Les ombres de Kittur de Aravind ADIGA

Publié le par Hélène

                                           ombres de kittur

 ♥ ♥

  « Vous ne comprenez pas que ce monde déraille ? » (p. 192)

  

L’auteur :

 

Aravind Adiga est né à Chennai en 1974. Il a été couronné par le prestigieux Booker Prize en 2008 pour Le Tigre blanc traduit en trente-cinq langues, Romancier avant tout, il écrit aussi pour le New Yorker, le Financial Times et le Sunday Times. Il vit à Bombay.

 L’histoire :

 Kittur est une petite ville imaginaire de l’Inde du sud située sur la côte du Karnataka - entre Goa et Calicut - dont l’auteur du Tigre blanc fait le théâtre de ses dernières histoires. Avec ses castes supérieures et inférieures, ses religions multiples, ses immigrés tamouls, ses enfants des rues, ses rikshawallahs, ses fonctionnaires corrompus, Kittur contient l’Inde tout entière.

On y croise Ziauddin, un de ces garçons faméliques qui hantent toutes les gares de l’Inde, Ramakrishna Xerox, arrêté pour vente illégale de photocopies des Versets Sataniques, Shankara, qui fait exploser une bombe dans son école jésuite, Abbasi, propriétaire musulman d’un atelier de confection qui résiste aux pressions des fonctionnaires corrompus, Soumya, petite fille d’un ouvrier en bâtiment que son père envoie à l’autre bout de la ville chercher sa dose d’héroïne, George D’Souza le jardinier catholique de Madame Gomes, qui peine à établir la juste distance entre maîtresse et serviteur, Murali, le brahmane devenu communiste qui a laissé la vie passer…
Quatorze destinées attachantes, puissantes, envoûtantes, qui incarnent les mêmes enjeux terribles de castes, de classe et de pouvoir que dans Le tigre blanc. Quatorze personnages émouvants, que l’injustice et la misère obligent à accepter l’inéluctable, et dont on suit les épreuves entre 1984 et 1991, années marquantes de l’assassinat d’Indira Gandhi et de son fils Rajiv.

 Ce que j’ai aimé :

 Ces nouvelles offrent une image juste et percutante de l’Inde contemporaine à travers le portrait de ces hommes et ces femmes perdus dans une ville gangrenée par la corruption, l’immoralité ambiante, le Mal serpentant parmi les consciences.  Certains choisiront l'honnêteté quand d'autres abdiqueront devant tant de tentations et de pressions insoutenables... 

La pauvreté règne en effet au cœur du pays et du livre, avec des conséquences désastreuses pour tous :

  "Tu sais quelle est la plus grande différence entre les riches et les pauvres comme nous? Les riches peuvent commettre des erreurs encore et encore. Les pauvres, à la moindre erreur, ils perdent tout." (p.258)

 Les nouvelles courent des années 1980 à 1990, marquées par l'assassinat de Indira Gandhi et de son fils Rajiv, et la situation politique offre une toile de fond non négligeable :

« La seule erreur, Mr Bhatt, rétorqua Mr D’Mello, a été commise le 15 août 1947, lorsque nous avons cru que ce pays pouvait être gouverné par une démocratie au lieu d’une dictature militaire.

-          Oui, oui, c’est juste, acquiesça le jeune professeur. Mais quid de l’état d’urgence ? N’était-ce pas une bonne chose ?

-          Nous avons gaspillé cette chance. Et, maintenant, ils ont assassiné la seule personnalité politique qui savait comment administrer à ce pays les remèdes dont il a besoin. » ( p. 96)

 Les ombres de Kittur nous plonge dans une réalité indienne bien plus sombre que ne le laisse voir le beau monde de Bollywood... 

Ce que j’ai moins aimé :

 L'ensemble est très sombre, comme dans Le tigre blanc, seulement ici la longueur réduite des nouvelles ne permet pas au lecteur de s'attacher suffisamment aux personnages, si bien qu'une lassitude finit par s'installer au fil de la lecture, les histoires étant somme toute assez similaires.

 

Premières phrases :

« Kittur se trouve sur la côte occidentale de l’Inde du Sud, entre Goa et Calicut, à égale distance ou presque de ces deux villes. Elle est bordée par la mer d’Oman à l’ouest, et par la rivière Kaliamma au sud et à l’est. Le relief est vallonné, le sol noir et légèrement acide. »

 

Vous aimerez aussi :

 Du même auteur : Le tigre blanc de Aravind ADIGA

 Autre : La colère des aubergines de Bulbul SHARMA

 

D’autres avis :

Kathel ;  Fransoaz ; Brize ; Lounima  

Les ombres de Kittur, Aravind ADIGA, Traduit de l’anglais (Inde) par Annick LE GOYAT, Buchet Chastel, août 2011, 354 p., 21 euros

Publié dans Littérature Asie

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L
<br /> J'ai beaucoup aimé ce livre, y compris sa noirceur qui n'est pas aussi présente que dans Le Tigre Blanc.<br />
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H
<br /> <br /> J'avais préféré "Le tigre blanc" car je trouve que il était plus facile de s'attacher au héros.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> J'ai Le tigre blanc dans ma PAL. <br />
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H
<br /> <br /> Il est bien meilleur à mon avis !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> C'est ce que je regrette avec les nouvelles, je n'ai pas le temps de m'attacher aux personnages.<br />
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H
<br /> <br /> ici particulièrement.<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> "le tigre blanc" est sur ma LAL depuis longtemps... tu me le remets en mémoire<br />
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H
<br /> <br /> Un grand roman sur l'Inde !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Kathel est une vraie fan ! je n'ai pas encore lu "le tigre blanc", je commencerai par lui .. un jour.<br />
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H
<br /> <br /> Tu dois absolument le lire, parole d'Hélène !<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> J'ai aimé ces nouvelles sans restriction, leur noirceur m'a parue moins étouffante que dans Le tigre blanc...<br />
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H
<br /> <br /> Oui mais du coup j'ai trouvé que c'était moins un livre coup de poing comme "le tigre blanc"...<br /> <br /> <br /> <br />