Jim, un orphelin du Midwest, est confié à ses grand-parents qui habitent dans les grandes plaines du Nebraska. Là, il rencontre Antonia, une jeune immigrée d’origine bohémienne dont la famille vient s'installer près de chez lui. Jim et Antonia grandissent ensemble dans un environnement rude, fait de travail agricole, de pauvreté, de paysages magnifiques et de luttes pour survivre.
Ce que j'ai aimé :
Le roman est un hymne à la vie des pionniers de l’Ouest américain, offrant un regard sans concessions sur les immigrants européens et leurs difficultés.
Antonia est un personnage lumineux, courageux, plein de vie, elle incarne la force, la ténacité et la beauté des pionniers, mais aussi une forme de perte : celle de l'innocence, des illusions, du temps qui passe. Une certaine nostalgie plane sur tout le roman. Jim raconte non seulement son histoire, mais aussi ce qui a été perdu en chemin — un monde rural qui s’efface, des rêves d’enfance qui se brisent, des liens qui se distendent. Le ton est doux-amer, parfois triste, mais toujours profondément humain.
En 1997, dans la petite ville fictive de Jericho, en Australie, Sylvia, jeune veuve hantée par la mort tragique de son mari dans un accident de voiture, sombre dans le désespoir au point d'envisager de mettre fin à ses jours. Mais l’apparition soudaine d’une comète vient bouleverser sa trajectoire. Elle se rapproche alors de Joseph Evans, un mystique persuadé que ce phénomène céleste est porteur d’un message divin, et de Theo St. John, un astronome taciturne dont la présence ravive en elle une étincelle de vie.
Ce que j'ai aimé :
Le personnage de Sylvia, tout en nuances permet d'amorcer une méditation riche sur le deuil, l’espoir et la mortalité. De plus l'ambiance quasi mystique entrainant les questionnements de chacun interroge la frontière entre foi et manipulation, ainsi que les mécanismes psychologiques qui poussent certains à suivre des figures charismatiques.
Ce que j'ai moins aimé :
L'ensemble manque de rythme à mes yeux, entraînant des longueurs...
La fin tonitruante contraste avec les nuances du début.
Millie vient d'être libérée après dix ans de prison et peine à retrouver un travail. Par chance, elle réussi à se faire embaucher comme femme de ménage chez les Winchester, une famille aisée de New York. Mais rapidement sa patronne Nina se révèle instable et manipulatrice. Millie s'étonne aussi de ce verrou placé sur la porte de sa chambre, à l'extérieur...
Ce que j'ai aimé :
Le suspens est au rendez-vous, indéniablement il s'agit d'un page turner bien conçu, proche des Harlan Coben et consoeurs. Les rebondissements arrivent à point nommé (ça s'appelle un "plot twist" semble-t-il). Mais, comme chez Harlan Coben tout cela se fait au détriment du reste :
Ce que j'ai moins aimé :
La psychologie reste sommaire et très prévisible : la pauvre victime innocente, la femme hystérique, l'homme aux abdos d'acier tellement beau dans ses chemises blanches, l'enfant capricieuse ... Les clichés s'accumulent : la richesse cache des secrets inavouables, mesdames et messieurs, on ne vous le répétera jamais assez : ne vous fiez pas aux apparences, les couples ne sont pas toujours ce qu'ils paraissent, ni ceux qui sortent de prison, et j'en passe...
Bilan :
Ce roman a rencontré un immense succès et plusieurs tomes suivent. Je ne suis pas sûre de continuer pour ma part...
Londres 1850. Maude Horton apprend que sa sœur Constance, qui s'était déguisée en homme pour embarquer sur un navire en partance pour l'Arctique, a mystérieusement disparu. Les autorités se contentent d'évoquer un "incident malencontreux". Déterminée à retrouver des réponses, la jeune femme se lance dans une enquête dangereuse qui la mène dans les bas-fonds d’un Londres troublé par la "Murder Mania", une époque où les exécutions publiques fascinent autant qu’elles terrifient. Sur son chemin, elle croise Edison Stowe, un homme manipulateur et inquiétant.
Ce que j'ai aimé :
Lizzie Pook nous plonge dans dans l'Angleterre victorienne du XIXe siècle, et entremêle avec talent mystère, aventure et quête de justice. Elle sait créer des personnages féminins forts, qu'il s'agisse de Maude ou de Constance, dont on découvre l'aventure par le biais du journal intime découvert par sa sœur.
Ce que j'ai moins aimé :
Les personnages peuvent être quelquefois caricaturaux.
L'histoire commence par une soirée estivale où un groupe d'amis célèbre leur entrée au lycée. La fête prend une tournure tragique lorsque Elisabeth, âgée de seize ans, est victime d'un viol. Animée par un désir de vengeance, elle commet un acte aux conséquences durables pour tous les participants. Seize ans plus tard, le docteur Morten Haraldsen, un gynécologue respecté, est retrouvé assassiné dans des circonstances macabres. L'enquête est confiée au policier Lars Lukassen, qui doit jongler entre cette affaire et des problèmes personnels obsédants. Les événements passés et présents sont-ils liés ?
Ce que j'ai aimé :
L'intrigue est bien menée puisque les chapitres alternent entre le passé et le présent, mettant en branle la machine infernale qui mènera au pire.
Les questions morales et éthiques abordées centrées ici sur la famille, la filiation et la procréation médicalement assistée sont traitées avec minutie, enrichissant la lecture.
Ce que j'ai moins aimé :
Sans trop spoiler j'ai regretté que les deux intrigues ne se rejoignent pas forcément là où on l' attendrait, comme si l'autrice avait voulu entremêler deux sujets de société forts, mais sans réellement y parvenir.
Black Boy est une autobiographie marquante dans la littérature américaine, racontant l'enfance et l'adolescence de l'auteur dans le Sud des États-Unis dans les années 20, marquées par la ségrégation raciale et les injustices sociales.
La première partie raconte l'enfance de Wright en Mississippi. Le racisme systémique et la brutalité infligée aux Noirs sont omniprésents. Il décrit des scènes de violence et d'humiliation subies par les Afro-Américains, notamment des abus physiques et psychologiques, ce qui forge son désir de fuir et de s'émanciper de cette société oppressante. Malgré des conditions difficiles, Wright parvient à s'éduquer, en particulier par la lecture. Dès son plus jeune âge, il se rebelle contre les conventions sociales qui l'enferment dans un rôle subordonné en raison de sa race et rejette les attentes imposées par sa famille, la société et les institutions religieuses.
« Devait on se soumettre à une autorité même si on ne la trouvait pas fondée ? Si la réponse était affirmative, j’étais destiné à toujours avoir tort, car je savais que je ne pourrais jamais le faire. Alors comment pouvait-on vivre dans un monde dans lequel l’intelligence et la perception des faits ne voulaient rien dire, et où l’autorité et la tradition étaient tout ? Il n’y avait pas de réponse. » p 281
Dans la seconde partie l'auteur décrit son passage à Chicago, où il quitte le Sud pour fuir la pauvreté et les violences raciales.
« La façon dont j’avais vécu dans le sud ne m’avait pas permis de me connaître moi-même. Étouffée, comprimée par les conditions d’existence dans le Sud, ma vie n’avait pas été ce qu’elle aurait dû être. Je m’étais conformé à ce que mon entourage, ma famille – conformément aux lois édictées par les blancs qui les dominaient – avait exigé de moi, j’avais été le personnage que les Blancs m’avaient assigné. Je n’avais jamais pu être réellement moi même, et j’appris peu à peu que le Sud ne pouvait reconnaître qu’une partie de l’homme, ne pouvait admettre qu’un fragment de sa personnalité, et qu’il rejetait le reste – le plus profond et le meilleur du cœur et de l’esprit – par ignorance aveugle et par haine. »
Un indispensable pour comprendre les mécanismes à l'oeuvre...
« Il y avait un traître à Bletchley Park, qui vendait des informations pendant la guerre. Vous me haïssez peut-être, mais vous avez toutes les deux prêté le même serment que moi : protéger la Grande-Bretagne. Faites-moi sortir de cet asile et aidez-moi à attraper le traître. Vous avez une dette envers moi. »
Tel est le message que reçoit Osla alors que elle se prépare à se rendre au mariage royal de Margaret et Philip. Ce message la replonge dans les années 40 : alors que l’Angleterre se préparait à combattre les nazis, Osla avait été embauchée à Bletchley Park, là où les cerveaux les plus brillants de Grande-Bretagne étaient formés à casser les codes de l’armée allemande. Là-bas, Osla avait rencontré Mab et Beth, devenues des amies au fil du temps, jusqu'à ce qu'une sombre trahison ne les sépare.
Mais un traître émerge des ombres de leur passé, forçant les trois jeunes femmes à renouer leur vieille alliance pour casser un dernier code.
Ce que j'ai aimé :
L'autrice attire notre attention sur des pans moins connus de l'histoire, en se concentrant ici sur Bletchley Park, principal site de décryptage du Royaume Uni pendant la Seconde guerre mondiale, où les chiffres et les codes de plusieurs pays de l'Axe étaient déchiffrés, dont ceux de la machine allemande Enigma, et de la machine de Lorenz. Très documenté, le roman met ainsi en lumière le rôle des femmes qui ont œuvré dans l'ombre pour contribuer à l'effort de guerre.
Ce que j'ai moins aimé :
- Les trois personnages féminins sont quelque peu caricaturaux : la riche demoiselle qui entretient une relation avec un prince, la demoiselle plus modeste qui veut se marier, la demoiselle effacée vivant dans l'ombre de sa mère abusive.
- Les passages sur les relations amoureuses, tombent trop facilement dans la bluette sentimentale.
Ces nouvelles ont en commun d'être chacune centrées sur un arbre, personnage principal au rôle déterminant pour chaque histoire. Qu'il soit refuge, confident ou protecteur, chaque arbre est traité comme un individu doté d'une véritable personnalité. Dans L'orme David Ransom a perdu la maison qu'il a construite de ses propres mains et doit observer les nouveaux habitants transformer son œuvre. Dans Le grand pin Dick revient vers les siens après des années d'absence, il sauve un arbre du feu et se sent comme éveillé spirituellement "Qui déterminera où s'arrêtent la relation intime et l'influence réciproque entre toutes les formes visibles de la création ? Un homme peut couper un arbre et en planter un. Qui connaît l'effet de l'arbre sur l'homme, sur son élévation ou sur sa chute ?" Le sapin baumier deviendra un magnifique sapin de Noël pour Martha. Grâce au peuplier d'Italie les deux Sarah comprennent que chaque arbre est unique, de la même façon que chaque être se différencie de son prochain. Tous ressentent un sentiment de réconfort primitif, malgré les déconvenues, ils sont comblés par les trésors de la nature qui les emplissent de tendresse et les rendent bienveillants.
Proche des écrivains américains de la nature par ses descriptions, M.E. Wilkins Freeman apporte aussi dans ces nouvelles un humanisme et un humour piquant qui les rendent universelles.
"Lorsque vous creusez un tout petit peu sous la surface, la vie amoureuse de chacun est originale, intéressante, nuancée, et défie toute définition facile."
La quatrième de couverture, la couverture elle-même, le titre, tout laissait à supposer que cette lecture s'avèrerait girly à souhait. Comme elle m'avait été conseillée par ma nièce et que j'avais déjà lu un roman de cette autrice, j'ai quand même tenté l'aventure. Et derrière les paillettes et ce début si proche du "Diable s'habille en prada", derrière le faste d'Hollywood, j'ai rencontré des personnages profondément humains.
Mais reprenons : La célèbre star de cinéma Evelyn Hugo semble enfin prête à livrer son passé en pâture aux journalistes : elle accepte de raconter ses différents mariages, à condition que ce soit Monique Grant - journaliste totalement inconnue - qui recueille ses confidences. Choix improbable que ne comprend pas Monique elle-même. Néanmoins la jeune femme est bien décidée à saisir sa chance.
Chaque mari d’Evelyn joue un rôle clé dans son parcours personnel et professionnel, et leur relation avec elle varie selon les moments de sa vie. Certains ont été des mariages de convenance, d’autres plus passionnels ou même destructeurs. Le récit est une exploration fascinante des coulisses d’Hollywood, des stratégies de pouvoir, mais aussi des faux-semblants qui entourent la célébrité.
Alors que le titre met en avant les sept maris d’Evelyn, le véritable cœur émotionnel du roman réside dans l’amour caché qu’Evelyn a gardé secret durant toute sa vie. Sans trop en révéler, il s'agit d'une relation inattendue qui transcende les normes de son époque et éclaire les sacrifices qu'elle a dû faire pour préserver sa carrière et ses relations personnelles.
Ce que j'ai aimé :
Evelyn Hugo est une femme complexe, prête à manipuler son image publique pour survivre dans le milieu brutal d’Hollywood. Le roman interroge la question du pouvoir, du contrôle de l’image, et des compromis nécessaires pour rester au sommet. Il montre aussi combien les apparences dans un couple peuvent être trompeuses, à l'image de Hollywood, les couples semblent des espaces de représentation faux dans les coulisses desquels se jouent parfois des drames.
En 1981, en Gaspésie, au Québec, sévit la "crise du saumon" . Le gouvernement provincial s'oppose aux Mi'gmaq, une nation autochtone : en effet le gouvernement québécois, sous René Lévesque, avait interdit la pêche au saumon pour les Mi'gmaq, entrainant des tensions importantes. Le roman s'ouvre sur un événement clé de cette crise : l'intervention brutale de la Sûreté du Québec pour arrêter des pêcheurs mi'gmaq, un acte perçu comme une attaque contre leur mode de vie et leur droit ancestral. Parmi les personnages touchés de plein fouet par cette crise sociale et politique, Océane, une jeune Mi'gmaq de quinze ans qui fuit la violence policière et trouve refuge chez un vieil homme, Yves Leclerc, un ancien professeur. Leur rencontre symbolise la collision entre deux mondes et deux cultures.
Ce que j'ai aimé :
Taqawan aborde de front la question du traitement des peuples autochtones au Canada. Il montre les mécaniques à l’œuvre avec en son centre la remise en cause du pouvoir central, le conflit Québec / Ottawa s'invitant dans les affaires indiennes : la guerre du saumon était une manière de dire "qu'on entendait garder son pouvoir sur tout le territoire, et les Indiens devenaient de simples pions dans une partie d'échecs plus vaste."
Les personnages s'efforcent de préserver leur identité et leur mémoire collective dans un contexte de marginalisation. Plamondon met en lumière les différentes formes de résistance, qu'elles soient ouvertes, comme dans le cas des Mi'gmaq défendant leur droit de pêche, ou plus subtiles, comme les actes individuels de solidarité et de rébellion contre l'injustice.
A la croisée des genres, Taqawan est un récit fragmenté, ponctué par des chapitres plus courts qui remontent le fleuve du temps et reviennent vers les légendes fondatrices. L'auteur alterne entre chapitres narratifs, des passages historiques, des anecdotes, et des extraits documentaires.
Bilan :
Taqawan remonte aux sources pour peindre le portrait d'un peuple millénaire dont les droits ont été bafoués et qui subit encore des injustices.