Photo de groupe au bord du fleuve de Emmanuel DONGALA
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La lutte d’une poignée de femmes africaines bien décidées à se faire entendre.
L’auteur :
Emmanuel DONGALA est un romancier congolais. Il vit actuellement aux Etats-Unis où il est enseignant. Ses romans sont traduits dans une douzaine de langues.
L’histoire :
La vie de Méréana et de ses collègues casseuses de pierre bascule le jour où elles décident de vendre plus cher leur sac de pierre. Les besoins en gravier ont en effet considérablement augmentés dans la ville en raison de la construction d’un aéroport et ceux à qui les casseuses de pierre vendent leurs sacs font des plus values de plus en plus importantes. Méréana devient la porte parole de ce combat qui les conduira jusqu’au ministère.
Ce que j’ai aimé :
- Le portrait émouvant de ces femmes africaines si souvent humiliées par les hommes : ce simple combat devient peu à peu celui de toutes les femmes qui refusent de céder devant l’injustice.
Elles n’ont pas choisi d’être casseuses de pierres : l’une veut gagner l’argent nécessaire pour obtenir un diplôme qui lui a échappé en raison d’une grossesse inattendue, l’autre a été spoliée par sa belle famille à la mort de son mari, une autre encore violée par des soldats a dû soudainement pourvoir au quotidien de triplés nés de cet union… Unies, elles iront jusqu’au bout de leurs revendications pour enfin choisir et non plus subir leur vie.
« Ne te fie pas aux lois qui sont sur le papier. Ils les écrivent pour plaire à l’ONU et à toutes ces organisations internationales qui leur donnent de l’argent et les invitent à leurs conférences. La vraie loi, celle que nous subissons tous les jours, est celle qui donne l’avantage aux hommes. » (p.53)
« Et puis pourquoi ce mépris des femmes qui dégouline de chaque mot tombant de sa bouche ? a fait quoi si ces femmes sont analphabètes ? Pense-t-il qu’il faille un doctorat pour être une femme debout, une femme de courage ? Peut-être ne le sait-il pas mais des tas de femmes à l’éducation modeste ont changé l’histoire de leur société. » (p. 119)
- Une image de l’Afrique juste et directe : Emmanuel DONGALA peint avec beaucoup de subtilité le quotidien de la république du Congo. Il évoque la corruption, la violence des forces de l’ordre qui n’hésitent pas à tirer à balles réelles sur des manifestants, les ministères si soucieux de l’image qu’ils pourront donner à l’extérieur, la sorcellerie tenant une place importante dans la société, le sida…
- Le message pacifiste qui transparaît dans leur action collective : ce sont des femmes intelligentes qui veulent éviter quoi qu’il arrive le recours à la violence. A chaque étape de leur lutte, elles cherchent la meilleure stratégie à adopter, sans heurts.
Ce que j’ai moins aimé :
- Le début d’idylle naissant entre Méréana et Armando était superflu à mes yeux…
Premières phrases :
« Tu te réveilles le matin et tu sais d’avance que c’est un jour déjà levé qui se lève. Que cette journée qui commence sera la sœur jumelle de celle d’hier, d’avant-hier et d’avant avant-hier. Tu veux traîner un peu plus au lit, voler quelques minutes supplémentaires à ce jour qui pointe afin de reposer un brin plus longtemps ton corps courbatu, particulièrement ce bras gauche encore endolori par les vibrations du lourd marteau sur lequel tu cognes quotidiennement la pierre dure. Mais il faut te lever, Dieu n’a pas fait cette nuit plus longue pour toi. »
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Photo de groupe au bord du fleuve, Emmanuel DONGALA, Actes Sud, avril 2010, 334 p., 22.80 euros