Le soleil des Scorta de Laurent GAUDE
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« Heureux celui qui a connu ces repas-là. Nous étions ensemble. Nous avons mangé, discuté, crié, ri et bu comme des hommes. Côte à côte. C’étaient des instants précieux. » (p. 181)
L’auteur :
Laurent Gaudé est un écrivain français né le 6 juillet 1972 dans le XIVe arrondissement de Paris. Ancien élève de l'École Alsacienne de Paris, il poursuit des études de lettres modernes à Paris III. Il prépare l'agrégation mais ne sent pas d'attirance pour l'enseignement. Son sujet de thèse porte sur le théâtre. Il décide de vivre de sa plume et ses premiers écrits seront pour la scène (1999). Il est marié à une femme d'origine italienne. Son frère Ivan est rédacteur en chef du magazine Canard PC.
L’histoire :
L'origine de leur lignée condamne les Scorta à l'opprobe. A Montepuccio, leur village d'Italie du Sud, ils vivent pauvrement, et ne mourront pas riche. Mais ils ont fait voeu de se transmettre de génération en génération, le peu que la vie leur laisserait en héritage. Et en dehors du modeste bureau de tabac familial, créé avec ce qu'ils appellent "l'argent de New York", leur richesse est aussi immatérielle qu'une expérience, un souvenir, une parcelle de sagesse, une étincelle de joie. Ou encore un secret. Comme celui que la vieille Carmela confit au curé de Montepuccio, par crainte que les mots ne viennent très vite à lui manquer.
Prix Goncourt 2004
Ce que j’ai aimé :
- L’atmosphère est admirablement bien rendue, dés les premières pages le lecteur est au cœur de cet univers. Ce roman a la capacité de nous transporter, de nous abstraire de notre quotidien pour nous installer dans un nouvel univers peuplé de légendes, en quelques mots, quelques phrases.
- La famille est une force pour ces Scorta en but à la malédiction qui les livre à la pauvreté, à l'opprobre, à l'exclusion. L'union leur procure une force rédemptrice.
« Tu n’es rien, Elia. Ni moi non plus. C’est la famille qui compte. Sans elle tu serais mort et le monde aurait continué de tourner sans même s’apercevoir de ta disparition. Nous naissons. Nous mourons. Et dans l’intervalle, il n’y a qu’une chose qui compte. Toi et moi, pris seuls, nous ne sommes rien. Mais les Scorta, les Scorta, ça, c’est quelque chose. » (p. 166)
-L'apothéose de leurs liens éclate lors de la scène du banquet, troublante de vérité : « Elle se leva alors et fit ce qu’elle s’était promis de faire. S’occuper des siens. Rire avec eux. Les embrasser. Les entourer. Etre pour chacun, tour à tour, avec élégance et bonheur. » (p. 145)
Cette scène constitue un souvenir puissant pour ses participants mais aussi pour les lecteurs marqués par tant de beauté et par leurs paroles descendues tout droit du ciel, prônant le partage, la transmission et plaçant le mot au centre du monde :
« Les Scorta acquiescèrent. Oui. Qu’il en soit ainsi. Que chacun parle au moins une fois dans sa vie. A une nièce ou à un neveu. Pour lui dire ce qu’il sait avant de disparaitre. Parler une fois. Pour donner un conseil, transmettre ce que l’on sait. Parler. Pour ne pas être de simples bestiaux qui vivent et crèvent sous ce soleil silencieux. » (p. 149)
« Il faut passer le relais » (p. 277)
« Les olives sont éternelles. Une olive ne dure pas. Elle mûrit et se gâte. Mais les olives se succèdent les unes aux autres, de façon infinie et répétitive. Elles sont toutes différentes, mais leur longue chaîne n’a pas de fin. Elles ont la même forme, la même couler, elles ont été mûries par le même soleil et ont le même goût. Alors oui, les olives sont éternelles. Comme les hommes. « (p. 278)
Un roman magnifique...
Ce que j’ai moins aimé :
-Rien
Premières phrases :
« La chaleur du soleil semblait fendre la terre. Pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers. Tout était immobile. Le parfum des collines s’était évanoui. La pierre gémissait de chaleur. »
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D’autres avis :
Babélio
Le soleil des Scorta, Laurent Gaudé, Actes Sud, aout 2004, 19 euros
POCHE : Le soleil des Scorta, Laurent Gaudé, mars 2006, 7.60 euros
Le soleil des Scorta, Laurent Gaudé, mars 2007, 5.60 euros