Sarah Thornhill de Kate GRENVILLE
♥
"Comment raconter ces choses inachevées qu'on aurait dû finir, et ces choses faites qu'on n'aurait jamais dû faire ?"
Mon avis :
Dès les premières pages, j'ai été gênée par le style : l'auteur, pour respecter le parler de la jeune Sarah a supprimé tous les "ne" des négations, ce qui donne cela :
"Je suis née en l'an dix-huit cent seize : Sarah Thornhill, qu'on m'a appelée, comme ma mère dont le nom était Sarah, mais que tout le monde appelait Sal. J'étais le bébé de la famille, alors on me donnait du Dolly.
J'ai jamais aimé Dolly. Mais voulu être une doll, une poupée."
Cela aurait pu être crédible, vu que Sarah est la fille d'un propriétaire terrien, ancien bagnard, sauf que parallèlement, le vocabulaire employé est soutenu, rendant artificiel ce style. Autre réticence concernant le style, les dialogues sont fondus dans la narration, sans guillemets :
"On s'est enlacés et il m'a serrée si fort dans ses bras qu'il a failli m'étouffer.
Est-ce que tu vas m'attendre ? qu'il m'a chuchoté.
Jusqu'à la fin des temps, j'ai chuchoté en retour.
Puis Ma est apparue à l'autre bout du couloir, mais elle s'empressait et n'a rien vu."
Comme le passage précédent le laisse justement supposer le pathétique est omniprésent. Pathétique de l'histoire sentimentale digne d'un roman à l'eau de rose : "C'est moi qui l'ai embrassé, ou c'est lui qui m'a embrassée ? Le vent dans les feuilles, les gazouillis des petites bestioles dans les buissons, le chant d'un oiseau. J'entendais tout (...)"
Pathétique aussi avec l'arrivée d'une enfant illégitime dans le famille et le réactions de Ma qui décide de l'éduquer durement, entraînant des scènes déchirantes. La psychologie de la dite Ma semble d'ailleurs incohérente elle devient soudainement méchante, caricature de la vilaine marâtre des contes.
Comme dans tout roman pathétique sui se respecte, un lourd secret de famille pèse sur Sarah, permettant un suspens là encore artificiel. Pourquoi la pauvre Sarah ne peut-elle pas vivre pleinement son amour inconditionnel à l'eau de rose pour le beau Jack ? Pourquoi lui met-on autant d'adjuvants dans les jambes ? La vie est cruelle...
Le sujet était pourtant intéressant : le propos est centré sur la colonisation et la confiscation des terres aborigènes, mais il a été déjà traité ailleurs et en bien mieux. Tout comme le sujet des couples mixtes.
Bref rien de révolutionnaire sous le soleil...
Attention la présentation de l'éditeur en dit beaucoup trop !
Premières phrases :
"L'Hawkesbury était un joli fleuvve, large et tranquille ; son eau verte ridée, ses falaises dorées par le soleil, les oiseaux perchés dans ses arbres comme le linge d'une lessive étendue. En cette douce matinée paisible, les casuarinas chuchotaient et, dans les reflets de l'eau, le monde se tenait sur la tête."
Infos sur le livre :
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Sur la colonisation : Imaqa
D'autres avis :
LC avec Noukette
Keisha ; Maeve ; Jostein ; Nadael ;
Sarah Thornhill, Kate Grenville, Métailié, traduit de l'anglais (Australie) par Mireille Vignol, 2014, 22 euros
Merci à l'éditeur.