La vie devant soi de Romain GARY (Emile AJAR)

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Dans la vie c'est toujours la panique."

Quartier de Belleville, années 70. Momo, 10 ans vit chez Madame Rosa, une ancienne prostituée qui a créé « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », c'est à dire qu'elle accueille des enfants de prostituées pour les protéger de l'assistance publique ou des "proxinètes", comme dit Momo. Le jeune garçon raconte son quotidien à hauteur d'enfant émaillant son récit de réflexions sur la vie :

"Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde."

"La vie fait vivre les gens sans faire tellement attention à ce qui leur arrive."

Si Momo a la vie devant lui, Madame Rosa, quant à elle, est hantée par ses souvenirs d'Auschwitz, se laissant gagner peu à peu par la maladie Si son médecin insiste pour qu'elle soit hospitalisée, elle le refuse catégoriquement, soutenue par Momo : 

"Moi je trouve qu'il n'y a pas plus dégueulasse que d'enfoncer la vie de force dans la gorge des gens qui ne peuvent pas se défendre et qui ne veulent plus servir."

L'enfance, la mort, la vieillesse, le milieu des prostituées et des émigrés s'entremêlent savamment pour former une oeuvre atypique, pimentée de trouvailles langagières hors norme, drôles et décalées. Le délabrement de Madame Rosa se niche au coeur du roman, sa dignité lui criant de ne pas finir à l'hôpital, reliée à des tubes, comme un simple légume. L'amour inconditionnel de Momo l'aidera à fuir cet hôpital synonyme de déchéance. 

L'amour fonde le monde de l'enfant et lui permet d'avancer en pensant qu'il a la vie devant soi. Même si la vie est cruelle, son humour et son innocence lui servent de bouclier. 

Les derniers mots du roman sonnent comme une promesse : "Il faut aimer". 

Pour la petite histoire  Romain Gary a reçu le prix Goncourt pour ce roman, sous le nom d'emprunt d'Emile Ajar. En effet Romain Gary s'est joué du Goncourt puisque le règlement n'autorise pas un auteur à recevoir le prestigieux prix deux fois, or il l'avait déjà obtenu en 1956 pour Les Racines du Ciel. Il voulait par cette mystification retrouver une certaine liberté d'expression, loin des critiques. L'affaire fut révélée à la mort de l'auteur en 1980. 

 

 

Présentation de l'éditeur : Folio

D'autres avis : A propos des livres  ; Manou 

 

La vie devant soi, Emile Ajar, Folio, 7.70 euros

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Y
ca avait lair dun bon livre mais je vais pas me fair yech a le lire
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V
bon sang, qu'est-ce que j'aime cet auteur! Il me tarde de le lire encore!
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H
Idem !
N
Lu cet été mais ça n'a pas été le coup de cœur attendu...
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H
ça arrive... Comme "Martin Eden" pour moi ;-)
L
Oh que oui, je l'ai beaucoup aimé ce livre !
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H
Inoubliable !
C
Je l'ai relu il y a peu de temps, c'était vraiment un très bon livre !
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H
Oui il ne déçoit pas !
I
Un histoire et des personnages très touchants. pourtant, le sujet était casse-gueule. Romain Gary a su le traiter avec sensibilité et justesse.
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H
Il est doué !
Z
Un livre devenu un classique que j'ai lu à sa sortie et j'en avais aimé la lecture
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H
Un incontournable !
Y
Excellent souvenir car lu il y a longtemps...
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H
Tout comme toi je l'avais lu très jeune, j'ai eu plaisir à le relire !
M
Je n'ai jamais chroniqué ce titre qui pourtant fait partie de ceux que j'aime le plus au monde. A chaque fois que quelqu'un en parle j'ai envie de retrouver Momo et Mme Rosa.
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H
Oh oui, j'ia tellement aimé le relire !
M
Un classique qui m'a toujours beaucoup touché et que j'ai déjà lu...deux fois. Je le proposais régulièrement à la lecture dès 15 ans et je trouve qu'il ne vieillit pas. Bon week-end
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H
Il est merveilleux !
L
J'aime lire cet auteur, je pense que s'il a publié sous un autre nom c'est aussi parce que les critiques ne remarquaient plus son talent. Et peut être que cela lui a permis de retrouver sa liberté de ton.
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H
Oui un beau pied de nez aux critiques !