant le mythe de la jeunesse éternelle, l'auteur se penche ainsi sur les influences sur le destin d'un homme : il aura suffit de la lecture d'un roman, d'une rencontre avec Lord Henry pour que Dorian bascule...
Lorsqu'il parut, en 1890, ce conte philosophique, social, noir et fantastique, fut considéré comme immoral. Réflexion sur l'art, sur la morale, ce roman d'une richesse incroyable demande plusieurs lectures pour en bien comprendre toute l'intensité...
"Ma chérie, c'est pour cela que la vie est faite : courir des risques."
Mary est une jeune veuve courtisée par un futur vice roi des Indes et par Rowley, homme beaucoup moins recommandable. En effet, cette femme remarquable ne laisse pas les hommes indifférents. De séjour à Florence, elle devra faire des choix déterminants...
Ce que j'ai aimé :
- Les descriptions de la Toscane sont magnifiques :
"Il y a quelque chose dans cet air léger de la Toscane qui vous émeut au point que toute impression physique met en branle des correspondances spirituelles. Vous ressentez la même émotion que, par exemple, en écoutant la musique de Mozart, mélodieuse et gaie avec un arrière-fond de mélancolie, qui vous remplit d'un si parfait contentement que vous vous trouvez comme affranchi de l'empire de la chair. Pendant quelques minutes bénies, toute grossièreté temporelle est épurée, toute confusion s'ordonne en une harmonieuse perfection"
- Paradoxalement, le format resserré donne de l'ampleur aux sentiments des personnages, pris dans une urgence liée à l'intrigue. Ils doivent agir vite, prendre des décisions rapidement, décisions qui impacteront leur vie future.
- Si Rowley m'a semblé quelque peu contradictoire, Mary apparait comme un personnage touchant, entre errance et ennui, victime de ses élans.
Bilan :
Une première découverte de cet auteur très réussie ! Je vais sans tarder me pencher sur d'autres œuvres de lui !
"Le bonheur n'est pas un objet à posséder, c'est une qualité de pensée, un état d'âme."
La jeune narratrice rencontre Max de Winter alors qu'elle séjourne à Monte Carlo comme dame de compagnie de Mme Van Hopper. Max a 42 ans et vient de perdre sa jeune femme accidentellement. Malgré leur différence d'âge (elle a 20 ans et lui 42), ils se rapprochent, et à l'issue de son séjour, Max lui propose de l'épouser et de l'emmener vivre à Manderley, son magnifique manoir situé en Cornouailles. La jeune fille, conquise, accepte même si elle sait qu'elle devra prendre sur elle pour s'adapter à un milieu qui n'est pas le sien. Arrivée à Manderley, elle se heurte surtout au souvenir de Rebecca, la première femme de Max, qui semble avoir laissé un souvenir idéal dans l'esprit de tout un chacun. La narratrice, jeune et timide, jalouse cette femme sui semble tellement parfaite.
Après avoir fait la connaissance de la narratrice et de Max, sachez-le, vous ne pourrez plus les quitter avant de connaitre leurs sorts respectifs. Vous vous attacherez à la jeune narratrice, innocente, peinte de façon tellement subtile et intelligente, vous vibrerez de timidité à ses côtés, vous douterez, vous jalouserez Rebecca, comme elle, vous vous ferez surprendre... Sachez-le, vous tomberez indéniablement sous le charme de cette grande demeure, Manderley, et les descriptions somptueuses, sensibles, vous enchanteront. Le style vous emportera, et vous n'aurez qu'un regret : avoir terminé votre lecture trop vite.
Un seul conseil :précipitez-vous sur ce roman et savourez-le !
"J'aurais voulu rester ainsi, sans parler, sans écouter les autres, retenant ce précieux moment pour toujours, parce que nous étions tous paisibles, satisfaits, et même un peu somnolents comme l'abeille qui bourdonnait autour de nous. Dans quelques instants, ce serait différent ; demain viendrait, puis après-demain, puis l'année prochaine. Et nous serions changés peut-être, nous ne nous retrouverions jamais plus assis exactement ainsi. Les uns s'en iraient, ou seraient malades, ou mourraient ; l'avenir s'étendait devant nous, inconnu, invisible, autre peut-être que ce que nous désirions, que ce que nous prévoyions. Mais cet instant était assuré, on ne pouvait pas y toucher. Nous étions assis ensemble, Maxim et moi, la main dans la main, et le passé et le futur n'avaient aucune importance. "
Deux cousines grandissent ensemble dans l'entre-deux-guerres en Angleterre : Fanny est raisonnable et posée , fille de "la Trotteuse" femme qui court de relation amoureuse en relation amoureuse si bien que Fanny est confiée aux bons soins de sa tante pour plus de stabilité. Elle est élevée avec Linda, jeune fille aventureuse et romanesque. Linda court après le bonheur et tombe facilement amoureuse également, persuadée à chaque fois que son mariage sera éternel. La narratrice suit ses multiples aventures avec bienveillance.
Ce que j'ai moins aimé :
J'ai trouvé la première partie plus longue sur l'enfance et l'adolescence des jeunes filles, préférant la deuxième partie consacrée aux amours de Linda.
Dans leur petit village du Yorkshire, les sœurs Brontë entendent parler d'une disparition mystérieuse : la jeune Elisabeth Chester s'est volatilisée, laissant derrière elle une chambre baignée de sang. Où est passée cette jeune mère qui jamais n'aurait abandonné ses enfants en bas âge ? Les sœurs Brontë décident de mener l'enquête, découvrant peu à peu un homme violent sous les traits du mari de la jeune femme.Elles se heurtent aux préjugés des habitants peu enclins à se confier à des femmes, mais restent pourtant bien décidées à devenir les porte paroles de celles qu'on réduit au silence.
L'autrice fait preuve d'un talent indéniable pour entremêler savamment l'intrigue policière et les aspects biographiques de la vie des trois sœurs et de leur frère Branwell. Aucun des aspects n'est sacrifié au profit de l'autre, ils se côtoient intelligemment. De plus, l'intrigue se concentre sur la liberté des femmes, peignant les multiples injustices qu'elles peuvent subir, et dans ce contexte, les trois sœurs font figure de proue.
Pour finir, l'atmosphère mystérieuse de la lande nous fait pressentir le monde des esprits qui semblent l'habiter...
Une très belle découverte ! J'ai déjà récupéré le tome suivant !
En défense des romans alors qu'ils étaient à l'époque dépréciés. L'auteur place son roman lui même sous l'égide d'auteurs qu'elle admire : pour le Camilla et Cecilia, de Fanny Burney, Belinda, de Maria Edgeworth (au chapitre V), ou encore Sir Charles Grandison, de Richardson (au chapitre VI) et pour le Les Mystères d'Udolphe, La Forêt ou l'Abbaye de Saint-Clair ou Julia ou les Souterrains du château de Mazzini.
Au fil des pages, la jeune femme s'éveille et comprend mieux les rouages de la société, elle se fait moins naïve et son caractère s'affirme.
Bilan :
Un roman qui joue avec les clichés littéraires pour mieux nous désarçonner !
"La littérature fut, au fond, le seul moyen qui se présenta à moi pour combler ce vide. Est-ce qu'une passion peut exister si elle n'est pas précédée par un vide ?"
Dans ces années 2000, Elisa est une adolescente de quatorze ans délaissée par sa mère et contrainte de vivre dans une ville qu'elle n'apprécie pas aux côtés d'un père effacé. Elle rencontre alors Béatrice, une jeune fille qui ne passe pas inaperçue. Contre toute attente une amitié voit le jour entre les deux jeunes femmes que tout oppose. Elisa ne tarde pas à jalouser cette Béatrice appelée à briller de mille feux. En effet, avec l'aide du père d'Elisa, elles créent un blog, puis les années passant, Béa devient influenceuse.
Face à cette montée des réseaux sociaux, Elisa reste attachée aux livres, mais se demande si la littérature n'a pas fait son temps "Quel intérêt, un livre, quand la vie des autres est devenue visible, à portée de main ? Des autres qui sont réels, pas imaginaires, que nous connaissons et que nous avons l'impression d'épier comme par le trou de la serrure. Nous pouvons leur envier la collection de moments heureux qu'ils donnent à voir, nous en fabriquer une tout aussi enviable, nous enfermer dans notre chambre et nous prendre en photo." p 463
Ce que j'ai moins aimé :
L'héroïne est larmoyante de bout en bout, ne trouvant pas sa place dans la relation avec Béa, ni avec sa famille, ni dans son couple.
L'ensemble est un peu caricatural et cliché avec l'amie qui attire les regards et le vilain petit canard de l'autre côté.
Je n'ai pas pu m'empêcher de comparer avec L'amie prodigieuse, plus profond à mes yeux.
Bilan :
Une lecture plaisante qui nous embarque mais finit par tourner en boucle.
Une famille norvégienne se prépare à fêter les soixante-dix ans du patriarche. Mais lors de la soirée, les parents annoncent leur divorce, provoquant des réactions contrastées chez leurs trois enfants Liv, Hakon et Ellen.
Liv, une mère de famille constamment dans le contrôle se trouve démunie face à cette séparation non prévue qu'elle ne contrôle pas, elle se trouve désarçonnée. Ellen reste concentrée sur sa volonté de procréer, parcours semé d'embûches pour elle et son mari, quant à Hakon, il en profite pour s'interroger à nouveau sur le modèle traditionnel du couple censé durer plusieurs années.
L'auteur constitue un portrait de famille en alternant les points de vue des trois enfants, aux prises avec ces problématiques diverses et en profite pour s'interroger sur le couple et sur ce qui relie deux êtres ensemble quelquefois pour des dizaines d'années.
Si le style reste relativement plat, les personnages attachants et l'analyse de ce qui constitue une famille est suffisamment fine pour se lancer dans cette lecture !