L’œil américain. Histoires naturelles du Nouveau Monde de Pierre MORENCY
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« Que jamais ne nous déserte cet éclair qui nous tient aux aguets. » (p. 23)
L’auteur :
Né à Lauzon près de Québec en 1942, Pierre Morency a fait ses études au Collège de Lévis, où il a animé de 1961 à 1964 le théâtre étudiant, et à l’Université Laval, où il a obtenu en 1966 sa licence ès lettres. C’est en 1967 qu’il a décidé de vivre de sa plume et est devenu auteur radiophonique à Radio-Canada. C’est là qu’il a animé et écrit les séries Les Grands Aliments,Bestiaire de l’été, L’Œil américain, La Vie entière, À l’heure du loup qui l’ont fait connaître du grand public. C’est également en 1967 qu’il a publié son premier recueil,Poèmes de la froide merveille de vivre, qui sera suivi de plusieurs autres. Considéré comme l’un des plus importants poètes de sa génération, Pierre Morency s’est aussi illustré au théâtre avec son adaptation de Charbonneau et le Chef, sa pièceLes Passeuses et ses nombreuses pièces pour les enfants. Son activité dans le milieu littéraire l’a amené à organiser des spectacles de poésie, à participer à la fondation de revues (Inédits et Estuaire) et à la création de L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ). En 1989, il a amorcé avec L’Œil américain, histoires naturelles du Nouveau Monde, la publication d’une série d’ouvrages sur ses expériences de naturaliste et d’observateur, ouvrages qui traitent sur un mode littéraire des plantes, des oiseaux et des paysages du Québec. Lumière des oiseaux (1992) et La Vie entière (1996) complètent la trilogie. Pour l’ensemble de son œuvre, Pierre Morency a reçu le prix Claude Sernet (1975); le Prix de l’Institut canadien de Québec (1979); le prix Duvernay (1991); le Grand Prix de poésie de Guillevic-Ville de Saint-Malo (2002). On lui a décerné le titre de chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française en 1993 et il a reçu le prix Athanase-David en 2002 pour l’ensemble de son œuvre et de sa carrière. (Présentation de l’éditeur)
L’histoire :
L'œil américain c'est une célèbre série d'entretiens radiophoniques que Pierre Morency a réunis. Il nous invite à explorer les marais, les lacs, les forêts, les champs, les îles du fleuve, les rivages.
Ce que j’ai aimé :
Avoir l’œil américain, c’est « avoir des yeux et des oreilles tout le tour de la tête ! » (p. 18) , « avoir l’œil américain, n’est-ce pas également se pourvoir de l’aptitude à entendre ce que nous écoutons, à voir ce qui est derrière quand on regarde devant ? » (p. 18)
Cela signifie pour l’auteur être attentif au monde qui nous entoure, l’honorer, le célébrer et apprendre ainsi beaucoup de cet animaux et végétaux qui s’adaptent tellement naturellement et harmonieusement au monde…
« Tout a été découvert, sommes-nous portés à penser dans nos moments de lassitude. Pendant ce temps-là, dehors, une exubérance à chaque seconde se renouvelle, les racines travaillent, les sources montent, les poissons fulgurent dans les torrents, les écorces crient, les feuillages se peuplent de nids, les nids répandent des chants, les gazouillis répondent à des feulements, des plaintes s’enroulent dans les creux du silence, les arbres inventent des musiques, les champs ondulent et crépitent à midi, les fleuves d’odeurs comblent des museaux, chaque aube a ses soleils à nul autre semblable, chaque soir soulève des tours de sons inouïs, la nuit porte des lueurs, des oreilles se tendent pour tout saisir, des yeux cherchent des yeux, on marche sous les pierres, on pousse à la l lisière, tout va mourir bien sûr, tout va partir en poudre sous la terre ou dans le vent, mais tout cherche à naître encore et toujours. Que jamais ne nous déserte cet éclair sui nous tient aux aguets ! » (p. 23)
Pierre Morency observe, les oiseaux des marais, les hirondelles, la cigale, le coyote, mais aussi l’érable, le pissenlit, l’érable, le cèdre. Il nous raconte leur histoire les éclaire de son point de vue, les illumine de ses connaissances et tout à coup un monde entier prend vie sous nos yeux ébahis.
« Soyez si peu distrait, gardez vos pensées si claires, vos rendez-vous si rares, votre attention si libre, votre existence si universelle que, dans tous les lieux et à toutes les heures, vous puissiez entendre le chant du grillon dans la saison où il chante. C’est une preuve de sérénité et de santé d’esprit que de pouvoir entendre ce chant facilement. » (HD THOREAU)
« Un livre à lire, à goûter, à écouter à respirer, à vivre, l’exceptionnelle histoire d’amour entre un écrivain et la nature de son pays » (Quatrième de couverture)
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien.
Premières phrases :
« Ecoute ! – Je n’entends rien. – Là, dans les sapins, derrière la maison blanche… - C’est un oiseau qui chante ? – Une grive des bois. –En pleine ville ? –Oui, une grive des bois en pleine ville, tu te rends compte ! »
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Repéré chez Dominique. Merci...
L’œil américain, Pierre Morency, préface de Jean-Jacques Brochier, Illustrations de Pierre Lussier, Editions Boréal / Seuil, 1989, 23 euros