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litterature europe

Vers l'abîme de Erich KASTNER

Publié le par Hélène

♥ ♥

Satire sociale et politique, le roman s'attache aux pas de Jakob Fabian, un publicitaire trentenaire vivant à Berlin. Fabian est un observateur cynique et désabusé de la décadence et de la corruption qui gangrènent la société allemande de l'époque. Il perd son emploi et tente de naviguer dans un monde de plus en plus chaotique et moralement ambigu. A la fois brulot antimilitariste et description sans fard des mœurs sexuelles, le roman témoigne de l'esprit d’une époque tourmentée, critique de la société de Weimar, marquée par l'instabilité économique et sociale, signes avant coureur du naufrage national « L’Europe était dans la cour de récréation ; Les professeurs étaient partis. Il n’y avait plus d’emploi du temps. Le Vieux Continent ne parviendrait pas à boucler le programme. » p 42

Le taux de chômage élevé entraine une dépression morale succédant à la crise économique, avec ce besoin frénétique pour tout un chacun de s’étourdir,quand les partis eux-mêmes sont dénués de scrupules. Tous les signes avant coureur du désastre imminent sont là, le pouvoir n'étant jamais utilisé à bon escient « Celui-ci en use à son profit, celui là au bénéfice de sa famille, l’un pour payer moins d’impôts, l’autre privilégie les gens qui ont les cheveux blonds, le cinquième ceux qui font plus de deux mètres, le sixième teste une formule mathématique sur l’humanité. » p 53

Fabian moraliste, il observe ses contemporains et tente d’évaluer leur capacité à s’amender, mais n’observe pas seulement, participe, expérimente cette perte des valeurs morales et le cynisme de cette société berlinoise à l'agonie.

Censuré à sa parution en Allemagne en 1931, brûlé par les nazis en 1933, ce roman de l'écrivain Erich Kästner paraît en français dans son intégralité seulement en 2016.

Un roman brillant indispensable !

Présentation de l'éditeur : Editions Anne Carrière ; 10/18

Publié dans Littérature Europe

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Fleur de roche de Ilaria TUTI

Publié le par Hélène

♥ ♥

1915. Les bombes autrichiennes sifflent sur les cimes de la Garnie, dans le Frioul italien. Agata Primus et ses compagnes sont sollicitées pour porter nourriture et munitions aux troupes recluses dans la montagne. Courageuses, déterminées, elles bravent la neige, le froid et le danger pour ravitailler les soldats italiens dont la vie ne tient plus qu’à un fil. Jour après jour, elles se lient à ces hommes rencontrés là-haut. Elles sont comme des "fleurs de roche", comme ces edelweiss, "des fleurs agrippées avec ténacité à cette montagne. Agrippées au besoin, je le crois, de se maintenir en vie". Mais le danger rôde et Agata croisera aussi la route d'un tireur autrichien...

Ce que j'ai aimé :

L'autrice rend ici un bel hommage à ces femmes et hommes qui ont défendu la frontière, souvent oubliées dans l'histoire parce qu'elles n'ont pas été mobilisées.  Le personnage de Agata est  inspiré de Maria Plozner Mentil symbole des porteuses, des "femmes simples mais d'une force morale extraordinaire, habituées depuis des siècles à soutenir leur famille dans les situations les plus défavorables." A cette époque, les journaux disent que le conflit a fait beaucoup pour l'émancipation des femmes, mais elles ont toujours été des femmes indépendantes, "notre capacité à nous suffire à nous-mêmes ne nous a pas été reconnue, ni concédée. Nous l'avons tissée par l'effort et le sacrifice, dans le silence et la douleur, de mère en fille." p 324 Elles vivaient souvent dans une pauvreté extrême, et devaient assumer la survie de leur famille.

La force de ce roman est aussi de ne pas verser dans le manichéisme, chaque homme qui combat est aussi un homme, avec ses fragilités, ses valeurs et ses forces, qu'il soit italien ou autrichien. Tout comme certains hommes italiens pourront être violents, tapis dans l'ombre du village, des autrichiens sauront se révéler profondément bons.

Ce que j'ai moins aimé :

Je m'attendais à davantage de description de la nature et du cheminement de ces femmes dans ces endroits escarpés et difficilement atteignables.

Bilan :

Un roman historique très bien documenté, porté par des personnages forts et sensibles.

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Publié dans Littérature Europe

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La famille Seagrave de Joanna QUINN

Publié le par Hélène

La jeune Cristabel Seagrave grandit dans le domaine de Seagrave. Orpheline qui peine à trouver sa place, elle est souvent livrée à elle-même et court la campagne aux côtés de sa sœur Flossie et de son frère Digby, se créant des mondes imaginaires riches. Elle découvre ainsi le monde fascinant du théâtre et se plait à créer des pièces, s'émancipant peu à peu des modèles qu'on cherche à lui imposer. Mais dans les années 40, la guerre viendra tout bouleverser.

Ce que j'ai aimé :

Au début du roman, certaines scènes sont vibrantes de poésie, se plaisant à décrire un rayon de soleil miroitant sur la peau.

Ce que j'ai moins aimé :

Mais globalement, le roman est trop long (plus de 800 pages) certains passages auraient pu être écourtés. L'ensemble reste inégal.

Bilan :

Saga familiale qui s'étend sur plusieurs décennies, centrée autour de cette famille qui connait les bouleversements historiques, le roman est souvent comparé à la saga des Cazalet.

Présentation de l'éditeur : Pocket

Publié dans Littérature Europe

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Les oracles de Margaret KENNEDY

Publié le par Hélène

Alors qu'un violent orage sévit sur la petite ville de Summersdown sur le canal de Bristol, le microcosme intellectuel est convié chez Conrad Swann, artiste bohème pour découvrir sa dernière création, un Apollon destiné à un prix prestigieux. Mais Swann a disparu, et personne ne sait où se trouve la mystérieuse statue. Trouvant dans son appentis ce qui pourrait s'apparenter à cette œuvre, Martha, représentante autoproclamée de l’œuvre de Conrad, s'en empare et tente de convaincre la municipalité d'en faire l'acquisition. Malheureusement, il ne s'agit là que d'une chaise foudroyée lors de l'orage, disloquée, au point de ressembler à un monstre.

Ce que j'ai aimé :
Satire du monde intellectuel, réflexion sur l'art contemporain, ce roman caustique fustige ces milieux prétentieux, bouffis de certitudes et pourtant capables des pires choix...

Ce que j'ai moins aimé :

Le nombre de personnages a eu tendance à me perdre, j'ai préféré les romans précédents de cette autrice.

Bilan :

Une comédie piquante agréable à découvrir !

Présentation de l'éditeur :  Editions la table ronde

Du même auteur : Le festin ♥ ♥ ♥ ; Divorce à l'anglaise ♥ ♥ 

 

Publié dans Littérature Europe

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Le jour avant le lendemain de Jorn RIEL

Publié le par Hélène

Dans les régions isolées de l'Arctique, Ninioq, une vieille femme inuite, et son petit-fils, Manik passent leur été à récolter et à stocker des provisions pour l'hiver. Mais à l'issue de cette saison, ils se retrouvent isolés sur une île alors que le reste de leur communauté semble les avoir oubliés.Ils doivent alors apprendre à survivre dans ces conditions extrêmes, affronter les ours, la faim, le froid, tout en s'interrogeant sur les raisons pour lesquelles personne ne vient les chercher. Ninioq s'efforce alors de transmettre sa sagesse et leurs traditions ancestrales à Manik pour que perdure leur lien ténu avec la culture inuit. La vieille femme lui  enseigne les compétences et les histoires nécessaires pour survivre et comprendre leur monde. La solitude des personnages sur l'île met en relief l'importance de la communauté et des liens sociaux dans les cultures traditionnelles inuit.

Ce que j'ai moins aimé :

J'ai trouvé cette histoire très sombre sans l'humour et l'absurdité qui font le charme des racontars celtiques que j'apprécie tant...

Bilan :

Une lecture profonde et émouvante !

Présentation de l'éditeur : Gaïa

Du même auteur : La vierge froide et autres racontars ♥ ♥ ♥ ♥ ;  La maison de mes pères  ♥ ♥ ♥  ; Un petit détour et autres racontars ♥ ♥ ♥ ♥ (BD) ; L'intégrale en Bd des racontars celtiques ♥ ♥ ♥ ♥ (BD)

Le livre a également été adapté en film en 2004, réalisé par Sturla Gunnarsson. L'adaptation cinématographique a contribué à faire connaître l'œuvre de Riel à un public plus large, mettant en avant la beauté et les défis de la vie dans les régions polaires.

Publié dans Littérature Europe

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Le vent dans les saules de Kenneth GRAHAME

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Publié pour la première fois en 1908, ce roman est un classique de la littérature jeunesse mais tout aussi riche pour un lecteur adulte !

L'histoire se déroule dans la campagne anglaise et suit les aventures de quatre personnages principaux, tous des animaux anthropomorphes : la taupe, animal timide et tranquille qui, au début du livre, quitte son terrier pour explorer le monde extérieur, le rat amical et sociable, qui devient rapidement l'ami de Taupe. Il adore la rivière et passe beaucoup de temps à naviguer. Le crapaud quant à lui est riche et excentrique, connu pour ses comportements impulsifs et son amour des nouvelles modes, en particulier les voitures. Et pour finir le blaireau apparait comme un personnage sage et respecté, qui vit reclus dans la forêt. Il est souvent la voix de la raison parmi ses amis. Ces personnages se côtoient, s'entraident malgré leurs différences au fil d'aventures qui les mènent à découvrir de nouveaux aspects du monde et d'eux-mêmes.

Ce que j'ai aimé :

La description détaillée de la nature et des paysages ruraux anglais joue un rôle crucial dans l'ambiance du roman. L’atmosphère est calme, le lecteur est invité à simplement écouter le vent dans les saules, à admirer la lumière qui change, ou encore à se recueillir au cœur de l'hiver devant un bon feu de cheminée dans un terrier confortable aux côtés d'amis. Cette lecture est comme un cocon dans lequel j'avais plaisir à me lover après des journées sous tension.

Mais l'auteur propose aussi une satire des classes sociales et des comportements de la haute société notamment à travers les actions de Crapaud. Il écrit ainsi "une fable onirique, joyeuse et douce-amère qui réaffirme le pouvoir de la nature face aux ravages de l'industrialisation croissante de l'Angleterre édouardienne." (introduction de Sophie Chiari)

Le Vent dans les saules a été adapté de nombreuses fois en films, séries télévisées, pièces de théâtre et même en comédies musicales. J'aime particulièrement l'adaptation BD de Michel Plessix

Il s'agit de ma première participation pour le mois anglais orchestré par Martine et Lou

Publié dans Littérature Europe

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Entre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"L'existence humaine se résume à une course contre la noirceur du monde, les traîtrises, la cruauté, la lâcheté, une course qui paraît si souvent tellement désespérée, mais que nous livrons tout de même tant que l'espoir subsiste."

Le village se prépare pour une sortie en mer des pêcheurs. Parmi eux, Bárður, pêcheur à la morue, fasciné par les mots et captivé par sa lecture du Paradis perdu, du grand poète anglais Milton. Il est accompagné du "gamin", un jeune homme de vingt ans, son meilleur ami. Mais malheureusement, trop occupé à retenir les vers de Milton, le pêcheur néglige les préparatifs et oublie sa vareuse seule capable de le protéger des intempéries meurtrières en mer. Après ce voyage, le jeune garçon restera suspendu entre ciel et terre, incertain, en route pour rendre le Paradis perdu à son propriétaire, avançant pas à pas, perclus de douleur.

"L'enfer, c'est d'être mort et de prendre conscience que vous n'avez pas accordé assez d'attention à la vie à l'époque où vous en aviez la possibilité. "

Dans un texte profondément humain et porteur d'espoir, l'auteur prouve sa capacité à capturer l'essence de la condition humaine. Il propose une réflexion poignante sur la vie dans un environnement rude et impitoyable, tout en mettant en lumière la force et la résilience de l'esprit humain. De ce monde âpre, les deux pêcheurs islandais pouvaient s'échapper par le pouvoir des mots, enrichissant ainsi leur univers :

"Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts. "

Leur errance s'apparente finalement à une métaphore de cette quête infinie et éternelle qui consiste à donner un sens à son existence "tout ce que nous pouvons faire, c'est espérer au plus profond de nous-mêmes, à l'endroit où bat le cœur et où s'ancrent les rêves, qu'aucune vie ne soit en vain, ne soit sans but."

Pour eux, le sens serait peut être dans la solidarité, cette fraternité qui relie les humains et nous sauve de la solitude : "Nous devons prendre soin de ceux qui nous sont chers et à qui nous le sommes. Ce doit être là l'une des lois de l'existence et le diable botte le cul de ceux qui ne s'y plient pas."

Le roman est porté par une prose poétique magnifique, qui nous emporte aux confins de l'Islande auprès de ces hommes perdus dans ces matins sans aube.

"L'homme est une créature étonnante. Il lutte contre les puissances naturelles, triomphe de difficultés apparemment insurmontables, il est le seigneur de la terre et pourtant, il maîtrise aussi peu sa pensée que les gouffres qu'elle recouvre, qu'abritent ces abîmes, comment se forment-ils, et d'où nous viennent-ils, ces profondeurs obéissent-elles à des lois ou bien l'homme traverse-t-il la vie avec, au fond de l'âme, un périlleux chaos ? "

Il s'agit du premier volet d'une quête initiatique : suivront La Tristesse Des Anges et Le Cœur de l'homme.

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur : Asta ♥ ♥ ♥

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Histoire de Tönle de Mario RIGONI STERN

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Il se sentait comme le gardien des biens que tout le monde avait laissés et sa présence était comme un signe, un symbole de vie pacifique opposé à la violence de la guerre."

Sur le plateau d'Asagio, dans les Alpes italiennes, Tönle tente de subvenir aux besoins de sa famille. Il s'adonne ainsi à la contrebande, jusqu'au jour où il blesse malencontreusement un douanier et qu'il doit fuir, poursuivi par la justice. Il devient alors mineur en Styrie, colporteur d'estampes dans les carpates, jardinier à Prague. Chaque hiver, il retourne chez lui, n'ayant de cesse de vouloir retrouver les siens, sa maison, son cerisier sur le toit, le potager sur le devant. Même si la première guerre mondiale bouleverse alors les destins, Tönle restera fidèle à cette image simple du paradis perdu et du bonheur. Dés que l'occasion se marchera, il marchera vers sa maison, vieillard têtu dont le bonheur a été sacrifié par les luttes de pouvoir inhérentes à l'Histoire.

Etre solaire, parlant plusieurs langues, il se fond dans le paysage et prouve l'inanité des frontières et des guerres qui tuent l'humain. En opposition avec l'autorité étatique et militaire, qu'elle soit nationale ou étrangère, il fait valoir le pragmatisme terre-à-terre, l'orgueil communautaire et le désir de préserver une existence paisible sur la terre héritée de ses ancêtres, accompagné de son fidèle chien et de son troupeau de moutons, sans avoir besoin de solliciter l'aide du reste du monde. Sur sa route le vieil homme rencontre des hommes bons qui se moquent des nationalités et savent voir en lui un humain lumineux attaché à sa terre et aux siens. 

Lui-même ici des hauts plateaux, Mario Rigoni Stern rend hommage à ses racines avec simplicité et humilité au travers de récits, qui avec une économie de mots reviennent à l'essentiel : un foyer, une famille, une vie simple en accord avec la nature.

Un très beau chant mélancolique qui place l'humain au cœur de ses préoccupations !

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur : Les saisons de Giacomo ♥ ♥ ♥ ; Hommes, bois, abeilles ♥ ♥ ♥ ♥ ; Pour Primo Levi ♥ ♥ ♥ ; Le sergent sous la neige ♥ ♥ ♥ ♥

Thème du mois : Dépassons les frontières

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La longue vue de Elizabeth Jane HOWARD

Publié le par Hélène

♥ ♥

"L'idée qu'on se faisait à l'avance de quelque chose était un poids plume voué à affronter l'inévitable masse du réel, tellement plus convaincante."

Londres, 1950. Antonia et Conrad Fleming préparent les fiançailles de leur fils Julian dans le quartier chic de Campden Hill Square. Antonia fait alors le point sur son propre mariage et force lui est de constater son échec... Sa fille ne semble pas mieux partie et quant à Julian, il a choisi une jeune fille fade très effacée qui lui promet un ennui profond ! La narration remonte alors le cours du temps pour retrouver Antonia en 1942 à Londres, puis en 1937 à Saint Tropez, à Paris en 1927 durant sa lune de miel, et enfin en 1926 dans le Sussex alors qu'à dix-neuf ans, elle rêve au mariage et à ses perspectives...

Elizabeth Jane HOWARD fait preuve là encore d'un talent indéniable pour explorer les intrications et les tensions des relations humaines au sein d'une famille bourgeoise. En proposant cette structure à rebours, elle déploie une vie entière qui permet de mettre en lumière les illusions perdues d'Antonia. Cette perspective multigénérationnelle de la famille permet d'examiner les évolutions et les dysfonctionnements qui surviennent au fil du temps. L'autrice puise dans ses expériences personnelles et dans son observation de la société pour former un portrait caustique de cette famille Fleming. "Jai été extraordinairement amoureux de toi, autrefois. » Cette phrase cruelle prononcée par Conrad, le mari d'Antonia, l’écrivaine l’a entendue de Kingsley Amis, son troisième mari : elle le raconte à sa biographe, la critique littéraire Artemis Cooper (A Dangerous Innocence, éd. John Murray, 2016, non traduit).

Présentation de l'éditeur : Editions La Table Ronde

Du même auteur La saga des Cazalet t1 ; Tome 2 ; Tome 3 ; Tome 4 ; Tome 5

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Le blé en herbe de COLETTE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Deux adolescents parisiens, Phil, 16 ans et Vinca, 15 ans passent leur été dans la même maison familiale au bord de la mer en Bretagne. Ils découvrent l'évolution de leurs sentiments et désir, prenant conscience que cet été marquera la frontière entre enfance et adolescence. Phil rencontre une dame plus âgée et noue avec elle une relation charnelle, tandis que, dans l'ombre Vinca prend peu à peu conscience de son pouvoir d'attraction.

Rappelons que dans le contexte de l'époque - ce roman ayant été publié en 1923 - l'initiation sexuelle de deux adolescents était un sujet tabou. Tout est suggéré avec subtilité, en filigrane apparait peu à peu la perte du monde doré et innocent de l'enfance au profit d'une certaine forme de gravité liée à l'âge adulte, empli de compromis complexes.

"Je crève, entends-tu, je crève à l'idée que je n'ai que seize ans ! Ces années qui viennent, ces années de bachot, d'examens, d'institut professionnel, ces années de tâtonnements, de bégaiements, où il faut recommencer ce qu'on rate, où on remâche deux fois ce qu'on n'a pas digéré, si on échoue... Ces années où il faut avoir l'air, devant papa et maman, d'aimer une carrière pour ne pas les désoler, et sentir qu'eux-mêmes se battent les flancs pour paraître infaillibles, quand ils n'en savent pas plus que moi sur moi... "

En toile de fond, la Bretagne et ses paysages changeants eux aussi, la mer comme refuge annuel synonyme d'habitude et de sécurité, mais aussi la mer violente et surprenante...

"Une éclaircie retint l'averse dans la nue, entrouvrit au-dessus de l'horizon une plaie lumineuse, d'où s'épanouit un éventail renversé de rayons, d'un blanc triste. "

Présentation de l'éditeur : J'ai Lu

Du même auteur : Sido et les vrilles de la vigne ♥ ♥ ♥ ♥

Publié dans Littérature Europe

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