Une bouche sans personne de Gilles MARCHAND
♥ ♥
"La vie n'est ni belle ni laide, je trouve plutôt qu'elle est originale."
Le narrateur est comptable dans une entreprise lambda et passe sa journée caché dans ses chiffres à éviter toute velléité de contact avec ses collègues. Il retrouve chaque soir dans un café ceux qu'il considère comme ses amis : Sam, Thomas et Lisa, la serveuse. Il connait peu leur vie, mais a plaisir à les côtoyer tous les soirs. Un jour, il décide de se livrer davantage et de raconter peu à peu pourquoi il ne quitte jamais l'écharpe qui cache le bas de son visage. Il évoque alors son grand-père, Pierre-Jean, personnage atypique. Ce grand père "rêveur fantaisiste" racontait des histoires pour faire rire les jeunes femmes et rêver les petits garçons et souhaitait préserver son petit-fils du drame de son enfance.
"La vie est trop courte pour s'accommoder de tout ce qui va de travers. Il ne faut pas hésiter à rêver, les rêves c'est pas fait pour les chiens. Et c'est gratuit."
Petit à petit, sous la férule de son grand-père, le narrateur affronte ses souvenirs pour s'en affranchir, mais lui aussi décide de ne pas s'encombrer de la réalité, ni de la crédibilité, il transforme progressivement son présent pour oublier son passé "Il m'avait expliqué que si j'estimais que le monde n'était pas assez beau et que je n'étais pas en mesure de le changer, personne ne pourrait jamais m'empêcher de l'imaginer tel que je voudrais qu'il soit."
Ce beau conte aux accents fantasques nous emporte aux confins de la réalité, là où tout est plus supportable et admirable...
Présentation de l'éditeur : Aux forges de Vulcain ; Points
D'autres avis : Encensé par Noukette dont le billet est même plus beau que le roman ! ; Antigone
Une bouche sans personne, Gilles Marchand, Points, 2016, 259 p., 7.40 euros
Sélectionné pour le prix du meilleur roman Points