Karitas tome 1 L'esquisse d'un rêve de Kristin Marja BALDURSDOTTIR
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Ce que j'ai aimé :
Au début du XXème siècle, Steinunn, la veuve d'un pêcheur disparu en mer décide de quitter l'Ouest de l'Islande pour le nord, afin de permettre à ses six enfants de faire des études. Sa force de caractère, sa volonté d'offrir à sa progéniture un avenir autre que celui de pêcheur marqueront l'âme et le coeur de ses enfants.
"Elle perd son homme en mer et s'arrache alors à ses racines avec six enfants pour leur faire faire des études. Fait le tour du pays avec eux couchée dans une cale sombre, mais finit par atteindre sa destination, nettoie du poisson, tricote des sous-vêtements et réussit à envoyer tous ses enfants à l'école. Elle n'a jamais perdu de vue la tâche qu'elle s'était fixée, cette femme. Ils ont toujours été rudes, les gens des Fjords de l'Ouest."
Parmi ces enfants, Karitas grandit en assurant dans un premier temps l'entretien de la maison pendant que ses frères et soeurs suivent leurs études. Mais son destin va lui permettre à elle aussi de partir pour l'école renommée des beaux-arts à Copenhague. Elle en reviendra transformée, habitée par l'art, et bien décidée à consacrer sa vie à sa passion, loin des contingences habituelles des femmes. Parviendra-t-elle à s'élever au-dessus de la condition des femmes, qui à cause des enfants et de la vie domestique ne sont jamais libres de faire ce qu'elles veulent réellement ?
"Elle s'assit comme condamnée à mort et se demanda si elle avait toute sa raison, après tout son esprit était-il tourné vers l'art, ou existait-il des artistes qui pensaient aux cordes à linge ? Des hommes et des femmes pouvaient-ils être de véritables artistes si leur esprit n'était pas constamment au pouvoir de l'art ?"
Lovée dans une nature tour à tour merveilleuse et oppressante, peuplée d'elfes et de trolls, Karitas tente de peindre le chaos qui résonne en elle. Elle est vouée à la solitude comme toutes les femmes de marins qui voient leurs hommes partir pêcher toute la saison, sans savoir si celui-ci reviendra tant la mer garde quelquefois les hommes pour les couver en son sein. Il lui faudra faire corps avec cette nature pour découvrir sa vérité lors de l'ascension d'une montagne lui permettant d'ouvrir son esprit et de se détacher des contingences terrestres.
Cette saga islandaise emporte le lecteur aux confins du monde et de l'âme, là où la conscience vacille soudain pour basculer vers la lumière ou les ténèbres. Seul l'art permet alors de dompter une réalité qui se dérobe.
« La matinée est bien avancée. La lumière ensommeillée se glisse par la fenêtre à l'est, paresseuse au plus sombre de l'obscurité hivernale. Je suis seule dans la petite chambre. Ecoute, n'entends rien d'autre que les cris des oiseaux de mer. J'ai le sentiment d'être abandonnée. Me lève en sursaut, me précipite en chemise de nuit dans la cour herbeuse. L'océan s'ouvre devant moi aussi loin que porte le regard. »
L'esquisse d'un portait de femme lumineux se dessine pages après pages..
Ce que j'ai moins aimé :
Les personnages sont quelquefois caricaturés, entre Sigmar qui représente l'homme par excellence, tellement beau et fort que les femmes ne peuvent qu'être troublées en sa présence, Karitas est souvent exaspérante, facilement égoïste, enfant gâtée, sans parler de sa soeur qui ressemble souvent aux mauvaises demi-soeurs des contes de fée.
Présentation de l'éditeur :
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D'autres avis :
Karitas, l'esquisse d'un rêve, Kristin Marja Baldursdottir, traduit de l'islandais par Henry K. Albansson, Points,
Paru en 2008 sous le titre Karitas, sans titre