Miniaturiste de Jessie BURTON
♥ ♥ ♥ ♥
A dix-huit ans, Nella Oortman quitte son petit village pour rejoindre Amsterdam où l'attend son mari, Johannes Brandt. De lui, elle sait peu de choses, ainsi, c'est avec anxiété qu'elle ouvre la porte de l'opulente maison qui va accueillir sa vie de femme. Son mari, riche marchand de la ville n'est pas présent à son arrivée, c'est donc Marin, sa soeur célibataire avec laquelle il vit, qui reçoit la jeune femme avec une certaine froideur. L'atmosphère semble glacée dans cette maison du bord du canal et la jeune Nella sent courir dans les murs des secrets chuchotés tandis que son mari garde ses distances. Néanmoins, il lui offre un cadeau de mariage : une maison de poupée identique à leur propre maison. Nella fait alors appel à un mystérieux miniaturiste de la ville pour décorer cette maison miniature. Mais les livraisons de l'artisan sont surprenantes, comme si il en savait plus qu'elle-même sur les habitants de la maison et leurs secrets...
Maison miniature de Petronella Oortman au Rijksmuseum, à Amsterdam Rijkmuseum
Pour ce premier roman, Jessie Burton s'est inspirée d'une maison de poupée d’époque exposée au Rijksmuseum d’Amsterdam, prétexte pour explorer l'âme humaine et ses tréfonds marécageux. En cette fin du XVIIème la religion et la morale régissent la société, enserrant chacun dans un carcan duquel la jeune Nella fera tout pour s'extraire, choisissant de forger son propre destin. La miniaturiste, aidant les femmes de la ville, "leur a donné la force de croire en elles-mêmes. Elles ont le pouvoir de déterminer leur existence et peuvent choisir de l'échanger, de le conserver ou d'y renoncer." Si notre héroïne arrive innocente et naïve dans la maison de son mari, avec une image très romancée du mariage et de la famille qu'elle est appelée à fonder, l'expérience densifie son point de vue et elle comprend que des forces plus sombres et plus fortes sous-tendent la vie en société. La maison est pour l'auteur le symbole d'un monde intérieur fait de secrets et de répression, monde qui évolue en parallèle du monde extérieur. "C'est une réflexion sur le contrôle, le pouvoir, l'imagination, la vie domestique, la liberté et ses limites, mais c'est également une réflexion sur l'importance de l'imagination et de la créativité."
Le roman est nourri par les recherches poussées de l'auteur sur la société de l'époque et ses pages réussissent à nous emporter dans les rues au bord du canal auprès de ces êtres déchirés entre l'envie de vivre comme ils l'entendent et la peur calviniste de l'au-delà, contradictions qui les mènent une certaine hypocrisie dans leur façon de vivre.
Ce premier roman a connu un immense succès, une série télévisée est même en préparation, succès grandement mérité tant Jessie Burton maîtrise parfaitement l'art de la narration !
A conseiller !
Présentation de l'éditeur : Folio
D'autres avis : Dominique ;
Miniaturiste, Jessie Burton, traduit de l'anglais par Dominique Letellier, Folio, mars 2017, 528 p., 8.20 euros
Merci à l'éditeur.