Le sergent dans la neige de Mario RIGONI STERN

Publié le par Hélène

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Mario Rigoni Stern livre ici le premier de ses livres, dans lequel il raconte sa propre expérience de la retraite de Russie : des soldats italiens perdus dans la steppe, qui marchent inlassablement et luttent. Il raconte la marche, le froid, la souffrance, et cette envie viscérale de rentrer au pays, près de siens ? L'un d'eux demande sans cesse "Chef, on la reverra-t-y, la maison ?" et l'auteur qui lui répond invariablement "Bien sûr, Giuanin, qu'on la reverra, la maison" parce que l'espoir est ce qui les porte, il y a ceux qui rêvent de gamelles de macaronis, ou de simplement dormir, ceux qui s'imagine à la plage, ou simplement ceux qui veulent serrer les leurs contre eux.

L'espoir de revoir la patrie les fait tenir, tout comme l'entraide, l'humanité. Le récit de Rigoni Stern, devenu un classique des lettres italiennes d'après-guerre est remarquable en ce sens : témoin du pire, jamais l'auteur n'a perdu foi en l'homme. Primo Levi écrivit à propos de l'auteur : "Le fait que Rigoni Stern existe est en soi miraculeux. Miraculeuse d'abord sa propre survie : celle d'un homme qui s'est toujours campé aux antipodes de la violence et que le destin a contraint à participer à toutes les guerres de son temps. Miracle, enfin, le fait que Rigoni soit parvenu à garder son authenticité dans notre époque de fous."

Cette humanité transparait sans cesse, dans de petits gestes : ne pas tirer sur les hommes qui viennent récupérer les corps de leurs camarades tombés ou blessés, ou ce jour mémorable où il entre dans une isba dans laquelle des soldats russes mangent. Chacun s'observe, la mère de famille apporte une assiette et l'auteur mange aussi, sous les regards ennemis.

« C’est comme ça que ça s’est passé. A y bien réfléchir, maintenant, je ne trouve pas que la chose ait été étrange, mais naturelle, de ce naturel qui a dû autrefois exister entre les hommes. La première surprise passée, tous mes gestes ont été naturels ; je n'éprouvais aucune crainte, ne sentais aucun désir de me défendre ou d'attaquer. C'était tellement simple. Et les Russes étaient comme moi, je le sentais. Dans cette isba venait de ses créer entre les soldats russes, les femmes, les enfants et moi, une harmonie qui n'avait rien d'une armistice. C’était quelque chose qui allait au-delà du respect que les animaux de la forêt ont les uns pour les autres. Pour une fois, les circonstances avaient amené des hommes à savoir rester des hommes. Qui sait où se trouvent à présent ces hommes, ces femmes, ces enfants. J'espère que la guerre les a tous épargnés. Tant que nous vivrons, nous nous souviendrons, tous tant que nous étions, de notre façon de nous comporter. Surtout les enfants. Si cela s'est produit une fois, ça peut se reproduire. Je veux dire que cela peut se reproduire pour d'innombrables autres hommes et devenir une habitude, une façon de vivre. » p 163

Un récit magnifique !

Du même auteur : Les saisons de Giacomo ; Hommes, bois, abeilles ; Pour Primo Levi

Publié dans Littérature Europe

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V
jamais entendu parler de cet auteur... Tu donnes envie en tous cas!
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A
La couverture est très étrange. Mais j'aime la citation.
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D
un de mes auteurs favoris j'ai lu à peu près tout et toujours avec bonheur
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