Printemps des poètes - 2
A qui tue par idéal
Ne sais-tu pas combien Dieu s’est vêtu de silence
Et n’ordonne plus
Que cherches-tu dans le bruit et la fureur
Dans l’arrêt du voilier par ton rêve
Insensible insensé
Qu’existe-t-il hors la vie
Les départs les aubes recommencées
Les carreaux de givre sur la vitre
Te souviens-tu du souffle sur ton berceau
Du pas frêle de ton amoureuse un matin de neige
Dis que sais-tu de cet amour
Qui se donne et ne reprend pas
De cette perte et de la porte
Que sais-tu de la liberté qui jamais ne meurt
Même sous le boisseau
Sais-tu combien Dieu s’est vêtu de silence
Et t’appelle à plus haut soleil
Que le sang renversé
A présence tremblée
A chuchotement dans les reflets
Ne sais-tu pas mon frère
Qu’il n’est de gloire que d’abord effacée
Puis d’étoiles sans nuit
Observe ta victime aux mains blanches
Immolée dans le calme tant t’enivrent tes raisons
Et le visage angélique du mal
Dans victime il y a vie
Tu as servi la mort et pourtant tendu au vent semences d’avenir
Debout serons-nous
Dans l’assurance du jour
Et rirons
De son éclat sans brisure
Tu te croyais exilé du destin je sais
Avril avili
Et les réclames qui pavoisent aujourd’hui
Enfonçaient dans le corps du monde
Le refus du poème
Je sais
Mais ton destin était d’être
A peine
Roseau sur le bord du chemin
Aquarelle envolée
Un presque rien qui s’étonne
Et devient univers
Ne sais-tu pas combien Dieu s’est vêtu de silence
Et t’appelle à vie
Que notre douleur de ce jour
Soit ce cristal éteint
Où renaîtra matin debout
Marc Desombre
10 janvier 2015